« commercial » vs création

cela fait déjà un mois que mon stage a commencé, mais étrangement j’ai l’impression que cela fait beaucoup plus longtemps que je fais partie de l’équipe.

pendant ce mois, j’ai découvert de nombreux aspects du métier de designer graphique auxquels je n’avais pas pensé avant. j’ai la chance d’être vraiment poussée au cœur du processus créatif : je suis traitée comme une designer graphique à part entière et non comme une simple stagiaire. lorsque nous répondons à un brief client, ma proposition fait partie de celle que l’on envoie, ce qui renforce ma confiance et m’oblige à donner le meilleur de moi-même. c’est valorisant, mais aussi un peu stressant par moments.

cette confiance qu’on a en moi me permet de vraiment me rendre compte des conditions et problématiques liées au métier. aujourd’hui, j’ai décidé de me pencher sur une question à laquelle je suis confrontée depuis mes débuts dans le dnmade et à laquelle je pense ne jamais trouver de réponse définitive : où s’arrête, où commence la créativité dans le design graphique face aux contraintes commerciales du domaine ? est-ce qu’on peut être vraiment libre tout en répondant à une commande ? est-ce que l’un empêche l’autre ?

avant, j’avais un avis beaucoup plus tranché sur le commercial, la publicité dans le design graphique. je pensais que faire de la pub, c’était simplement ne pas être créatif. je pense que j’étais très naïve et je n’avais pas vraiment compris la réalité du terrain. en fait, ce que je comprends maintenant, c’est qu’il y a différents degrés de liberté selon les projets, les clients, les contextes. tout n’est pas tout blanc ou tout noir.

bien sûr, en tant que designer graphique, on a envie de participer à des projets excitants et créatifs. mais il y a aussi la réalité qui est l’industrie dans laquelle nous évoluons. parfois, il faut juste être efficace, clair, et ne pas chercher à réinventer la roue à chaque fois. et c’est ok aussi.

au final, je trouve que le studio dans lequel je travaille a trouvé un très bon juste milieu :

il y a d’une part les clients classiques, qui viennent du domaine culturel, les clients souhaitant des identités visuelles, etc., et d’autre part un gros client régulier, ce fameux géant de l’électronique chinois.

les travaux pour ce client sont réguliers, et consistent en différentes tâches principalement tournées vers la gamme « IA » et « gaming » de la marque. ça peut aller de visuels générés par IA pour des campagnes, à la création de fonds d’écran, de newsletters, ou de simples éléments à intégrer dans l’UI des sites. mon maître de stage a des appels réguliers avec eux pour fixer les deadlines, les demandes, les feedbacks… j’étais plutôt surprise d’apprendre qu’ils travaillaient pour cette marque, car la dualité entre leur projet de studio et les projets pour cette marque est flagrante. mais au final, cela fait sens. avoir ces travaux réguliers avec cette marque, c’est pouvoir se permettre de réaliser des projets pour des structures plus petites, mais aussi pouvoir réaliser des projets perso du studio lui-même! ( actuellement, nous travaillons sur un projet créatif sans commanditaires, c’est un simple projet perso venant du studio afin de promouvoir la culture taiwanaise. je trouve ça tellement cool de faire ce genre de projets spontanés!!!!!!!)

schéma de répartition des projets au sein du studio

j’ai eu l’occasion de réaliser des icônes pour alimenter le design system de la marque. l’idée était simple : créer des icônes pour la gamme IA, qui pourraient ensuite être utilisées sur différents supports de com. j’ai donc eu accès à la charte graphique et aux règles du design system. je me suis rendue compte du nombre de contraintes énormes imposées pour de simples icônes. au final, ces contraintes m’ont beaucoup facilité la tâche, et je n’ai pas eu de mal à les produire. c’est un peu paradoxal, mais plus c’est cadré, plus c’est simple parfois. au final, on me donne peu de tâches lié à cette marque.

