Graphiste caméléon ou spécialiste assumé?

Mon deuxième stage, aussi court qu’intense, vient tout juste de se terminer. Cette fois-ci, j’ai eu la chance de le faire chez Matthieu Poli. Pendant ces quelques semaines, nous avons travaillé sur plusieurs projets très différents, et j’ai pu toucher à une grande variété de tâches : motion design, illustration, génération de vidéos avec l’IA, création de contenus pour les réseaux sociaux, modélisation 3D, et bien d’autres encore.En réalité, c’est exactement ce que fait Matthieu dans sa propre pratique professionnelle. Il ne se limite pas à un seul domaine. Cette polyvalence lui permet d’accepter des projets très variés en tant que freelance. Il est l’exemple parfait du designer polyvalent.

Et forcément, cela m’a fait réfléchir en tant que jeune graphiste encore au début de mon parcours professionnel. Faut-il vraiment savoir tout faire, ou bien vaut-il mieux se spécialiser dans un domaine précis et devenir expert ?

J’ai vite compris que cette question n’avait pas de réponse simple. Le marché envoie souvent des signaux contradictoires. D’un côté, on voit beaucoup d’annonces qui recherchent des profils « multi-compétences », capables de répondre à tous types de demandes. De l’autre, certains studios ou agences ne s’intéressent qu’aux profils ultra-spécialisés : un typographe expert, un animateur 2D avec un style bien à lui, un spécialiste de la texture 3D, etc.

Pendant un moment, je pensais qu’il fallait choisir. Soit devenir un couteau suisse du design, soit plonger à fond dans une seule compétence. Aujourd’hui, je réalise que la réalité est beaucoup plus nuancée, et surtout très liée au contexte dans lequel on évolue.

Être polyvalent, c’est rassurant… mais exigeant

Pour beaucoup de designers aujourd’hui, la polyvalence devient presque une nécessité. Peu de clients comprennent la différence entre un designer graphique, un motion designer, un DA ou un illustrateur. Ils veulent un résultat, souvent avec un seul interlocuteur, et idéalement le plus rapidement possible. Pendant mon stage j’ai compris qu’être capable de répondre à différents types de demandes devient alors un avantage non négligeable, presque une condition de survie en freelance.

Mais cette polyvalence a aussi un coût. Il faut se former en continu, changer d’outils, s’adapter sans cesse à de nouvelles plateformes. Et surtout, il devient difficile d’atteindre un très bon niveau dans chaque domaine. Parfois, on finit par « faire un peu de tout », sans vraiment se démarquer dans quoi que ce soit.

Illustration de polyvalence

Matthieu m’a aussi parlé de designers qui ont fait le choix inverse – se concentrer sur un seul domaine. Par exemple, un spécialiste en éclairage 3D. Il est assez connu dans son milieu, on fait appel à lui spécifiquement pour des films ou des projets pointus. Et comme il n’y a pas beaucoup de gens avec ce niveau de maîtrise, il a toujours du travail parce qu’il est allé au bout de sa spécialisation.

Le risque, évidemment, c’est de mettre tous ses œufs dans le même panier. Si la demande dans leur niche diminue, ou si leurs références ne parlent pas à certains clients, ils peuvent passer à côté de nombreuses opportunités. Et il faut aussi savoir dire non à tout ce qui sort de leur domaine d’expertise.

Et si la vraie réponse était ailleurs ?

Avec un peu de recul, je me dis qu’il ne s’agit peut-être pas de choisir entre deux extrêmes, mais plutôt de comprendre dans quel environnement on évolue, et surtout ce qu’on veut construire pour soi.

Être polyvalent peut être une excellente base, surtout en début de carrière. Cela permet d’explorer, de mieux comprendre les attentes du marché, et de développer une agilité professionnelle. Mais petit à petit, affiner sa direction, trouver une identité forte, devient tout aussi essentiel pour ne pas se perdre.

Aujourd’hui, je pense qu’un bon designer est avant tout quelqu’un qui sait où il apporte de la valeur, même s’il est capable d’adapter ses outils et ses méthodes selon le projet. Ce n’est pas forcément le choix entre spécialisation ou polyvalence qui compte, mais la clarté de sa position professionnelle.

Et si un jour je choisis de me spécialiser, ce ne sera pas par manque de curiosité, mais parce que j’aurai trouvé ce que j’ai réellement envie de défendre dans mon travail.

