La créativité au détriment de la communication ?

Au début de mon stage, je m’étais questionné sur le rapport entre le temps de production et la créativité. J’avais l’impression que je n’arrivais pas à réaliser des projets graphiques qui me plaisaient vraiment, ou qui ne se restreignaient pas graphiquement et créativement

Aujourd'hui, ce point de vue a évolué, notamment suite à la réalisation d’un kakémono qui m’a permis de voir les choses autrement.

En effet, je devais réaliser un kakemono que m’avait demandé une cheffe produit qui allait se rendre à un congrès. Elle me fait pour cela un petit brief sur ce qu’elle veut ou non en me précisant bien que le dernier visuel (fait par mon tuteur en plus) n’était pas à son goût et que je devais produire quelque chose de “moderne” et que l’ancien n’allait pas du tout. J’avais “carte blanche” (selon ses mots) avec quand même une typographie imposée, des dispositions de texte bien précises, etc. 

Kakémono précédent

Après ma v1, s’en sont suivi des va-et-vient de modifications de sa part et de celle de mon tuteur sur la typographie, les visuels, la disposition des éléments, je me sentais moins maître de mon fichier…  

Kakémono v1
Kakémono final

Quand j’essayais d’exprimer mon avis défendu, il n’était pas pris en compte. Finalement le kakémono ressemblait à celui d’avant…

Il y a eu aussi de nombreux mails afin qu’il soit validé par le patron de l’entreprise, qui n’a, au final, pas voulu du kakemono car il ne correspondait pas à sa vision pour le congrès. En effet, la cheffe produit m’avait lancé dans la réalisation d’un projet qui n’avait pas été validé… 

J’ai donc à ce moment-là compris que mon travail était passé d’un point à un autre et que ce que je produisais n’était simplement plus mon travail mais celui de ceux qui m'entouraient, me conseillant ce que je devais faire. Ce que je produis doit non seulement plaire à l’employé qui me le demande, mais aussi à ceux qui reçoivent le mail et au patron de l’entreprise. 

Ainsi, le fait de communiquer étroitement avec “le client” qui est ici, le patron (même s’il ne prend connaissance du projet qu’à la fin pour la validation), déformait mon travail pour convenir au goût de chacun.

Mon expérience

Mon sentiment est que les employés ne comprennent pas vraiment le métier de designer graphique et que pour eux on a souvent un statut d’exécutant qui, même si l’on peut émettre notre point de vue grâce à nos connaissances et notre culture, ne sera que rarement pris en compte. D’un côté il est vrai que l’important est de plaire au client, qu’il soit satisfait, mais si à la fin du projet le designer graphique n’a pas réussi à être écouté et à être maître de son travail, c’est forcément frustrant. 

Au final, je me rends compte que mes créations sont limitées, pas seulement à cause du temps qu’on me donne pour les faire, mais surtout à cause du contexte dans lequel je travaille. Le manque de communication, le fait que le métier de designer graphique est mal compris, et l’influence de ceux qui m’entourent finissent par freiner mon processus créatif.

J’ai aussi le sentiment que l’entreprise n’est pas vraiment familiarisée à des visuels nouveaux ou différents. Les équipes ont pris l’habitude de voir et de valider un seul type de graphisme, sûrement parce qu’il a toujours “fonctionné”. Et comme ça va plus vite à valider, personne ne prend vraiment le risque de valider autre chose. 

Il y a une vraie peur du changement. Tout ce qui sort un peu du cadre habituel est vite perçu comme compliqué, parce qu’on sait que ça va prendre plus de temps à faire valider, qu’il faudra plus d’échanges, plus de retours. Et ce temps, on ne l’a pas toujours.

Mais justement, c’est sur ce point que j’ai envie de faire changer les choses ou au moins exposer plus mon point de vue: on m’a demandé d’apporter quelque chose de neuf, de plus moderne, de nouveau pour les visuels des promos imprimés et c’est ce que je vais essayer de proposer…
Début de proposition pour le dépliant de promotion de l’année 2026

Peut-on encore faire preuve de créativité dans un univers déjà normé

Au fil de ce deuxième mois, j’ai participé à des projets très différents : l’habillage de France TV Outre-mer, la conception de modèles pour les réseaux sociaux des Éditions de Minuit (l’une des plus anciennes maisons d’édition françaises, fondée en 1941), mais aussi à la création d’images plus “pures” pour des événements comme Wimbledon ou les 90 ans de la Vuelta.

