Créer c’est aussi savoir communiquer

Mon premier stage, que j’ai effectué avec Giovanni Ambrosio, touche déjà à sa fin. Ce fut une expérience riche et passionnante. J’ai eu l’opportunité de travailler sur ce que j’aime vraiment : la création de sites web et même quelques projets autour de la photographie. J’ai également voyagé en Italie, ce qui m’a permis de découvrir les différences entre deux mentalités professionnelles.

Cependant, cette note d’étonnement portera sur un aspect qui m’a accompagnée tout au long de ces deux mois de stage, et que Giovanni m’avait déjà mentionné lors de notre entretien : la communication.

Dans ce contexte, la communication ne se limite pas à un simple échange d’informations. Elle consiste à comprendre, à travers le dialogue avec le client, quel type de message il souhaite transmettre, quelle image il veut véhiculer et comment adapter la forme à ses objectifs. Autrement dit, avant de concevoir un produit visuel, il faut savoir écouter, poser les bonnes questions, puis guider le client vers des choix cohérents et réalisables. Car beaucoup espèrent un site ou une affiche à la fois beau, peu coûteux et immédiatement rentable. 

BD : communication avec le client

Mais le designer n’est pas un magicien. Il faut souvent passer des heures à déconstruire leurs attentes pour identifier ce qui est réellement essentiel, ce qui est techniquement faisable, et ce qui est cohérent avec leurs moyens.

Autrement dit, la première étape du travail sera toujours le dialogue. Ce qui m’a surprise, c’est que la deuxième étape est en réalité… la stratégie de communication. Avant même de penser au design visuel, il faut expliquer comment celui-ci servira à transmettre le bon message au bon public. Ainsi, le designer devient aussi communicant, marketeur, voire community manager. La question qui revient souvent de la part des clients est : « Combien de clients ce site ou cette affiche va-t-il m’apporter ? »

Cela peut sembler éloigné du cœur du métier, mais c’est en réalité très logique : le design n’existe jamais pour lui-même. Il a une fonction, souvent commerciale. Mais je savais pas qu’il fallait aller aussi loin dans l’analyse, l’argumentation et la pédagogie.

Et bien sûr, si tu travailles en freelance comme le fait Giovanni, tu n’auras pas autour de toi un marketeur, un analyste, un designer UX ou un community manager. Il faut assumer tous ces rôles soi-même et devenir un professionnel polyvalent pour rester compétitif sur le marché.

En fin de compte, j’ai compris que pour beaucoup de clients, la façon dont son produit est communiqué compte parfois plus que le design réfléchi, esthétique et harmonieux. C’est un peu frustrant, car les personnes extérieures au monde du design ne réalisent pas que ce n’est pas censé être la mission première d’un graphiste ou d’un web designer. Mais si on veut travailler aujourd’hui et rester demandé, il faut savoir s’adapter…

En résumé, ce stage m’a permis de découvrir l’envers du décor du métier de designer : un équilibre entre créativité et stratégie de communication.

être son propre client ?

Bonjour à tous, ici Amira en direct du mois de juin, bientôt deux mois de stage !? Le temps passe si vite … 🤯

Avant tout, petite précision : vous ne trouverez pas ma précédente note d’étonnement. J’y avais sans le savoir glissé quelques informations confidentielles. Pour les mêmes raisons, je ne partagerai pas de visuels graphiques / projets dans celle-ci

Un nouveau lieu :

L’agence vient juste de déménager dans de nouveaux locaux. Même si je suis ici depuis peu, j’ai tout de même ressenti que ce changement avait une symbolique importante : elle occupait ses anciens bureaux depuis quelques années, et ce déménagement marque une nouvelle étape, une forme d’évolution.

Un déménagement peut paraître anecdotique mais d’un point de vue extérieur, cela donne l’impression que l’agence grandit, qu’elle se donne les moyens de se projeter vers d’autres perspectives. Le nouvel espace est davantage en open space, ce qui permettra de s’ouvrir à de nouvelles possibilités, j’ai senti que l’équipe était enthousiaste pour ce nouvel espace et les futurs projets de Grow — organiser des événements, accueillir des partenaires, mieux collaborer….

voici quelques images de l’espace

Une équipe complémentaire :

Ce que je remarque au quotidien c’est aussi la dynamique de l’équipe, il y a un esprit de “petite famille”, tout le monde a ses points forts et les met au service du collectif et donc tout le monde se complète bien.

J’ai eu l’occasion de créer des visuels en étant commanditée par la majorité de l’équipe alors j’ai remarqué que chacun a également sa manière de travailler et de communiquer. Parfois on me briefe par écrit, souvent la plupart sont plus à l’aise à l’oral.

