Le graphiste doit-il auto-limiter ses capacités ?

Entre créativité, stratégie et frustration : quelle implication pour le graphiste ?

Depuis le début de mon stage, j’ai eu l’opportunité de participer à 4 gros projets, tous suivant un processus de création similaire mêlant Branding et Packaging. À chaque nouvelle demande d’une marque, nous recevons un brief par mail, parfois accompagné d’un PDF explicatif, de références visuelles et d’une direction plus ou moins précise à suivre. Ce point de départ lance un véritable travail de conception en plusieurs étapes.

Dans un premier temps, chaque membre de l’équipe (nous sommes trois) doit proposer 3 à 5 concepts, ce qui représente au total au minimum 9 propositions différentes. Chacun prépare ses idées comme il le souhaite : croquis, dessins, maquettes Illustrator, etc. Chaque idée est présentée sur une planche avec à droite les croquis et le concept, et à gauche un moodboard de références visuelles.

( flou volontaire ) Planches des premières recherches / croquis / illustrations

Ensuite vient le brief collectif, un moment très enrichissant où nous présentons nos idées à tour de rôle. C’est à ce moment que les échanges prennent vie : nous analysons les forces de chaque proposition, repérons les éléments récurrents, cherchons des combinaisons possibles entre les idées pour ne garder que les plus fortes. De ces 9 idées, nous en sélectionnons 3 à développer plus en détail.

Brief partage des idées

C’est seulement après cette étape que je commence à “vraiment” travailler : j’entre dans la phase de production concrète, je passe sur Illustrator pour simuler les matières, penser les formes, et rendre mes concepts les plus réalistes possibles. C’est aussi à ce moment que je donne tout : j’essaie de proposer une version finale très aboutie, professionnelle, et prête à être réalisée.

Recherche de matière

Mais après 4 projets, des questions me trottent dans la tête : ­­­- Est-ce que je dois vraiment me donner à 100% pour une simple “proposition”, qui n’est pas sûr d’être retenue ? – Est-ce qu’en tant que graphiste, je dois apprendre à doser mes efforts et à “gérer” mes propositions ? – Ou bien faut-il tout donner à chaque fois, quitte à accepter que la plupart de nos idées resteront dans les tiroirs ?

Il y a une forme de frustration inévitable quand notre propositions n’est pas choisis :

On avance jusqu’en finale, et pourtant on ne joue pas le dernier match.

Marjane

je pense que c’est comme si son équipe gagne la finale, mais sans nous sur le terrain. On a contribué à la victoire, mais elle ne nous appartient pas vraiment. 🤾‍♀️💻🥇

Marjane

Et pourtant, je ne ressens pas de regret ou de frustration d’avoir trop travailler. Lors de nos briefs internes, je remarque que chaque proposition est considérée, et que nous sommes tous dans le même cas. Et même si elles ne sont pas retenues, des éléments-clés de nos idées sont intégrés dans le concept final. Donc on ne perd jamais totalement, on contribue toujours un peu. C’est très valorisant.

Mockup Finale Photos / MidJourney / Firefly

Mais une autre pensée me vient : – Est-ce que, dans ce processus, le graphiste ne devient pas stratège ? – Pour orienter la décision du client, faut-il parfois mettre en avant une idée plus qu’une autre, la rendre plus séduisante, plus aboutie, et donc sous-investir volontairement une piste pour qu’elle soit naturellement écartée ?

Trois options s’offrent alors à nous, les graphistes :

  1. Saboter volontairement une idée 😈, en la rendant moins développée ou moins aboutie, pour mettre en valeur une autre piste que l’on souhaite voir retenue.
  2. Développer davantage une piste que les autres, sans pour autant négliger complètement les idées secondaires — une manière plus subtile d’influencer le choix du client.
  3. Donner le meilleur de soi sur chaque proposition, en investissant autant de temps et d’énergie dans chacune, tout en sachant qu’une seule sera sélectionnée au final.

Est-ce une forme de manipulation ? Ou simplement de l’intelligence créative ?Cette réflexion m’as permis soulever un dilemme important dans le métier : Le graphiste est-il un simple exécutant au service du client ? Ou un acteur de la stratégie, capable d’influencer subtilement les choix sans jamais l’imposer ?

Ce stage m’amène à réfléchir à cette posture, et à trouver un équilibre entre Investissement personnel, Efficacité professionnelle, et Résilience face aux décisions finales.