l’avantage avec les marques gigantesques comme celle-ci, c’est que contrairement aux petits clients, leur brief est très clair, très précis, je trouve. mais c’est là que vient le hic. avec ces briefs hyper cadrés, ne devenons-nous pas de simples exécutants ? en fait, je pense que dans ce cas précis, oui. on ne fait pas vraiment partie de leur équipe créative. on applique, on exécute. j’ai un peu l’impression qu’ils font appel au studio juste pour produire des choses dans les cases, selon un système déjà bien verrouillé. après, je dis ça, mais je ne vois qu’une toute petite partie du projet. comme c’est une très grosse marque, il y a pas mal de confidentialité, donc difficile de savoir tout ce qui se joue derrière.

j’en ai discuté avec mon collègue dan, qui m’a dit qu’au début, il ne savait même pas qu’il aurait ces tâches à faire en parallèle des projets du studio. j’ai trouvé ça un peu étonnant. il m’a dit qu’il passait beaucoup de temps dessus, et qu’il était plus lent dans ce rôle d’exécutant que quand il bossait sur un projet créatif. il m’a aussi montré le groupchat réservé à cette marque, où toute la com passe, et on voit bien que c’est un système à part dans le studio, presque une mini-entreprise dans l’entreprise.

discussion avec mon collègue

en fait, je pense qu’il a raison. ces travaux ne sont pas inintéressants. il est important de rester ouvert et curieux face à chaque type de projet, car il y a toujours des choses à apprendre. parfois, il est bon de ne pas trop réfléchir et simplement faire. c’est en se posant trop de questions qu’au final, on n’avance pas.

mais je pense aussi qu’il faut faire attention à ne pas s’installer dans une routine d’exécution pure. c’est important de rester attentif, de se poser des questions, de réfléchir à ce qu’on fait, pourquoi on le fait, et comment on pourrait le faire autrement. même quand ça vient d’un très gros client.

la place du designer graphique, aujourd’hui et encore plus demain, ce ne sont pas juste de suivre des consignes, c’est aussi de penser, d’interpréter, de proposer, de défendre sa vision. et ça, je pense que c’est une posture à garder, peu importe le projet.

c’est pourquoi je trouve que le studio dans lequel je travaille on trouvé le juste milieu: avoir une base safe avec ce gros client afin de pouvoir se permettre des libertés ailleurs!

Créer sous contrainte : la charte graphique limite-t-elle la liberté du graphiste ?

Cela fait un mois que je suis en stage, et je n’ai pas vu le temps passer. J’ai réussi à mieux m’intégrer, et je travaille désormais sur plus de projets, de types différents. Certains m’ont offert une plus grande marge de manœuvre que d’autres. C’est comme ça que j’ai commencé à me poser des questions.


C’est une interrogation qu’on retrouve souvent dans le monde du graphisme. Je me la suis posée en réalisant une affiche pour un événement récurrent, comme la Fête de la musique. Ça m’a amenée à réfléchir à la place du graphiste dans un cadre déjà bien défini : celui de la charte graphique. Et à me demander jusqu’où elle limite la créativité.


C’est normal, évidemment, de devoir respecter la charte graphique d’une entreprise ou d’une association. Mais alors, comment innover ? Jusqu’où va la liberté du graphiste ? On pourrait faire le parallèle avec les marques de luxe, qui ont des identités visuelles très codifiées – presque figées – et où l’on pourrait croire que ça freine la créativité.


Lors de la création de l’affiche pour la Fête de la musique, j’ai dû composer avec deux chartes graphiques en même temps : celle de La CLEF, et celle spécialement développée pour les 40 ans de l’association. Il y avait déjà beaucoup d’éléments imposés : une typographie précise, une gamme de couleurs, des logos. Tous ces éléments font partie de l’identité de l’association, de sa reconnaissance. Mais dans ce contexte, comment faire preuve d’innovation tout en restant identifiable ? Et surtout : est-ce que le graphiste arrive encore à s’amuser dans ce cadre-là ?


Parce que pour moi, la créativité est liée à une forme de plaisir et d’épanouissement. Et quand tout est déjà fixé, je me demande si ça ne devient pas un peu répétitif, voire lassant à la longue. D’autant plus que le graphiste n’est pas toujours décisionnaire. Il y a souvent plusieurs interlocuteurs, parfois non graphistes, qui ne comprennent pas toujours pourquoi on fait tel choix. Il y a aussi une certaine peur de sortir du cadre, une volonté de rester dans la continuité, de ne pas trop s’éloigner de ce qui a déjà été fait.


