Entre artiste et employé

Après quelques semaines d’un enchaînement de divers boulots proposés non-stop par différentes entreprises, allant d’autres freelances à des multinationales, je commence à me questionner sur l’aspect plus artistique du travail.

Qu’en est-il réellement ? Est-ce qu’un freelance peut se permettre de jongler entre ses jobs pour les entreprises qui lui permettent de vivre et des projets artistiques qui ne lui rapportent rien ?

J’ai eu ma réponse assez vite. Pile au moment de mes questionnements, les appels de brief étaient beaucoup moins intenses, les briefs se faisaient plus rares et nos journées commençaient à se libérer.

En fait, Matthieu l’avait prévu. Chaque année, cette période de fin juin lui permet de travailler sur des projets artistiques. Passionné des astres et des planètes, il traduit sa vision d’un univers inconnu sur de multiples logiciels jusqu’à une réalisation finale créée par Draw Machine (un bras robotisé qui dessine des images vectorielles).

Je me rends compte alors que Matthieu (en plus des rendus à finir pour la semaine) passait ses week-ends à expérimenter, en prévision de cette période artistique, des effets qui pourraient être ajoutés sur ses tableaux. De la peinture à la 3D, Matthieu a tout envisagé pendant que moi, j’étais crevé de tout le boulot produit de la semaine.
J’ai compris qu’en tant que freelance, si tu veux créer quelque chose qui te plaît, il faut s’y donner à fond. En travaillant non-stop sur les espaces de temps libre au lieu de s’occuper à ne rien faire en regardant des vidéos ou autre, Matthieu a pu définir ce qu’il voulait créer pour ses prochains tests artistiques et comment m’y faire participer.

Nous avons donc passé les dernières semaines à expérimenter, des tags sur des murs illégaux au milieu de Clichy, de la recherche de plugins qui pourraient permettre une traduction des ombres de projets 3D en formes vectorielles, à la création d’espaces pour des meubles de son bureau.
Finalement, le plus important dans tout ce travail était l’aide que je lui apportais sur le choix des plugins et comment utiliser la Draw Machine. Il m’a fait apprendre l’utilisation de celle-ci grâce à de multiples tests 3D et vectoriels, et aussi avec des visioconférences entre ses amis qui utilisent la même machine.

Bref, les dernières semaines étaient beaucoup plus cool car libres. On ne savait pas trop, tous les deux, où on allait chaque jour. On avait tellement de possibilités grâce au travail de préparation de Matthieu les week-ends auparavant qu’on avait un choix illimité de projets artistiques à choisir et de questions à répondre.
La fin du stage et la dernière semaine étaient l’apogée de cette recherche créative autour de la Draw Machine, où on laisse juste la machine travailler à partir de tout ce qu’on a produit les deux dernières semaines, et nous, on regarde tout ce travail prendre vie devant nous. Matthieu a été un super chef de projet, m’a fait découvrir plein de choses, était toujours prêt à m’aider pour la création et des astuces sur les différents logiciels. 

Ce que j’ai appris à travers ce stage, c’est l’importance de la préparation du travail en tant que graphiste, l’importance aussi des contacts, étant donné que Matthieu ne fonctionne que grâce à des contacts (il n’a pas de portfolio, par exemple). Et aussi, le plus important est de faire ce qui nous fait plaisir. Il ne se force jamais dans un projet et quand le projet ne va pas, il le fait savoir aux clients, ce qui permet de créer une relation plus forte avec eux.

Complice du mensonge

Une grande partie de la post-production réside dans l’art de tromper son public sans même que ce dernier ne puisse s’en rendre compte. L’idée est de parfaire l’illusion à un point tel qu’elle en devient la réalité, de transformer l’image pour la dénuer de toutes ses imperfections d’origine. Cependant cette image a su rapidement devenir la norme, et le mensonge a finalement réussi à prendre le pas sur le réel.
Ainsi ces visuels qui nous entourent à chaque instant de par les réseaux, les publicités ou encore la télévision et le cinéma, nous plongent dans une idée parfaite des choses, et par conséquent changent notre vision du monde et des gens. 

L’illusion face à la réalité d’une personne


Retouches et réalités se confondent alors et révèlent ainsi plusieurs questionnements au sein de la post-production.

Quel est le rôle de ceux qui sont dans les coulisses de cette tromperie ? Comment travailler dans un milieu où l’on modifie constamment la réalité ?