Créer c’est aussi savoir communiquer

Mon premier stage, que j’ai effectué avec Giovanni Ambrosio, touche déjà à sa fin. Ce fut une expérience riche et passionnante. J’ai eu l’opportunité de travailler sur ce que j’aime vraiment : la création de sites web et même quelques projets autour de la photographie. J’ai également voyagé en Italie, ce qui m’a permis de découvrir les différences entre deux mentalités professionnelles.

Cependant, cette note d’étonnement portera sur un aspect qui m’a accompagnée tout au long de ces deux mois de stage, et que Giovanni m’avait déjà mentionné lors de notre entretien : la communication.

Dans ce contexte, la communication ne se limite pas à un simple échange d’informations. Elle consiste à comprendre, à travers le dialogue avec le client, quel type de message il souhaite transmettre, quelle image il veut véhiculer et comment adapter la forme à ses objectifs. Autrement dit, avant de concevoir un produit visuel, il faut savoir écouter, poser les bonnes questions, puis guider le client vers des choix cohérents et réalisables. Car beaucoup espèrent un site ou une affiche à la fois beau, peu coûteux et immédiatement rentable. 

BD : communication avec le client

Mais le designer n’est pas un magicien. Il faut souvent passer des heures à déconstruire leurs attentes pour identifier ce qui est réellement essentiel, ce qui est techniquement faisable, et ce qui est cohérent avec leurs moyens.

Autrement dit, la première étape du travail sera toujours le dialogue. Ce qui m’a surprise, c’est que la deuxième étape est en réalité… la stratégie de communication. Avant même de penser au design visuel, il faut expliquer comment celui-ci servira à transmettre le bon message au bon public. Ainsi, le designer devient aussi communicant, marketeur, voire community manager. La question qui revient souvent de la part des clients est : « Combien de clients ce site ou cette affiche va-t-il m’apporter ? »

Cela peut sembler éloigné du cœur du métier, mais c’est en réalité très logique : le design n’existe jamais pour lui-même. Il a une fonction, souvent commerciale. Mais je savais pas qu’il fallait aller aussi loin dans l’analyse, l’argumentation et la pédagogie.

Et bien sûr, si tu travailles en freelance comme le fait Giovanni, tu n’auras pas autour de toi un marketeur, un analyste, un designer UX ou un community manager. Il faut assumer tous ces rôles soi-même et devenir un professionnel polyvalent pour rester compétitif sur le marché.

En fin de compte, j’ai compris que pour beaucoup de clients, la façon dont son produit est communiqué compte parfois plus que le design réfléchi, esthétique et harmonieux. C’est un peu frustrant, car les personnes extérieures au monde du design ne réalisent pas que ce n’est pas censé être la mission première d’un graphiste ou d’un web designer. Mais si on veut travailler aujourd’hui et rester demandé, il faut savoir s’adapter…

En résumé, ce stage m’a permis de découvrir l’envers du décor du métier de designer : un équilibre entre créativité et stratégie de communication.

être son propre client ?

Bonjour à tous, ici Amira en direct du mois de juin, bientôt deux mois de stage !? Le temps passe si vite … 🤯

Avant tout, petite précision : vous ne trouverez pas ma précédente note d’étonnement. J’y avais sans le savoir glissé quelques informations confidentielles. Pour les mêmes raisons, je ne partagerai pas de visuels graphiques / projets dans celle-ci

Un nouveau lieu :

L’agence vient juste de déménager dans de nouveaux locaux. Même si je suis ici depuis peu, j’ai tout de même ressenti que ce changement avait une symbolique importante : elle occupait ses anciens bureaux depuis quelques années, et ce déménagement marque une nouvelle étape, une forme d’évolution.

Un déménagement peut paraître anecdotique mais d’un point de vue extérieur, cela donne l’impression que l’agence grandit, qu’elle se donne les moyens de se projeter vers d’autres perspectives. Le nouvel espace est davantage en open space, ce qui permettra de s’ouvrir à de nouvelles possibilités, j’ai senti que l’équipe était enthousiaste pour ce nouvel espace et les futurs projets de Grow — organiser des événements, accueillir des partenaires, mieux collaborer….

voici quelques images de l’espace

Une équipe complémentaire :

Ce que je remarque au quotidien c’est aussi la dynamique de l’équipe, il y a un esprit de “petite famille”, tout le monde a ses points forts et les met au service du collectif et donc tout le monde se complète bien.