L’après-festival pour repartir de plus belle

La nuit du 8-9juin : WeLoveGreen est fini. La dernière ligne droite fût mouvementée, chargée mais très satisfaisante dans le sens où j’ai pu réellement profiter de la concrétisation de tout le travail fourni avec mes tutrices graphistes ainsi que notre pôle communication. Mais je vais davantage parler de l’après.

On m’avait dit qu’après WeLoveGreen, nous allions travailler sur le prochain festival à venir : Peacock Society. Cette année, il s’agissait de la 14è édition de ce festival électro. Pour moi, le plus gros dans la préparation graphique de ce festival, c’était l’appréhension d’une nouvelle direction artistique. Après avoir eu la tête plongée pendant 2 mois dans la charte graphique de WLG, c’était plus compliqué de s’en extraire, repartir à zéro pour comprendre les codes du second festival.

Passage entre l’identité de WeLoveGreen à PeacockSociety

Et c’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai un peu ramé au début. Vers la fin de WLG, mes tutrices n’avaient plus vraiment de retour à faire puisque j’avais bien compris les principes graphiques, les associations de couleurs, de typos. En revanche pour Peacock, ce fut un retour à la case départ comme si je venais de commencer tout juste mon stage. J’avais l’impression d’avoir perdu tout ce que j’avais compris et mis en pratique pendant la période de WLG… C’est justement ce passage d’une identité à une autre qui m’a permis d’avoir davantage de réflexion sur ma manière de composer un visuel. En effet, avant de commencer ce stage, une de mes tutrices devait souvent me reprendre pour la composition, la hiérarchie d’informations que ce soit sur du print ou pour les réseaux. Puis à force d’avoir enchaîné les productions, je pense réellement que ma manière de représenter l’info, la composition et la structure d’un visuel s’est améliorée.

Moi qui compose (et galère) pour un bandeau de Libération

Cependant, même si j’en retiens un perfectionnement sur le côté technique, j’en retiens moins sur l’aspect créatif. En fait, grâce à l’ampleur moins conséquente du festival Peacock Society, nous travaillions beaucoup moins dans l’urgence. Ainsi, j’ai pu prendre pas mal de recul en ce qui concerne la partie « créative » du graphiste. En réalité, que ce soit Ariane, Laura ou moi, aucune de nous ne faisait réellement de la création à part entière. J’ai eu une prise de conscience un peu désolante qui s’est aussi affirmée après en avoir parlé avec mes tutrices : les graphistes ne produisent quasiment que de l’exécution qui répondent à une charte déjà établie par un graphite extérieur.

L’identité graphique de WLG a été réfléchie et conçue par Lysiane Bollenbach et Clément Vuillier. Pour celle de Peacock Society, il s’agit de Rémi Volclair. Les graphistes en interne ne répondent qu’à une liste de tâches où ils doivent suivre à la lettre les règles établies par les créateurs de l’identité des festivals. Ce manque de création se ressent de mon point de vue de stagiaire mais aussi de celui de mes tutrices. 

« Ce qui est dommage quand on est graphiste en interne, c’est qu’on nous donne pas assez les commandes sur la création… On se rend compte qu’on ne fait que de l’exécution d’affiches pour impression, remplir des templates pour les réseaux, etc. » – Laura, graphiste chez WLG depuis 2 ans.

Mais on peut se dire qu’il y a bien de la création pour de la vidéo (spots tv, réels instagram, pubs YouTube…) où le mouvement est créé/pensé par le graphiste : c’est enfin le moment où on peut jouer avec les codes graphiques !? Au final pas tant que ça… lorsqu’il y a un visuel très cool à faire, où il y a plus de création, du motion travaillé à produire, ce sont souvent des graphistes en free-lance que l’on appelle pour une plus courte durée, donc moins payé, pour une créa davantage conséquente, créative et surtout plus intéressante à réaliser. Beaucoup de choses passent entre les doigts des graphistes en interne, ce qui est, je trouve, pas mal frustrant. Ce qui explique maintenant pourquoi on me parlait de choses très cool à produire, dont je n’avais plus de nouvelles quelques jours plus tard.

Mais je dois bien conclure cette note d’intention par une note positive ! Je dirais sans aucun doute la relation qui s’est nouée et la solidarité au sein de mon équipe. C’est la chose qui m’a aussi étonné par rapport à mes anciens stages où l’atmosphère reste très professionnelle et pudique entre les employés… ici, c’était plus léger, amical et cela du probablement à cet univers de la musique jeune et convivial. Je pense que c’est notamment cette énergie professionnelle qui a fait vivre cette période de stage ainsi que mon expérience dans le monde de l’événementiel.