Cette position pose plusieurs questionnements au niveau de l’éthique et inquiète au sujet des plus naïfs. Durant ce stage j’ai su passer de victime de la post-production à son complice, tout en ayant pu faire évoluer mes réflexions à son sujet.

Aujourd’hui plus que jamais, nous vivons dans un environnement pollué par les médias et où, l’image nécessite la plupart du temps d’être parfaite pour vendre. Cependant cette perfection est tellement bien maîtrisée qu’elle paraît trop souvent naturelle, et c’est ici que le problème se pose : nous véhiculons une fausse réalité, et chaque imperfection devient alors sujet d’insécurité. Ce problème touche surtout les plus jeunes et les plus naïfs, mais il reste tout de même questionnable peu importe le public concerné. En effet, j’ai moi-même été victime de ces visuels, qui m’ont amenée à plusieurs reprises à douter de moi, de me poser des questions au sujet de mon image en comparaison de ces images parfaites. Et à la différence des images fixes, où l’on se doute assez facilement des retouches, l’envisager sur des vidéos est tout de suite plus compliqué. En effet, si l’on compte les 25 images par secondes, cela paraît trop fastidieux pour être retouché à la perfection, et nous mettons de côté la possibilité de retouches importantes concernant les vidéos. Cependant, j’ai su me glisser dans les coulisses de ce mensonge et en comprendre davantage les rouages : et ça fait PEUR. 

L’aveuglement de l’individu qui baigne dans un environnement médiatique trop retouché

En effet, le matériel actuel est si évolué que presque toutes les retouches sont envisageables, et ça, les clients sont bien au courant. J’ai vu passer un assez grand nombre de vidéos destinées à de grandes marques de luxe (dont je ne citerai pas le nom), pour dire que l’éthique ne fait pas toujours partie de leur vocabulaire. Changement de couleur de peau, de visage, de corps….c’est à se demander pourquoi l’égérie a été choisie si c’est au final pour la recomposer à ce point. Et derrière toutes ces modifications se cachent des techniciens de l’image, conscients de leur tromperie, ils n’ont pas le choix, l’amour de l’image l’emporte parfois sur l’éthique tant le challenge est séduisant. De plus, les marques tiennent à leur standing et quitte à braver certaines règles : tout doit être parfait. Cependant, tout ça représente un poids pour l’artiste derrière ces retouches, qu’il doit parfois trier, ajuster, il se doit aussi de proposer des alternatives pour éviter d’être en contradiction avec ses valeurs morales. De plus, il peut aussi rencontrer des difficultés à changer totalement le physique d’un mannequin, victime de son imperfection et ne pouvant rien redire sur son alter ego virtuel.

Le physique imparfait face à son alter ego virtuel, né de la post production

Ainsi, le technicien, a toutes les clés en main pour duper, il a en sa possession une arme puissante qui crée des réalités, au dépit des plusieurs conséquences sociales et éthiques qu’il engendre. Ainsi ce métier est aussi complexe au niveau technique qu’au niveau éthique, et bien qu’un sentiment de culpabilité peut souvent peser sur la conscience, le travail réalisé continue de faire rêver, et c’est bien connu : le rêve, c’est ce qui se vend le mieux.

Un autre regard sur le statut de Freelance

Chez World+, il n’y a qu’un seul employé : la comptable.  Tous les autres statuts sont variés, incluant stagiaires, alternants et freelances, qui travaillent avec des rythmes différents. Les freelances sont présents entre 2 à 3 jours dans l’entreprise. En fonction des besoins des projets, lorsque leurs compétences spécifiques ne sont pas requises, ils deviennent parfois assistants pour d’autres métiers . 

C’est cette polyvalence enrichissante que je venais chercher chez World+. 

Mais le manque de communication et d’organisation de la part des marques et des freelances qui ne sont pas tout le temps présents engendre souvent du stress et des difficultés à apprécier pleinement le processus créatif, ce qui affecte les employés. De prime à bord, cela semblait donc une mauvaise idée d’être en freelance pour un tel métier car leur absence cause des disfonctionnements.
En tant que graphiste chez World+, j’ai souvent vu mon tuteur Maël confronté à ces défis. J’ai moi-même vécu ces difficultés lors d’un projet pour SOLID. À moins d’une semaine de l’événement, j’ai été chargé de créer les visuels sans consignes claires ni dossiers de brief. 

J’ai été très surprise par le manque d’informations pour des éléments si importants du décor. A la fois de la part de World+, et de la marque SOLID. Personne autour de moi n’était étonné par ce manque d’informations, et personne ne pouvait répondre à mes questions.

