Depuis quelques semaines en stage chez HWT d.o.o, une agence de communication, j’ai été surpris par l’aspect fluide et polyvalent de mon rôle. Sur le papier, je suis là pour du design graphique. Mais très vite, en proposant de nouvelles idées et directions, il est devenu évident que mon travail allait s’étendre à bien d’autres domaines. Ce glissement s’est fait assez naturellement, en fonction des besoins du moment et de ce que je pouvais proposer.
L’entreprise développe une plateforme nommée Platform21, qui propose des formations européennes destinées aux enseignants. J’ai d’abord commencé à créer des visuels pour promouvoir ces formations, en m’appuyant sur mes compétences de graphiste. Mais j’ai aussi pris l’initiative d’y ajouter du motion design, en animant certains contenus. Cela a enrichi les supports produits tout en ouvrant de nouvelles portes à mon rôle de stagiaire au sein de l’entreprise.
Au fil du temps mes missions se sont diversifiées au fur et à mesure que je mobilise mes connaissances et capacités. J’ai notamment eu l’occasion de réaliser des montages vidéo ou encore plus récemment de photographier les participants lors des sessions de formation, Ces tâches m’ont permis de participer à la fois à la communication visuelle et à la documentation des projets. Elles m’ont aussi permis de voir de plus près les personnes concernées par ces formations et de mieux comprendre ce que fait l’entreprise au quotidien.
Ce qui rend cette expérience particulière, c’est que je n’ai pas de tâches répétitives ce qui me convient. Mes journées ne se ressemblent pas, et c’est très agréable, enfin, pour l’instant. J’apprécie cette diversité, ce mouvement constant d’une activité à une autre. Cela me donne l’impression de rester actif, sans tomber dans une forme de répétition.
Mais cette mobilité soulève aussi des questions. Est-ce que cette absence de routine est durable à long terme ? Est-ce que l’on peut s’installer professionnellement dans un poste aussi ouvert ? Pour le moment, cette polyvalence me stimule, mais elle me pousse aussi à réfléchir à l’équilibre entre stabilité et variété dans un futur environnement professionnel.
C’est autour de cette question que je me suis concentrée, car les dynamiques de genre sont profondément ancrées dans le contexte professionnel coréen — et elles sont presque indissociables de la position de ma tutrice et de son métier.
mes graphiques sont très binaire homme / femme, mais ils sont le reflet de la société coréenne qui demeure très divisée dans ces questions de genre
En effet, il faut savoir qu’en Corée du Sud, dans le domaine du design graphique :
étudiant·es professeur·esdirecteur·ices
Ce climat rend difficile, voire décourageant, le fait de se lancer seule et d’ouvrir son propre studio.
Majoritairement implicites, ces rapports de force peuvent se manifester lors de business meetings, (ma tutrice en a eu plusieurs avec un studio de design d’intérieur avec qui elle collabore sur un projet de branding), où les dynamiques de pouvoir s’installent dès le premier rendez-vous.
C’est comme une sorte de match silencieux, reposant sur:
Ces micro-signaux construisent des rapports intéressants à observer mais moins agréables quand les rôles sont « déséquilibrés » :
Dans ces cas-là, le défi est réel.
L’âge étant un marqueur de domination important en Corée du Sud, il faut déployer une véritable énergie pour ne pas se faire invisibiliser et rester crédible. À cela s’ajoute une forme de hiérarchie implicite entre métiers créatifs, où le design graphique est souvent vu comme “moins sérieux” ou “moins technique” que d’autres domaines :
hiérarchie supposéehiérarchie réelle
Je me suis donc rendue compte que même dans des contextes collaboratifs, ces rapports implicites restent présents et influencent profondément la manière dont la collaboration se déroule.
Face à tout ça, plusieurs questions se posent, de façon très concrète:
Comment préserver son intégrité professionnelle dans un système où l’écoute est conditionnée par le statut, l’âge ou le genre ?