L’équipe entière !

What are the business sectors of Sharing agency’s clients ?

The chart shows that Sharing agency works mostly in Banking / Finance / Insurance (16%) and Cosmetics / Beauty (14%). Other important sectors are Real Estate / Construction / Development and Food Beverages (11%). Tourism / Hospitality (9%), Health, Leisure, and Education (8%) follow. Research is the smallest sector with 6%.

« We are a 360° agency »

says Caroline Cacheur, artistic director and co-founder of Sharing.

The numbers show Sharing’s diversity. The agency works in strategic, cultural, and public fields. It offers brand strategy, graphic and audiovisual creation, social media, web and digital development, and CSR. With so many services on offer, it’s no surprise that Sharing attracts a diverse clientele.

Clients have different needs: a fashion brand wants creative impact and social media engagement, while other companies want efficiency and trust. Having its own content studio helps the agency keep projects consistent from start to finish.

Compétences en mouvement

Depuis quelques semaines en stage chez HWT d.o.o, une agence de communication, j’ai été surpris par l’aspect fluide et polyvalent de mon rôle. Sur le papier, je suis là pour du design graphique. Mais très vite, en proposant de nouvelles idées et directions, il est devenu évident que mon travail allait s’étendre à bien d’autres domaines. Ce glissement s’est fait assez naturellement, en fonction des besoins du moment et de ce que je pouvais proposer.

dessin de moi qui travaille et montre mon ajout du motion à ma tutrice

L’entreprise développe une plateforme nommée Platform21, qui propose des formations européennes destinées aux enseignants. J’ai d’abord commencé à créer des visuels pour promouvoir ces formations, en m’appuyant sur mes compétences de graphiste. Mais j’ai aussi pris l’initiative d’y ajouter du motion design, en animant certains contenus. Cela a enrichi les supports produits tout en ouvrant de nouvelles portes à mon rôle de stagiaire au sein de l’entreprise.

Au fil du temps mes missions se sont diversifiées au fur et à mesure que je mobilise mes connaissances et capacités. J’ai notamment eu l’occasion de réaliser des montages vidéo ou encore plus récemment de photographier les participants lors des sessions de formation, Ces tâches m’ont permis de participer à la fois à la communication visuelle et à la documentation des projets. Elles m’ont aussi permis de voir de plus près les personnes concernées par ces formations et de mieux comprendre ce que fait l’entreprise au quotidien.

moi qui porte pleins de casquettes parce que (par rapport à l'expression "avoir plusieurs casquettes")

Ce qui rend cette expérience particulière, c’est que je n’ai pas de tâches répétitives ce qui me convient. Mes journées ne se ressemblent pas, et c’est très agréable, enfin, pour l’instant. J’apprécie cette diversité, ce mouvement constant d’une activité à une autre. Cela me donne l’impression de rester actif, sans tomber dans une forme de répétition.

Mais cette mobilité soulève aussi des questions. Est-ce que cette absence de routine est durable à long terme ? Est-ce que l’on peut s’installer professionnellement dans un poste aussi ouvert ? Pour le moment, cette polyvalence me stimule, mais elle me pousse aussi à réfléchir à l’équilibre entre stabilité et variété dans un futur environnement professionnel.

Le travail de l’urgence

Maintenant que je me suis habitée à cette zone de travail de « l’urgence », j’ai pu davantage me questionner sur les différents facteurs qui provoquaient cette urgence constante pour les graphistes.

1/Tout passe par le graphisme

Bon, c’est vrai que ce titre paraît bête à dire comme ça. Mais We Love Green, ça représente les pôles Développement durable, Food, Communication, Partenaire… et quasiment tout ce que représente le travail de chacun des pôles, doit être communiqué, posté, imprimé, diffusé. Maintenant que je le dis, c’est vraiment évident. En fait, je m’en suis rendue compte à partir du moment où l’on [les personnes des différents pôles] venait nous voir pour nous annoncer l’arrivée d’un nouveau post, d’une signalétique, d’une affiche, ou alors de modifications etc. Ces derniers jours, j’ai reconnu le rôle du graphiste comme étant un des plus gros piliers d’un festival ou d’un événement quelconque. D’ailleurs, je me demande justement, si le graphiste ne serait pas assez reconnu par rapport à ce qu’il devrait l’être ?