 À chaque fois, mon rôle n’a pas été de tout inventer, mais de concevoir au sein d’un univers déjà balisé, d’un système déjà en place. Et cette contrainte, loin d’être un frein, m’a permis de comprendre ce que signifie réellement designer dans des contextes contraints. 

Pour les 90 ans de la Vuelta, célèbre tour cycliste espagnol, j’ai dû composer à partir d’un univers d’images existantes (banques comme Getty). Le défi n’était pas de tout créer, mais de transformer ces éléments en visuels forts, cohérents et impactants. Incrustation de personnages dans des paysages, composition, jeu de couleurs : tout devait faire sens. J’ai beaucoup appris en gestion de fichiers Photoshop, en rigueur sur les formats et les droits, mais aussi en regard critique : donner une intention visuelle forte même sans être dans une “création pure”.

Je ne peux pas encore montrer mes visuels, car la Vuelta n’a pas officiellement communiqué sur ses 90 ans : voici donc un exemple réalisé par l’agence lors de l’édition précédente.

Même logique pour Wimbledon. Pour l’édition 2023, le concept visuel “Be Wild” avait été choisi pour traduire une vision plus intense, sauvage et passionnée du tennis. J’ai décliné plusieurs propositions dans cet esprit, en pensant toujours à leur adaptabilité selon les formats (stories, affiches, bannières, etc.). Ces projets m’ont aussi appris à structurer mes fichiers de travail pour qu’ils puissent être partagés facilement au sein de l’équipe : nommer les calques proprement, décliner les formats, créer des gabarits pour un usage collectif. Cette rigueur, que je connaissais peu avant, est devenue un outil essentiel pour travailler en agence.

visuels type d’événements sportifs que l’agence a produit

Sur le projet France TV Outre-mer, j’ai eu encore plus de responsabilités. Aujourd’hui, j’en suis à l’étape de déclinaison : chaque discipline sportive doit avoir son identité dans un ensemble cohérent. Le cadre est strict et je dois respecter les codes de France TV en termes de composition, couleurs, typographies. Cette hiérarchisation visuelle demande un travail de réflexion précis : comment garder une cohérence d’ensemble tout en différenciant chaque discipline ? Comment équilibrer le jeu graphique avec les contraintes d’un habillage télévisuel ? C’est un travail de conception stratégique autant que d’exécution rigoureuse.

Je ne peux pas montrer de visuels pour le moment alors voici l’habillage de France TV Sport. Il s’agira du même principe, mais avec un système graphique que j’ai conçu, différent des cercles concentriques et des couleurs habituelles, tout en respectant la charte de France TV.

habillage de france tv sport

Pour l’appel d’offre de Novo 19, bien que le projet n’ait pas été retenu, cela a été l’un des plus gros projets sur lequel j’ai travaillé. Il comportait une vraie phase de conception d’un système visuel, choix typographiques, couleurs, de motion, choix de musique…mais aussi une importante part d’exécution cadrée. Il s’agissait de produire un document client complet, une sorte de “brand book” en PDF rassemblant toutes les briques de l’univers graphique : de l’autopromo au motion, en passant par les règles d’usages.

J’ai aussi pu y perfectionner mon usage des IA génératives comme Midjourney ou Runway, dans un cadre de production d’images qui dépasse la phase de création classique. J’ai contribué à écrire des prompts et des scripts pour générer des visuels ou simuler des plans avant tournage. Cette méthode nous a permis de gagner du temps, de mieux faire comprendre notre vision aux clients et de tester plusieurs directions créatives sans passer par une phase de prototypage longue.

Enfin, les Éditions de Minuit m’ont permis de changer totalement d’univers. Cette maison historique fondée en 1942, connue pour son catalogue littéraire exigeant (Beckett, Duras, Echenoz…), travaille aujourd’hui son image sur les réseaux sociaux. À partir de la charte déjà établie par l’agence, j’ai conçu des templates de posts, que la maison pourra ensuite décliner en autonomie. Là encore, l’enjeu était de réduire la place du texte pour mettre en valeur le visuel, tout en respectant une grille très stricte.

Ce mois-ci, j’ai appris que le design ne commence pas toujours avec une page blanche. Il s’agit souvent d’interpréter, d’ajuster, d’amplifier. Travailler à partir de cadres définis m’a donné des outils pour affirmer mon regard, affiner ma précision, et donner du sens – même quand on ne crée pas tout, on conçoit toujours.

Une continuité parfaite.