Quelles stratégies adopter pour se faire respecter tout en poursuivant la collaboration ?
et le fameux dilemme:
Si l’on choisit le premier choix, il s’agit alors de faire des concessions, de réevaluer notre rapport au projet. Il s’agit finalement de la jouer stratégique à notre tour :
À quel point s’investir?
À quel point pousser ses limites ?
Comment rester fidèle à soi-même tout en répondant aux attentes du métier de designer graphique ?
On peut, bien sûr, adopter une posture plus passive, flatter les ego, adapter son niveau d’investissement. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’exister pleinement dans le projet.
Il s’agit de malgré tout affirmer sa position. Rester ferme sur ses propositions créatives. Ne pas avoir peur de déjouer ces rapports de domination, même si le système coréen fait tout pour les installer.
Au fil de ce deuxième mois, j’ai participé à des projets très différents : l’habillage de France TV Outre-mer, la conception de modèles pour les réseaux sociaux des Éditions de Minuit (l’une des plus anciennes maisons d’édition françaises, fondée en 1941), mais aussi à la création d’images plus “pures” pour des événements comme Wimbledon ou les 90 ans de la Vuelta.
À chaque fois, mon rôle n’a pas été de tout inventer, mais de concevoir au sein d’un univers déjà balisé, d’un système déjà en place. Et cette contrainte, loin d’être un frein, m’a permis de comprendre ce que signifie réellement designer dans des contextes contraints.
Pour les 90 ans de la Vuelta, célèbre tour cycliste espagnol, j’ai dû composer à partir d’un univers d’images existantes (banques comme Getty). Le défi n’était pas de tout créer, mais de transformer ces éléments en visuels forts, cohérents et impactants. Incrustation de personnages dans des paysages, composition, jeu de couleurs : tout devait faire sens. J’ai beaucoup appris en gestion de fichiers Photoshop, en rigueur sur les formats et les droits, mais aussi en regard critique : donner une intention visuelle forte même sans être dans une “création pure”.
Je ne peux pas encore montrer mes visuels, car la Vuelta n’a pas officiellement communiqué sur ses 90 ans : voici donc un exemple réalisé par l’agence lors de l’édition précédente.
Même logique pour Wimbledon. Pour l’édition 2023, le concept visuel “Be Wild” avait été choisi pour traduire une vision plus intense, sauvage et passionnée du tennis. J’ai décliné plusieurs propositions dans cet esprit, en pensant toujours à leur adaptabilité selon les formats (stories, affiches, bannières, etc.). Ces projets m’ont aussi appris à structurer mes fichiers de travail pour qu’ils puissent être partagés facilement au sein de l’équipe : nommer les calques proprement, décliner les formats, créer des gabarits pour un usage collectif. Cette rigueur, que je connaissais peu avant, est devenue un outil essentiel pour travailler en agence.
visuels type d’événements sportifs que l’agence a produit
Sur le projet France TV Outre-mer, j’ai eu encore plus de responsabilités. Aujourd’hui, j’en suis à l’étape de déclinaison : chaque discipline sportive doit avoir son identité dans un ensemble cohérent. Le cadre est strict et je dois respecter les codes de France TV en termes de composition, couleurs, typographies. Cette hiérarchisation visuelle demande un travail de réflexion précis : comment garder une cohérence d’ensemble tout en différenciant chaque discipline ? Comment équilibrer le jeu graphique avec les contraintes d’un habillage télévisuel ? C’est un travail de conception stratégique autant que d’exécution rigoureuse.
Je ne peux pas montrer de visuels pour le moment alors voici l’habillage de France TV Sport. Il s’agira du même principe, mais avec un système graphique que j’ai conçu, différent des cercles concentriques et des couleurs habituelles, tout en respectant la charte de France TV.
habillage de france tv sport
Pour l’appel d’offre de Novo 19, bien que le projet n’ait pas été retenu, cela a été l’un des plus gros projets sur lequel j’ai travaillé. Il comportait une vraie phase de conception d’un système visuel, choix typographiques, couleurs, de motion, choix de musique…mais aussi une importante part d’exécution cadrée. Il s’agissait de produire un document client complet, une sorte de “brand book” en PDF rassemblant toutes les briques de l’univers graphique : de l’autopromo au motion, en passant par les règles d’usages.
