C’est autour de cette question que je me suis concentrée, car les dynamiques de genre sont profondément ancrées dans le contexte professionnel coréen — et elles sont presque indissociables de la position de ma tutrice et de son métier.
mes graphiques sont très binaire homme / femme, mais ils sont le reflet de la société coréenne qui demeure très divisée dans ces questions de genre
En effet, il faut savoir qu’en Corée du Sud, dans le domaine du design graphique :



Ce climat rend difficile, voire décourageant, le fait de se lancer seule et d’ouvrir son propre studio.
Majoritairement implicites, ces rapports de force peuvent se manifester lors de business meetings, (ma tutrice en a eu plusieurs avec un studio de design d’intérieur avec qui elle collabore sur un projet de branding), où les dynamiques de pouvoir s’installent dès le premier rendez-vous.
C’est comme une sorte de match silencieux, reposant sur:

Ces micro-signaux construisent des rapports intéressants à observer mais moins agréables quand les rôles sont « déséquilibrés » :

Dans ces cas-là, le défi est réel.
L’âge étant un marqueur de domination important en Corée du Sud, il faut déployer une véritable énergie pour ne pas se faire invisibiliser et rester crédible. À cela s’ajoute une forme de hiérarchie implicite entre métiers créatifs, où le design graphique est souvent vu comme “moins sérieux” ou “moins technique” que d’autres domaines :


Je me suis donc rendue compte que même dans des contextes collaboratifs, ces rapports implicites restent présents et influencent profondément la manière dont la collaboration se déroule.
Face à tout ça, plusieurs questions se posent, de façon très concrète:
Comment préserver son intégrité professionnelle dans un système où l’écoute est conditionnée par le statut, l’âge ou le genre ?
Quelles stratégies adopter pour se faire respecter tout en poursuivant la collaboration ?
et le fameux dilemme:

Si l’on choisit le premier choix, il s’agit alors de faire des concessions, de réevaluer notre rapport au projet. Il s’agit finalement de la jouer stratégique à notre tour :
À quel point s’investir?
À quel point pousser ses limites ?
Comment rester fidèle à soi-même tout en répondant aux attentes du métier de designer graphique ?
On peut, bien sûr, adopter une posture plus passive, flatter les ego, adapter son niveau d’investissement. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’exister pleinement dans le projet.
Il s’agit de malgré tout affirmer sa position. Rester ferme sur ses propositions créatives. Ne pas avoir peur de déjouer ces rapports de domination, même si le système coréen fait tout pour les installer.
Il s’agit donc, ni plus ni moins,
de se faire entendre !!!