Cette expérience m’a donc interroger sur la place du graphiste dans le set design, et par la suite sur le statut de graphiste freelance.

J’ai discuté avec mon tuteur sur ce sujet, et en combinant mon expérience lors du défilé SOLID avec la sienne, j’ai compris comment de nombreux détails s’entremêlent pour expliquer son statut de graphiste freelance, malgré tous les problèmes que ça peut engendrer. 

Le graphisme est rare dans ce domaine pour plusieurs raisons. 

Le graphiste ne peut donc pas être employé à faire cela tous les jours de la semaine quand la demande est si petite. Il lui faut donc une autre activité pour avoir une autre source de revenu. 

Maël joue un rôle crucial chez World+, mais il reste freelance la majorité de la semaine.

% de travail W+ pour mon tuteur
les autres jours ne sont pas systématiques, cela dépend des projets

Les marques, même les plus prestigieuses comme Louis Vuitton ou Dior, réduisent souvent les coûts de production de leurs publicités et événements, imposant des délais très courts. Ces contraintes affectent le graphiste, qui doit souvent travailler dans l’urgence.

Le graphisme lié au décor est souvent discuté une semaine avant l’événement, voire quelques jours avant. Dans ce délai serré, Maël doit mettre en pause tous ces autres projets pour produire rapidement les contenus graphiques.

Cela peut avoir lieu 3 à 4 fois dans les mois les plus chargés, souvent sans facturation supplémentaire si cela tombe sur ses jours de travail chez World+. En revanche, s’il travaille en dehors de ces jours, ses prestations sont facturées comme celles d’un consultant freelance, avec des tarifs ajustés en fonction du budget du projet. Il m’a confié qu’il ajuste les prix de ses prestations les plus importantes pour compenser la valeur réduite de son travail sur des projets au budget très serré, où il n’est parfois pas payé.

On entend souvent que les freelances ont du mal à obtenir des clients réguliers et doivent souvent démarcher ou accepter des commandes peu attrayantes.

Il bénéficie d’un avantage certain car il a un pied dans une entreprise qui lui apporte des clients. Il peut ainsi gérer son emploi du temps et ses autres contrats sans le stress de devoir générer un salaire minimum, car il obtient un salaire stable grâce à son réseau au sein de World+.

Il travaille certes pour des marques de luxe très prisées et difficiles à atteindre, mais elles ne sont pas aussi généreuses qu’on pourrait le croire. Il collabore avec ces marques sans être directement reconnu, mais son réseau et le bouche-à-oreille lui apportent des opportunités. Et il semble satisfait de son mode de vie à seulement 24 ans.

La place du graphiste dans le set design est imprévisible et peu encadrée, mais certains réussissent à se faire une place et à gagner leur vie par ce biais. 

Ce projet pour SOLID m’a fait réaliser que les clients externes ne mesurent pas toujours le travail nécessaire et la diversité des savoir-faire mobilisés. Beaucoup d’entre eux ne soupçonnent pas que l’entreprise est un collectif de profils travaillant en parallèle pour l’image de World+. 

Il m’a également permis de découvrir les particularités du travail en freelance sur le terrain, ce qui est rassurant car cela ouvre de nombreuses possibilités, souvent plus positives que ce que l’on entend habituellement. Ce mode de vie semble perenne car tous les corps de métiers chez World+ fonctionnent ainsi, et toutes les personnes que j’ai pu rencontré sur des shootings également.

Brief sur brief sur brief

Je me suis toujours questionnée sur comment fonctionnait un graphiste freelance. C’est une direction qui m’attire, déjà par la diversité de boulots que peut proposer ce métier mais aussi étant donné que c’est une situation qui est bientôt proche.

Rapidement, j’ai eu ma réponse, c’est les CONTACTS !

Matthieu ne s’arrête pas, il bosse toute la journée sur plein de sujets divers, dans un emploi du temps géré et serré, le tout avec des rendus chronométrés. Et le PIRE, c’est que même quand il ne bosse pas, il bosse. Chaque week-end, il est en voyage à des conférences, conventions, meetings et autres, sur Paris, Marseille, Lyon, où il rencontre graphistes, clients, grosses boîtes et où il distribue ses cartes de visite.

Tout ça mélangé à ces quelques années de boulot qu’il a fait dans la com avant de devenir freelance, il a des centaines de contacts différents, et il tient à rester proche de ses clients, on a l’impression qu’ils sont amis, il rigole avec eux.