Du coup, on ne se retrouve pas vraiment dans un processus de création libre, mais plutôt dans une logique d’adaptation : comment reprendre les éléments déjà existants et les transformer un peu pour faire quelque chose de nouveau… sans trop en faire. Ça devient une sorte de « remaniement graphique » plus qu’une création à part entière.


Et puis dans le cas de La CLEF, où un seul graphiste doit répondre à beaucoup de demandes provenant de plusieurs services, il y a aussi un enjeu d’efficacité.

Réutiliser ou adapter des visuels pour des événements qui reviennent chaque année, c’est un vrai gain de temps. Et ça permet aussi de se concentrer sur les projets qui demandent plus de création, plus de réflexion ou d’attention. C’est un équilibre à trouver entre création, contraintes visuelles et organisation du temps.

Photoshop est mon ami…

Début du stage, 8h30, je fais la connaissance du bâtiment. Il s’agit d’une entreprise d’imagerie médicale spécialisée dans la vente de matériel médical destiné aux hôpitaux, gynécologues et radiologues principalement.
setup de qualité
Je rencontre mon tuteur qui me présente le bureau où je travaillerais. Tout est fait pour que je me sente à l’aise, un setup de travail avec deux ordinateurs, ma signature de mail, etc. 
Il me présente ensuite l’équipe qui se trouve dans mon bureau : l’équipe marketing, avec des cheffes de produits et donc, un graphiste (mon tuteur). J’y retrouve une bonne ambiance de travail qui me donne envie de vite commencer.

Il m’explique d’abord le fonctionnement de l’organisation des fichiers, où sont rangés les dossiers, comment les partager, comment ça fonctionne et ensuite, me présente les projets en cours et ce qu’il va me donner à faire. 

Ainsi commence ma première semaine où je fais principalement des petites tâches, comme des retouches sur des catalogues pour présenter les produits. Je fais souvent du va-et-vient entre les commentaires déposés sur le fichier pdf par les cheffes produits et les fichiers des catalogues, ce qui me ralentit dans les projets effectués à côté. Car oui, en une journée, on est sur de nombreux projets en même temps, ce qui rend le temps précieux. Il n’y a pas de brief précis, et cela se ressent.
catalogue où j’ai retouché quelques éléments
On me demande ensuite de faire du détourage et du photomontage de produits (mockup) sur Photoshop, ce qui n’est pas vraiment mon point fort… En effet, je me dépêche souvent sur la partie détourage de par mon manque de patience, mais ici je n'avais pas le choix et mon tuteur m’a donc appris de nouveaux outils de détourage que je n’utilisais pas avant, ce qui m’a énormément aidé. 
1er mockup d’une étiquette sur un gel d’échographie
2ème mockup
dernier mockup

Au début mes détourages étaient grossiers et imparfaits, mais je commence maintenant à voir une amélioration dans les détails, ce qui demande pas mal de patience et de temps mais à la fin c’est vraiment gratifiant.

J’ai beaucoup appris au niveau minutie et détails du travail sur ce point-là.

Malgré ses riches apprentissages techniques et raccourcis que m’apprend tous les jours mon tuteur, je laissais de plus en plus l’aspect créatif de mon travail et me demandais si j’allais pouvoir faire un projet qui me demande plus de création. 

C'est alors que mon tuteur me propose de faire la partie print d’une assise de sage-femmes où l’entreprise allait se rendre. La mission : faire un bulletin de vote pour un tirage au sort, une fiche de coordonnées et une affiche. Je commence ainsi à faire les recherches de références, de typographies qui feraient sens avec le projet, mais on me fait vite comprendre qu’il n’y a pas de temps à perdre et que doit juste reprendre ce qui avait été fait dans la précédente assise et de changer les logos. 

essai d’affiches (j’ai vraiment pas eu le temps :()
N’ayant plus de temps, je me contrains à suivre cette démarche, mais je présente quand même une affiche différente et plus abstraite que celle qui avait été faite, avec laquelle je ne suis pas vraiment satisfaite de par mon manque de réflexion sur la partie graphique.

l’affiche de l’année passée / l’affiche finale de cette année 🙁

Elle est ensuite écartée et je pars sur une affiche différente et rapide à réaliser.