J’ai aussi pu y perfectionner mon usage des IA génératives comme Midjourney ou Runway, dans un cadre de production d’images qui dépasse la phase de création classique. J’ai contribué à écrire des prompts et des scripts pour générer des visuels ou simuler des plans avant tournage. Cette méthode nous a permis de gagner du temps, de mieux faire comprendre notre vision aux clients et de tester plusieurs directions créatives sans passer par une phase de prototypage longue.
Enfin, les Éditions de Minuit m’ont permis de changer totalement d’univers. Cette maison historique fondée en 1942, connue pour son catalogue littéraire exigeant (Beckett, Duras, Echenoz…), travaille aujourd’hui son image sur les réseaux sociaux. À partir de la charte déjà établie par l’agence, j’ai conçu des templates de posts, que la maison pourra ensuite décliner en autonomie. Là encore, l’enjeu était de réduire la place du texte pour mettre en valeur le visuel, tout en respectant une grille très stricte.
Exemple de post pour les réseaux sociaux que j’ai réalisé, en reprenant les éléments de la charte graphique conçue par l’agence.
Ce mois-ci, j’ai appris que le design ne commence pas toujours avec une page blanche. Il s’agit souvent d’interpréter, d’ajuster, d’amplifier. Travailler à partir de cadres définis m’a donné des outils pour affirmer mon regard, affiner ma précision, et donner du sens – même quand on ne crée pas tout, on conçoit toujours.
Mon premier stage, que j’ai effectué avec Giovanni Ambrosio, touche déjà à sa fin. Ce fut une expérience riche et passionnante. J’ai eu l’opportunité de travailler sur ce que j’aime vraiment : la création de sites web et même quelques projets autour de la photographie. J’ai également voyagé en Italie, ce qui m’a permis de découvrir les différences entre deux mentalités professionnelles.
Cependant, cette note d’étonnement portera sur un aspect qui m’a accompagnée tout au long de ces deux mois de stage, et que Giovanni m’avait déjà mentionné lors de notre entretien : la communication.
Dans ce contexte, la communication ne se limite pas à un simple échange d’informations. Elle consiste à comprendre, à travers le dialogue avec le client, quel type de message il souhaite transmettre, quelle image il veut véhiculer et comment adapter la forme à ses objectifs. Autrement dit, avant de concevoir un produit visuel, il faut savoir écouter, poser les bonnes questions, puis guider le client vers des choix cohérents et réalisables. Car beaucoup espèrent un site ou une affiche à la fois beau, peu coûteux et immédiatement rentable.
BD : communication avec le client
Mais le designer n’est pas un magicien. Il faut souvent passer des heures à déconstruire leurs attentes pour identifier ce qui est réellement essentiel, ce qui est techniquement faisable, et ce qui est cohérent avec leurs moyens.
Autrement dit, la première étape du travail sera toujours le dialogue. Ce qui m’a surprise, c’est que la deuxième étape est en réalité… la stratégie de communication. Avant même de penser au design visuel, il faut expliquer comment celui-ci servira à transmettre le bon message au bon public. Ainsi, le designer devient aussi communicant, marketeur, voire community manager. La question qui revient souvent de la part des clients est : « Combien de clients ce site ou cette affiche va-t-il m’apporter ? »
Cela peut sembler éloigné du cœur du métier, mais c’est en réalité très logique : le design n’existe jamais pour lui-même. Il a une fonction, souvent commerciale. Mais je savais pas qu’il fallait aller aussi loin dans l’analyse, l’argumentation et la pédagogie.
Et bien sûr, si tu travailles en freelance comme le fait Giovanni, tu n’auras pas autour de toi un marketeur, un analyste, un designer UX ou un community manager. Il faut assumer tous ces rôles soi-même et devenir un professionnel polyvalent pour rester compétitif sur le marché.