J’ai eu l’occasion de créer des visuels en étant commanditée par la majorité de l’équipe alors j’ai remarqué que chacun a également sa manière de travailler et de communiquer. Parfois on me briefe par écrit, souvent la plupart sont plus à l’aise à l’oral.

Cela me permet d’apprendre à décoder les attentes, à reformuler, à clarifier —.

Mes apprentissages :

Comment trouver un équilibre entre rapidité et exigence graphique ?

J’ai également gagné en rapidité. Il peut arriver qu’on me demande de réaliser certains visuels dans l’urgence, mais pour autant je ne ressens pas de pression particulière. C’est surtout à moi d’organiser mes tâches. Tout ça m’a aussi permis de mieux estimer le temps nécessaire à la réalisation d’un visuel, ce dont j’avais moins la notion auparavant.

J’assimile mieux certains codes de la communication visuelle : l’importance de l’impact, des repères visuels clairs, le ciblage, surtout sur les réseaux sociaux. Même si de prime abord l’image de marque / com autour d’une marque n’est pas un secteur qui m’intéresse particulièrement, je me rends compte que c’est un champ dans lequel tout designer a à apprendre.

Comment mieux communiquer sur mon propre travail ?

Un point que je trouve intéressant chez Grow, c’est que l’agence communique pour ses clients, mais aussi pour elle-même : elle alimente son compte Instagram, développe du merch, soigne son image, son réseau, etc. En fait, elle est aussi, quelque part, son propre client.

Un membre de l’équipe a réaliser cette fresque dans le sas d’entrée des nouveaux locaux, ce visuel montre bien la volonté de l’agence d’affirmer son identité et de mettre en avant son image.

Au-delà de l’entité agence, c’est aussi quelque chose qui s’applique à l’échelle individuelle. Ces réflexions m’ont amenée à penser comment je pouvais également mieux communiquer sur mon travail, dans la continuité des réflexions menées autour de l’identité visuelle de la DN2, avec un peu plus de distance et un point de vue plus extérieur.

Découvrir un nouveau rythme et produire à grande échelle

Je fais mon stage à La CLEF, qui est une association. Elle fonctionne en partie grâce aux dons des adhérents et au soutien des bénévoles lors des différents événements. La structure est super grande, et elle est surtout connue pour les concerts qu’elle organise. Mais elle propose aussi des cours autour de plein de types de projets.

Ce qui m’a marquée dès le début, c’est l’ambiance. Il y a vraiment une bonne énergie, c’est chaleureux. La plupart des employés partagent une passion commune pour la musique, et les différentes personnes des services se connaissent bien entre elles. La CLEF fonctionne aussi avec l’aide de services civiques et de stagiaires, ce qui apporte de la diversité, notamment au niveau des âges.

Je suis arrivée à une période importante pour l’asso : les 40 ans de La CLEF, fêtés à travers trois gros événements en mai. Comme tout ce qui concernait les projets principaux (affiches, bannières, etc.) avait déjà été fait avant mon arrivée, j’ai surtout été chargée de petits éléments graphiques. Les projets se font sur la suite Adobe, et la communication se fait soit par mail, soit directement à l’oral. D’ailleurs, les gens n’hésitent pas à aller voir directement les autres dans leurs bureaux pour poser une question ou faire une demande. Il y a aussi un serveur commun, où chacun dépose ses fichiers, accessibles à toute l’équipe.

Dès mon arrivée, on m’a présenté mon poste, avec un bureau, un ordi et la suite Adobe fournie. Mes premières semaines ressemblent un peu à une période d’essai, qui permet à ma tutrice de voir ce que je sais faire ou non, et comment je travaille. Pour l’instant, je reste sur des choses assez basiques, ce qui me donne un peu l’impression de ne pas utiliser tout ce que je sais faire. Mais je me sens bien intégrée et l’ambiance est vraiment agréable.

Photo du merch pour les 4O ans de La CLEF (@laclefstgermain) – Photo by me


Ce que j’ai trouvé le plus compliqué, c’est d’arriver en cours de projet, sans toujours bien comprendre à quoi vont servir les éléments que je produis. Ce qui m’a aussi surprise, c’est de ne pas avoir vraiment de charge de travail définie. Ma tutrice me donne les tâches une par une, ce qui change pas mal de l’école, où j’ai une vue d’ensemble sur la semaine ou les deux semaines à venir. Ici, c’est vraiment au jour le jour. Mais ce qui m’a le plus étonnée, c’est les quantités produites. À l’école, on imprime souvent nos projets en un ou deux exemplaires. Là, on parle de 300 flyers ou plus, donc forcément, ça change la manière d’aborder les choses.