Je commence de plus en plus à ressentir ce rythme pressant qui me pousse à accélérer mon processus de réflexion, et je comprends alors pourquoi mon tuteur recherchait une autre personne avec qui partager ses projets.

Malgré cela, on m’a récemment lancé sur un projet pour réaliser les visuels des dépliants promotionnels print des produits pour 2026 (il y en a une tous les ans) et la deadline est d’ici juillet, alors je compte vraiment présenter un travail réfléchi sur lequel j’aurais le temps de fixer mes idées graphiques.

Veille Graphique – que faire quand il n’y a rien à faire ?

Cette première semaine de stage a été un peu déroutante.
Bien accueillie chez World+, j’ai vite réalisé que c’était une période plutôt calme pour l’entreprise. Les prochaines commandes ne sont prévues que pour le mois prochain, d’où l’absence de mon tuteur actuellement en vacances.



World+ est une agence de scénographie basée à Paris, fondée par Vincent Olivieri. Ils fournissent des services de conception et de réalisation pour des plateaux de production, en façonnant des objets, des éléments de décors et des univers pour donner une ambiance authentique à chaque production. En tant que graphiste, je pourrai être assignée à créer des contenus pour les différentes entreprises de Vincent Olivieri (4 à mon existence), à la fois catalogues, présentations, photos, contenus pour les réseaux sociaux, et parfois assister sur les shootings en créant des petits détails graphiques. Bien que les scénographes n’ont généralement pas besoin de recourir à un graphiste pour leurs productions,
on peut parfois leur proposer des idées ou venir en aide à l’installation des décors.

nouveau site de World+


A travers ce stage, je souhaite appliquer le graphisme dans le monde professionnel, mais également observer la direction artistique sur le terrain.


La grotte de l’équipe

Dès mon arrivée lundi matin, j’ai été accueilli par une équipe détendue, contente de ne pas être débordée.

On m’a prévenu qu’il n’y aurait pas beaucoup de travail pour le moment. L’équipe profite donc de cette période calme pour finaliser le nouveau site web et développer l’identité d’une nouvelle entité de l’entreprise nommée OMEGA STUDIOS, des futurs studios photos en locations pour les professionnels.

J’ai contribué au développement des deux premières versions du logo en collaboration avec Maël, directeur de l’image chez World+ et mon tuteur.


V2 par Maël & Lorraine,
utilisation du symbole Omega pour former le G

J’attends désormais les retours de Vincent Olivieri ainsi que le retour de Maël, parti en vacances mardi soir.

Mails envoyés à des set designers


En outre, j’ai également assisté l’équipe dans la prise de photos des locaux pour le site web, et j’ai moi-même reproduit des gabarits de mise en page ou envoyé des mails à d’anciens clients pour archiver des photos pour le nouveau site web.

En réalité, arriver pendant une période calme peut permettre de s’intégrer en douceur, mais en tant que stagiaire désireuse de créer, d’apprendre et de comprendre, je me suis rapidement sentie frustrée de ne pas avoir été assignée à davantage de tâches créatives.

discussion avec Sara <3


Je partage les bureaux avec une stagiaire espagnole, Sara, qui m’a fait part
de son expérience depuis son arrivée en janvier.
Elle m’a expliqué qu’elle avait mis du temps à proposer ses idées, bien que Vincent Olivieri ait finalement beaucoup apprécié son style graphique et lui ait désormais accordé sa confiance pour réaliser un catalogue pour l’entreprise. Elle a commencé à se sentir plus à l’aise seulement depuis 2 semaines,
et j’aimerais que ce processus soit plus rapide pour moi.

Ainsi, depuis mercredi, je propose des contenus de mon initiative,
comme le design de merchandising ou des montages pour les réseaux sociaux.

