Le graphisme comme seul langage

Le graphisme peut-il se suffire à lui-même pour être compris et partagé ? I mean peut-on communiquer uniquement par le visuel ? 

La fin de mon stage et de ce voyage approche…🤧🥺 Il ne me reste déjà plus que 2 semaines et cela fait 3mois que je suis ici pourtant, j’ai encore du mal à mesurer l’ampleur de cette expérience, tant elle a été intense, mémorable et à jamais inoubliable. 

Si je devais revenir sur un point essentiel pour cette 3ème et dernière lettre d’étonnement, ce serait sans hésiter la question de la communication et plus précisément celle de la barrière linguistique, qui a marqué l’ensemble de mon stage.

Je n’aurais pas pu survivre sans eux…

Ma plus grande appréhension avant de commencer ce stage était la barrière de la langue, et les difficultés de communication que cela pouvait engendrer, notamment dans la présentation de mes idées. Durant mes études, j’ai toujours eu recours au langage verbal pour accompagner mes projets : que ce soit pour clarifier des concepts abstraits difficiles à traduire graphiquement, ou par manque de temps pour soigner les visuels. Mais pour ce stage dans un pays étrangers j’ai été contraintes de changer mes habitudes de travail radicalement : pour moi dans cette entreprise, tout repose (pour ne pas dire totalement) sur ce que je montre et produits. 

  • 80% LANGAGE VISUEL
  • 20% LANGAGE ORAL / BODY LANGUAGE

Cela a complètement changé ma manière de présenter mes idées. Mes supports visuels sont devenus mon principal outil de communication. Il fallait qu’ils parlent d’eux-mêmes. J’ai donc appris à les rendre les plus clairs, explicites et complets possible : fichiers bien organisés, croquis, références visuelles, annotations, flèches, mots-clés, codes couleurs… tout était bon pour renforcer l’autosuffisance de mes propositions graphiques.

Fichier organisé par code couleur, avec calques et effets nommés en coréen sur Photoshop, accompagné de croquis annotés par des flèches

Quant à elles, mes collègues coréennes, accompagnaient souvent leurs présentations de longs développements oraux, même à partir de croquis très simples. Ce que je ne pouvais bien évidemment pas faire, je devais alors compenser ce que je ne pouvais pas dire à l’oral par un surplus d’effort visuel. Pour exprimer la même chose, je devais souvent aller plus loin graphiquement.

C’était exigeant, mais extrêmement formateur. Cela m’a poussée à structurer mes fichiers avec précision, à penser mes visuels non plus comme un accompagnement, mais comme le message en lui-même. Cette contrainte a été, en réalité, une chance : je pense que je n’aurais pas développé cette exigence aussi rapidement en France, où le recours à la parole est plus systématique (et parfois par réflexe… ou par flemme).

Les demandes de travail aussi se faisaient en grande partie par le visuel. Une collègue m’envoie un fichier via AirDrop ou Kakaotalk , vient me montrer des zones, des formes, des couleurs… en parlant rapidement en coréen. J’écoute, j’observe, je déduis : ses gestes, les intonations de sa voix, son langage corporel me donnent des indices. 

Le traducteur vocal que j’utilise me permet une première compréhension, mais elle reste très approximative. Je dois donc souvent recouper les infos, passer par ChatGPT pour affiner, et surtout me fier à ma mémoire des visuels qu’elle m’a montrés. C’est un vrai jeu de déduction à apprendre sur le tas.

Un infime aperçu de toutes les traductions que j’ai dû faire…

Ce décalage m’a appris à faire avec les zones d’ombre, à ne pas poser de questions inutiles, à interpréter les attentes à partir des indices reçus. Et finalement, cela m’a rendue presque totalement autonome dans mon travail. Jusqu’ici, je n’ai rencontré aucun malentendu majeur ou hors sujet preuve que le langage graphique, bien maîtrisé, peut réellement être universel. 


Le graphisme permet de transmettre énormément de choses, parfois même l’essentiel, sans avoir besoin de mots et peut être un véritable langage universel  comme l’art pariétale qui nous as permis de comprendre les civilisation antérieurs juste à travers des formes et couleurs qui peu parfois être bien plus puissant que les mots et compréhensible par tous. Mais le langage verbal reste un atout précieux pour enrichir, nuancer et clarifier les intentions, mais le fait de ne pas maîtriser la langue coréenne, que je considérais au départ comme un désavantage, m’a finalement poussée à renforcer des aspects fondamentaux du métier de designer graphique : la précision, la clarté, l’anticipation, l’autonomie… et surtout, la capacité à faire parler mes images d’elles-mêmes.