Donc, au final, les clients de Matthieu retiennent son nom et le partagent à d’autres futurs clients. C’est cool de voir comment le bouche à oreille marche dans ce monde, comment on passe d’un pote à Matthieu qui a besoin d’un logo, à une petite boîte, à une énorme entreprise type BNP Paribas ou Bouygues.

Le problème (qui n’en est pas un) c’est que maintenant, en une semaine, on enchaîne les briefs ! Tu viens juste de terminer un projet que, d’un coup, deux autres viennent d’être reçus. À un point que je me demande comment faisait Matthieu avant sans mon aide.

Cette diversité de projets vient jouer aussi dans mon sens, on se les partage, à un point que sur certains projets j’ai presque bossé entièrement seul dessus (toujours sous l’œil de Matthieu qui vient me conseiller sur les rendus finaux et les petites modifs à faire).

Tout ce travail en solo me permet de placer toutes mes connaissances dans des projets réels et me permet de me rendre compte surtout de la diversité des clients. Je me rends compte qu’il n’y a rien vraiment de compliqué, que j’ai déjà toutes les cartes en main, qu’il me manque juste le petit truc, l’œil qui me permet de voir les petits détails que Matthieu, lui, voit en un seul visionnage.

Actuellement, le plus énervant, c’est de ne rien voir de concret en dehors de mon écran. La grande majorité des projets sur lesquels on bosse ne sont pas encore utilisés par les clients ou postés sur les réseaux, et les différentes identités visuelles sur lesquelles on travaille sont toujours soit au début, soit interminables avec des clients qui ne savent pas ce qu’ils veulent, donc on n’a encore rien imprimé, ni cartes de visite, ni affiches.

Les dernières semaines ont été chargées en boulot, et donc sont passées vite, mais en tout cas, cette insertion dans la création réelle avec tous les enjeux entrepris par celle-ci m’a permis de me rassurer. Même quand je fais une erreur en interprétant mal la vision du client, je ne perds rien et le client non plus, lui permettant de préciser sa vision et moi de repartir sur les anciennes bases du précédent boulot pour mieux répondre à la demande.

Rarement parfait du premier coup

Depuis le début de mon stage, j’ai été confronté à divers retours clients, positifs, négatifs, ou aucun. Et à différents types de clients (artiste, compagnie, association ou membre de l’équipe du théâtre).

J’ai l’habitude des retours des professeurs, mais là, je fais face à de vrais clients. Tout devient plus concret, surtout quand il s’agit de la production d’un gros spectacle ou de satisfaire un artiste rigoureux.

L’un des premiers retours clients marquants ne fut pas le plus agréable. Un soir, on nous informe en urgence que la metteuse en scène, mécontente, menace d’annuler sa dernière représentation, prévue dans une salle comble, car une erreur dans la distribution sur le site de la billetterie s’était glissée. La réaction fut immédiate : l’erreur fut rectifiée, et nous avons pris des précautions pour nos supports de communication sur ce spectacle. Cette expérience m’a appris à être adaptable, flexible, réactif et à garder mon sang-froid face à des clients parfois énervés.

D’autres retours, moins tendus, ont concerné les programmes de salle que j’ai réalisés et envoyés aux productions des compagnies. Les délais de réponse variaient : certains réactifs dans la journée, d’autres prenant plusieurs jours, voire ne répondant pas du tout. Heureusement, la plupart validaient le programme après quelques modifications rapides (distribution, biographie…). En cas d’absence de réponse, nous publions le programme après relecture interne. Les retours échelonnés compliquaient parfois le travail, obligeant de multiples reprises et exports du document.

Les retours sur la communication sur les réseaux sociaux étaient divers : l’administration d’un théâtre partenaire appréciait notre travail, tandis que quelques rares artistes trouvaient notre communication insuffisante à leur égard. Parfois, les compagnies demandaient de modifier des publications déjà diffusées, notamment pour le son qui ne collait pas à leur spectacle.

J’ai également reçu des retours pour la conception et la mise en page d’un cahier pédagogique pour l’exposition actuelle, venant de diverses personnes et services (production, communication, secrétariat général, relations publiques). Les retours, bien que longs et répétitifs, m’ont permis d’améliorer le cahier, et je suis satisfait du résultat final. Malheureusement, tous ces retours on fait trainé sur plusieurs semaines la version finale.

AAAAAAAAAHHHH … la brochure !