World+ distribue des t-shirts à ses équipes et ses collaborateurs pour diffuser la marque
compte Instagram


Cela a été bien accueilli, car Juan, le community manager, m’a proposé de l’assister pour créer du contenu pour les différents réseaux sociaux pendant toute la durée de mon stage. Tournage, montage, voilà ce qui m’attend désormais. Et j’ai hâte de commencer.



Cette première semaine a donc été une intégration en douceur dans l’équipe et une affirmation de mes volontés de produire.

C’est pas du gateau !

Mardi, j’arrive à l’agence pour le début de mon stage à Cake design Agency !

L’agence n’est pas très grande, elle est composée tout d’abord du directeur de création et créateur de Cake design, Thibaut, il supervise tous nos travaux. Nous sommes 8 créatifs, il y a aussi un commercial et une comptable. On travaille dans des pièces séparées côte à côte, je suis installée aux côtés de Camille, Julia et Anselme. Dans l’autre pièce où sont installés le reste des créatifs se trouve Jessica, ma tutrice, Vincent, Hélène et Tess.

Je découvre comment fonctionne l’agence et bien sûr son serveur de travail ! le travail se fait directement sur les fichiers source, aucune copie sur le bureau de notre ordinateur n’est faite. Il est d’ailleurs très bien rangé et c’est vraiment très pratique et beaucoup plus rapide pour travailler à plusieurs sur les projets.

Serveur de l’agence

Le premier projet auquel j’ai pu participer a été pour les Domaines de Chabran, des gîtes hauts de gamme. Julia qui travaille sur ce projet m’a chargé de refaire les manuels d’utilisation pour 3 gîtes après un retour client où ils ont décidé de changer complètement tous les textes (ce qui fait recommencer toute la mise en page qu’elle avait pu faire). J’ai donc 3 livrets utilisables sur tablette à réaliser en respectant la charte graphique de chaque gîte (couleurs et typographies associées), dont deux livrets à réaliser en français et en anglais, ce qui fait en tout plus de 80 pages.

Je récupère alors les fichiers de Julia et là encore tout est très bien rangé : les langues par calques, les styles de caractères, etc. Cela m’a permis de gagner énormément de temps et de ne pas entièrement repartir de zéro.

Seul point négatif : ils n’utilisent pas de ligne de base, j’ai donc du tout paramétrer, re-régler les interlignages et caler tous mes textes dessus.

Réalisation du premier manuel d’utilisation pour le Mas de Chabran, version anglaise

En un peu moins de deux jours, j’ai réussi à tout finir et j’envoie à Julia pour qu’elle envoie au client.

Mercredi, Vincent, un autre créatif vient me briefer sur un projet de réalisation d’emballages de chocolats pour les restaurants de la Maison Boudon.

Il m’explique qu’ils ont déjà proposé 5 versions rapides au client et que je devais proposer des nouveaux axes pour les re-proposer au client en suivant ses retours face aux premières propositions. Je réalise beaucoup de tests pour épuiser toutes les possibilités.

Fichier de travail sur Illustrator

Suite à ces tests, après des retours de Vincent et Thibaut, on conclue sur 5 propositions que je viens mettre en page dans un dossier pour le client en présentant les emballages dépliés et sur des mockups. Le dossier a été envoyé le vendredi midi.

Mockup pour ma cinquième proposition
Page du troisième axe du dossier envoyé au client, Maison Boudon

Comme vous avez pu le constater, on vient se focaliser sur une seule partie du projet, on ne réalise pas l’entièreté du projet et tout le monde vient y participer.

La temporalité d’une partie du projet est d’ailleurs très courte, tout se passe très vite, durant un jour ou deux on vient se concentrer uniquement sur la création et seulement sur ça, rechercher le plus possible pour épuiser toutes les possibilités de création.

C’est quelque chose que j’apprécie particulièrement car cela permet d’arriver assez rapidement à des résultats concluants, mais c’est aussi quelque chose qui ne permet pas d’avoir un temps de réflexion très grand et on arrive très vite à s’épuiser dans les propositions qu’on peut faire, mais en retournant aux références j’ai très vite réussi à ne pas tomber dans l’ennui et dans le manque d’idées. C’est d’ailleurs pour être efficace et rapide que l’agence est surement aussi bien organisée, notamment dans ses fichiers, elle conserve aussi un lien très fort avec le client tout au long du projet pour correspondre parfaitement à sa demande et à ses attentes quitte à demander de recommencer une partie du projet.