Dans une agence de graphisme, où les employés graphistes est quasiment au même niveau les uns des autres, il y a en quelque sorte un point d’égalité entre tous. Mais pour une organisation aussi phénoménale qu’un festival… je me demande si le graphiste ne devient même pas un peu maître du bon déroulement du festival. Sans lui, pas de posts, pas d’affiches, pas de promotions. Il ne faut, bien sûr, pas mettre de côté les autres pôles gérant l’organisation et le développement du festival, cependant j’ai réellement ce ressenti qu’un festival ne tient qu’à un fil dont le graphiste à la (très grosse) responsabilité.

Trello des tâches à faire pour le pôle communication

Mais les choses que l’ont produit, ne sont que des tâches rangées dans un tableau. Tâches décidées et planifiées par les supérieurs, les divers pôles… jusque’à parfois vouloir aller un peu trop dans la quantité (mais avec toujours autant de qualité).

2/(Trop) viser la quantité

Êtes-vous pour un festival qui poste sur les réseaux sociaux des contenus intéressants, informatifs et diversifiés, mais 4-5 fois dans la semaine ? Ou alors plus pour un festival qui poste 6 fois par jour, mais qui se répète, qui vise des statistiques de likes, de vues et la régularité intense pour attirer encore et encore de potentiels intéressés ?

Question assez récente que je me suis posée lorsque j’ai remarqué la répétition de certains posts qui n’apportaient que peu d’intérêt pour le festival. Au début de mon stage, je voyais la quantité des contenus postés censée et réfléchie. Mais, plus on avance vers le festival, plus on enchaîne la création de posts pour viser toujours plus de likes… sans grand succès. Pourquoi ? Parce que d’un côté, il y a ceux qui veulent produire beaucoup en pensant faire monter les statistiques. Et de l’autre, ceux qui sont d’avis que cela rajoute du travail pour un contenu final qui n’apportera en réalité pas grand chose, et parfois même juste de la répétition inutile. De ce fait, je n’arrivais plus vraiment à me faire mon propre avis sur la raison du travail de l’urgence du graphiste…..Est-ce à cause de l’ampleur du festival ? Ou alors à cause des quantités de contenus qu’on nous demande de produire sans cesse pour le soir même ? Aucune de ces pistes ne répond à cette problématique de l’urgence. En réalité, je suis d’avis qu’il s’agit plutôt d’un principe d’effectif et surtout de l’appréhension de chacun des pôles.

3/Comprendre les besoins du graphiste

Je trouve que c’est davantage un point social que je souligne ici, mais il m’a frappé lors de ces derniers jours. D’une part, nous ne sommes que 3 graphistes (des fois 4 si Clément, un autre motion designer, est appelé en renfort pour une courte durée). Je me suis rendue compte bien assez tard que cela était trop peu. Mais pourquoi est-ce que je m’en suis rendue compte aussi tard ? Parce que le rythme ne cesse de s’accélérer et la présence de 3 graphistes est bien trop faible par rapport à l’ampleur de productions que demande un tel festival (et surtout en voyant l’échéance se rapprocher de plus en plus). Je peux désormais dire que ce n’est pas la quantité des tâches à faire le réel problème… c’est l’effectif de l’équipe graphisme. Et pourquoi ne pas avoir, ne serait-ce, qu’un graphiste fixe en plus ? L’argent. Payer moins pour produire en même quantité. Problématique qui se comprend d’un côté pour un festival qui gère une multitude de personnes derrière, d’équipements, et qui cherche un chiffre d’affaire conséquent… Mais faut-il uniquement se restreindre à la question d’un salaire en plus ou en moins, plutôt que de privilégier un travail peut-être très conséquent, mais mieux réparti ?

Diagramme représentant le ratio/la répartition entre les pôles

En plus de cela, j’irai même jusque’à dire « mieux comprendre le graphiste ». Le fait de travailler avec divers pôles complètement écartés du graphisme, il devient plus compliqué de faire comprendre nos besoins, le temps de travail nécessaire, et d’autres principe graphiques techniques … Vocabulaire que les non initiés du festival ont du mal à assimiler. Cette mauvaise appréhension du graphiste est entièrement normale car c’est l’organisation d’un festival qui nécessite pleins de postes, de rôles divergents. Cependant, certains peuvent croire que « ça se fait en 5min » ou encore que « l’on n’est pas assez rapide ». Mais est-ce qu’il s’agit juste d’un manque de communication ? D’un manque de compréhension ? D’une ignorance involontaire du travail du graphiste ? Je dirai que c’est un peu de tout.

Les graphistes, nous travaillons dans l’urgence constante pour satisfaire des objectifs de statistiques, des demandes imprévues, pour gérer les « priorités » de tout le monde. Travailler dans l’urgence à cause d’un manque d’effectif, du manque de communication et/ou de compréhension… pour mener à un festival ambitieux et exigeant.