Pour l’instant, je ne vois pas encore de grosse différence avec ce qu’on fait en cours, mais je sens que ça va évoluer. On commence déjà à me confier un peu plus de tâches.

La CLEF accueille des artistes en résidence. En bref, cela leur permet de répéter et de préparer leur performance scénique, accompagnés par une équipe qui les conseille et les encadre. À l’issue de la résidence, les artistes donnent un concert en petit comité, dans des conditions proches de celles d’un véritable spectacle : c’est ce qu’on appelle un filage.

Le client a-t-il toujours raison ?

Dès le début de mon stage, j’ai été confrontée à cette problématique à travers un projet de motion design pour IALB, une entreprise spécialisée dans l’aéronautique. Avec Matthieu Poli, nous avons conçu une identité visuelle complète pour le motion final. Cette proposition a été validée par le client, et nous avons ensuite avancé en leur présentant régulièrement des extraits en accord avec le brief initial.


Cependant, le projet a rapidement commencé à s’étendre : initialement prévu pour deux jours de production, il a été freiné par une succession de retours fréquents, parfois contradictoires. Certains ajustements demandés étaient annulés dans l’heure suivante,

ou remplacés par d’autres qui allaient à l’encontre de ce qui avait été approuvé. Par exemple : le client n’avais pas de logo pour sont nouveaux produit, Matthieu en avait conçu un sobre et efficace, mais celui ci a été délaissé au bénéfice d’un autre généré par le client via ChatGPT, qui risquait d’être confondu avec d’autres logos déjà dans le motion.


C’est dans ce contexte que Matthieu a dit une phrase :
« Il faut que le client nous fasse un peu plus confiance. »

Cette expérience m’a amenée à me poser la question : quelle est véritablement ma fonction en tant que graphiste ? Dois-je simplement suivre des instructions, ou puis-je défendre une intention visuelle construite, réfléchie ? Quand doit-on s’effacer pour satisfaire, et quand est-il préférable de prendre le temps d’argumenter, d’expliquer ou de proposer autrement ?

En discutant avec mon tuteur, je lui ai posé la question : « Le client a-t-il toujours raison ? »
Il m’a répondu : « Il a ses raisons, mais pas forcément raison. »
Cette nuance m’a aidée à comprendre qu’il ne s’agit pas d’imposer une vision, mais de chercher des équilibres. Il est essentiel d’écouter, sans pour autant tout accepter. Parfois, cela demande des tests, des variantes, ou simplement un peu de pédagogie pour partager nos intentions.

Mon étonnement initial m’a permis de prendre conscience d’un des grands enjeux du métier : apprendre à parler graphisme avec ceux qui ne le pratiquent pas.

Aventure professionnelle, culturelle, humaine

Irang Lim 프로필 & Séoul 서울 

Ma tutrice, Irang Lim, dirige son propre studio de design graphique à Séoul, Studio Phenomena.

Elle incarne à elle seule ces trois dimensions : le professionnalisme, l’ouverture culturelle et une relation humaine authentique et bienveillante.

Dès le début, Irang a abordé le stage avec une approche personnelle et généreuse : elle s’est donnée pour mission de me faire plonger dans la culture coréenne, de m’en apprendre davantage sur Séoul et sur le design graphique, tout en se positionnant comme une référente de confiance à mes côtés.
Cet accompagnement m’a tout de suite rassurée dans cette ville immense et ultra dynamique, où l’on peut facilement se sentir désorienté, aussi bien physiquement que mentalement.

Irang m’a donc fait découvrir la culture coréenne au quotidien : en m’emmenant manger des spécialités locales tous les midis, en visitant des expositions, des palais, des quartiers artistiques et inspirants de Séoul — comme le vieux quartier d’Euljiro, dont elle m’a expliqué qu’il est un lieu de rencontre pour les designers en quête d’inspiration pour leurs projets d’identité visuelle.