« Yassmine, t’as quelque chose à me montrer ? »

Laissez-moi vous parler des horreurs de Slack ! Mon cœur se serre chaque fois que j’entends le son de la notification de Slack, ses 4 bips consécutifs qui sont plus adaptés pour indiquer un message en cours de rédaction qu’un message envoyé. J’aimerais pouvoir éviter de l’ouvrir (et j’ai parfois oublié de le faire), mais les jours de télétravail, c’est mon principal moyen de communication avec l’équipe, ce qui tend à être malheureusement nécessaire. 

Alors, revenons à la façon dont tout cela a commencé ! Il y a deux semaines, mardi matin, j’arrive tôt au LAB’O d’Orléans et j’attends ma tutrice. Immédiatement, elle me donne les clés du bureau. C’est rafraîchissant d’être traité comme un.e adulte pour une fois !

Alors, pourquoi suis-je au LAB’O ? Qu’est-ce que c’est en premier lieu ? 

Le LAB’O est un espace dédié aux startups en pleine croissance aménagé avec des tables de ping-pong au niveau de la RDC. Dessia y a un bureau pour l’équipe de communication (et Xavier, un développeur front-end qui cherche un stagiaire pour l’été). Il n’y a que moi (stagiaire graphiste), Stéphanie (Responsable UI/UX et DA non-officiel), Arianna (chargée de com en alternance) et Xavier. Nous sommes en télétravail les mardis et vendredis, mais j’ai toujours accès au bureau, donc je chéris les jours où je l’ai pour moi tout.e seul.e, surtout que je peux alors emprunter le bureau d’Arianna. Sinon, je dois m’asseoir à un bureau vide qui n’a ni écran, ni support pour ordinateur portable, ni casque, alors d’une certaine manière, je redoute les jours où tout le monde est là, car j’ai moins d’outils à ma disposition. Mais Stéphanie vient de commander un écran et un clavier pour moi.

Croquis numérique de son bureau. Il est indiqué avec des flèches que Xavier est à sa gauche tandis que Stéphanie et Arianna sont en face, derrière les séparation de la cubicule. Sur son bureau il y a un écran (en attente), un mug de thé, un clavier, une souris, et un pc portable.

Tous les jeudi, nous nous rendons au bureau principal à Antony où travaillent les PDGs, les développeurs et le reste (environ 18 personnes). (Ah oui, il fallait mentionner que Dessia est une startup qui développe une plateforme de robot basée sur une IA pour automatiser les tâches des ingénieurs.)

L’ambiance au bureau d’Antony semble un peu moins sérieuse, et la pause déjeuner est certainement plus amusante et au moins prise en même temps ; la dernière fois, c’était avec Arianna et deux développeurs, dont un étudiant espagnol qui fait son stage de PFE chez Dessia. Au LAB’O, tout le monde semble prendre sa pause déjeuner à des heures différentes (déjà on n’est que trois si Xavier est là) ce qui fait qu’on ne passe pas du temps ensemble en dehors de nos cubicules.

Stéphanie et Arianna sont toutes les deux très sérieuses dans leur travail, alors je suis toujours surprise quand Stéphanie critique ouvertement les PDGs et révèle ouvertement que le logiciel est très en retard en ce qui concerne le développement et que, bien qu’elle soit censée être la conceptrice de l’interface utilisateur, elle a été accaparée par la refonte du logo, la gestion des réseaux sociaux et du marketing, et pratiquement toutes les tâches de communication et de conception graphique qui ne concernent pas l’interface utilisateur du produit lui-même. Elle m’a clairement fait comprendre que je suis là pour reprendre tous ces rôles, même si elle ne lâche que très lentement les rênes. 