L’auto-apprentissage dépend-il toujours d’un cadre et d’un accompagnement ?

Cela fait maintenant une semaine que mon stage en entreprise a pris fin.

Ces derniers mois j’ai principalement travaillé en tant que monteuse vidéo sur des interviews et documentaires ce qui me changeait des tâches que j’effectuais depuis le début du stage. L’avant/après entre le début et la fin était pour moi très différente, dans les tâches effectuées comme dis précédemment, mais aussi dans l’encadrement, la méthode de travail et l’apprentissage.

En effet, lorsque je suis arrivée mon travail était supervisé par mon tuteur, ce qui est sensé évidemment, et je connaissais bien les logiciels avec lesquels je travaillais. Mon apprentissage passait par mon tuteur, l’environnement et les observations que j’effectuais.

Ainsi, cette période d’accompagnement initial m’a permis de me familiariser avec les attentes de l’entreprise et d’être plus précise techniquement sur les logiciels. 

Mais cela à changé lorsque l’on m’a lancé sur différents montages impliquant des outils et logiciels que je ne maîtrisais pas encore, je ne les avais même jamais ouvert. Je pensais que la méthode d’apprentissage serait la même et que mon tuteur en ferait partie mais il ne les maîtrisait pas non plus. Il m’a donc encouragé à explorer par moi-même ces logiciels.

Dès lors, s’en ai suivi des jours à chercher des tutoriels, à essayer, à rater et à recommencer. C’était une période très stimulante m’évoquant mes débuts en graphisme.

Apprentissage de l’étalonnage vidéo sur Première Pro

Ainsi, pendant cette période de stage j’étais un peu en auto-apprentissage avec une démarche personnelle, un effort de recherche et d’expérimentation autonome. Cependant, il y avait tout de même un cadre avec des attentes précise.

Je me suis donc demandé: peut-on véritablement évoluer de manière autonome, ou un encadrement et un accompagnement sont-ils toujours indispensables à la progression ?

Même si j’étais livrée à moi-même pour comprendre ces nouveaux outils, je n’étais pas totalement seule. Il y avait des délais, des attentes, des rendus à faire. Cela suffisait à poser un cadre autour de mon apprentissage, même s’il était moins visible. J’étais libre d’expérimenter, mais dans une direction précise. C’est ce mélange de liberté et de contraintes qui, je pense, m’a fait progresser.

Avec du recul, je réalise que l’auto-apprentissage a toute sa place, surtout dans un domaine comme le graphisme ou le montage, où les outils évoluent sans cesse. Mais on n’apprend jamais complètement seul. Il y a toujours quelque chose autour de nous, un objectif, une personne, une structure, qui guide, même indirectement, notre progression.

Progression d’apprentissage

Le fait de devoir me débrouiller avec des logiciels que je ne connaissais pas m’a obligée à sortir de ma zone de confort. C’était difficile, mais très formateur. Et même si mon tuteur ne maîtrisait pas ces logiciels, il restait présent pour m’encourager, pour échanger, pour me rappeler les objectifs finaux.

Je pense donc qu’on ne progresse pas seul au sens strict. Même dans l’auto-apprentissage, on s’appuie toujours sur un cadre, sur un environnement ou sur des interactions. Ce stage m’a permis de comprendre que l’autonomie ne veut pas dire isolement, et que l’apprentissage, pour être vraiment efficace, a besoin à la fois de liberté et de repères.

Créer, c’est décider

Au fil des semaines, j’ai compris que la création s’accompagne surtout d’un acte moins visible mais fondamental : la décision.

Chaque projet auquel j’ai participé m’a confrontée à des choix esthétiques, techniques et/ou stratégiques mais toujours à prendre vite, et dans un cadre complexe.

Le meilleur exemple, c’est le chantier colossal du groupe M6. Suite au rachat et au regroupement de plusieurs chaînes (W9, 6ter, Gulli, Téva, RTL,ParisPremière etc.) dans une plateforme commune, M6+, il a fallu repenser une grande partie des logos, des noms et des cohérences visuelles entre les marques. On a dû modifier certains logos, (notamment trouver une nouvelle formalisation en 2D car la 3D n’est plus en phases avec les tendances graphiques ), adapter des univers très identifiés à un ensemble plus cohérent, mais aussi concevoir un nouveau logo pour “M6 Groupe”, qui rassemble toutes ces entités sans les faire se marcher dessus.

Tout cela sous deux contraintes fortes :

• un timing rapide pour valider, produire et livrer les premières versions

• une grande responsabilité : M6 est une marque puissante, et chaque ajustement a un impact large.