En fin de compte, j’ai compris que pour beaucoup de clients, la façon dont son produit est communiqué compte parfois plus que le design réfléchi, esthétique et harmonieux. C’est un peu frustrant, car les personnes extérieures au monde du design ne réalisent pas que ce n’est pas censé être la mission première d’un graphiste ou d’un web designer. Mais si on veut travailler aujourd’hui et rester demandé, il faut savoir s’adapter…
En résumé, ce stage m’a permis de découvrir l’envers du décor du métier de designer : un équilibre entre créativité et stratégie de communication.
Je fais mon stage à La CLEF, qui est une association. Elle fonctionne en partie grâce aux dons des adhérents et au soutien des bénévoles lors des différents événements. La structure est super grande, et elle est surtout connue pour les concerts qu’elle organise. Mais elle propose aussi des cours autour de plein de types de projets.
Ce qui m’a marquée dès le début, c’est l’ambiance. Il y a vraiment une bonne énergie, c’est chaleureux. La plupart des employés partagent une passion commune pour la musique, et les différentes personnes des services se connaissent bien entre elles. La CLEF fonctionne aussi avec l’aide de services civiques et de stagiaires, ce qui apporte de la diversité, notamment au niveau des âges.
Je suis arrivée à une période importante pour l’asso : les 40 ans de La CLEF, fêtés à travers trois gros événements en mai. Comme tout ce qui concernait les projets principaux (affiches, bannières, etc.) avait déjà été fait avant mon arrivée, j’ai surtout été chargée de petits éléments graphiques. Les projets se font sur la suite Adobe, et la communication se fait soit par mail, soit directement à l’oral. D’ailleurs, les gens n’hésitent pas à aller voir directement les autres dans leurs bureaux pour poser une question ou faire une demande. Il y a aussi un serveur commun, où chacun dépose ses fichiers, accessibles à toute l’équipe.
Dès mon arrivée, on m’a présenté mon poste, avec un bureau, un ordi et la suite Adobe fournie. Mes premières semaines ressemblent un peu à une période d’essai, qui permet à ma tutrice de voir ce que je sais faire ou non, et comment je travaille. Pour l’instant, je reste sur des choses assez basiques, ce qui me donne un peu l’impression de ne pas utiliser tout ce que je sais faire. Mais je me sens bien intégrée et l’ambiance est vraiment agréable.
Photo du merch pour les 4O ans de La CLEF (@laclefstgermain) – Photo by me
Ce que j’ai trouvé le plus compliqué, c’est d’arriver en cours de projet, sans toujours bien comprendre à quoi vont servir les éléments que je produis. Ce qui m’a aussi surprise, c’est de ne pas avoir vraiment de charge de travail définie. Ma tutrice me donne les tâches une par une, ce qui change pas mal de l’école, où j’ai une vue d’ensemble sur la semaine ou les deux semaines à venir. Ici, c’est vraiment au jour le jour. Mais ce qui m’a le plus étonnée, c’est les quantités produites. À l’école, on imprime souvent nos projets en un ou deux exemplaires. Là, on parle de 300 flyers ou plus, donc forcément, ça change la manière d’aborder les choses.
Pour l’instant, je ne vois pas encore de grosse différence avec ce qu’on fait en cours, mais je sens que ça va évoluer. On commence déjà à me confier un peu plus de tâches.
Filage du groupe Tetha (@hyper_tetha) – Photo by me 🙂
⤷ La CLEF accueille des artistes en résidence. En bref, cela leur permet de répéter et de préparer leur performance scénique, accompagnés par une équipe qui les conseille et les encadre. À l’issue de la résidence, les artistes donnent un concert en petit comité, dans des conditions proches de celles d’un véritable spectacle : c’est ce qu’on appelle un filage.
Dès le début de mon stage, j’ai été confrontée à cette problématique à travers un projet de motion design pour IALB, une entreprise spécialisée dans l’aéronautique. Avec Matthieu Poli, nous avons conçu une identité visuelle complète pour le motion final. Cette proposition a été validée par le client, et nous avons ensuite avancé en leur présentant régulièrement des extraits en accord avec le brief initial.