Cela me permet d’apprendre à décoder les attentes, à reformuler, à clarifier —.

Mes apprentissages :

Comment trouver un équilibre entre rapidité et exigence graphique ?

J’ai également gagné en rapidité. Il peut arriver qu’on me demande de réaliser certains visuels dans l’urgence, mais pour autant je ne ressens pas de pression particulière. C’est surtout à moi d’organiser mes tâches. Tout ça m’a aussi permis de mieux estimer le temps nécessaire à la réalisation d’un visuel, ce dont j’avais moins la notion auparavant.

J’assimile mieux certains codes de la communication visuelle : l’importance de l’impact, des repères visuels clairs, le ciblage, surtout sur les réseaux sociaux. Même si de prime abord l’image de marque / com autour d’une marque n’est pas un secteur qui m’intéresse particulièrement, je me rends compte que c’est un champ dans lequel tout designer a à apprendre.

Comment mieux communiquer sur mon propre travail ?

Un point que je trouve intéressant chez Grow, c’est que l’agence communique pour ses clients, mais aussi pour elle-même : elle alimente son compte Instagram, développe du merch, soigne son image, son réseau, etc. En fait, elle est aussi, quelque part, son propre client.

Un membre de l’équipe a réaliser cette fresque dans le sas d’entrée des nouveaux locaux, ce visuel montre bien la volonté de l’agence d’affirmer son identité et de mettre en avant son image.

Au-delà de l’entité agence, c’est aussi quelque chose qui s’applique à l’échelle individuelle. Ces réflexions m’ont amenée à penser comment je pouvais également mieux communiquer sur mon travail, dans la continuité des réflexions menées autour de l’identité visuelle de la DN2, avec un peu plus de distance et un point de vue plus extérieur.

Le client a-t-il toujours raison ?

Dès le début de mon stage, j’ai été confrontée à cette problématique à travers un projet de motion design pour IALB, une entreprise spécialisée dans l’aéronautique. Avec Matthieu Poli, nous avons conçu une identité visuelle complète pour le motion final. Cette proposition a été validée par le client, et nous avons ensuite avancé en leur présentant régulièrement des extraits en accord avec le brief initial.


Cependant, le projet a rapidement commencé à s’étendre : initialement prévu pour deux jours de production, il a été freiné par une succession de retours fréquents, parfois contradictoires. Certains ajustements demandés étaient annulés dans l’heure suivante,

ou remplacés par d’autres qui allaient à l’encontre de ce qui avait été approuvé. Par exemple : le client n’avais pas de logo pour sont nouveaux produit, Matthieu en avait conçu un sobre et efficace, mais celui ci a été délaissé au bénéfice d’un autre généré par le client via ChatGPT, qui risquait d’être confondu avec d’autres logos déjà dans le motion.


C’est dans ce contexte que Matthieu a dit une phrase :
« Il faut que le client nous fasse un peu plus confiance. »

Cette expérience m’a amenée à me poser la question : quelle est véritablement ma fonction en tant que graphiste ? Dois-je simplement suivre des instructions, ou puis-je défendre une intention visuelle construite, réfléchie ? Quand doit-on s’effacer pour satisfaire, et quand est-il préférable de prendre le temps d’argumenter, d’expliquer ou de proposer autrement ?

En discutant avec mon tuteur, je lui ai posé la question : « Le client a-t-il toujours raison ? »
Il m’a répondu : « Il a ses raisons, mais pas forcément raison. »
Cette nuance m’a aidée à comprendre qu’il ne s’agit pas d’imposer une vision, mais de chercher des équilibres. Il est essentiel d’écouter, sans pour autant tout accepter. Parfois, cela demande des tests, des variantes, ou simplement un peu de pédagogie pour partager nos intentions.

Mon étonnement initial m’a permis de prendre conscience d’un des grands enjeux du métier : apprendre à parler graphisme avec ceux qui ne le pratiquent pas.

Graphisme, cafés et Mario Kart (mon immersion chez Sharing)

Mon stage se déroule chez Sharing, une agence de conseil en stratégie, création graphique, digital et social media. Dès le début, j’ai été très bien accueillie : dans mon bureau, il n’y a que des filles ce qui a facilité mon intégration. L’équipe est composée d’Olivia (community manager), Estelle et Lucile (alternantes qui travail avec elles), et Caroline ma maître de stage, la directrice artistique et associée. Sharing fait partie d’un groupe plus large, PH7 avec plusieurs agences cohabitent au même étage. Donc on croise par exemple Pierre-Olivier, qui s’occupe du web design avec qui on travail beaucoup.