En plein dedans, c’est le boom. La brochure est l’un des supports de communication imprimés les plus importants, surtout avec la présentation de la saison qui approche. Elle met l’équipe sous tension, d’autant plus que les délais pour le BAT ne sont pas respectés et que les premiers jais de brochure laissent à désirer.

Pour obtenir une brochure correcte :

· sélectionner les images et le traitement graphique, rédiger les textes des spectacles et les envoyer à la graphiste (la graphiste crée les 1ères versions de brochure)

· envoyer les doubles pages de la maquette à chaque compagnie et attendre leurs retours.

Les échanges sont parfois moralisateurs. Certains sont contents, d’autres mécontents du texte ou de l’absence de mention de la production. Cela nécessite de nombreux échanges pour expliquer nos choix.

· renvoyer les modifications à la graphiste

puis :

boucle de la relecture brochure, pendant plusieurs jours et semaines jusqu’au BAT

Certains retours (distribution, droits d’images, horaires…) entraînent des conséquences en chaîne, affectant non seulement la brochure mais aussi le site internet et d’autres documents annexes, nécessitant une réaction rapide pour adapter les contenus. Les retours clients, bien que parfois difficiles à gérer, sont essentiels pour actualiser les données des spectacles et améliorer les supports de communication. Apprendre à laisser passer certains échanges négatives sans surenchérir est crucial pour maintenir de bons contacts et gérer les pressions inhérentes à ce milieu.

Heureusement, que de manière globale les retours sont plutôt positif !

Jauge des retours clients sur les modifications de divers supports de communication

Apprendre à faire

Je ne sais pas du faire du montage. Je n’en ai jamais fait. Et ça ne m’attirait pas spécialement. Mais depuis quelques semaines, j’effectue un stage où l’on me demande de faire du montage vidéo et du motion design pour tâche principale.  Je le savais quand j’ai postulé, et Bolero a eu confiance en moi dès l’entretien pour me confier ces tâches techniques.

Le stage se déroule bien et je suis finalement reconnaissant d’avoir cette opportunité d’apprentissage. Chaque jour, j’acquiers de nouvelles compétences techniques et découvre des aspects fascinants à ce que je ne pensais ne pas apprécier faire, avant le stage.

moi face au mur de choses à apprendre

Le montage vidéo me permet de comprendre l’importance du rythme, de la narration visuelle et de l’attention aux détails. Quant au motion design, il m’ouvre les yeux sur les grandes possibilités de l’animation et du mouvement des éléments graphiques. Et tout cela parce que je ne me suis pas opposé à l’idée de le faire ! Avant même de commencer, je savais que réaliser des vidéos représenterait 80 % de mon stage, et au lieu de me lamenter parce que je n’avais pas d’autres opportunités de stage, j’ai décidé de tirer profit de cette opportunité, d’apprendre et de relever le défi. 

moi escaladant le mur de choses à apprendre

Ce qui m’a le plus interroger à la suite de ces réflexions, c’est surtout…

Après avoir fait de gros projets avec les différents membres de l’équipe, évidemment que oui ! Mais encore une fois, je me pose la question : Finalement… est-ce que j’aime ça ?

Eh bien en cette moitié de stage, j’en ai bien l’impression. J’ai aujourd’hui envie de faire des projets personnels où il faut passer par la case montage vidéo ou motion. Je pense qu’avant mon stage, ce n’était pas que je « n’aimais pas faire du montage ou du motion design », mais plutôt que je n’avais pas envie de le faire pour moi-même. Je ne m’y consacrais pas pendant mon temps libre, et cette partie du graphisme ne me procurait pas d’intérêt particulier.

Aujourd’hui je me pose alors des réflexions plus poussées quant aux origines de pourquoi je n’aimais pas particulièrement le montage ou le motion design. Est-ce de la peur ? Est-ce le dégoût de devoir faire mes devoirs, perçu comme un exercice scolaire dans lequel je ne cherche pas à prendre du plaisir à ce que je fais ? Les réponses je les aurai certainement à la rentrée , voir même que j’aurais un début de réponse d’ici quelques semaines à la fin de mon stage. 

Apprendre à aimer une branche du design bien précise ce pas simplement se dire…

En ce moment, je me pose des questions sur ce que je veux exprimer, ce que je veux dire. Mais avant tout, pour trouver ce que je veux dire, j’ai l’impression que je dois trouver comment je peux m’exprimer. Apprendre à faire les choses, et ce stage  m’obligeant à le faire sur la vidéo et le motion, ça me permet de répondre progressivement à mes envies et à trouver un moyen d’expression. J’ai hâte de voir comment cette période va continuer de me faire progresser et j’ai hâte de découvrir de nouvelles réponses dans mon apprentissage.