M comme Marseille ou comme Meloman Production.

Adieu le sud

Ma première période de stage a touché à sa fin le vendredi 30 juin. Un mois et demi s’est déjà écoulé… Cette belle ville, son équipe de foot (l’OM fidèle adversaire au PSG), ses côtes splendides et son soleil à foison vont grandement me manquer. Mais passer mes journées à apprendre avec Meloman Production encore plus !

PUIS

R comme Roubaix ou comme Rapminute.

BONJOUR LE NORD

Voilà le début de ma seconde partie de stage, qui se passe à l’espace de Coworking « Plaine Images » au sein de l’équipe du média emblématique RAPMINUTE. La transition de Marseille à Roubaix fut très rude, mais en terme de travail, cela est en parfaite continuité.

Présentation de Rapminute par Plaine Images

Cela fait moins d’une semaine que j’ai rejoins l’équipe de Rapminute, mais j’ai déjà réalisé de nombreuses choses dont certaines déjà postées sur leurs réseaux sociaux.

« Un avis sur Beyah », pour Rapminute

Lorsque je suis venu à Roubaix et que j’ai intégré le média Rapminute, je pensais travailler essentiellement le graphisme et ne toucher à rien d’autre. Par ailleurs, dès mon premier jour, j’ai pu travailler le montage et la post-production car ils avaient déjà quatre stagiaires qui partent ce vendredi qui travaillé sur la part essentiellement graphique du média.

Une dynamique de groupe étant déjà en place, j’ai rejoint le train et je me suis mise au montage de la vidéo énoncée précédemment.

MAIS

Dès mon arrivée chez Rapminute, et durant tout mon stage chez Meloman production, j’ai remarqué que chacun était spécialisé dans un domaine mais qu’il devait savoir maitriser tous ceux qui s’y relient de prêt où de loin. Surtout lorsque l’on travaille dans le monde de la communication et de l’audiovisuel. Ainsi, la plus grande partie des personnes m’entourant étaient pluridisciplinaire.

MELOMAN PRODUCTION était producteur en audiovisuel, photographe, vidéaste, monteur et gérait également toute la partie post production.

RAPMINUTE, c’est essentiellement Élias qui gère toute la partie graphique que ce soit montage, graphisme, animation et 3D. Et Tristan, qui gère toute la part administrative et financière de l’entreprise mais qui a beaucoup de compétences sur les logiciels que nous utilisons, lui permettant ainsi de répondre par des termes spécifiques à nos questions sur divers domaines.

Lors de mon premier stage, j’avais pu découvrir en profondeur le monde de l’audiovisuel et voir mes compétences en montage. Ces dernières se sont approfondies au fil des jours et je me suis grandement améliorée surtout grâce à un Vlog sur la publicité pour D&P que Meloman m’a donné à monter. Une continuité de cet apprentissage au montage, c’est réalisé dès mon entrée chez Rapminute. En effet, on m’a directement demandé de monter des vidéos et de gérer toute la partie textuelle, graphique ainsi que les animations de plusieurs vidéos.

Aujourd’hui, je me considère chanceuse d’avoir pu accéder à ces deux stages qui sont d’une part nourrissant et qui ne reste jamais sur les mêmes champs de compétences. En effet, je change de logiciel au moins deux à trois fois par journée, ce qui me permet de ne pas me lasser, d’exploiter toute ma créativité et de pouvoir créer à foison. Pour le moment, je ne peux pas en dire davantage car la fin de mon premier stage s’est déroulée assez rapidement avec le Vlog qui était un travail très conséquent donc je n’ai fait quasiment que ça. Puis mon stage chez Rapminute venant de débuter, il me faut un peu de temps avant d’explorer d’autres notions du monde professionnel.

Bref, j’ai dirigé la communication d’un événement

Rebonjour. On est à la moitié du stage… Alors si on papotait un peu de ce que j’ai fais ces dernières semaines ?

Le projet sur lequel j’ai le plus appris depuis le début de mon stage, il est pour un client un peu particulier : Sharing eux-mêmes ! Plus précisément, c’est pour le groupe PH7 auquel l’agence appartient. On m’a nommée leader de la communication pour un événement organisé par le groupe : Catch Me If You Can, un rendez-vous pour mieux comprendre la génération Z. L’événement aura lieu le 24 juin à Paris, avec des tables rondes, des ateliers et un cocktail. L’idée c’est de montrer que PH7 s’intéresse vraiment aux enjeux de cette génération qui redéfinit le rapport au travail, à la consommation et à la société.