Créer sous contrainte : la charte graphique limite-t-elle la liberté du graphiste ?

Cela fait un mois que je suis en stage, et je n’ai pas vu le temps passer. J’ai réussi à mieux m’intégrer, et je travaille désormais sur plus de projets, de types différents. Certains m’ont offert une plus grande marge de manœuvre que d’autres. C’est comme ça que j’ai commencé à me poser des questions.


C’est une interrogation qu’on retrouve souvent dans le monde du graphisme. Je me la suis posée en réalisant une affiche pour un événement récurrent, comme la Fête de la musique. Ça m’a amenée à réfléchir à la place du graphiste dans un cadre déjà bien défini : celui de la charte graphique. Et à me demander jusqu’où elle limite la créativité.


C’est normal, évidemment, de devoir respecter la charte graphique d’une entreprise ou d’une association. Mais alors, comment innover ? Jusqu’où va la liberté du graphiste ? On pourrait faire le parallèle avec les marques de luxe, qui ont des identités visuelles très codifiées – presque figées – et où l’on pourrait croire que ça freine la créativité.


Lors de la création de l’affiche pour la Fête de la musique, j’ai dû composer avec deux chartes graphiques en même temps : celle de La CLEF, et celle spécialement développée pour les 40 ans de l’association. Il y avait déjà beaucoup d’éléments imposés : une typographie précise, une gamme de couleurs, des logos. Tous ces éléments font partie de l’identité de l’association, de sa reconnaissance. Mais dans ce contexte, comment faire preuve d’innovation tout en restant identifiable ? Et surtout : est-ce que le graphiste arrive encore à s’amuser dans ce cadre-là ?


Parce que pour moi, la créativité est liée à une forme de plaisir et d’épanouissement. Et quand tout est déjà fixé, je me demande si ça ne devient pas un peu répétitif, voire lassant à la longue. D’autant plus que le graphiste n’est pas toujours décisionnaire. Il y a souvent plusieurs interlocuteurs, parfois non graphistes, qui ne comprennent pas toujours pourquoi on fait tel choix. Il y a aussi une certaine peur de sortir du cadre, une volonté de rester dans la continuité, de ne pas trop s’éloigner de ce qui a déjà été fait.


Du coup, on ne se retrouve pas vraiment dans un processus de création libre, mais plutôt dans une logique d’adaptation : comment reprendre les éléments déjà existants et les transformer un peu pour faire quelque chose de nouveau… sans trop en faire. Ça devient une sorte de « remaniement graphique » plus qu’une création à part entière.


Et puis dans le cas de La CLEF, où un seul graphiste doit répondre à beaucoup de demandes provenant de plusieurs services, il y a aussi un enjeu d’efficacité.

Réutiliser ou adapter des visuels pour des événements qui reviennent chaque année, c’est un vrai gain de temps. Et ça permet aussi de se concentrer sur les projets qui demandent plus de création, plus de réflexion ou d’attention. C’est un équilibre à trouver entre création, contraintes visuelles et organisation du temps.

La créativité au détriment de la communication ?

Au début de mon stage, je m’étais questionné sur le rapport entre le temps de production et la créativité. J’avais l’impression que je n’arrivais pas à réaliser des projets graphiques qui me plaisaient vraiment, ou qui ne se restreignaient pas graphiquement et créativement

Aujourd'hui, ce point de vue a évolué, notamment suite à la réalisation d’un kakémono qui m’a permis de voir les choses autrement.

En effet, je devais réaliser un kakemono que m’avait demandé une cheffe produit qui allait se rendre à un congrès. Elle me fait pour cela un petit brief sur ce qu’elle veut ou non en me précisant bien que le dernier visuel (fait par mon tuteur en plus) n’était pas à son goût et que je devais produire quelque chose de “moderne” et que l’ancien n’allait pas du tout. J’avais “carte blanche” (selon ses mots) avec quand même une typographie imposée, des dispositions de texte bien précises, etc. 