Même chose avec le projet du journal télévisé de la chaîne Nouvelle 19 (liée à Ouest France). Le brief : imaginer l’habillage complet de leur JT de l’identité visuelle au générique, en passant par les jingles, les animations d’antenne et la proposition de logo. Là encore, il a fallu trancher très vite : le travail se faisait en équipe, et devait être transmis rapidement aux monteurs / motion designer, pour que l’habillage prenne vie sans perte de temps. Choisir une typographie, valider une intention d’image ou un rythme de transition, ce n’était pas “une étape parmi d’autres” : c’était le cœur du travail.

J’ai aussi travaillé sur une future émission Canal+ portée par Antoine de Caunes, autour du cinéma, dans l’esprit du “Cercle”. Il a fallu concevoir une identité graphique déclinable pour tous les écrans plateau, jingles, transitions, générique. Là encore, créer une esthétique, c’est concevoir un système : une mécanique qui fonctionne visuellement, mais aussi facile à décliner pour les équipes internes. Et cela suppose de prendre rapidement les bonnes décisions sur les couleurs, les formes, les hiérarchies d’info, le ton, etc. pour que le motion designer puisse ensuite passer à l’animation dans la foulée.

Je pensais que décider en création signifiait souvent “couper” dans ses idées, renoncer. Mais j’ai appris que c’est l’inverse : décider, c’est clarifier. C’est aller à l’essentiel, dégager une intention forte, lisible, efficace.

C’est aussi une forme d’autonomie que je ne pensais pas avoir si tôt : j’ai été amenée à prendre des décisions graphiques qui avaient un vrai poids dans les projets, car il fallait que ça avance, que ce soit cohérent, et que ce soit beau.

Enfin, ce stage m’a aussi permis de comprendre que dans la création contemporaine, notamment dans le domaine de l’image animée ou du branding télé, la rapidité n’est pas l’ennemie de la qualité.

On peut créer vite et bien, à condition de savoir s’adapter, faire confiance à son œil, à son intuition, et à son équipe.

Loin de me brider, ces délais m’ont au contraire poussée à me recentrer sur ce qui fait sens. J’ai appris à faire des choix, à défendre des directions, à travailler plus efficacement, mais sans sacrifier ma créativité.

Créer, c’est décider et aujourd’hui, je me sens bien plus capable de le faire.

Créer sous contrainte : la charte graphique limite-t-elle la liberté du graphiste ?

Cela fait un mois que je suis en stage, et je n’ai pas vu le temps passer. J’ai réussi à mieux m’intégrer, et je travaille désormais sur plus de projets, de types différents. Certains m’ont offert une plus grande marge de manœuvre que d’autres. C’est comme ça que j’ai commencé à me poser des questions.


C’est une interrogation qu’on retrouve souvent dans le monde du graphisme. Je me la suis posée en réalisant une affiche pour un événement récurrent, comme la Fête de la musique. Ça m’a amenée à réfléchir à la place du graphiste dans un cadre déjà bien défini : celui de la charte graphique. Et à me demander jusqu’où elle limite la créativité.


C’est normal, évidemment, de devoir respecter la charte graphique d’une entreprise ou d’une association. Mais alors, comment innover ? Jusqu’où va la liberté du graphiste ? On pourrait faire le parallèle avec les marques de luxe, qui ont des identités visuelles très codifiées – presque figées – et où l’on pourrait croire que ça freine la créativité.


Lors de la création de l’affiche pour la Fête de la musique, j’ai dû composer avec deux chartes graphiques en même temps : celle de La CLEF, et celle spécialement développée pour les 40 ans de l’association. Il y avait déjà beaucoup d’éléments imposés : une typographie précise, une gamme de couleurs, des logos. Tous ces éléments font partie de l’identité de l’association, de sa reconnaissance. Mais dans ce contexte, comment faire preuve d’innovation tout en restant identifiable ? Et surtout : est-ce que le graphiste arrive encore à s’amuser dans ce cadre-là ?


Parce que pour moi, la créativité est liée à une forme de plaisir et d’épanouissement. Et quand tout est déjà fixé, je me demande si ça ne devient pas un peu répétitif, voire lassant à la longue. D’autant plus que le graphiste n’est pas toujours décisionnaire. Il y a souvent plusieurs interlocuteurs, parfois non graphistes, qui ne comprennent pas toujours pourquoi on fait tel choix. Il y a aussi une certaine peur de sortir du cadre, une volonté de rester dans la continuité, de ne pas trop s’éloigner de ce qui a déjà été fait.


Du coup, on ne se retrouve pas vraiment dans un processus de création libre, mais plutôt dans une logique d’adaptation : comment reprendre les éléments déjà existants et les transformer un peu pour faire quelque chose de nouveau… sans trop en faire. Ça devient une sorte de « remaniement graphique » plus qu’une création à part entière.