Cependant, le projet a rapidement commencé à s’étendre : initialement prévu pour deux jours de production, il a été freiné par une succession de retours fréquents, parfois contradictoires. Certains ajustements demandés étaient annulés dans l’heure suivante,
ou remplacés par d’autres qui allaient à l’encontre de ce qui avait été approuvé. Par exemple : le client n’avais pas de logo pour sont nouveaux produit, Matthieu en avait conçu un sobre et efficace, mais celui ci a été délaissé au bénéfice d’un autre généré par le client via ChatGPT, qui risquait d’être confondu avec d’autres logos déjà dans le motion.
C’est dans ce contexte que Matthieu a dit une phrase : « Il faut que le client nous fasse un peu plus confiance. »
Cette expérience m’a amenée à me poser la question : quelle est véritablement ma fonction en tant que graphiste ? Dois-je simplement suivre des instructions, ou puis-je défendre une intention visuelle construite, réfléchie ? Quand doit-on s’effacer pour satisfaire, et quand est-il préférable de prendre le temps d’argumenter, d’expliquer ou de proposer autrement ?
En discutant avec mon tuteur, je lui ai posé la question : « Le client a-t-il toujours raison ? » Il m’a répondu : « Il a ses raisons, mais pas forcément raison. » Cette nuance m’a aidée à comprendre qu’il ne s’agit pas d’imposer une vision, mais de chercher des équilibres. Il est essentiel d’écouter, sans pour autant tout accepter. Parfois, cela demande des tests, des variantes, ou simplement un peu de pédagogie pour partager nos intentions.
Mon étonnement initial m’a permis de prendre conscience d’un des grands enjeux du métier : apprendre à parler graphisme avec ceux qui ne le pratiquent pas.
Aéroport international d’Incheon, 15.04.25Seoul Station, Séoul, 15.04.25Mapo-gu, Séoul, 21.04.25
Irang Lim 프로필 & Séoul 서울
Ma tutrice, Irang Lim, dirige son propre studio de design graphique à Séoul, Studio Phenomena.
Elle incarne à elle seule ces trois dimensions : le professionnalisme, l’ouverture culturelle et une relation humaine authentique et bienveillante.
Dès le début, Irang a abordé le stage avec une approche personnelle et généreuse : elle s’est donnée pour mission de me faire plonger dans la culture coréenne, de m’en apprendre davantage sur Séoul et sur le design graphique, tout en se positionnant comme une référente de confiance à mes côtés. Cet accompagnement m’a tout de suite rassurée dans cette ville immense et ultra dynamique, où l’on peut facilement se sentir désorienté, aussi bien physiquement que mentalement.
Irang m’a donc fait découvrir la culture coréenne au quotidien : en m’emmenant manger des spécialités locales tous les midis, en visitant des expositions, des palais, des quartiers artistiques et inspirants de Séoul — comme le vieux quartier d’Euljiro, dont elle m’a expliqué qu’il est un lieu de rencontre pour les designers en quête d’inspiration pour leurs projets d’identité visuelle.
Euljiro, Séoul, 23.04.25
Le Hangeul 한글
Irang m’a aussi permis d’expérimenter avec le Hangeul, l’alphabet coréen. Son compagnon Jinwoo, professeur de design, organise depuis plusieurs années un workshop avec des étudiants européens autour des formes modulaires du Hangeul. J’ai ainsi pu découvrir cet alphabet qui m’était encore inconnu, explorant son aspect modulaire, créatif, graphique.
Evolene, 에볼렌 en HangeulSkateboard, 스케이트보드 en Hangeul
Expérimentations avec les modules du Hangeul à mon bureau, au studio, 24.04.25
Hongik Pharmacy 홍익약국
En parallèle d’un projet personnel qu’elle m’a confié — la création d’un design personnel pour une planche de skateboard — Irang m’a également intégrée à un projet professionnel : la conception de l’identité visuelle de la Hongik Pharmacy. Cette pharmacie est située dans le quartier vibrant de Hongdae, fréquenté majoritairement par des étudiants et des étrangers. J’ai pu assister à un rendez-vous professionnel qu’elle a eu avec un studio de design d’intérieur avec qui elle collabore sur le projet.