Kakémono précédent

Après ma v1, s’en sont suivi des va-et-vient de modifications de sa part et de celle de mon tuteur sur la typographie, les visuels, la disposition des éléments, je me sentais moins maître de mon fichier…  

Kakémono v1
Kakémono final

Quand j’essayais d’exprimer mon avis défendu, il n’était pas pris en compte. Finalement le kakémono ressemblait à celui d’avant…

Il y a eu aussi de nombreux mails afin qu’il soit validé par le patron de l’entreprise, qui n’a, au final, pas voulu du kakemono car il ne correspondait pas à sa vision pour le congrès. En effet, la cheffe produit m’avait lancé dans la réalisation d’un projet qui n’avait pas été validé… 

J’ai donc à ce moment-là compris que mon travail était passé d’un point à un autre et que ce que je produisais n’était simplement plus mon travail mais celui de ceux qui m'entouraient, me conseillant ce que je devais faire. Ce que je produis doit non seulement plaire à l’employé qui me le demande, mais aussi à ceux qui reçoivent le mail et au patron de l’entreprise. 

Ainsi, le fait de communiquer étroitement avec “le client” qui est ici, le patron (même s’il ne prend connaissance du projet qu’à la fin pour la validation), déformait mon travail pour convenir au goût de chacun.

Mon expérience

Mon sentiment est que les employés ne comprennent pas vraiment le métier de designer graphique et que pour eux on a souvent un statut d’exécutant qui, même si l’on peut émettre notre point de vue grâce à nos connaissances et notre culture, ne sera que rarement pris en compte. D’un côté il est vrai que l’important est de plaire au client, qu’il soit satisfait, mais si à la fin du projet le designer graphique n’a pas réussi à être écouté et à être maître de son travail, c’est forcément frustrant. 

Au final, je me rends compte que mes créations sont limitées, pas seulement à cause du temps qu’on me donne pour les faire, mais surtout à cause du contexte dans lequel je travaille. Le manque de communication, le fait que le métier de designer graphique est mal compris, et l’influence de ceux qui m’entourent finissent par freiner mon processus créatif.

J’ai aussi le sentiment que l’entreprise n’est pas vraiment familiarisée à des visuels nouveaux ou différents. Les équipes ont pris l’habitude de voir et de valider un seul type de graphisme, sûrement parce qu’il a toujours “fonctionné”. Et comme ça va plus vite à valider, personne ne prend vraiment le risque de valider autre chose. 

Il y a une vraie peur du changement. Tout ce qui sort un peu du cadre habituel est vite perçu comme compliqué, parce qu’on sait que ça va prendre plus de temps à faire valider, qu’il faudra plus d’échanges, plus de retours. Et ce temps, on ne l’a pas toujours.

Mais justement, c’est sur ce point que j’ai envie de faire changer les choses ou au moins exposer plus mon point de vue: on m’a demandé d’apporter quelque chose de neuf, de plus moderne, de nouveau pour les visuels des promos imprimés et c’est ce que je vais essayer de proposer…
Début de proposition pour le dépliant de promotion de l’année 2026

Une continuité parfaite.

M comme Marseille ou comme Meloman Production.

Adieu le sud

Ma première période de stage a touché à sa fin le vendredi 30 juin. Un mois et demi s’est déjà écoulé… Cette belle ville, son équipe de foot (l’OM fidèle adversaire au PSG), ses côtes splendides et son soleil à foison vont grandement me manquer. Mais passer mes journées à apprendre avec Meloman Production encore plus !

PUIS

R comme Roubaix ou comme Rapminute.

BONJOUR LE NORD

Voilà le début de ma seconde partie de stage, qui se passe à l’espace de Coworking « Plaine Images » au sein de l’équipe du média emblématique RAPMINUTE. La transition de Marseille à Roubaix fut très rude, mais en terme de travail, cela est en parfaite continuité.

Présentation de Rapminute par Plaine Images

Cela fait moins d’une semaine que j’ai rejoins l’équipe de Rapminute, mais j’ai déjà réalisé de nombreuses choses dont certaines déjà postées sur leurs réseaux sociaux.

« Un avis sur Beyah », pour Rapminute

Lorsque je suis venu à Roubaix et que j’ai intégré le média Rapminute, je pensais travailler essentiellement le graphisme et ne toucher à rien d’autre. Par ailleurs, dès mon premier jour, j’ai pu travailler le montage et la post-production car ils avaient déjà quatre stagiaires qui partent ce vendredi qui travaillé sur la part essentiellement graphique du média.

Une dynamique de groupe étant déjà en place, j’ai rejoint le train et je me suis mise au montage de la vidéo énoncée précédemment.

MAIS

Dès mon arrivée chez Rapminute, et durant tout mon stage chez Meloman production, j’ai remarqué que chacun était spécialisé dans un domaine mais qu’il devait savoir maitriser tous ceux qui s’y relient de prêt où de loin. Surtout lorsque l’on travaille dans le monde de la communication et de l’audiovisuel. Ainsi, la plus grande partie des personnes m’entourant étaient pluridisciplinaire.