Ce qui m’a frappée, c’est à quel point le positionnement de la marque est au cœur de tout. L’événement ne s’adresse pas directement à la Gen Z, mais il doit montrer que PH7 comprend ses codes, qu’il est capable de parler son langage et donc de s’y adapter. Toute la réflexion que j’ai menée sur la communication de l’événement tournait autour de ça : comment faire sentir que PH7 est polyvalent et moderne (sans tomber dans le cliché) ?

Là j’ai expérimenter le  “travailler l’image d’une marque”. Par exemple, pour présenter les intervenants en un post, on aurait pu faire quelque chose de classique, mais ça n’aurait pas collé à l’univers de l’event. Alors, l’idée est venue d’un format plus ludique : des cartes Pokémon personnalisées, adaptées à la charte graphique de PH7. C’était une façon de parler à un public aux références pop culture et tout en respectant l’univers du groupe ( à travers les couleurs et des motifs ). Et surtout, ça permettait de se démarquer clairement des autres communications d’agences.

Cartes Pokémon pour l’event « Catch me if you can » de ph7.

J’ai aussi réaliser des Reels. J’ai pris le lead : j’ai imaginé les concepts, ramené les personnes à interviewer, réalisé le tournage, monté les vidéos, et réaliser les animations. Ça m’a permis de progresser techniquement (surtout en montage), mais aussi de mieux comprendre comment un contenu peut servir un message. Par exemple, dans le premier Reel que j’ai réalisé, je comparait les réactions d’une personne de la Gen Z et d’une personne plus âgée à des mots liés au travail, comme “intelligence artificielle”. L’objectif était de montrer avec humour, les différences de perception entre générations et comment cet écarts peut influencer la manière de communiquer.

Extrait du réel « LA GEN Z VS LE MONDE » et visuel clef de l’event

Évidemment j’ai eu besoin de retours, et heureusement Olivia était là. Elle m’a aidée à mieux doser le rythme, à éviter les longueurs, à ne pas trop m’éparpiller. Grâce à ses remarques, j’ai appris à être plus claire dans mes intentions, à toujours garder en tête le fil conducteur. Ce projet m’a permis de vraiment réfléchir en termes de stratégie de com’, pas juste de création visuelle.

Il fallait à la fois séduire, informer et intriguer, tout en restant fidèle à l’univers PH7 => chaque mot et choix graphique est une prise de position.

Ce que je retiens de cette expérience, c’est aussi la confiance qu’on m’a donnée. On m’a laissé proposer, tester (beaucoup d’impovisation), rater, ajuster (je deviens minutieuse !!)… Et en même temps, j’étais toujours accompagnée. C’était un bon équilibre entre l’autonomie et le soutien.

La suite dans le prochains épisode…

Créer c’est aussi savoir communiquer

Mon premier stage, que j’ai effectué avec Giovanni Ambrosio, touche déjà à sa fin. Ce fut une expérience riche et passionnante. J’ai eu l’opportunité de travailler sur ce que j’aime vraiment : la création de sites web et même quelques projets autour de la photographie. J’ai également voyagé en Italie, ce qui m’a permis de découvrir les différences entre deux mentalités professionnelles.

Cependant, cette note d’étonnement portera sur un aspect qui m’a accompagnée tout au long de ces deux mois de stage, et que Giovanni m’avait déjà mentionné lors de notre entretien : la communication.

Dans ce contexte, la communication ne se limite pas à un simple échange d’informations. Elle consiste à comprendre, à travers le dialogue avec le client, quel type de message il souhaite transmettre, quelle image il veut véhiculer et comment adapter la forme à ses objectifs. Autrement dit, avant de concevoir un produit visuel, il faut savoir écouter, poser les bonnes questions, puis guider le client vers des choix cohérents et réalisables. Car beaucoup espèrent un site ou une affiche à la fois beau, peu coûteux et immédiatement rentable. 

BD : communication avec le client

Mais le designer n’est pas un magicien. Il faut souvent passer des heures à déconstruire leurs attentes pour identifier ce qui est réellement essentiel, ce qui est techniquement faisable, et ce qui est cohérent avec leurs moyens.