Un court-métrage en 5 semaines, c’est possible ! 

Lors de ma deuxième semaine de stage, mon maître de stage m’as fait une annonce inattendu, « Nous avons jusqu’au 28 mai, pour réaliser un court-métrage. » 

Voulant travailler dans le monde de la vidéo, je fut donc ravie. 

L’objectif était donc de réaliser un court-métrage présentant le projet d’Andréa, à savoir le concept de sa marque, afin de le diffuser lors de sa présentation au concours Ami.

Le Prix Ami est un concours organisée par la marque Ami et l’IFM (Institut Français de la Mode), afin de soutenir de jeunes entrepreneurs dans leurs projets, grâce à un prix de 20 000€, ainsi qu’un accompagnement d’un an de la part de la marque Ami et un article dans Vogue pour le gagnant.

Le problème, c’est que nous n’avions que quelques semaines pour réaliser un court-métrage assez complexe. Un sacré défi !

site de l’IFM

Mais pour un court-métrage, que faut-il ?

 1/ UNE IDÉE

La première étape était évidemment d’imaginer un scénario. Pour cela j’ai collaboré avec Elle, stagiaire en communication. En me basant sur les premières idées d’Andréa, plusieurs calls avec Elle et mises en commun de toutes nos idées, j’ai redéfini le scénario complet. Ce qui m’as permis de passer à la deuxième étape.

Organisation des idées sur la plateforme Miro

2/ LE STORYBOARD.

Etant donné qu’Andréa avait fait appel à un réalisateur, je pensait que réaliser moi même un storyboard n’aurait pas d’utilité. En effet, une fois le scénario terminé, nous avons contacter Paulin Gautier, un jeune réalisateur, à qui j’ai pu expliquer mon scénario (et donc mes storyboards). Il m’as affirmé que c’était à lui de réaliser son découpage technique, mais après avoir appris qu’il ne restait que 5 semaines avant la diffusion, mes quelques planches ont finalement bien servis, car cela nous a fait gagné pas mal de temps.

Un des storyboards présenté au réal

Mais storboards, moodboards, scénario, ne sont pas les parties les plus longues. 

Il faut encore, 

  • Trouver l’équipe
  • Repérer/valider les lieux
  • Demander les autorisations
  • Trouver/louer le matériel (caméras, lumières, railles de travelling, trépieds, etc.)
  • Trouver une date de tournage
  • Trouver les figurants/ mannequins disponibles
  • Avoir les vêtements à temps
  • Tourner
  • Monter
  • Faire les vfx
  • Réaliser les effets sonores/ la musique
  • Etalonner
  • Valider le rendu final
récapitulatif des étapes pour une réalisation vidéo

Mais il reste encore une chose, les IMPRÉVUS.

Et oui, lors d’un tournage, il y a toujours des imprévus, le soleil qui crée des flammes à l’image, des autorisations oubliés, des lieux finalement inaccessible, des oublies de costumes, etc. C’est pourquoi lors de ces deux jours durant lesquels j’aurait pu simplement observer le tournage, je me suis retrouver en tant que régisseuse, habilleuse, cadreuse, photographe, et figurante.

Mes différentes casquettes durant le tournage

Mais finalement, si je pensait que l’organisation de ce tournage était chaotique, j’était loins de me douté que ça n’était que la partie de plaisirs. Et oui, même si j’ai couru partout, j’ai quand même pu apprécier le moment. Contrairement à d’autres personnes, les VFX artists !

Car oui, la partie la plus longue, est celle des VFX. En effet, le projet d’Andréa est basée sur la réalité augmenté. Cela nous pousse à utiliser un maximum de vfx dans la plupart des plans. Et c’est là que mon rôle de graphiste est réellement entré en jeu d’ailleurs !

Je n’avait peut-être pas les compétences pour réaliser de gros effets spéciaux, mais j’avait la vision pour les imaginer. Alors afin de perdre le moins de temps possible dans les explications aux vfx artists de ce qu’ils allaient devoir faire, j’ai illustrer chaque effet sur les images du film, car les images parlent mieux que milles mots 😉

Image de référence pour les vfx

Mais maigres ça, deux semaines pour d’aussi gros effets spéciaux, ça restait très ambitieux.

Alors le jour J, le résultat n’était pas forcément celui attendu de certains, même si l’effet escompté fut quand même présent pour les spectateurs. Et avec un jour de retard, le rendu final est près, non pas pour le concours.  Mais pour sa sortie en septembre, OUI !