Hongik Pharmacy à Hongdae, Séoul, 28.04.25
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Le directeur de ce studio était un homme plus âgé dont l’attitude condescendante contrastait avec leur statut égal dans le projet.
Travaillant habituellement sur des projets culturels, Irang a accepté ce projet de branding surtout pour élargir son portfolio. Bien qu’elle ne soit pas particulièrement attirée par le design à vocation commerciale, c’était justement intéressant d’observer sa manière de s’adapter à une demande nouvelle.
Cela m’a permis de réfléchir à la posture du designer, au genre, et à la place de la création graphique dans des projets transdisciplinaires.
Quelle crédibilité quand on est une femme à la tête de son propre studio ?
Comment avoir confiance en son travail ?
Comment s'adapter à des projets plus commerciaux ?
Et donc, se démarquer face à une demande précise et rigide ?
Enfin, sur le plan humain, Irang est très attentive au traitement des stagiaires. Ayant elle-même vécu une mauvaise expérience en tant que stagiaire, elle fait en sorte que mon stage soit réellement formateur et enrichissant. Elle prend soin de moi avec beaucoup d’attention, de confiance, d’ouverture d’esprit. Nous avons de nombreuses discussions profondes sur des sujets variés, et cette complicité rend l’expérience encore plus précieuse !
Ce stage se passe tellement bien qu’il dépasse mes espérances.
Quelques souvenirs – Avril/Mai 2025
Le monde de l’audiovisuel m’intéressant beaucoup mais étant très peu mis en avant dans notre formation, je souhaitais vraiment en apprendre davantage et me familiariser avec ce dernier durant ma période de stage. Pour cela, j’ai demandé à Meloman Production de me le faire découvrir et de me former. Ce dernier étant passionné par son métier, travaillant dur, dormant peu et mettant tout en oeuvre pour satisfaire ses clients (sans jamais oublié de produire dans le but d’en être fier). En effet, il fait preuve d’un professionnalisme, d’une rigueur et d’une qualité de travail remarquable.
Depuis le début de ce stage, je ne fais qu’apprendre de nouvelles choses chaque jour. Chaque projet, tournage, rencontre, m’apporte nombre d’informations techniques ou bien pratiques, telles que leurs rôles et leur importance, la manière dont ils procèdent… et me permet de voir le monde professionnel sous toutes ses facettes. Dès mes premiers jours de stage, j’ai mis les pieds dans le montage, ce dernier comprenant dérushage, montage (assemblage des rushes), ajout d’audio, étalonnage et retour clients. Par la suite j’ai pu assister à de nombreux tournages et ainsi comprendre ce qui précédait tout cela. En effet, avant toute création d’un produit il réalise un réel travail de réflexion sur la globalité du projet, allant de l’imagination passant par un travail sur l’univers qu’il souhaitera exploiter (souvent sous la forme de moodboard) en se concentrant sur la demande du client, à la création.
Moodboard D&P – Mai 2025
Meloman utilise principalement une caméra Sony FX3, des Polaroïd, un caméscope numérique, et quelques fois des drones pour user de plans qui vont du plus « basique » au plus atypique. En somme, son travail ne se compose pas seulement de mise en application, comme je le supposais, mais d’une réelle réflexion qui va mener à un projet concret, fort en sens et parfait au rendu.
Avant de réaliser ce stage, je me demandais comment il était possible de réaliser autant de projets en si peu de temps et d’une qualité si impressionnante. Pour répondre à ce questionnement, j’ai discuté avec les différentes personnes que j’ai pu rencontrer sur les tournages, et user également de l’expertise de mon maître de stage. Suite à ces nombreux échanges avec des points de vue les uns tout aussi intéressants que les autres, j’ai compris qu’un vidéaste ou un professionnel de l’audiovisuel ne peut être seul lors de la création d’un projet. Les innombrables tâches, droits, mentions et personnes à prendre en compte en sont la cause. Ainsi, au fil des projets, un réseau se créer entre tous, ce dernier se trouvant être un point fort de Melo, à ce jour au centre de nombreuses boîtes de production (qui mettent tout en oeuvre pour satisfaire le client).