Autrement dit, la première étape du travail sera toujours le dialogue. Ce qui m’a surprise, c’est que la deuxième étape est en réalité… la stratégie de communication. Avant même de penser au design visuel, il faut expliquer comment celui-ci servira à transmettre le bon message au bon public. Ainsi, le designer devient aussi communicant, marketeur, voire community manager. La question qui revient souvent de la part des clients est : « Combien de clients ce site ou cette affiche va-t-il m’apporter ? »

Cela peut sembler éloigné du cœur du métier, mais c’est en réalité très logique : le design n’existe jamais pour lui-même. Il a une fonction, souvent commerciale. Mais je savais pas qu’il fallait aller aussi loin dans l’analyse, l’argumentation et la pédagogie.

Et bien sûr, si tu travailles en freelance comme le fait Giovanni, tu n’auras pas autour de toi un marketeur, un analyste, un designer UX ou un community manager. Il faut assumer tous ces rôles soi-même et devenir un professionnel polyvalent pour rester compétitif sur le marché.

En fin de compte, j’ai compris que pour beaucoup de clients, la façon dont son produit est communiqué compte parfois plus que le design réfléchi, esthétique et harmonieux. C’est un peu frustrant, car les personnes extérieures au monde du design ne réalisent pas que ce n’est pas censé être la mission première d’un graphiste ou d’un web designer. Mais si on veut travailler aujourd’hui et rester demandé, il faut savoir s’adapter…

En résumé, ce stage m’a permis de découvrir l’envers du décor du métier de designer : un équilibre entre créativité et stratégie de communication.

être son propre client ?

Bonjour à tous, ici Amira en direct du mois de juin, bientôt deux mois de stage !? Le temps passe si vite … 🤯

Avant tout, petite précision : vous ne trouverez pas ma précédente note d’étonnement. J’y avais sans le savoir glissé quelques informations confidentielles. Pour les mêmes raisons, je ne partagerai pas de visuels graphiques / projets dans celle-ci

Un nouveau lieu :

L’agence vient juste de déménager dans de nouveaux locaux. Même si je suis ici depuis peu, j’ai tout de même ressenti que ce changement avait une symbolique importante : elle occupait ses anciens bureaux depuis quelques années, et ce déménagement marque une nouvelle étape, une forme d’évolution.

Un déménagement peut paraître anecdotique mais d’un point de vue extérieur, cela donne l’impression que l’agence grandit, qu’elle se donne les moyens de se projeter vers d’autres perspectives. Le nouvel espace est davantage en open space, ce qui permettra de s’ouvrir à de nouvelles possibilités, j’ai senti que l’équipe était enthousiaste pour ce nouvel espace et les futurs projets de Grow — organiser des événements, accueillir des partenaires, mieux collaborer….

voici quelques images de l’espace

Une équipe complémentaire :

Ce que je remarque au quotidien c’est aussi la dynamique de l’équipe, il y a un esprit de “petite famille”, tout le monde a ses points forts et les met au service du collectif et donc tout le monde se complète bien.

J’ai eu l’occasion de créer des visuels en étant commanditée par la majorité de l’équipe alors j’ai remarqué que chacun a également sa manière de travailler et de communiquer. Parfois on me briefe par écrit, souvent la plupart sont plus à l’aise à l’oral.

Cela me permet d’apprendre à décoder les attentes, à reformuler, à clarifier —.

Mes apprentissages :

Comment trouver un équilibre entre rapidité et exigence graphique ?

J’ai également gagné en rapidité. Il peut arriver qu’on me demande de réaliser certains visuels dans l’urgence, mais pour autant je ne ressens pas de pression particulière. C’est surtout à moi d’organiser mes tâches. Tout ça m’a aussi permis de mieux estimer le temps nécessaire à la réalisation d’un visuel, ce dont j’avais moins la notion auparavant.

J’assimile mieux certains codes de la communication visuelle : l’importance de l’impact, des repères visuels clairs, le ciblage, surtout sur les réseaux sociaux. Même si de prime abord l’image de marque / com autour d’une marque n’est pas un secteur qui m’intéresse particulièrement, je me rends compte que c’est un champ dans lequel tout designer a à apprendre.

Comment mieux communiquer sur mon propre travail ?

Un point que je trouve intéressant chez Grow, c’est que l’agence communique pour ses clients, mais aussi pour elle-même : elle alimente son compte Instagram, développe du merch, soigne son image, son réseau, etc. En fait, elle est aussi, quelque part, son propre client.

Un membre de l’équipe a réaliser cette fresque dans le sas d’entrée des nouveaux locaux, ce visuel montre bien la volonté de l’agence d’affirmer son identité et de mettre en avant son image.