Le premier jour, elle m’a demandé de noter une liste des tâches que je devais accomplir pendant le stage (et elles sont également notées dans AirTable): 

  • Habillage des vidéos pour les interviews
  • Signature vidéos : logo animé, visuels de fin
  • Habillage des locaux d’Antony
  • Le livret d’accueil 
  • Contenu visuel pour LinkedIn

Pour l’instant, la tâche de l’habillage reste incroyablement vague. Cependant, j’ai suggéré une agence de design spécialisée dans l’habillage des bureaux (une agence à laquelle j’avais postulé pour un stage mais qui ne m’a pas répondu, héhé) et Stéphanie a pris contact avec eux ; ils devraient donc visiter le bureau ce jeudi, ce qui sera intéressant.

Au moins deux fois par jour, elle me demandera si j’ai quelque chose à lui montrer. Le premier jour, je travaillais sur plusieurs propositions de story-board pour l’animation de leur logo, et alors que j’étais encore en train de les élaborer, elle a validé l’un d’entre eux et s’attendait à ce que je me mette au travail sur l’animation. En trois jours, le PDG avait validé l’animation de l’outro du logo, et elle m’a suggéré d’utiliser l’autre story-board pour une deuxième version plus longue (qui semble devenir la base de tout une vidéo explainer qu’elle aimerait faire). J’ai développé deux itérations alternatives pour celle-ci, mais comme je travaillais sur les deux en même temps, Stéphanie a fini par valider la première alors que la seconde était encore en développement, ce qui fait que l’animation la plus faible a été approuvée. Cet environnement très axé sur les résultats rend difficile la créativité, et je serai souvent en pleine exploration des possibilités de création lorsque ma première proposition sera validée. 

L’un des plus gros problèmes est bien sûr l’absence d’une charte graphique pour Dessia. Un problème encore plus important est le fait que Stéphanie a une idée claire de la charte, mais seulement dans sa tête (elle a commencé à travailler sur les deux premières pages). Par conséquent, je me retrouve à travailler dans le cadre de directives invisibles.

Le problème sous-jacent est bien sûr que Dessia n’a pas d’identité claire et définie (Stéphanie a admis que c’était également un problème lors de son renouvellement du logo). Mes instructions sont tout simplement “ corporate ” et “ B2B ”.Tout ce que je peux faire est d’affiner et de perfectionner mes animations, ce que j’apprécie quand même. J’ai également créé quelques Motion Graphic Templates qui peuvent être importés dans Premiere, ce qui était une journée amusante d’essais et d’erreurs et de tutoriels YouTube (les objets nuls sont vos amis, croyez-moi).

Croquis qui utilise le format du meme " Learning to be Spiderman " dans lequel Stéphanie prend la place du Spiderman adulte tandis que Yassmine prend la place du jeune Spiderman. Entre les deux, il y a une bulle de pensée qui contient l'icône Dessia.
Parfois, nous sommes exactement sur la même longueur d’onde !

Mes intéractions avec Stéphanie m’ont définitivement fait remettre en question le rôle d’un directeur artistique et le considérer avec plus d’empathie, car il peut être difficile de céder le contrôle d’un projet et de confier son bébé à quelqu’un d’autre. Elle semble toutefois être très satisfaite des résultats, donc tout semble bien se passer, même si je dois admettre que je m’ennuie souvent.

Croquis de Yassmine sur le point de s'endormir à 14h. Iel a les cheveux rasés et porte une chemise. Le dessin est caricatural et est dessiné à partir de la taille.

À 14h, malgré une bonne nuit de repos, je suis frappé.e par une telle vague de fatigue qu’il est vraiment difficile de continuer à travailler. Cela m’a fait particulièrement apprécier l’aspect social de la formation, où même en travaillant je pouvais toujours avoir des échanges avec mes camarades de classe. Je donne probablement l’impression que l’environnement est beaucoup plus strict qu’il ne l’est en réalité, mais la pression exercée pour obtenir des résultats en permanence fausse mon point de vue.

La créativité dans une entreprise de sac

Mon rôle principal durant ce stage est de concevoir des designs pour les différents types de sacs (Coton, Jute, Polyester…).