MELOMAN PRODUCTION était producteur en audiovisuel, photographe, vidéaste, monteur et gérait également toute la partie post production.

RAPMINUTE, c’est essentiellement Élias qui gère toute la partie graphique que ce soit montage, graphisme, animation et 3D. Et Tristan, qui gère toute la part administrative et financière de l’entreprise mais qui a beaucoup de compétences sur les logiciels que nous utilisons, lui permettant ainsi de répondre par des termes spécifiques à nos questions sur divers domaines.

Lors de mon premier stage, j’avais pu découvrir en profondeur le monde de l’audiovisuel et voir mes compétences en montage. Ces dernières se sont approfondies au fil des jours et je me suis grandement améliorée surtout grâce à un Vlog sur la publicité pour D&P que Meloman m’a donné à monter. Une continuité de cet apprentissage au montage, c’est réalisé dès mon entrée chez Rapminute. En effet, on m’a directement demandé de monter des vidéos et de gérer toute la partie textuelle, graphique ainsi que les animations de plusieurs vidéos.

Aujourd’hui, je me considère chanceuse d’avoir pu accéder à ces deux stages qui sont d’une part nourrissant et qui ne reste jamais sur les mêmes champs de compétences. En effet, je change de logiciel au moins deux à trois fois par journée, ce qui me permet de ne pas me lasser, d’exploiter toute ma créativité et de pouvoir créer à foison. Pour le moment, je ne peux pas en dire davantage car la fin de mon premier stage s’est déroulée assez rapidement avec le Vlog qui était un travail très conséquent donc je n’ai fait quasiment que ça. Puis mon stage chez Rapminute venant de débuter, il me faut un peu de temps avant d’explorer d’autres notions du monde professionnel.

Bref, j’ai dirigé la communication d’un événement

Rebonjour. On est à la moitié du stage… Alors si on papotait un peu de ce que j’ai fais ces dernières semaines ?

Le projet sur lequel j’ai le plus appris depuis le début de mon stage, il est pour un client un peu particulier : Sharing eux-mêmes ! Plus précisément, c’est pour le groupe PH7 auquel l’agence appartient. On m’a nommée leader de la communication pour un événement organisé par le groupe : Catch Me If You Can, un rendez-vous pour mieux comprendre la génération Z. L’événement aura lieu le 24 juin à Paris, avec des tables rondes, des ateliers et un cocktail. L’idée c’est de montrer que PH7 s’intéresse vraiment aux enjeux de cette génération qui redéfinit le rapport au travail, à la consommation et à la société.

Ce qui m’a frappée, c’est à quel point le positionnement de la marque est au cœur de tout. L’événement ne s’adresse pas directement à la Gen Z, mais il doit montrer que PH7 comprend ses codes, qu’il est capable de parler son langage et donc de s’y adapter. Toute la réflexion que j’ai menée sur la communication de l’événement tournait autour de ça : comment faire sentir que PH7 est polyvalent et moderne (sans tomber dans le cliché) ?

Là j’ai expérimenter le  “travailler l’image d’une marque”. Par exemple, pour présenter les intervenants en un post, on aurait pu faire quelque chose de classique, mais ça n’aurait pas collé à l’univers de l’event. Alors, l’idée est venue d’un format plus ludique : des cartes Pokémon personnalisées, adaptées à la charte graphique de PH7. C’était une façon de parler à un public aux références pop culture et tout en respectant l’univers du groupe ( à travers les couleurs et des motifs ). Et surtout, ça permettait de se démarquer clairement des autres communications d’agences.

Cartes Pokémon pour l’event « Catch me if you can » de ph7.

J’ai aussi réaliser des Reels. J’ai pris le lead : j’ai imaginé les concepts, ramené les personnes à interviewer, réalisé le tournage, monté les vidéos, et réaliser les animations. Ça m’a permis de progresser techniquement (surtout en montage), mais aussi de mieux comprendre comment un contenu peut servir un message. Par exemple, dans le premier Reel que j’ai réalisé, je comparait les réactions d’une personne de la Gen Z et d’une personne plus âgée à des mots liés au travail, comme “intelligence artificielle”. L’objectif était de montrer avec humour, les différences de perception entre générations et comment cet écarts peut influencer la manière de communiquer.