Dès le premier jour, j’ai été plongée dans le rush d’une agence de graphisme : répondre en cinq jours à un appel d’offres pour un client confidentiel. Le brief portait sur le repositionnement d’une marque, la refonte de sa charte graphique, son déploiement sur des supports print, une campagne pub (print & réseaux sociaux) et un site internet. J’ai d’abord eu des tâches comme la recherche d’images ou la création de palettes de couleurs, mais plus la semaine avançait, plus j’ai eu de responsabilités. J’ai par exemple réadapté la charte graphique sur les couvertures de brochures. 

C’est là que j’ai pris conscience de l’importance des mots dans les stratégies de marque. J’ai découvert que le repositionnement passe par le graphisme, mais aussi beaucoup par le choix des mots utilisés dans une campagne de pub. J’ai aussi compris à quel point la communication dans une équipe est essentielle. Avec ma maître de stage, on s’est aussi occupées du repositionnement de la marque, et il fallait que tout le monde reste bien sur le même fil conducteur. On avait des réunions, des temps d’échange, des moments de réflexion en groupe. J’ai aussi participé à la préparation de la présentation du projet. J’ai vu comment on justifie nos choix graphiques, comment on valorise chaque mot et chaque visuel pour défendre une idée. C’est là que j’ai vraiment compris l’importance de bien mettre ses projets en valeur pour convaincre le commanditaire.

Diagramme représentant ma charge de travail

En deuxième semaine, j’ai gagné en autonomie. J’étais entre deux pôles : d’un côté, Estelle et Lucile me confiaient des visuels pour les réseaux sociaux, de l’autre, Caroline me confiait les projet pour Allianz. C’étaient des newsletters pour promouvoir des moments de partage que la société propose, (comme des séminaires, des vacances…) adaptée à la charte graphique. J’ai découvert de nouveaux moyens de communication comme Slack et Trello qui permettent une bonne organisation en agence.

Mon plan de travail sur le projet Allianz

Du côté social media, j’ai aussi travaillé pour la marque Vivacy (marque française spécialisée dans la médecine esthétique). Nous avons shooté un Reel destiné à la communication sur les réseaux sociaux. Ce que j’ai adoré, c’est que dans l’agence on me considère comme une vraie graphiste. Mon avis a vraiment compté pour la préparation du shooting. Avec Lucile, on a réfléchi à chaque image, à ce qu’on voulait montrer, à ce qu’on voulait faire passer au public. Et le jour du tournage, on était là pour s’assurer que nos intentions soient respectées. Il y avait aussi les clientes présentes avec qui on échangeait régulièrement pour être sûres de répondre à leurs attentes.

L’agence déménageait, donc j’ai fait un peu de télétravail en attendant les nouveaux locaux. Cependant j’ai besoin d’être en communication constante avec l’équipe pour avoir des retours, car je doute parfois de mes choix. Ce que j’apprécie, c’est leur pédagogie : elles me font confiance, me donnent des responsabilités et cela me pousse à progresser.

Enfin, l’ambiance au bureau est un vrai plus. À midi, on joue parfois à Mario Kart sur la Switch avec d’autres gens de l’étage, ou on sort bronzer quand il fait beau. Je pense que ces moments de détente contribuent à une bonne dynamique de groupe. Le bien-être des employés à une place importante chez Sharing.

Croquis des pauses midi avec mes collègues

La suite dans le prochain épisode…

Quand le design transmet des valeurs

Je n’arrive pas à croire que presque quatre semaines de mon stage se soient déjà écoulées. L’expérience s’avère bien plus agréable et facile que je ne l’imaginais. Je m’entends très bien avec mon tuteur Giovanni, bien que je pense que le fait de travailler en binôme y contribue grandement.

Durant cette période, nous avons travaillé, en parallèle d’autres projets, sur son initiative personnelle : EXTRA. Il s’agit d’un kit d’outils visuels modulaires destiné aux programmes artistiques indépendants, aux espaces gérés par des artistes, aux associations, aux artistes individuels et aux collectifs, comprenant un kit d’affiches et un kit pour les réseaux sociaux.

L’idée est de fournir un instrument professionnel mais accessible, que différents collaborateurs au sein d’associations ou de collectifs pourraient utiliser directement, y compris ceux qui n’ont jamais abordé le design graphique. Nous avons veillé à ce que chaque élément soit expliqué et que les étapes d’utilisation des modèles soient claires et simples.

Page du PDF explicatif fourni avec le kit EXTRA

Même si ce travail n’est pas rémunéré pour Giovanni, nous y avons investi beaucoup de temps et d’efforts, car il représente avant tout une prise de position forte en faveur d’un design accessible à tous et constitue une excellente opportunité pour accroître sa visibilité et générer un trafic organique vers son site portfolio.