Et puis dans le cas de La CLEF, où un seul graphiste doit répondre à beaucoup de demandes provenant de plusieurs services, il y a aussi un enjeu d’efficacité.

Réutiliser ou adapter des visuels pour des événements qui reviennent chaque année, c’est un vrai gain de temps. Et ça permet aussi de se concentrer sur les projets qui demandent plus de création, plus de réflexion ou d’attention. C’est un équilibre à trouver entre création, contraintes visuelles et organisation du temps.

Peut-on encore faire preuve de créativité dans un univers déjà normé

Au fil de ce deuxième mois, j’ai participé à des projets très différents : l’habillage de France TV Outre-mer, la conception de modèles pour les réseaux sociaux des Éditions de Minuit (l’une des plus anciennes maisons d’édition françaises, fondée en 1941), mais aussi à la création d’images plus “pures” pour des événements comme Wimbledon ou les 90 ans de la Vuelta.

 À chaque fois, mon rôle n’a pas été de tout inventer, mais de concevoir au sein d’un univers déjà balisé, d’un système déjà en place. Et cette contrainte, loin d’être un frein, m’a permis de comprendre ce que signifie réellement designer dans des contextes contraints. 

Pour les 90 ans de la Vuelta, célèbre tour cycliste espagnol, j’ai dû composer à partir d’un univers d’images existantes (banques comme Getty). Le défi n’était pas de tout créer, mais de transformer ces éléments en visuels forts, cohérents et impactants. Incrustation de personnages dans des paysages, composition, jeu de couleurs : tout devait faire sens. J’ai beaucoup appris en gestion de fichiers Photoshop, en rigueur sur les formats et les droits, mais aussi en regard critique : donner une intention visuelle forte même sans être dans une “création pure”.

Je ne peux pas encore montrer mes visuels, car la Vuelta n’a pas officiellement communiqué sur ses 90 ans : voici donc un exemple réalisé par l’agence lors de l’édition précédente.

Même logique pour Wimbledon. Pour l’édition 2023, le concept visuel “Be Wild” avait été choisi pour traduire une vision plus intense, sauvage et passionnée du tennis. J’ai décliné plusieurs propositions dans cet esprit, en pensant toujours à leur adaptabilité selon les formats (stories, affiches, bannières, etc.). Ces projets m’ont aussi appris à structurer mes fichiers de travail pour qu’ils puissent être partagés facilement au sein de l’équipe : nommer les calques proprement, décliner les formats, créer des gabarits pour un usage collectif. Cette rigueur, que je connaissais peu avant, est devenue un outil essentiel pour travailler en agence.

visuels type d’événements sportifs que l’agence a produit

Sur le projet France TV Outre-mer, j’ai eu encore plus de responsabilités. Aujourd’hui, j’en suis à l’étape de déclinaison : chaque discipline sportive doit avoir son identité dans un ensemble cohérent. Le cadre est strict et je dois respecter les codes de France TV en termes de composition, couleurs, typographies. Cette hiérarchisation visuelle demande un travail de réflexion précis : comment garder une cohérence d’ensemble tout en différenciant chaque discipline ? Comment équilibrer le jeu graphique avec les contraintes d’un habillage télévisuel ? C’est un travail de conception stratégique autant que d’exécution rigoureuse.

Je ne peux pas montrer de visuels pour le moment alors voici l’habillage de France TV Sport. Il s’agira du même principe, mais avec un système graphique que j’ai conçu, différent des cercles concentriques et des couleurs habituelles, tout en respectant la charte de France TV.

habillage de france tv sport

Pour l’appel d’offre de Novo 19, bien que le projet n’ait pas été retenu, cela a été l’un des plus gros projets sur lequel j’ai travaillé. Il comportait une vraie phase de conception d’un système visuel, choix typographiques, couleurs, de motion, choix de musique…mais aussi une importante part d’exécution cadrée. Il s’agissait de produire un document client complet, une sorte de “brand book” en PDF rassemblant toutes les briques de l’univers graphique : de l’autopromo au motion, en passant par les règles d’usages.

J’ai aussi pu y perfectionner mon usage des IA génératives comme Midjourney ou Runway, dans un cadre de production d’images qui dépasse la phase de création classique. J’ai contribué à écrire des prompts et des scripts pour générer des visuels ou simuler des plans avant tournage. Cette méthode nous a permis de gagner du temps, de mieux faire comprendre notre vision aux clients et de tester plusieurs directions créatives sans passer par une phase de prototypage longue.