Au-delà de l’entité agence, c’est aussi quelque chose qui s’applique à l’échelle individuelle. Ces réflexions m’ont amenée à penser comment je pouvais également mieux communiquer sur mon travail, dans la continuité des réflexions menées autour de l’identité visuelle de la DN2, avec un peu plus de distance et un point de vue plus extérieur.

Le client a-t-il toujours raison ?

Dès le début de mon stage, j’ai été confrontée à cette problématique à travers un projet de motion design pour IALB, une entreprise spécialisée dans l’aéronautique. Avec Matthieu Poli, nous avons conçu une identité visuelle complète pour le motion final. Cette proposition a été validée par le client, et nous avons ensuite avancé en leur présentant régulièrement des extraits en accord avec le brief initial.


Cependant, le projet a rapidement commencé à s’étendre : initialement prévu pour deux jours de production, il a été freiné par une succession de retours fréquents, parfois contradictoires. Certains ajustements demandés étaient annulés dans l’heure suivante,

ou remplacés par d’autres qui allaient à l’encontre de ce qui avait été approuvé. Par exemple : le client n’avais pas de logo pour sont nouveaux produit, Matthieu en avait conçu un sobre et efficace, mais celui ci a été délaissé au bénéfice d’un autre généré par le client via ChatGPT, qui risquait d’être confondu avec d’autres logos déjà dans le motion.


C’est dans ce contexte que Matthieu a dit une phrase :
« Il faut que le client nous fasse un peu plus confiance. »

Cette expérience m’a amenée à me poser la question : quelle est véritablement ma fonction en tant que graphiste ? Dois-je simplement suivre des instructions, ou puis-je défendre une intention visuelle construite, réfléchie ? Quand doit-on s’effacer pour satisfaire, et quand est-il préférable de prendre le temps d’argumenter, d’expliquer ou de proposer autrement ?

En discutant avec mon tuteur, je lui ai posé la question : « Le client a-t-il toujours raison ? »
Il m’a répondu : « Il a ses raisons, mais pas forcément raison. »
Cette nuance m’a aidée à comprendre qu’il ne s’agit pas d’imposer une vision, mais de chercher des équilibres. Il est essentiel d’écouter, sans pour autant tout accepter. Parfois, cela demande des tests, des variantes, ou simplement un peu de pédagogie pour partager nos intentions.

Mon étonnement initial m’a permis de prendre conscience d’un des grands enjeux du métier : apprendre à parler graphisme avec ceux qui ne le pratiquent pas.

Graphisme, cafés et Mario Kart (mon immersion chez Sharing)

Mon stage se déroule chez Sharing, une agence de conseil en stratégie, création graphique, digital et social media. Dès le début, j’ai été très bien accueillie : dans mon bureau, il n’y a que des filles ce qui a facilité mon intégration. L’équipe est composée d’Olivia (community manager), Estelle et Lucile (alternantes qui travail avec elles), et Caroline ma maître de stage, la directrice artistique et associée. Sharing fait partie d’un groupe plus large, PH7 avec plusieurs agences cohabitent au même étage. Donc on croise par exemple Pierre-Olivier, qui s’occupe du web design avec qui on travail beaucoup.

Dès le premier jour, j’ai été plongée dans le rush d’une agence de graphisme : répondre en cinq jours à un appel d’offres pour un client confidentiel. Le brief portait sur le repositionnement d’une marque, la refonte de sa charte graphique, son déploiement sur des supports print, une campagne pub (print & réseaux sociaux) et un site internet. J’ai d’abord eu des tâches comme la recherche d’images ou la création de palettes de couleurs, mais plus la semaine avançait, plus j’ai eu de responsabilités. J’ai par exemple réadapté la charte graphique sur les couvertures de brochures. 

C’est là que j’ai pris conscience de l’importance des mots dans les stratégies de marque. J’ai découvert que le repositionnement passe par le graphisme, mais aussi beaucoup par le choix des mots utilisés dans une campagne de pub. J’ai aussi compris à quel point la communication dans une équipe est essentielle. Avec ma maître de stage, on s’est aussi occupées du repositionnement de la marque, et il fallait que tout le monde reste bien sur le même fil conducteur. On avait des réunions, des temps d’échange, des moments de réflexion en groupe. J’ai aussi participé à la préparation de la présentation du projet. J’ai vu comment on justifie nos choix graphiques, comment on valorise chaque mot et chaque visuel pour défendre une idée. C’est là que j’ai vraiment compris l’importance de bien mettre ses projets en valeur pour convaincre le commanditaire.