Euljiro, Séoul, 23.04.25

Le Hangeul 한글

Irang m’a aussi permis d’expérimenter avec le Hangeul, l’alphabet coréen.
Son compagnon Jinwoo, professeur de design, organise depuis plusieurs années un workshop avec des étudiants européens autour des formes modulaires du Hangeul. J’ai ainsi pu découvrir cet alphabet qui m’était encore inconnu, explorant son aspect modulaire, créatif, graphique.

Expérimentations avec les modules du Hangeul
à mon bureau, au studio, 24.04.25

Hongik Pharmacy 홍익약국

En parallèle d’un projet personnel qu’elle m’a confié — la création d’un design personnel pour une planche de skateboard — Irang m’a également intégrée à un projet professionnel : la conception de l’identité visuelle de la Hongik Pharmacy. Cette pharmacie est située dans le quartier vibrant de Hongdae, fréquenté majoritairement par des étudiants et des étrangers. J’ai pu assister à un rendez-vous professionnel qu’elle a eu avec un studio de design d’intérieur avec qui elle collabore sur le projet.

Hongik Pharmacy à Hongdae, Séoul, 28.04.25

♀♀♀

Le directeur de ce studio était un homme plus âgé dont l’attitude condescendante contrastait avec leur statut égal dans le projet.

Travaillant habituellement sur des projets culturels, Irang a accepté ce projet de branding surtout pour élargir son portfolio. Bien qu’elle ne soit pas particulièrement attirée par le design à vocation commerciale, c’était justement intéressant d’observer sa manière de s’adapter à une demande nouvelle.

Cela m’a permis de réfléchir à la posture du designer, au genre, et à la place de la création graphique dans des projets transdisciplinaires.

Quelle crédibilité quand on est une femme à la tête de son propre studio ? 
Comment avoir confiance en son travail ? 
Comment s'adapter à des projets plus commerciaux ? 
Et donc, se démarquer face à une demande précise et rigide ? 

Enfin, sur le plan humain, Irang est très attentive au traitement des stagiaires. Ayant elle-même vécu une mauvaise expérience en tant que stagiaire, elle fait en sorte que mon stage soit réellement formateur et enrichissant. Elle prend soin de moi avec beaucoup d’attention, de confiance, d’ouverture d’esprit. Nous avons de nombreuses discussions profondes sur des sujets variés, et cette complicité rend l’expérience encore plus précieuse !

안녕히 가세요

Graphisme, cafés et Mario Kart (mon immersion chez Sharing)

Mon stage se déroule chez Sharing, une agence de conseil en stratégie, création graphique, digital et social media. Dès le début, j’ai été très bien accueillie : dans mon bureau, il n’y a que des filles ce qui a facilité mon intégration. L’équipe est composée d’Olivia (community manager), Estelle et Lucile (alternantes qui travail avec elles), et Caroline ma maître de stage, la directrice artistique et associée. Sharing fait partie d’un groupe plus large, PH7 avec plusieurs agences cohabitent au même étage. Donc on croise par exemple Pierre-Olivier, qui s’occupe du web design avec qui on travail beaucoup.

Dès le premier jour, j’ai été plongée dans le rush d’une agence de graphisme : répondre en cinq jours à un appel d’offres pour un client confidentiel. Le brief portait sur le repositionnement d’une marque, la refonte de sa charte graphique, son déploiement sur des supports print, une campagne pub (print & réseaux sociaux) et un site internet. J’ai d’abord eu des tâches comme la recherche d’images ou la création de palettes de couleurs, mais plus la semaine avançait, plus j’ai eu de responsabilités. J’ai par exemple réadapté la charte graphique sur les couvertures de brochures. 

C’est là que j’ai pris conscience de l’importance des mots dans les stratégies de marque. J’ai découvert que le repositionnement passe par le graphisme, mais aussi beaucoup par le choix des mots utilisés dans une campagne de pub. J’ai aussi compris à quel point la communication dans une équipe est essentielle. Avec ma maître de stage, on s’est aussi occupées du repositionnement de la marque, et il fallait que tout le monde reste bien sur le même fil conducteur. On avait des réunions, des temps d’échange, des moments de réflexion en groupe. J’ai aussi participé à la préparation de la présentation du projet. J’ai vu comment on justifie nos choix graphiques, comment on valorise chaque mot et chaque visuel pour défendre une idée. C’est là que j’ai vraiment compris l’importance de bien mettre ses projets en valeur pour convaincre le commanditaire.