Enfin, les Éditions de Minuit m’ont permis de changer totalement d’univers. Cette maison historique fondée en 1942, connue pour son catalogue littéraire exigeant (Beckett, Duras, Echenoz…), travaille aujourd’hui son image sur les réseaux sociaux. À partir de la charte déjà établie par l’agence, j’ai conçu des templates de posts, que la maison pourra ensuite décliner en autonomie. Là encore, l’enjeu était de réduire la place du texte pour mettre en valeur le visuel, tout en respectant une grille très stricte.

Ce mois-ci, j’ai appris que le design ne commence pas toujours avec une page blanche. Il s’agit souvent d’interpréter, d’ajuster, d’amplifier. Travailler à partir de cadres définis m’a donné des outils pour affirmer mon regard, affiner ma précision, et donner du sens – même quand on ne crée pas tout, on conçoit toujours.

Bref, j’ai dirigé la communication d’un événement

Rebonjour. On est à la moitié du stage… Alors si on papotait un peu de ce que j’ai fais ces dernières semaines ?

Le projet sur lequel j’ai le plus appris depuis le début de mon stage, il est pour un client un peu particulier : Sharing eux-mêmes ! Plus précisément, c’est pour le groupe PH7 auquel l’agence appartient. On m’a nommée leader de la communication pour un événement organisé par le groupe : Catch Me If You Can, un rendez-vous pour mieux comprendre la génération Z. L’événement aura lieu le 24 juin à Paris, avec des tables rondes, des ateliers et un cocktail. L’idée c’est de montrer que PH7 s’intéresse vraiment aux enjeux de cette génération qui redéfinit le rapport au travail, à la consommation et à la société.

Ce qui m’a frappée, c’est à quel point le positionnement de la marque est au cœur de tout. L’événement ne s’adresse pas directement à la Gen Z, mais il doit montrer que PH7 comprend ses codes, qu’il est capable de parler son langage et donc de s’y adapter. Toute la réflexion que j’ai menée sur la communication de l’événement tournait autour de ça : comment faire sentir que PH7 est polyvalent et moderne (sans tomber dans le cliché) ?

Là j’ai expérimenter le  “travailler l’image d’une marque”. Par exemple, pour présenter les intervenants en un post, on aurait pu faire quelque chose de classique, mais ça n’aurait pas collé à l’univers de l’event. Alors, l’idée est venue d’un format plus ludique : des cartes Pokémon personnalisées, adaptées à la charte graphique de PH7. C’était une façon de parler à un public aux références pop culture et tout en respectant l’univers du groupe ( à travers les couleurs et des motifs ). Et surtout, ça permettait de se démarquer clairement des autres communications d’agences.

Cartes Pokémon pour l’event « Catch me if you can » de ph7.

J’ai aussi réaliser des Reels. J’ai pris le lead : j’ai imaginé les concepts, ramené les personnes à interviewer, réalisé le tournage, monté les vidéos, et réaliser les animations. Ça m’a permis de progresser techniquement (surtout en montage), mais aussi de mieux comprendre comment un contenu peut servir un message. Par exemple, dans le premier Reel que j’ai réalisé, je comparait les réactions d’une personne de la Gen Z et d’une personne plus âgée à des mots liés au travail, comme “intelligence artificielle”. L’objectif était de montrer avec humour, les différences de perception entre générations et comment cet écarts peut influencer la manière de communiquer.

Extrait du réel « LA GEN Z VS LE MONDE » et visuel clef de l’event

Évidemment j’ai eu besoin de retours, et heureusement Olivia était là. Elle m’a aidée à mieux doser le rythme, à éviter les longueurs, à ne pas trop m’éparpiller. Grâce à ses remarques, j’ai appris à être plus claire dans mes intentions, à toujours garder en tête le fil conducteur. Ce projet m’a permis de vraiment réfléchir en termes de stratégie de com’, pas juste de création visuelle.

Il fallait à la fois séduire, informer et intriguer, tout en restant fidèle à l’univers PH7 => chaque mot et choix graphique est une prise de position.

Ce que je retiens de cette expérience, c’est aussi la confiance qu’on m’a donnée. On m’a laissé proposer, tester (beaucoup d’impovisation), rater, ajuster (je deviens minutieuse !!)… Et en même temps, j’étais toujours accompagnée. C’était un bon équilibre entre l’autonomie et le soutien.

La suite dans le prochains épisode…

 La bienveillance peut-elle rimer avec exigence ? 

Lorsque j’ai commencé mon stage chez Saïdath, j’étais prête à m’adapter à un univers que j’imaginais intense, voire stressant. Je m’étais préparée à affronter la pression des délais, la rigueur d’un univers créatif en lien avec des marques de luxe, et une certaine distance professionnelle. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est à trouver un cadre de travail profondément bienveillant et pourtant, aussi exigeant.