C'est précisément cela qui m'a fait penser que défendre ses convictions personnelles dans ses projets peut s'avérer bénéfique.

Dans une certaine mesure, en tant que graphiste, mes opinions influenceront toujours mon travail, mais Giovanni, par exemple, les transmet dans presque tous ses projets. Ce faisant, il se forge un nom et une reconnaissance. Il est donc logique que des personnes partageant ses principes de travail soient naturellement attirées vers lui et deviennent ensuite des clients avec lesquels il est beaucoup plus facile de collaborer qu’avec des personnes avec lesquelles on a des divergences de vues.

Et même le fait qu’il partage gratuitement ses créations attire des personnes qui n’ont peut-être pas les moyens de s’offrir les services d’un graphiste professionnel pour le moment, mais il y a de fortes chances qu’elles fassent appel à lui à l’avenir, ayant apprécié la qualité de son travail et le fait de l’avoir obtenu gratuitement.

En réalité, je trouve que c’est une approche du travail plutôt intéressante à laquelle je n’avais jamais pensé auparavant. Se dire à chaque fois que ce que l’on transmet dans un projet destiné à des personnes extérieures, potentiellement de futurs clients, sera inévitablement associé à soi en tant que graphiste. Et si ces personnes ne partagent pas certaines de vos opinions exprimées dans votre travail, elles choisiront de s’adresser à quelqu’un d’autre. Inversement, si les personnes qui vous contactent l’ont fait précisément parce qu’elles ont été sensibles à ce que vous transmettez, la collaboration et la communication seront beaucoup plus simples, car vous regardez dans la même direction. Et même si elles sont en désaccord sur certains points, il sera beaucoup plus facile de les convaincre des choix artistiques, par exemple.

Illustration : ma vision de la répartition des clients entre freelances

J’espère avoir l’occasion de voir le résultat de notre travail au cours des prochaines semaines de mon stage, car ce projet n’est pas encore terminé. Et à l’avenir, il serait intéressant de discuter avec Giovanni des clients qu’il a pu acquérir grâce à ce projet et de vérifier si ma théorie fonctionne vraiment dans le monde professionnel.

 Les plis du quotidien 

Je réalise mon stage chez Saïdath Ouabi, une designer pluridisciplinaire qui travaille entre design d’objet, de mode, architecture et graphisme. Depuis mon arrivée, je l’accompagne principalement sur la partie communication visuelle autour de son projet La Chaise Couture, une assise habillée de “robes” textiles, à la croisée du mobilier et de la mode. Je m’occupe de la notice d’utilisation, du packaging, ainsi que de la stratégie de communication (réseaux sociaux, newsletter…), tout en l’accompagnant ponctuellement sur des shootings photo ou des projets annexes, comme des visuels pour des marques de vêtements.

Croquis jupe en tulle

Ce qui m’a le plus étonnée au début du stage, c’est l’ambiance de travail : calme, chaleureuse et profondément humaine. On n’est que deux au bureau, et loin de l’image stressante que je me faisais d’un stage dans le design, tout est ici très fluide. Saïdath est attentive à mon bien-être, ne me met pas de pression inutile, respecte mes horaires et me rappelle souvent que je suis là pour apprendre. Elle me dit que l’entreprise ne repose pas sur moi, et que mes éventuelles erreurs feront partie de l’apprentissage. Cette bienveillance m’a vraiment surprise : je m’attendais à un univers tendu, exigeant, surtout en lien avec des marques de luxe. Et pourtant, malgré le sérieux des projets, la pression constante n’est pas présente.

Croquis de Saïdath et moi au bureau

Cette expérience m’a fait réfléchir à ma propre vision du travail. J’ai toujours eu tendance à associer efficacité à intensité, voire à épuisement. Ici, j’avance à mon rythme, dans un cadre structuré mais souple. Je me rends compte que l’on peut être engagée, productive, créative, sans sacrifier son équilibre. Cela m’a un peu troublée au début, car j’aime ce que je fais et j’ai naturellement envie de donner le maximum. Mais je commence à comprendre qu’il est aussi important d’apprendre à poser des limites, et à ne pas tout miser sur la performance.

Croquis de l’atelier où se déroule la partie textile

J’ai aussi été surprise par le dynamisme de son activité : je pensais qu’en freelance, le quotidien serait plus calme, moins chargé. Mais Saïdath multiplie les projets, les collaborations, les rencontres : réunions pour la Paris Design Week, rendez-vous avec Maison&Objet, l’Oréal, galléries parisiennes, échanges avec des stylistes ou des designers… Ça bouge beaucoup, et j’ai la chance de pouvoir assister à tout ça, souvent en coulisses. Cette diversité m’apprend énormément. Je touche à tout, je suis impliquée dans plusieurs tâches, et surtout, mes idées sont écoutées. Je ne me sens pas du tout cantonnée à un rôle d’exécutante : j’ai une réelle autonomie, tout en étant accompagnée. On fait des points réguliers, je propose, j’expérimente, et je me sens utile.