Diagramme représentant ma charge de travail

En deuxième semaine, j’ai gagné en autonomie. J’étais entre deux pôles : d’un côté, Estelle et Lucile me confiaient des visuels pour les réseaux sociaux, de l’autre, Caroline me confiait les projet pour Allianz. C’étaient des newsletters pour promouvoir des moments de partage que la société propose, (comme des séminaires, des vacances…) adaptée à la charte graphique. J’ai découvert de nouveaux moyens de communication comme Slack et Trello qui permettent une bonne organisation en agence.

Mon plan de travail sur le projet Allianz

Du côté social media, j’ai aussi travaillé pour la marque Vivacy (marque française spécialisée dans la médecine esthétique). Nous avons shooté un Reel destiné à la communication sur les réseaux sociaux. Ce que j’ai adoré, c’est que dans l’agence on me considère comme une vraie graphiste. Mon avis a vraiment compté pour la préparation du shooting. Avec Lucile, on a réfléchi à chaque image, à ce qu’on voulait montrer, à ce qu’on voulait faire passer au public. Et le jour du tournage, on était là pour s’assurer que nos intentions soient respectées. Il y avait aussi les clientes présentes avec qui on échangeait régulièrement pour être sûres de répondre à leurs attentes.

L’agence déménageait, donc j’ai fait un peu de télétravail en attendant les nouveaux locaux. Cependant j’ai besoin d’être en communication constante avec l’équipe pour avoir des retours, car je doute parfois de mes choix. Ce que j’apprécie, c’est leur pédagogie : elles me font confiance, me donnent des responsabilités et cela me pousse à progresser.

Enfin, l’ambiance au bureau est un vrai plus. À midi, on joue parfois à Mario Kart sur la Switch avec d’autres gens de l’étage, ou on sort bronzer quand il fait beau. Je pense que ces moments de détente contribuent à une bonne dynamique de groupe. Le bien-être des employés à une place importante chez Sharing.

Croquis des pauses midi avec mes collègues

La suite dans le prochain épisode…

Photoshop est mon ami…

Début du stage, 8h30, je fais la connaissance du bâtiment. Il s’agit d’une entreprise d’imagerie médicale spécialisée dans la vente de matériel médical destiné aux hôpitaux, gynécologues et radiologues principalement.
setup de qualité
Je rencontre mon tuteur qui me présente le bureau où je travaillerais. Tout est fait pour que je me sente à l’aise, un setup de travail avec deux ordinateurs, ma signature de mail, etc. 
Il me présente ensuite l’équipe qui se trouve dans mon bureau : l’équipe marketing, avec des cheffes de produits et donc, un graphiste (mon tuteur). J’y retrouve une bonne ambiance de travail qui me donne envie de vite commencer.

Il m’explique d’abord le fonctionnement de l’organisation des fichiers, où sont rangés les dossiers, comment les partager, comment ça fonctionne et ensuite, me présente les projets en cours et ce qu’il va me donner à faire. 

Ainsi commence ma première semaine où je fais principalement des petites tâches, comme des retouches sur des catalogues pour présenter les produits. Je fais souvent du va-et-vient entre les commentaires déposés sur le fichier pdf par les cheffes produits et les fichiers des catalogues, ce qui me ralentit dans les projets effectués à côté. Car oui, en une journée, on est sur de nombreux projets en même temps, ce qui rend le temps précieux. Il n’y a pas de brief précis, et cela se ressent.
catalogue où j’ai retouché quelques éléments
On me demande ensuite de faire du détourage et du photomontage de produits (mockup) sur Photoshop, ce qui n’est pas vraiment mon point fort… En effet, je me dépêche souvent sur la partie détourage de par mon manque de patience, mais ici je n'avais pas le choix et mon tuteur m’a donc appris de nouveaux outils de détourage que je n’utilisais pas avant, ce qui m’a énormément aidé. 
1er mockup d’une étiquette sur un gel d’échographie
2ème mockup
dernier mockup

Au début mes détourages étaient grossiers et imparfaits, mais je commence maintenant à voir une amélioration dans les détails, ce qui demande pas mal de patience et de temps mais à la fin c’est vraiment gratifiant.

J’ai beaucoup appris au niveau minutie et détails du travail sur ce point-là.

Malgré ses riches apprentissages techniques et raccourcis que m’apprend tous les jours mon tuteur, je laissais de plus en plus l’aspect créatif de mon travail et me demandais si j’allais pouvoir faire un projet qui me demande plus de création. 