L’étonnement est venu de là : comment un tel équilibre est-il possible ? Comment concilier attention portée à l’humain et niveau d’exigence élevé ?

Dès les premiers jours, j’ai été frappée par la manière dont Saïdath encadre le travail : de façon précise, impliquée, mais toujours avec douceur. Elle prend le temps d’expliquer, reformule si nécessaire, valorise les idées, et surtout : ne dramatise pas l’erreur. Le mot « apprendre » revient souvent dans ses phrases, au même titre que « expérimenter ».

Mon cerveau qui tabasse un préjugé

Pourtant, derrière cette souplesse apparente, le rythme de travail est soutenu. Les projets s’enchaînent, les objectifs sont clairs, les délais respectés, les productions rigoureuses, il y a tellement de choses dont j’aimerai vous parler ici mais malheureusement ce n’est pas encore sorti donc il faudra attendre un peu. Ce que je peux dire en revanche c’est que je travaille sur la Paris Design Week et je m’occupe avec Saïdath de toute la partie recherche, DA et c’est à la fois dingue et en même temps je ressens une certaine exigence qui est attendu dans mon travail. 

« J’ai envie de faire quelque chose de grand » 

Saïdath

En temps normal je pars souvent dans tous les sens niveau projet j’ai beaucoup d’idée mais pas les moyens pour les réaliser. Sauf que là j’ai le problème inverse je peux proposer ce que je veux mais je me limite dans mes propositions par peur de manquer de moyen, alors que c’est possible ! C’est un peu marrant. 

Moi totalement pas à ma place chez Maison & Objet

Cela m’a obligée à reconsidérer l’image que j’avais d’un environnement professionnel « sérieux ». Je croyais que l’exigence devait forcément se manifester par la dureté, la distance, voire une certaine forme de pression comme je peux le voir quand elle est en réunion chez l’Oréal. Sauf que ici, l’exigence est présente, mais elle est intégrée à une démarche pédagogique et collaborative. Elle n’écrase pas, elle élève.

Et cela change beaucoup de choses. Parce que je me sens en confiance, je m’autorise à proposer, à tester, à poser des questions. Je n’ai pas peur de ne pas savoir. 

Schéma de ce qu’il se passe pendant un projet

Et paradoxalement, c’est peut-être dans ce cadre détendu que je me sens le plus investie. La bienveillance ne dilue pas la rigueur : elle crée les conditions pour que je sois plus autonome, plus concentrée, plus créative. Elle m’encourage à prendre des initiatives, mais m’offre aussi le droit à l’imperfection.

Cette approche m’interroge sur ma propre vision du travail : est-ce que j’ai intégré malgré moi l’idée que performance et souffrance doivent aller de pair ? Que pour être crédible, il faut forcément se surpasser au risque de se brûler ? Ce stage me montre qu’il existe d’autres modèles, plus équilibrés, plus respectueux. Et qu’ils ne sont pas moins efficaces.

En somme, mon étonnement ne vient pas tant de la bienveillance en elle-même, mais de sa coexistence avec une exigence réelle. Le monde du travail peut être un espace d’exigence sans être un lieu de tension. Et c’est peut-être cette nuance-là que je retiendrai le plus.

 Les plis du quotidien 

Je réalise mon stage chez Saïdath Ouabi, une designer pluridisciplinaire qui travaille entre design d’objet, de mode, architecture et graphisme. Depuis mon arrivée, je l’accompagne principalement sur la partie communication visuelle autour de son projet La Chaise Couture, une assise habillée de “robes” textiles, à la croisée du mobilier et de la mode. Je m’occupe de la notice d’utilisation, du packaging, ainsi que de la stratégie de communication (réseaux sociaux, newsletter…), tout en l’accompagnant ponctuellement sur des shootings photo ou des projets annexes, comme des visuels pour des marques de vêtements.

Croquis jupe en tulle

Ce qui m’a le plus étonnée au début du stage, c’est l’ambiance de travail : calme, chaleureuse et profondément humaine. On n’est que deux au bureau, et loin de l’image stressante que je me faisais d’un stage dans le design, tout est ici très fluide. Saïdath est attentive à mon bien-être, ne me met pas de pression inutile, respecte mes horaires et me rappelle souvent que je suis là pour apprendre. Elle me dit que l’entreprise ne repose pas sur moi, et que mes éventuelles erreurs feront partie de l’apprentissage. Cette bienveillance m’a vraiment surprise : je m’attendais à un univers tendu, exigeant, surtout en lien avec des marques de luxe. Et pourtant, malgré le sérieux des projets, la pression constante n’est pas présente.