Quelques unes des boîtes de prod/collaborateurs que j’ai pu côtoyer
Par ailleurs, lors de la création d’un projet, un producteur audiovisuel se doit de pouvoir assurer toutes les phases, allant de la capture/du shoot, de plan, au montage et au rendu final du projet aux clients. Pour cela il doit maîtriser un nombre de logiciels conséquent, comme DaVinci Resolve, Final Cut, Capture One et tout autre logiciel se reliant à l’image (ex: Suite Adobe). Il doit aussi savoir reconnaître un bon et un mauvais plan, maitriser toutes les règles de cadrage. Au delà du plan matériel ou bien utilitaire, il se doit d’être humainement correct, respectueux, ouvert d’esprit et adaptable.
Durant ces deux semaines, je me suis épanouie. De nouveaux métiers qui m’étaient encore peu familiers m’ont paru plus accessible, plus commun. De nouvelles rencontres m’ont ouvert davantage l’esprit. De nouvelles perceptions se sont offertes à moi. Ainsi, j’ai pu comprendre, apprendre, mettre en forme et créer de nombreux liens.
Je réalise mon stage chez Saïdath Ouabi, une designer pluridisciplinaire qui travaille entre design d’objet, de mode, architecture et graphisme. Depuis mon arrivée, je l’accompagne principalement sur la partie communication visuelle autour de son projet La Chaise Couture, une assise habillée de “robes” textiles, à la croisée du mobilier et de la mode. Je m’occupe de la notice d’utilisation, du packaging, ainsi que de la stratégie de communication (réseaux sociaux, newsletter…), tout en l’accompagnant ponctuellement sur des shootings photo ou des projets annexes, comme des visuels pour des marques de vêtements.
Croquis jupe en tulle
Ce qui m’a le plus étonnée au début du stage, c’est l’ambiance de travail : calme, chaleureuse et profondément humaine. On n’est que deux au bureau, et loin de l’image stressante que je me faisais d’un stage dans le design, tout est ici très fluide. Saïdath est attentive à mon bien-être, ne me met pas de pression inutile, respecte mes horaires et me rappelle souvent que je suis là pour apprendre. Elle me dit que l’entreprise ne repose pas sur moi, et que mes éventuelles erreurs feront partie de l’apprentissage. Cette bienveillance m’a vraiment surprise : je m’attendais à un univers tendu, exigeant, surtout en lien avec des marques de luxe. Et pourtant, malgré le sérieux des projets, la pression constante n’est pas présente.
Croquis de Saïdath et moi au bureau
Cette expérience m’a fait réfléchir à ma propre vision du travail. J’ai toujours eu tendance à associer efficacité à intensité, voire à épuisement. Ici, j’avance à mon rythme, dans un cadre structuré mais souple. Je me rends compte que l’on peut être engagée, productive, créative, sans sacrifier son équilibre. Cela m’a un peu troublée au début, car j’aime ce que je fais et j’ai naturellement envie de donner le maximum. Mais je commence à comprendre qu’il est aussi important d’apprendre à poser des limites, et à ne pas tout miser sur la performance.
Croquis de l’atelier où se déroule la partie textile
J’ai aussi été surprise par le dynamisme de son activité : je pensais qu’en freelance, le quotidien serait plus calme, moins chargé. Mais Saïdath multiplie les projets, les collaborations, les rencontres : réunions pour la Paris Design Week, rendez-vous avec Maison&Objet, l’Oréal, galléries parisiennes, échanges avec des stylistes ou des designers… Ça bouge beaucoup, et j’ai la chance de pouvoir assister à tout ça, souvent en coulisses. Cette diversité m’apprend énormément. Je touche à tout, je suis impliquée dans plusieurs tâches, et surtout, mes idées sont écoutées. Je ne me sens pas du tout cantonnée à un rôle d’exécutante : j’ai une réelle autonomie, tout en étant accompagnée. On fait des points réguliers, je propose, j’expérimente, et je me sens utile.