Stock des chaises (no spoil)

Ce stage me pousse à reconsidérer certains clichés sur le monde du travail, notamment dans les domaines créatifs. Il me montre qu’il est possible d’évoluer dans un cadre exigeant sans se sentir oppressée, de collaborer avec rigueur sans rigidité, et surtout, de construire une relation de confiance où chacun apprend de l’autre. J’en ressors motivée, inspirée, et un peu plus confiante dans ma capacité à trouver ma place dans ce milieu.

WeLoveJungle

J’entame ma 4ème semaine chez WeLoveGreen… et ma rencontre avec l’événementiel fût soudaine (pour ne pas dire brutale). Alors, ça peut paraître négatif quand je dis ça, mais en réalité ça me change entièrement de l’environnement que j’aurai pu expérimenter dans un studio graphique quelconque.

Dès le premier jour, on me présente l’équipe, le lieu etc…. Et PUIS, D’UN COUP D’UN SEUL, je vois la quantité de fichiers, d’échanges, de deadlines qui se trament derrière un aussi gros festival qu’est WeLoveGreen. Et c’est à ce moment précis que je me suis vue perdue au beau milieu d’une jungle professionnelle où tout semble s’enchaîner.

Je suis contente d’avoir un stage dans l’événementiel mais aussi d’en avoir déjà vécu un dans un studio graphique : cela peut me permettre de voir vraiment les différences entre les deux. Avant de rentrer chez WeLoveGreen, j’avais une image très floue de ce qu’était réellement l’événementiel et toute l’organisation et les échanges nécessaires. Un open space, 6 pièces de travail, beaucoup d’ordinateurs pour une bonne trentaine de personnes (sans compter la soixantaine d’autres personnes que je n’ai jamais rencontré). Et ceci pour 5 pôles principaux : Communication / Développement durable / Partenariat / Administration / Direction. Je fais partie du pôle communication où l’on est 4 graphistes, 2 responsables communication, 3 gérants des réseaux sociaux/newsletters. 

Donc autant dire que 3h après être arrivée pour la première fois, tout ça m’arrive en pleine tête… Je me suis directement dit que le temps d’adaptation allait être long. 

Illustration : comment j’ai vécu la première semaine

Les premières phrases que l’on m’a dit n’ont pas arrangé l’appréhension que j’avais : « Va falloir s’accrocher ! » « Ça va enchaîner ! »… En effet, pour ce qui est de notre pôle communication, on doit produire en quantité : une multitude d’affiches sous divers formats, newsletters, spot tv, réseaux sociaux, appli, et j’en passe. Je me dis que la quantité de supports à produire est censée pour l’ampleur du festival ainsi que pour sa promotion. Mais c’est surtout les deadlines qui m’ont interpellée :

BD : Un des premiers briefs du pôle communication…

En fait, j’ai vraiment cette impression que moi et les autres graphistes avons des missions très souvent dans l’urgence. La première fois que je m’en suis directement rendue compte, c’est le jour où je devais produire une vidéo J-50 pour Instagram. Laura me donne le brief à environ 14h :

Laura : « – Du coup c’est tout bon pour toi ? Hésite pas à me poser des questions si besoin.

Moi : – Oui ça marche, merci !

Laura – Par contre, c’est à rendre pour ce soir.

Moi : – ….. ah d’accord je savais pas. »

Puisque je m’occupe quasiment que de la partie réseaux sociaux (divers types de posts, réels Instagram, tiktok), il faut toujours être à jour sur ce que l’on va poster le jour même ou dans les jours à venir. Mais je me demande si cette notion « d’urgence » est récurrente dans le monde de l’événementiel ou si parfois ça n’atteint pas les limites d’une mauvaise communication ou d’anticipation. 

selection de quelques posts, réels sur lesquels j’ai été missionnée

Je pense que je pourrais répondre à cette question et avoir un meilleur recul d’ici les prochaines semaines à venir : quand le rythme s’accélérera vraiment.

Perdue dans le langage de la télévision

Avant ce stage, le monde de la télévision c’était flou, voire inexistant dans mon imaginaire. Un truc de vieux. Je ne connaissais ni les codes, ni le vocabulaire, encore moins les contraintes. Je consommais de l’image, mais sans jamais penser à ce qui l’encadrait. L’habillage, l’autopromo, les jingles, les idents, les BA, les bugs antenne… C’était juste du bruit de fond.