C'est alors que mon tuteur me propose de faire la partie print d’une assise de sage-femmes où l’entreprise allait se rendre. La mission : faire un bulletin de vote pour un tirage au sort, une fiche de coordonnées et une affiche. Je commence ainsi à faire les recherches de références, de typographies qui feraient sens avec le projet, mais on me fait vite comprendre qu’il n’y a pas de temps à perdre et que doit juste reprendre ce qui avait été fait dans la précédente assise et de changer les logos. 

essai d’affiches (j’ai vraiment pas eu le temps :()
N’ayant plus de temps, je me contrains à suivre cette démarche, mais je présente quand même une affiche différente et plus abstraite que celle qui avait été faite, avec laquelle je ne suis pas vraiment satisfaite de par mon manque de réflexion sur la partie graphique.

l’affiche de l’année passée / l’affiche finale de cette année 🙁

Elle est ensuite écartée et je pars sur une affiche différente et rapide à réaliser.

Je commence de plus en plus à ressentir ce rythme pressant qui me pousse à accélérer mon processus de réflexion, et je comprends alors pourquoi mon tuteur recherchait une autre personne avec qui partager ses projets.

Malgré cela, on m’a récemment lancé sur un projet pour réaliser les visuels des dépliants promotionnels print des produits pour 2026 (il y en a une tous les ans) et la deadline est d’ici juillet, alors je compte vraiment présenter un travail réfléchi sur lequel j’aurais le temps de fixer mes idées graphiques.

De l’audiovisuel à foison

POUR RÉSUMER

3 semaines de stage, 3 jours de montage, 7 journées de tournage, +10 rencontres professionnelles

Min&Ral, NewBalance x Footlocker, Circuit Paul Ricard, Pierre Garnier, Pain de sucre, D&P, OM x Puma, Mofak Bessis (Mofeezy)...

Ce stage se passe tellement bien qu’il dépasse mes espérances.

Quelques souvenirs – Avril/Mai 2025

Le monde de l’audiovisuel m’intéressant beaucoup mais étant très peu mis en avant dans notre formation, je souhaitais vraiment en apprendre davantage et me familiariser avec ce dernier durant ma période de stage. Pour cela, j’ai demandé à Meloman Production de me le faire découvrir et de me former. Ce dernier étant passionné par son métier, travaillant dur, dormant peu et mettant tout en oeuvre pour satisfaire ses clients (sans jamais oublié de produire dans le but d’en être fier). En effet, il fait preuve d’un professionnalisme, d’une rigueur et d’une qualité de travail remarquable.

Depuis le début de ce stage, je ne fais qu’apprendre de nouvelles choses chaque jour. Chaque projet, tournage, rencontre, m’apporte nombre d’informations techniques ou bien pratiques, telles que leurs rôles et leur importance, la manière dont ils procèdent… et me permet de voir le monde professionnel sous toutes ses facettes. Dès mes premiers jours de stage, j’ai mis les pieds dans le montage, ce dernier comprenant dérushage, montage (assemblage des rushes), ajout d’audio, étalonnage et retour clients. Par la suite j’ai pu assister à de nombreux tournages et ainsi comprendre ce qui précédait tout cela. En effet, avant toute création d’un produit il réalise un réel travail de réflexion sur la globalité du projet, allant de l’imagination passant par un travail sur l’univers qu’il souhaitera exploiter (souvent sous la forme de moodboard) en se concentrant sur la demande du client, à la création.

Moodboard D&P – Mai 2025

Meloman utilise principalement une caméra Sony FX3, des Polaroïd, un caméscope numérique, et quelques fois des drones pour user de plans qui vont du plus « basique » au plus atypique.
En somme, son travail ne se compose pas seulement de mise en application, comme je le supposais, mais d’une réelle réflexion qui va mener à un projet concret, fort en sens et parfait au rendu.

Avant de réaliser ce stage, je me demandais comment il était possible de réaliser autant de projets en si peu de temps et d’une qualité si impressionnante. Pour répondre à ce questionnement, j’ai discuté avec les différentes personnes que j’ai pu rencontrer sur les tournages, et user également de l’expertise de mon maître de stage. Suite à ces nombreux échanges avec des points de vue les uns tout aussi intéressants que les autres, j’ai compris qu’un vidéaste ou un professionnel de l’audiovisuel ne peut être seul lors de la création d’un projet. Les innombrables tâches, droits, mentions et personnes à prendre en compte en sont la cause. Ainsi, au fil des projets, un réseau se créer entre tous, ce dernier se trouvant être un point fort de Melo, à ce jour au centre de nombreuses boîtes de production (qui mettent tout en oeuvre pour satisfaire le client).