Diagramme représentant ma charge de travail

En deuxième semaine, j’ai gagné en autonomie. J’étais entre deux pôles : d’un côté, Estelle et Lucile me confiaient des visuels pour les réseaux sociaux, de l’autre, Caroline me confiait les projet pour Allianz. C’étaient des newsletters pour promouvoir des moments de partage que la société propose, (comme des séminaires, des vacances…) adaptée à la charte graphique. J’ai découvert de nouveaux moyens de communication comme Slack et Trello qui permettent une bonne organisation en agence.

Mon plan de travail sur le projet Allianz

Du côté social media, j’ai aussi travaillé pour la marque Vivacy (marque française spécialisée dans la médecine esthétique). Nous avons shooté un Reel destiné à la communication sur les réseaux sociaux. Ce que j’ai adoré, c’est que dans l’agence on me considère comme une vraie graphiste. Mon avis a vraiment compté pour la préparation du shooting. Avec Lucile, on a réfléchi à chaque image, à ce qu’on voulait montrer, à ce qu’on voulait faire passer au public. Et le jour du tournage, on était là pour s’assurer que nos intentions soient respectées. Il y avait aussi les clientes présentes avec qui on échangeait régulièrement pour être sûres de répondre à leurs attentes.

L’agence déménageait, donc j’ai fait un peu de télétravail en attendant les nouveaux locaux. Cependant j’ai besoin d’être en communication constante avec l’équipe pour avoir des retours, car je doute parfois de mes choix. Ce que j’apprécie, c’est leur pédagogie : elles me font confiance, me donnent des responsabilités et cela me pousse à progresser.

Enfin, l’ambiance au bureau est un vrai plus. À midi, on joue parfois à Mario Kart sur la Switch avec d’autres gens de l’étage, ou on sort bronzer quand il fait beau. Je pense que ces moments de détente contribuent à une bonne dynamique de groupe. Le bien-être des employés à une place importante chez Sharing.

Croquis des pauses midi avec mes collègues

La suite dans le prochain épisode…

Quand le design transmet des valeurs

Je n’arrive pas à croire que presque quatre semaines de mon stage se soient déjà écoulées. L’expérience s’avère bien plus agréable et facile que je ne l’imaginais. Je m’entends très bien avec mon tuteur Giovanni, bien que je pense que le fait de travailler en binôme y contribue grandement.

Durant cette période, nous avons travaillé, en parallèle d’autres projets, sur son initiative personnelle : EXTRA. Il s’agit d’un kit d’outils visuels modulaires destiné aux programmes artistiques indépendants, aux espaces gérés par des artistes, aux associations, aux artistes individuels et aux collectifs, comprenant un kit d’affiches et un kit pour les réseaux sociaux.

L’idée est de fournir un instrument professionnel mais accessible, que différents collaborateurs au sein d’associations ou de collectifs pourraient utiliser directement, y compris ceux qui n’ont jamais abordé le design graphique. Nous avons veillé à ce que chaque élément soit expliqué et que les étapes d’utilisation des modèles soient claires et simples.

Page du PDF explicatif fourni avec le kit EXTRA

Même si ce travail n’est pas rémunéré pour Giovanni, nous y avons investi beaucoup de temps et d’efforts, car il représente avant tout une prise de position forte en faveur d’un design accessible à tous et constitue une excellente opportunité pour accroître sa visibilité et générer un trafic organique vers son site portfolio.

C'est précisément cela qui m'a fait penser que défendre ses convictions personnelles dans ses projets peut s'avérer bénéfique.

Dans une certaine mesure, en tant que graphiste, mes opinions influenceront toujours mon travail, mais Giovanni, par exemple, les transmet dans presque tous ses projets. Ce faisant, il se forge un nom et une reconnaissance. Il est donc logique que des personnes partageant ses principes de travail soient naturellement attirées vers lui et deviennent ensuite des clients avec lesquels il est beaucoup plus facile de collaborer qu’avec des personnes avec lesquelles on a des divergences de vues.

Et même le fait qu’il partage gratuitement ses créations attire des personnes qui n’ont peut-être pas les moyens de s’offrir les services d’un graphiste professionnel pour le moment, mais il y a de fortes chances qu’elles fassent appel à lui à l’avenir, ayant apprécié la qualité de son travail et le fait de l’avoir obtenu gratuitement.