Et puis j’ai débarqué chez Motion Fan Club : une agence de design graphique basé à Paris, spécialisé dans l’identité visuelle en mouvement. L’agence conçoit des habillages pour des chaînes de télé, mais aussi pour des expos, des plateformes, des campagnes digitales ou culturelles. C’est un univers ultra-codé, mais très vivant. Ici, le design est dynamique, précis, souvent millimétré et c’est fascinant.

Les conditions de travail y sont particulièrement agréables : bienveillance, exigence et autonomie cohabitent sans conflit.

Moi je suis tombée direct dans le feu de l’action. On me briefe à la volée, je propose, j’essaie, je teste, je recommence. L’ambiance est fluide, et malgré mes appréhensions, mes idées sont prises au sérieux dès le départ. Je travail en collaboration avec le Directeur artistique sur des fichiers partagés en réseau : on est dans un échange constant. Et ce qui me plaît, c’est la création en continu avec la conception de systèmes graphiques et l’élaboration de plusieurs pistes.

On produit beaucoup, vite, parfois plusieurs projets en même temps, pour des clients très différents : Depuis le début de ce stage j’ai été amené a travailler sur une chaîne de sport d’Outre-mer qui veut se détacher de l’identité France TV, ainsi que sur une toute nouvelle chaîne d’info locale (Novo19) dérivé de ouest France qui s’installe suite au départ du groupe C8.

J’ai dû apprendre un nouveau vocabulaire, « le langage télé ». Une grammaire complète où chaque visuel est pensé comme un kit ultra structuré :

→ L’habillage antenne, c’est un logo animé, un claim, un univers sonore.

→ L’identité visuelle JT, ce sont des bugs, des bandeaux, des mentions éditables, du scroll, une horloge…

→ L’autopromo, ce sont les packshots, les bumpers, les annonces “ce soir” / “demain” déclinées pour toutes les plateformes.

Condensé des 3 formes de bases de l’habillage TV

→ Et chaque élément doit être décliné pour le digital, le replay, les réseaux sociaux.

Au début, tout ce vocabulaire me paraissait abstrait, un vrai charabia. Maintenant je commence à comprendre les attentes, les différences entre un teaser événementiel et un kit d’autopromotion. Je sais lire plus ou moins lire un brief, décoder les besoins. Et surtout, je découvre à quel point le client peut avoir des exigences visuelles précises : il veut du “cinéma”, du “blockbuster américain”, alors que l’agence essaie de maintenir une exigence graphique. Il faut donc apprendre à s’adapter, à négocier, à traduire une intention floue en image claire. À chaque fois, l’enjeu est de rester créatif sans perdre l’efficacité du message.

Un autre choc : les budgets. Parfois 200k€ pour un habillage d’antenne. Et l’usage de l’IA générative comme Midjourney pour certains visuelles animés peut être utilisés afin de réduire les coûts de tournages ou d’éviter des droits d’images ( exemple, images d’enfants )

Je ne peux malheureusement pas montrer de visuels pour l’instant, car tant que les projets ne sont pas finalisés et diffusés, ils restent confidentiels.

Pour conclure, je découvre un champ entier du design que je ne connaissais pas, avec ses règles et ses enjeux. C’est intense, rapide, plein de jargon, mais aussi hyper stimulant. Je vois mieux comment une chaîne de télé construit une identité, et ça me donne envie d’aller plus loin dans cette direction. Finalement, même si je viens d’un autre monde, je commence à parler leur langue.

Communiquer sans image

Voilà la fin de mon stage et je me rends compte que j’ai reçu de belles opportunités chaque semaine. Après avoir fait divers visuels pour la communication de Bolero et son image de marque, j’ai aussi pu réaliser des visuels pour des nouveaux compositeurs de musiques et artistes qui entrent sur la plateforme. En réalisant pleins de visuels avec des cas bien différents à chaque fois, je me rends compte de la complexité que représente une communication comme celle de mon entreprise. 

En effet, Bolero Music négocie rarement en direct avec les artistes, car beaucoup ne sont pas vraiment au courant qu’ils sont sur cette plateforme d’investissement. 

C’est rarement l’interprète qui gère ses droits car il n’est pas forcément formé à cela, mais il n’est aussi pas le seul à en posséder l’intégralité. 

Chaque artiste est entouré d’une équipe qui est généralement composée d’un compositeur, d’un parolier, et d’autres corps de métiers musicaux, mais aussi de son équipe de promotion (agent, producteur, maison de disque, …). 