Faïza scénographe ??!

Dans cet article, je présente un projet

Voilà maintenant 3 semaines que je suis en stage dans l’agence BlackRainbow, dans le 11ème arrondissement de Paris. J’ai eu l’occasion de faire de multiples projets graphiques tels que de l’affiche, mais aussi de l’illustration (designs de vêtements).

Mais voilà que ce Lundi 6 mai, Jay mon tuteur m’interpelle pour me demander de travailler sur un nouveau projet. Curieuse, je regarde attentivement l’écran de son Mac qui montre un pdf.

Il s’agit d’une collaboration pour un pop-up store entre Adidas, le célèbre hôtel « Le Bristol » et la marque de vêtements Sporty and Rich. Le but de ce pop-up store est de célébrer et mettre en avant une collaboration entre Adidas et Sport & Rich, le tout au sein de l’hôtel. Les produits étant prêts, je me demande alors dans quel but vais-je devoir intervenir.

Jay m’explique que l’agencement du pop-up store n’est pas encore prêt, mais encore moins l’entrée. L’agence doit ainsi intervenir pour mettre en lumière et créer un endroit qui serait attractif, et surtout compréhensible (les signalétiques & pictogrammes doivent être mises en avant pour que le client sache ou circuler.) Le tout en reprenant la Direction Artistique des marques de vêtements ET de l’hôtel. Enfin bref, ça n’est pas une mince affaire.

Il s’agit donc pour moi d’effectuer un long travail de recherche. Même si j’ai une vague idée des marques que je dois représenter, je me dois de faire des recherches en amont sur les valeurs et esthétiques de l’hôtel et des marques en question. Je me dois aussi de connaître les actuels directeurs, ce qu’ils ont pour ambition enfin bref, Prendre TOUT ce qui m’aiderait pour la réalisation de la scénographie.

La première étape est d’analyser les moyens visuels et l’esthétique des marques que l’on étudie.

Ce que j’aime dans ce travail est qu’au delà du graphisme en tant que tel, je participe vraiment au choix du design d’objet, je dois tout penser en fonction de l’espace. J’aime beaucoup cette mission et j’ai vraiment hâte de concrétiser le projet. Peut être que je finirais scénographe en fait …😋

Connaître dans l’inconnu

Je suis depuis maintenant 4 jours au sein de St-Louis, une maison de postproduction parisienne dont le domaine m’est TOUT SAUF CONNU. Ce stage est pour moi un voyage dans un navire étranger, une prise de risque, mais aussi une opportunité vers de nouveaux horizons. De plus, l’ambiance très sombre et le grand nombre d’employés n’arrangeaient pas ma situation…j’étais encore plus perdue.

C’est avec peine que je tentais de retenir tous les noms techniques et méconnus : flame, étalonnage, VFX…en me demandant ce que je faisais là.  Cependant ma douleur n’a été que de courte durée (merci à mon tuteur Tibor) lorsque j’ai rejoint le groupe des IT (Information Technology) pour assurer la refonte de leur site interne : ENFIN quelque chose que je connais.

Ma réaction lors de la découverte du site

C’est ainsi que je me suis retrouvée nez à nez avec des interfaces qui ne semblent ni connaître la notion d’ergonomie ni de design (ma douleur est revenue instantanément). Cependant beaucoup d’idées étaient bonnes et pertinentes, seulement…j’ai très vite réalisé que le graphisme était nécessaire, VRAIMENT VRAIMENT nécessaire et ce dans une multitude de domaines. 

Vue d’ensemble des interfaces du site original

Avant de me jeter à l’eau, un certain Marin (oui c’est son prénom) m’a d’abord rattrapée en posant un “cadre” : « fais comme tu le sens! ». 🤓
C’est là que j’ai su que c’était à moi de poser le cadre :  moodboard, identification des besoins, analyse de l’univers déjà en place….et c’est à travers cette petite préparation que j’ai appris à connaître le fonctionnement de l’entreprise. Ainsi j’ai pu me familiariser avec les lieux, les gens, mais aussi les différents pôles qui m’entourent tout en alliant découverte et récolte de données utiles au site. Ici, il y a beaucoup de pôles, de sous pôles et de sous sous pôles…bref. Je prendrai le temps de découvrir tout ça plus tard.