Au début, je pensais que « concevoir » un design signifier de le réaliser de A à Z. Une idée effrayante mais un défi à relever avant tout. Évidemment, réaliser un design pour un client n’est pas chose facile. Il y a toute sorte de chose à respecter, ou juste le résultat dépendra des goûts du client. Cependant, je me fourvoyais sur les méthodes de conception. En effet, il n’ait pas question pour une entreprise de perdre son temps à demander à ses designers de produire des designs spécifiques. Une chose que j’ai vite apprise c’est qu’on n’a pas le temps, «the time is money» comme on dit. L’efficacité est donc une chose essentielle pour pouvoir répondre à TOUTES les commandes.

En constatant tout cela, je ne peux m’empêcher d’être déçu. Je m’attendais à faire un stage ou ma créativité et mon imagination seraient mon principal outil de travail, mais non…je me trompais encore. Plus les jours passent, et plus j’ai l’impression de ressembler à un automate qui effectue ces tâches jours après jours. Pour vous donner une image plus amusante, je dirais que je ressemble à Charlie Chaplin dans le film Les temps modernes de 1936, cependant, au lieu de perds la tête à force de serrer des boulons, je la perds à force de fixer mon ordinateur. Malgré cela, rassurez-vous. Je n’effectue pas tous les jours la même chose et heureusement ! Durant une journée, je m’occupe d’environ 3 à 5 dossiers différents. Ainsi, je passe ma journée à faire : des designs pour de nouvelles commandes, de l’animation pour l’annonce de la sortie d’un nouveau sac, du photomontage … Je n’ai pas le temps de m’ennuyer et pourtant… Je me surprends à rêvasser ou tout simplement à ne rien penser et je constate dans ces moments que j’effectue bêtement les tâches qui me sont demandées. Il n’y a aucune saveur dans ce que je fais car il n’y a aucune de liberté créative. Il s’agit plus de créativité assistée. Pour que vous compreniez mieux pourquoi j’emploie ce terme, je vais vous expliquer le processus de création d’un design en 9 étapes :

1-Le client nous transmet sa demande. Il nous explique quel format et type de sac il souhaite. Puis, soit il nous donne un thème large (ex: les saisons, fêtes annuelles …) soit s’il s’agit d’un client pour une licence (=Universal, Warner, Astérix…), et nous donne accès à leurs différentes chartes et nous dit dans lesquels nous devons piocher les designs.

2-Recherches des designs (sur Shutterstock ou dans les sites officiels des licences).

3-Après avoir sélectionné certains designs, on réadapte les couleurs en fonction du type de sac sur lequel le design sera imprimé. Pour chaque type de sac il y a une limite de couleurs à respecter : 4 couleurs max pour un sac en coton, 3 couleurs max pour un sac jute…

4-On adapte les designs modifiés sur des maquettes 3D des sacs.

5-Présentation des 3D au client.

6-Confirmation part le clients.

7-Création des fichiers HD (= Fichier Ai qui est constitué du gabarit du sac) pour les envoyer à l’usine pour les impressions.

8-Réception des échantillons et vérification. Si besoin le design est modifié pour que le résultat soit parfait.

9-Si les échantillons sont validés ont lance la production pour un minimum de 3 000 exemplaires.

Comme vous avez pu le constater nous ne faisons que récupérer des designs réaliser par d’autres et nous ne faisons que les réadapter selon notre besoin le plus rapidement que possible. Voilà pourquoi je parle de créativité assistée car concrètement nous ne créons rien, nous ne faisons qu’assembler des choses entre elles et c’est d’un ennui des plus extrême. Néanmoins, même si je trouve que mon stage devient de plus en plus lassant, il me permet de mieux maîtriser les logiciels, à m’organiser correctement et à gérer des responsabilités. Finalement, si je devais noter une chose que m’a permis de comprendre ce stage, c’est qu’à l’avenir je ne souhaite pas faire un travail qui soit uniquement numérique. En effet, je constate que le travail manuel comme la sérigraphie, la reliure ou le dessin me manque énormément. Ce constat me pousse donc à réfléchir davantage sur la suite de mon parcours après le DN MADE.

Une semaine palpitante de mon stage perturbée par le weekend, quel dommage…