Parmi toutes ces personnes, certaines mettent alors à disposition la partie de la musique dont ils possèdent la propriété intellectuelle afin d’avoir un retour sur investissement en le proposant sur des plateformes comme Boléro.

Dans la plupart des cas, les artistes comme JUL ou Alonzo, ne sont pas au courant que les personnes qui possèdent une partie de leurs droits les mettent en vente sur Bolero. 

Il est essentiel de clarifier que les droits que l’on nous vend ne concernent pas les visuels associés à la musique.  Les droits en question se limitent à la composition musicale et à ses enregistrements.  Ainsi, on doit pouvoir promouvoir cette musique indépendamment de l’image qui lui est déjà attribuée visuellement. Cela permet de différencier clairement les aspects légaux de la propriété intellectuelle liée à la musique de ceux liés à sa représentation visuelle.

Certes c’est complexe mais il en devient plus complexe pour nous de travailler sans les pochettes d’album ou titres et sans utiliser l’image des artistes. 

Mais pourquoi il l’utilisait jusqu’à aujourd’hui ? Parce que c’était le plus simple pour vendre et cela représentait l’artiste et la musique en question avec l’image commerciale qu’il avait déjà. Mais le souci c’est qu’ils n’avaient pas les droits pour le faire. Alors pour passer inaperçue, ils utilisaient une capture d’écran de Spotify pour utiliser l’excuse du libre accès et du “screenshot” pour ne pas être accusé de réutilisation d’un visuel.

Pour les sorties de la semaine, j’avais été accompagné les premières semaines pour réaliser ces visuels déjà mis en place, qui contenaient les covers officielles :

Alors on se questionne, comment représenter quelque chose qui n’est pas matériel ?  Comment représenter “une part dans la musique”? Je dois alors tenter de créer des visuels sans les covers et sans l’image de l’artiste.

Malgré cet exemple précis que je viens d’expliquer, il existe aussi d’autres cas concernant la création des visuels pour des droits mis en vente sur Boléro. 

Certains artistes mettent en vente eux-mêmes leurs parts, comme les rappeurs Riles, Médine et le DJ Agoria. Dans certains cas, comme pour Médine, il nous demande de faire un visuel afin de promouvoir sa musique quand elle sort, et d’autres pour le suivi des statistiques de ses sons postés sur Bolero. Dans ce cas précis, nous avons l’autorisation  d’utiliser la cover et l’image de l’artiste.

J’ai pu aussi travaillé avec Le Motif, producteur renommé dans le milieu du rap en tant que compositeurs. Je travaille pour lui sans connexion directe, mais j’ai réalisé des réels de promotion pour montrer que Le Motif mettait lui-même ses parts sur Boléro. J’utilise donc son image et devient garant de celle-ci pour l’artiste et pour Boléro. 

Avec ma maître de stage nous sommes ceux qui réalisons les visuels pour des artistes français très populaires, mais nous parlons au nom de Bolero, et Bolero ne parle pas à ces artistes, ce qui est parfois frustrant car nous n’avons aucun crédit. 

Je réalise qu’être designer graphique c’est aussi travaillé à 70% dans l’ombre. Des artistes, des marques…. 

Ce qui peut créer un sentiment de frustration car j’aurais aimé avoir des avis, des retours de certains artistes ou compositeurs afin de travailler plus directement pour eux. En tout cas, c’est ce que je souhaite faire plus tard. 

Molli : confort/durabilité, marketing et normes socioculturelles…

Plonger dans l’univers de Molli met en lumière une approche singulière ou le confort
et la durabilité sont primordiales dans chaque création, soutenues par des points marketing. Molli, en tant que marque ayant sa place à l’international, ne se limite
pas à offrir des produits de grande qualité, mais représente aussi un modèle
de référence en redéfinissant certaines normes socioculturelles.

Comment l’approche de Molli influence-t-elle
les perceptions des clientes à travers confort/durabilité, marketing et normes socioculturelles ?

Dans la maison Molli, l’accent est mis tout d’abord sur le confort et la durabilité
des pièces. Par une maille fine et douce ainsi qu’un tricotage précis.

Différents zooms sur différents types de mailles afin de visualiser au maximum les détails
de la matière ainsi que matérialiser le travail des filateurs et des tricoteurs.

Molli offre aux femmes une silhouette élégante et raffinée ainsi qu’un bien-être
que les différentes clientes ou nouvelles acheteuses cherchent maintenant de plus en plus dans une marque de mode. La maison, au lancement de la gamme femme en 2014
par Charlotte de Fayet, a directement réussi à se faire une place dans le monde du luxe.