En analysant le site de plus près, j’ai tout de même été surprise par les essais graphiques : l’idée de cohérence était quand même pensée à défaut d’être maîtrisée, ainsi que quelques effets de style plus ou moins efficaces. C’est avec très peu de mal que j’ai réussi à les convaincre qu’il était nécessaire de TOUT refaire, même le code (qui est terriblement mal ordonné d’ailleurs). Mon challenge personnel était d’aller à la rencontre des couleurs (que je manie très rarement et dont la manipulation m’est peu familière) par respect pour le bleu significatif de St-Louis.

Premières maquettes et écrans originaux correspondants :
(1) projets et chatbox , (2) shotgrid des plans 3D

Une fois plongée dans ma tâche, je me suis pleinement rendue compte que l’inconnu ne me concerne pas exclusivement, mais qu’il touche aussi mes collègues, totalement étrangers à l’idée de graphisme et d’esthétisme. Je dois avouer que cette perspective m’a plutôt rassurée, tout comme l’ambiance qui semblait se réchauffer au fil des jours, malgré l’aspect très sombre du lieu. Et c’est petit à petit que j’ai réussi à me détacher de l’inconnu grâce à ce que je connaissais. Je sortais cependant de temps en temps de cette nouvelle zone de confort pour affronter de nouveau cet univers inhabituel.

La peur de l’inconnu nous distrait du connu.

Ylipe, écrivain et dessinateur français

Alors pourquoi ne pas se faire peur pour casser la routine ? C’est ainsi qu’entre 2 lignes de code je m’aventurais dans les autres pôles de la maison, en fantasmant déjà sur tout ce que je pourrais apprendre et tester.

Enfin, suite à cette première semaine j’ai très vite remarqué que le graphisme n’est pas uniquement présent dans les studios, les agences, les écoles, il est PARTOUT. Un graphiste peut toujours (ou presque) se retrouver dans un domaine donné, et ainsi, connaître dans l’inconnu.

Des commanditaires très particulières

Moi c’est Faïza, et cela fait maintenant 5 jours que je travaille en tant que stagiaire au sein de l’agence Blackrainbow (stratégie marketing/D.A). Assez de jours pour que je puisse voir passer toutes sortes de profils à l’agence, et entendu des échos de clients très… particuliers.

Ça a commencé le premier jour. Une marque très connue de boissons aromatisée a contacté l’agence dans le but de réaliser un merch, pour donner une image plus fraiche de la marque, et attirer plus de clients.
Ainsi, la stratégie proposée est d’amener la cible (5-12 ans) vers d’autres endroits que les lieux de vente d’origine (supermarchés) et de faire des collaborations avec des marques de vêtement urbaines. Sauf que face, les commanditaires ne l’entendent pas de cette oreille.

BEAUCOUP, vraiment beaucoup de contradictions qui font que même au bout du 3ème call, le projet ne peut même pas démarrer puisque la stratégie n’est même pas mise au point. Greg m’explique que l’on assiste à des clients qui ne savent pas ce qu’elles veulent, qui souhaitent changer mais qui ont une peur malgré tout. Donc le projet n’avance pas, les clients se met des barrières à eux-même.

Greg ajoute que c’est très frustrant de dans un premier temps ne pas pouvoir être compris, de seulement effectuer ce qu’elles veulent, sans apporter vraiment d’aide. De toute façon, si on suit leur solution, leur stratégie ne tiendra pas longtemps.

Cette expérience me fait comprendre aussi la réalité du domaine. Il faut faire preuve de patience, surtout lorsque l’on fait fasse a des personnes toutes droit sorties d’école de commerce, qui n’ont pas du tout eu un environnement adapté, et pour qui certains concepts qui paraissent totalement incompréhensibles. C’est limite triste parce que j’avais fait des supers designs pour eux (malheureusement je ne peut pas les montrer parce qu’on y voit le logo de la marque) et ils ont pas aimé. Tant pis pour eux ils étaient incroyable.

Au delà de ça, pour parler de l’agence elle est vraiment bien et je m’y sens à l’aise. Non seulement dans les locaux, mais aussi grâce aux personnes qui y travaillent. C’est très calme pendant les moments de travail, et très animé le midi. Il y a une très bonne ambiance. De plus, je pose beaucoup de questions et me sens aidée grâce au DA Jonathan et à l’illustrateur Ruben qui me donnent beaucoup de conseils autour du design graphique. A l’inverse, ils me demandent moi aussi comment je procède, parfois ils n’en croient pas leur yeux quand ils voient mon travail (nan la je rigole) mais voila c’est vraiment trop cool !

Regardez comment c’est beau on dirait un petit jardin