Croquis de Saïdath et moi au bureau

Cette expérience m’a fait réfléchir à ma propre vision du travail. J’ai toujours eu tendance à associer efficacité à intensité, voire à épuisement. Ici, j’avance à mon rythme, dans un cadre structuré mais souple. Je me rends compte que l’on peut être engagée, productive, créative, sans sacrifier son équilibre. Cela m’a un peu troublée au début, car j’aime ce que je fais et j’ai naturellement envie de donner le maximum. Mais je commence à comprendre qu’il est aussi important d’apprendre à poser des limites, et à ne pas tout miser sur la performance.

Croquis de l’atelier où se déroule la partie textile

J’ai aussi été surprise par le dynamisme de son activité : je pensais qu’en freelance, le quotidien serait plus calme, moins chargé. Mais Saïdath multiplie les projets, les collaborations, les rencontres : réunions pour la Paris Design Week, rendez-vous avec Maison&Objet, l’Oréal, galléries parisiennes, échanges avec des stylistes ou des designers… Ça bouge beaucoup, et j’ai la chance de pouvoir assister à tout ça, souvent en coulisses. Cette diversité m’apprend énormément. Je touche à tout, je suis impliquée dans plusieurs tâches, et surtout, mes idées sont écoutées. Je ne me sens pas du tout cantonnée à un rôle d’exécutante : j’ai une réelle autonomie, tout en étant accompagnée. On fait des points réguliers, je propose, j’expérimente, et je me sens utile.

Stock des chaises (no spoil)

Ce stage me pousse à reconsidérer certains clichés sur le monde du travail, notamment dans les domaines créatifs. Il me montre qu’il est possible d’évoluer dans un cadre exigeant sans se sentir oppressée, de collaborer avec rigueur sans rigidité, et surtout, de construire une relation de confiance où chacun apprend de l’autre. J’en ressors motivée, inspirée, et un peu plus confiante dans ma capacité à trouver ma place dans ce milieu.

WeLoveJungle

J’entame ma 4ème semaine chez WeLoveGreen… et ma rencontre avec l’événementiel fût soudaine (pour ne pas dire brutale). Alors, ça peut paraître négatif quand je dis ça, mais en réalité ça me change entièrement de l’environnement que j’aurai pu expérimenter dans un studio graphique quelconque.

Dès le premier jour, on me présente l’équipe, le lieu etc…. Et PUIS, D’UN COUP D’UN SEUL, je vois la quantité de fichiers, d’échanges, de deadlines qui se trament derrière un aussi gros festival qu’est WeLoveGreen. Et c’est à ce moment précis que je me suis vue perdue au beau milieu d’une jungle professionnelle où tout semble s’enchaîner.

Je suis contente d’avoir un stage dans l’événementiel mais aussi d’en avoir déjà vécu un dans un studio graphique : cela peut me permettre de voir vraiment les différences entre les deux. Avant de rentrer chez WeLoveGreen, j’avais une image très floue de ce qu’était réellement l’événementiel et toute l’organisation et les échanges nécessaires. Un open space, 6 pièces de travail, beaucoup d’ordinateurs pour une bonne trentaine de personnes (sans compter la soixantaine d’autres personnes que je n’ai jamais rencontré). Et ceci pour 5 pôles principaux : Communication / Développement durable / Partenariat / Administration / Direction. Je fais partie du pôle communication où l’on est 4 graphistes, 2 responsables communication, 3 gérants des réseaux sociaux/newsletters. 

Donc autant dire que 3h après être arrivée pour la première fois, tout ça m’arrive en pleine tête… Je me suis directement dit que le temps d’adaptation allait être long. 

Illustration : comment j’ai vécu la première semaine

Les premières phrases que l’on m’a dit n’ont pas arrangé l’appréhension que j’avais : « Va falloir s’accrocher ! » « Ça va enchaîner ! »… En effet, pour ce qui est de notre pôle communication, on doit produire en quantité : une multitude d’affiches sous divers formats, newsletters, spot tv, réseaux sociaux, appli, et j’en passe. Je me dis que la quantité de supports à produire est censée pour l’ampleur du festival ainsi que pour sa promotion. Mais c’est surtout les deadlines qui m’ont interpellée :

BD : Un des premiers briefs du pôle communication…

En fait, j’ai vraiment cette impression que moi et les autres graphistes avons des missions très souvent dans l’urgence. La première fois que je m’en suis directement rendue compte, c’est le jour où je devais produire une vidéo J-50 pour Instagram. Laura me donne le brief à environ 14h :

Laura : « – Du coup c’est tout bon pour toi ? Hésite pas à me poser des questions si besoin.