Stock des chaises (no spoil)
Ce stage me pousse à reconsidérer certains clichés sur le monde du travail, notamment dans les domaines créatifs. Il me montre qu’il est possible d’évoluer dans un cadre exigeant sans se sentir oppressée, de collaborer avec rigueur sans rigidité, et surtout, de construire une relation de confiance où chacun apprend de l’autre. J’en ressors motivée, inspirée, et un peu plus confiante dans ma capacité à trouver ma place dans ce milieu.
J’entame ma 4ème semaine chez WeLoveGreen… et ma rencontre avec l’événementiel fût soudaine (pour ne pas dire brutale). Alors, ça peut paraître négatif quand je dis ça, mais en réalité ça me change entièrement de l’environnement que j’aurai pu expérimenter dans un studio graphique quelconque.
Dès le premier jour, on me présente l’équipe, le lieu etc…. Et PUIS, D’UN COUP D’UN SEUL, je vois la quantité de fichiers, d’échanges, de deadlines qui se trament derrière un aussi gros festival qu’est WeLoveGreen. Et c’est à ce moment précis que je me suis vue perdue au beau milieu d’une jungle professionnelle où tout semble s’enchaîner.
Je suis contente d’avoir un stage dans l’événementiel mais aussi d’en avoir déjà vécu un dans un studio graphique : cela peut me permettre de voir vraiment les différences entre les deux. Avant de rentrer chez WeLoveGreen, j’avais une image très floue de ce qu’était réellement l’événementiel et toute l’organisation et les échanges nécessaires. Un open space, 6 pièces de travail, beaucoup d’ordinateurs pour une bonne trentaine de personnes (sans compter la soixantaine d’autres personnes que je n’ai jamais rencontré). Et ceci pour 5 pôles principaux : Communication / Développement durable / Partenariat / Administration / Direction. Je fais partie du pôle communication où l’on est 4 graphistes, 2 responsables communication, 3 gérants des réseaux sociaux/newsletters.
Donc autant dire que 3h après être arrivée pour la première fois, tout ça m’arrive en pleine tête… Je me suis directement dit que le temps d’adaptation allait être long.
Illustration : comment j’ai vécu la première semaine
Les premières phrases que l’on m’a dit n’ont pas arrangé l’appréhension que j’avais : « Va falloir s’accrocher ! » « Ça va enchaîner ! »… En effet, pour ce qui est de notre pôle communication, on doit produire en quantité : une multitude d’affiches sous divers formats, newsletters, spot tv, réseaux sociaux, appli, et j’en passe. Je me dis que la quantité de supports à produire est censée pour l’ampleur du festival ainsi que pour sa promotion. Mais c’est surtout les deadlines qui m’ont interpellée :
BD : Un des premiers briefs du pôle communication…
En fait, j’ai vraiment cette impression que moi et les autres graphistes avons des missions très souvent dans l’urgence. La première fois que je m’en suis directement rendue compte, c’est le jour où je devais produire une vidéo J-50 pour Instagram. Laura me donne le brief à environ 14h :
Laura : « – Du coup c’est tout bon pour toi ? Hésite pas à me poser des questions si besoin.
Moi : – Oui ça marche, merci !
Laura – Par contre, c’est à rendre pour ce soir.
Moi : – ….. ah d’accord je savais pas. »
Puisque je m’occupe quasiment que de la partie réseaux sociaux (divers types de posts, réels Instagram, tiktok), il faut toujours être à jour sur ce que l’on va poster le jour même ou dans les jours à venir. Mais je me demande si cette notion « d’urgence » est récurrente dans le monde de l’événementiel ou si parfois ça n’atteint pas les limites d’une mauvaise communication ou d’anticipation.
selection de quelques posts, réels sur lesquels j’ai été missionnée
Je pense que je pourrais répondre à cette question et avoir un meilleur recul d’ici les prochaines semaines à venir : quand le rythme s’accélérera vraiment.