En réalité, je trouve que c’est une approche du travail plutôt intéressante à laquelle je n’avais jamais pensé auparavant. Se dire à chaque fois que ce que l’on transmet dans un projet destiné à des personnes extérieures, potentiellement de futurs clients, sera inévitablement associé à soi en tant que graphiste. Et si ces personnes ne partagent pas certaines de vos opinions exprimées dans votre travail, elles choisiront de s’adresser à quelqu’un d’autre. Inversement, si les personnes qui vous contactent l’ont fait précisément parce qu’elles ont été sensibles à ce que vous transmettez, la collaboration et la communication seront beaucoup plus simples, car vous regardez dans la même direction. Et même si elles sont en désaccord sur certains points, il sera beaucoup plus facile de les convaincre des choix artistiques, par exemple.

Illustration : ma vision de la répartition des clients entre freelances

J’espère avoir l’occasion de voir le résultat de notre travail au cours des prochaines semaines de mon stage, car ce projet n’est pas encore terminé. Et à l’avenir, il serait intéressant de discuter avec Giovanni des clients qu’il a pu acquérir grâce à ce projet et de vérifier si ma théorie fonctionne vraiment dans le monde professionnel.

 Les plis du quotidien 

Je réalise mon stage chez Saïdath Ouabi, une designer pluridisciplinaire qui travaille entre design d’objet, de mode, architecture et graphisme. Depuis mon arrivée, je l’accompagne principalement sur la partie communication visuelle autour de son projet La Chaise Couture, une assise habillée de “robes” textiles, à la croisée du mobilier et de la mode. Je m’occupe de la notice d’utilisation, du packaging, ainsi que de la stratégie de communication (réseaux sociaux, newsletter…), tout en l’accompagnant ponctuellement sur des shootings photo ou des projets annexes, comme des visuels pour des marques de vêtements.

Croquis jupe en tulle

Ce qui m’a le plus étonnée au début du stage, c’est l’ambiance de travail : calme, chaleureuse et profondément humaine. On n’est que deux au bureau, et loin de l’image stressante que je me faisais d’un stage dans le design, tout est ici très fluide. Saïdath est attentive à mon bien-être, ne me met pas de pression inutile, respecte mes horaires et me rappelle souvent que je suis là pour apprendre. Elle me dit que l’entreprise ne repose pas sur moi, et que mes éventuelles erreurs feront partie de l’apprentissage. Cette bienveillance m’a vraiment surprise : je m’attendais à un univers tendu, exigeant, surtout en lien avec des marques de luxe. Et pourtant, malgré le sérieux des projets, la pression constante n’est pas présente.

Croquis de Saïdath et moi au bureau

Cette expérience m’a fait réfléchir à ma propre vision du travail. J’ai toujours eu tendance à associer efficacité à intensité, voire à épuisement. Ici, j’avance à mon rythme, dans un cadre structuré mais souple. Je me rends compte que l’on peut être engagée, productive, créative, sans sacrifier son équilibre. Cela m’a un peu troublée au début, car j’aime ce que je fais et j’ai naturellement envie de donner le maximum. Mais je commence à comprendre qu’il est aussi important d’apprendre à poser des limites, et à ne pas tout miser sur la performance.

Croquis de l’atelier où se déroule la partie textile

J’ai aussi été surprise par le dynamisme de son activité : je pensais qu’en freelance, le quotidien serait plus calme, moins chargé. Mais Saïdath multiplie les projets, les collaborations, les rencontres : réunions pour la Paris Design Week, rendez-vous avec Maison&Objet, l’Oréal, galléries parisiennes, échanges avec des stylistes ou des designers… Ça bouge beaucoup, et j’ai la chance de pouvoir assister à tout ça, souvent en coulisses. Cette diversité m’apprend énormément. Je touche à tout, je suis impliquée dans plusieurs tâches, et surtout, mes idées sont écoutées. Je ne me sens pas du tout cantonnée à un rôle d’exécutante : j’ai une réelle autonomie, tout en étant accompagnée. On fait des points réguliers, je propose, j’expérimente, et je me sens utile.

Stock des chaises (no spoil)

Ce stage me pousse à reconsidérer certains clichés sur le monde du travail, notamment dans les domaines créatifs. Il me montre qu’il est possible d’évoluer dans un cadre exigeant sans se sentir oppressée, de collaborer avec rigueur sans rigidité, et surtout, de construire une relation de confiance où chacun apprend de l’autre. J’en ressors motivée, inspirée, et un peu plus confiante dans ma capacité à trouver ma place dans ce milieu.