Aujourd’hui, la fast fashion détient une position importante dans le monde du prêt-à-porter. Une majorité de ces marques cherchent à sortir des collections avec des tops
et des bas en maille avec possiblement pour inspiration des maisons de luxe travaillant eux-mêmes ces textiles. Molli, malgré le fait d’être implanté dans ce milieu, ne passera pas dans les premières recherches, du fait que les marques de fast fashion telle que Zara, H&M, Bershka… ont une plus grande base de clientèle.

Voici différentes pièces portées par des femmes Molli de différentes manières.
Le confort de la maille permet donc
d’être élégante en toutes circonstances.

Malgré le fait que la marque ne soit pas forcément dans le top des recherches, Molli
se créé par le bouche-à-oreilles des clientes fidèles et qui admirent les valeurs que
la maison souhaite partager. Molli est une marque qui créer des pièces élégantes et respectueuses de l’environnement en privilégiant le confort et la durabilité, à travers toutes les saisons.

De mon point de vue, les clientes approuvent la manière de faire et les valeurs de Molli. Elles privilégient donc la qualité et la longévité plutôt que la quantité et sans réellement s’arrêter sur les prix du fait que les clientes connaissent les valeurs de la maison.

Mais pour arriver à ce que les clientes soient fidèles aux valeurs de la marque, il faut que la marque elle-même mettent en avant, c’est différentes valeurs. C’est donc
par l’aspect du marketing et par le travail de la directrice artistique, du pôle web,
de Charlotte de Fayet ainsi que par l’intervention d’une rédactrice, que cette communication autour de la marque est possible. Grâce au marketing que Molli
met en avant, les femmes Molli se voient offrir une alternative à la mode ayant
une consommation excessive, pour privilégier la qualité à la quantité.

Durant mon stage, je me suis également demandé quelle était la réception de ces valeurs par les clientes. Pour répondre à cela, les femmes Molli, choisis par Charlotte de Fayet, se voient faire shooting avec une pièce de la marque qui sera par la suite mise en ligne sur les différents réseaux sociaux. Mais de plus, à la suite de ce shooting, il leur est demandé d’écrit une petite phrase qui parle de Molli et de comment elles perçoivent la marque. Cela permet de toucher une communauté plus large ainsi
que des médias, du fait que les femmes Molli sont des artistes, influenceuses, architecte, littéraire…

Après l’envoi des photos ainsi que de la citation, nous mettons les prises de vue en pages
de cette manière puis nous les postons sur LinkedIn, Instagram…

Cela ramène sur un des points précédents qui est le bouche-à-oreille afin de faire
une promotion externe dans le but de valoriser les différentes valeurs de Molli comme
le « quiet luxury », le confort, la durabilité et une esthétique intemporelle. Le marketing
de Molli vise donc à possiblement apporter une clientèle fidèle, recherchant des solutions durables, mais aussi engagée socialement et écologiquement.

Être engagée socialement ne consiste non pas seulement à mettre en avant des artisans, mais consiste surtout à promouvoir les qualités d’un savoir-faire historiques avec une promotion responsable et donc avoir un réel impact socioculturel afin d’essayer au maximum de changer les idées de la fast-fashion par exemple.
Un changement de comportement des clientes et futures clientes peut-être sûrement un des facteurs principaux sur lequel Molli cherche à avoir un impact socioculturel.

Le site web de Molli peut être un rapide exemple pour montrer que la marque donne
une place plus qu’importe à l’idée d’une conception réfléchie.

Le texte explicatif se trouvant sur l’ensemble des pages du site de la maison, est écrit de manière à raconter comme une histoire, faire rêver. Chaque détail est pensé : l’aspect que
la pièce peut donner sur les clientes, comment la pièce a été pensée…

Par ailleurs, Molli en promouvant un artisanat de qualité ainsi qu’une production responsable, peut potentiellement inspirer des marques, nouvelles ou non, à adopter
des valeurs et des pratiques similaires, même si à l’heure actuelle Molli reste une des rares marques à ne faire que de la maille. Ce qui, probablement, influencera donc
les consommatrices à envisager de modifier leurs attentes afin, comme dit précédemment, privilégier la qualité à la quantité.

Collaboration avec :
Oh my Cream
Collaboration avec : Duvelleroy
Collaboration avec :
The Socialite Family

En conclusion, Molli se distingue non seulement par la qualité de ses vêtements,
mais aussi par son impact sur les normes socioculturelles. En mettant l’accent
sur le confort et la durabilité, et en utilisant différentes stratégies marketing, la marque cherche à inspirer les consommatrices à adopter une approche plus consciente
de la mode. Molli construit donc un possible avenir où le luxe et l’aspect social
se rencontre, ce qui a un probable impact positif sur les décisions de consommation
et les perceptions des femmes à travers le monde du fait que la marque soit implantée
à l’international.