Extrait du réel « LA GEN Z VS LE MONDE » et visuel clef de l’event

Évidemment j’ai eu besoin de retours, et heureusement Olivia était là. Elle m’a aidée à mieux doser le rythme, à éviter les longueurs, à ne pas trop m’éparpiller. Grâce à ses remarques, j’ai appris à être plus claire dans mes intentions, à toujours garder en tête le fil conducteur. Ce projet m’a permis de vraiment réfléchir en termes de stratégie de com’, pas juste de création visuelle.

Il fallait à la fois séduire, informer et intriguer, tout en restant fidèle à l’univers PH7 => chaque mot et choix graphique est une prise de position.

Ce que je retiens de cette expérience, c’est aussi la confiance qu’on m’a donnée. On m’a laissé proposer, tester (beaucoup d’impovisation), rater, ajuster (je deviens minutieuse !!)… Et en même temps, j’étais toujours accompagnée. C’était un bon équilibre entre l’autonomie et le soutien.

La suite dans le prochains épisode…

 La bienveillance peut-elle rimer avec exigence ? 

Lorsque j’ai commencé mon stage chez Saïdath, j’étais prête à m’adapter à un univers que j’imaginais intense, voire stressant. Je m’étais préparée à affronter la pression des délais, la rigueur d’un univers créatif en lien avec des marques de luxe, et une certaine distance professionnelle. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est à trouver un cadre de travail profondément bienveillant et pourtant, aussi exigeant.

L’étonnement est venu de là : comment un tel équilibre est-il possible ? Comment concilier attention portée à l’humain et niveau d’exigence élevé ?

Dès les premiers jours, j’ai été frappée par la manière dont Saïdath encadre le travail : de façon précise, impliquée, mais toujours avec douceur. Elle prend le temps d’expliquer, reformule si nécessaire, valorise les idées, et surtout : ne dramatise pas l’erreur. Le mot « apprendre » revient souvent dans ses phrases, au même titre que « expérimenter ».

Mon cerveau qui tabasse un préjugé

Pourtant, derrière cette souplesse apparente, le rythme de travail est soutenu. Les projets s’enchaînent, les objectifs sont clairs, les délais respectés, les productions rigoureuses, il y a tellement de choses dont j’aimerai vous parler ici mais malheureusement ce n’est pas encore sorti donc il faudra attendre un peu. Ce que je peux dire en revanche c’est que je travaille sur la Paris Design Week et je m’occupe avec Saïdath de toute la partie recherche, DA et c’est à la fois dingue et en même temps je ressens une certaine exigence qui est attendu dans mon travail. 

« J’ai envie de faire quelque chose de grand » 

Saïdath

En temps normal je pars souvent dans tous les sens niveau projet j’ai beaucoup d’idée mais pas les moyens pour les réaliser. Sauf que là j’ai le problème inverse je peux proposer ce que je veux mais je me limite dans mes propositions par peur de manquer de moyen, alors que c’est possible ! C’est un peu marrant. 

Moi totalement pas à ma place chez Maison & Objet

Cela m’a obligée à reconsidérer l’image que j’avais d’un environnement professionnel « sérieux ». Je croyais que l’exigence devait forcément se manifester par la dureté, la distance, voire une certaine forme de pression comme je peux le voir quand elle est en réunion chez l’Oréal. Sauf que ici, l’exigence est présente, mais elle est intégrée à une démarche pédagogique et collaborative. Elle n’écrase pas, elle élève.

Et cela change beaucoup de choses. Parce que je me sens en confiance, je m’autorise à proposer, à tester, à poser des questions. Je n’ai pas peur de ne pas savoir. 

Schéma de ce qu’il se passe pendant un projet

Et paradoxalement, c’est peut-être dans ce cadre détendu que je me sens le plus investie. La bienveillance ne dilue pas la rigueur : elle crée les conditions pour que je sois plus autonome, plus concentrée, plus créative. Elle m’encourage à prendre des initiatives, mais m’offre aussi le droit à l’imperfection.

Cette approche m’interroge sur ma propre vision du travail : est-ce que j’ai intégré malgré moi l’idée que performance et souffrance doivent aller de pair ? Que pour être crédible, il faut forcément se surpasser au risque de se brûler ? Ce stage me montre qu’il existe d’autres modèles, plus équilibrés, plus respectueux. Et qu’ils ne sont pas moins efficaces.

En somme, mon étonnement ne vient pas tant de la bienveillance en elle-même, mais de sa coexistence avec une exigence réelle. Le monde du travail peut être un espace d’exigence sans être un lieu de tension. Et c’est peut-être cette nuance-là que je retiendrai le plus.