Moi : – Oui ça marche, merci !

Laura – Par contre, c’est à rendre pour ce soir.

Moi : – ….. ah d’accord je savais pas. »

Puisque je m’occupe quasiment que de la partie réseaux sociaux (divers types de posts, réels Instagram, tiktok), il faut toujours être à jour sur ce que l’on va poster le jour même ou dans les jours à venir. Mais je me demande si cette notion « d’urgence » est récurrente dans le monde de l’événementiel ou si parfois ça n’atteint pas les limites d’une mauvaise communication ou d’anticipation. 

selection de quelques posts, réels sur lesquels j’ai été missionnée

Je pense que je pourrais répondre à cette question et avoir un meilleur recul d’ici les prochaines semaines à venir : quand le rythme s’accélérera vraiment.

Perdue dans le langage de la télévision

Avant ce stage, le monde de la télévision c’était flou, voire inexistant dans mon imaginaire. Un truc de vieux. Je ne connaissais ni les codes, ni le vocabulaire, encore moins les contraintes. Je consommais de l’image, mais sans jamais penser à ce qui l’encadrait. L’habillage, l’autopromo, les jingles, les idents, les BA, les bugs antenne… C’était juste du bruit de fond.

Et puis j’ai débarqué chez Motion Fan Club : une agence de design graphique basé à Paris, spécialisé dans l’identité visuelle en mouvement. L’agence conçoit des habillages pour des chaînes de télé, mais aussi pour des expos, des plateformes, des campagnes digitales ou culturelles. C’est un univers ultra-codé, mais très vivant. Ici, le design est dynamique, précis, souvent millimétré et c’est fascinant.

Les conditions de travail y sont particulièrement agréables : bienveillance, exigence et autonomie cohabitent sans conflit.

Moi je suis tombée direct dans le feu de l’action. On me briefe à la volée, je propose, j’essaie, je teste, je recommence. L’ambiance est fluide, et malgré mes appréhensions, mes idées sont prises au sérieux dès le départ. Je travail en collaboration avec le Directeur artistique sur des fichiers partagés en réseau : on est dans un échange constant. Et ce qui me plaît, c’est la création en continu avec la conception de systèmes graphiques et l’élaboration de plusieurs pistes.

On produit beaucoup, vite, parfois plusieurs projets en même temps, pour des clients très différents : Depuis le début de ce stage j’ai été amené a travailler sur une chaîne de sport d’Outre-mer qui veut se détacher de l’identité France TV, ainsi que sur une toute nouvelle chaîne d’info locale (Novo19) dérivé de ouest France qui s’installe suite au départ du groupe C8.

J’ai dû apprendre un nouveau vocabulaire, « le langage télé ». Une grammaire complète où chaque visuel est pensé comme un kit ultra structuré :

→ L’habillage antenne, c’est un logo animé, un claim, un univers sonore.

→ L’identité visuelle JT, ce sont des bugs, des bandeaux, des mentions éditables, du scroll, une horloge…

→ L’autopromo, ce sont les packshots, les bumpers, les annonces “ce soir” / “demain” déclinées pour toutes les plateformes.

Condensé des 3 formes de bases de l’habillage TV

→ Et chaque élément doit être décliné pour le digital, le replay, les réseaux sociaux.

Au début, tout ce vocabulaire me paraissait abstrait, un vrai charabia. Maintenant je commence à comprendre les attentes, les différences entre un teaser événementiel et un kit d’autopromotion. Je sais lire plus ou moins lire un brief, décoder les besoins. Et surtout, je découvre à quel point le client peut avoir des exigences visuelles précises : il veut du “cinéma”, du “blockbuster américain”, alors que l’agence essaie de maintenir une exigence graphique. Il faut donc apprendre à s’adapter, à négocier, à traduire une intention floue en image claire. À chaque fois, l’enjeu est de rester créatif sans perdre l’efficacité du message.

Un autre choc : les budgets. Parfois 200k€ pour un habillage d’antenne. Et l’usage de l’IA générative comme Midjourney pour certains visuelles animés peut être utilisés afin de réduire les coûts de tournages ou d’éviter des droits d’images ( exemple, images d’enfants )

Je ne peux malheureusement pas montrer de visuels pour l’instant, car tant que les projets ne sont pas finalisés et diffusés, ils restent confidentiels.

Pour conclure, je découvre un champ entier du design que je ne connaissais pas, avec ses règles et ses enjeux. C’est intense, rapide, plein de jargon, mais aussi hyper stimulant. Je vois mieux comment une chaîne de télé construit une identité, et ça me donne envie d’aller plus loin dans cette direction. Finalement, même si je viens d’un autre monde, je commence à parler leur langue.