Quelques unes des boîtes de prod/collaborateurs que j’ai pu côtoyer

Par ailleurs, lors de la création d’un projet, un producteur audiovisuel se doit de pouvoir assurer toutes les phases, allant de la capture/du shoot, de plan, au montage et au rendu final du projet aux clients.
Pour cela il doit maîtriser un nombre de logiciels conséquent, comme DaVinci Resolve, Final Cut, Capture One et tout autre logiciel se reliant à l’image (ex: Suite Adobe). Il doit aussi savoir reconnaître un bon et un mauvais plan, maitriser toutes les règles de cadrage. Au delà du plan matériel ou bien utilitaire, il se doit d’être humainement correct, respectueux, ouvert d’esprit et adaptable.

Durant ces deux semaines, je me suis épanouie. De nouveaux métiers qui m’étaient encore peu familiers m’ont paru plus accessible, plus commun. De nouvelles rencontres m’ont ouvert davantage l’esprit. De nouvelles perceptions se sont offertes à moi. Ainsi, j’ai pu comprendre, apprendre, mettre en forme et créer de nombreux liens.

Un tempo plus lent

Arriver dans un studio de design croate, c’est déjà une aventure. Mais ce qui m’a le plus surpris au cours de ces premières semaine chez HWT d.o.o, c’est à quel point le temps est pensé, vécu et utilisé autrement. Ici, on travaille de 9h à 15h, avec des pauses régulières, des moments pour s’aérer, marcher, discuter. Une cadence qui comparée à celle que je connaissais en France, semble presque déconcertante. Moins de pression, mais pas moins d’engagement.

Je travaille principalement sur les supports de communication d’une startup lancée par le studio : Platform21. Leur site présente des programmes de perfectionnement pour enseignants européens. Ces « formations » sont des expériences d’apprentissage immersives, qui allient pédagogie innovante, échange inter-culturel et montée en compétences numériques. Pour les promouvoir, j’ai réalisé des visuels destinés à leurs réseaux sociaux, en mobilisant des outils comme Photoshop et Illustrator. J’ai aussi proposé d’ajouter une touche de motion design, une initiative bien accueillie qui m’a permis d’exprimer davantage ma créativité.

Ce qui m’a réellement étonné, c’est la place centrale de la stratégie marketing dans ce processus. Je n’avais encore jamais perçu cet aspect là dans la communication, derrière chaque visuel, il y a une réflexion sur le positionnement, la cible mais surtout la concurrence, ce qui amène une ambiance assez compétitive. Les membres de l’équipe parlent souvent de « marché », « stratégie de contenu », « trends »… Des notions qu’on n’associe pas toujours spontanément à un studio graphique, et qui pourtant orientent clairement la façon dont elle communique.

Je suis également le seul stagiaire en design graphique au sein d’une équipe constitué de 6 personnes (dont 3 françaises 🇫🇷 , 1 ukrainienne 🇺🇦 et 1 croate 🇭🇷), ce qui me place dans une position particulière, je suis à la fois dans cette échange entre nos différents domaines (qui ne sont finalement pas si éloignés que ça) mais aussi dans cette échange culturelle, on échange beaucoup sur nos perceptions de la politique, l’économie et nos cultures respectives, au delà de la dimension professionnelle c’est très enrichissant.

représentation de l'équipe hwt d.o.o en mii nintendo

Cette situation m’amène à réfléchir à la temporalité des projets créatifs, thème qui me semble central ici. Comment concilier délais marketing et processus de création ? Comment s’adapter à un rythme de travail plus lent, tout en gardant une exigence professionnelle ? Ce décalage m’a forcé à repenser mon rapport au temps : j’ai appris à faire preuve de patience créative, à travailler dans un tempo plus fluide, sans pour autant baisser mon niveau d’exigence.

Ce stage m’enseigne déjà que le design graphique ne se limite pas aux contraintes d’un cahier des charges et des retours clients. Il s’inscrit dans une logique plus globale, stratégique, rythmée par des objectifs précis, mais aussi par une qualité de vie au travail qui favorise la réflexion. C’est peut-être cela, le vrai luxe professionnel : avoir du temps pour bien faire.