Depuis quelques semaines en stage chez HWT d.o.o, une agence de communication, j’ai été surpris par l’aspect fluide et polyvalent de mon rôle. Sur le papier, je suis là pour du design graphique. Mais très vite, en proposant de nouvelles idées et directions, il est devenu évident que mon travail allait s’étendre à bien d’autres domaines. Ce glissement s’est fait assez naturellement, en fonction des besoins du moment et de ce que je pouvais proposer.
L’entreprise développe une plateforme nommée Platform21, qui propose des formations européennes destinées aux enseignants. J’ai d’abord commencé à créer des visuels pour promouvoir ces formations, en m’appuyant sur mes compétences de graphiste. Mais j’ai aussi pris l’initiative d’y ajouter du motion design, en animant certains contenus. Cela a enrichi les supports produits tout en ouvrant de nouvelles portes à mon rôle de stagiaire au sein de l’entreprise.
Au fil du temps mes missions se sont diversifiées au fur et à mesure que je mobilise mes connaissances et capacités. J’ai notamment eu l’occasion de réaliser des montages vidéo ou encore plus récemment de photographier les participants lors des sessions de formation, Ces tâches m’ont permis de participer à la fois à la communication visuelle et à la documentation des projets. Elles m’ont aussi permis de voir de plus près les personnes concernées par ces formations et de mieux comprendre ce que fait l’entreprise au quotidien.
Ce qui rend cette expérience particulière, c’est que je n’ai pas de tâches répétitives ce qui me convient. Mes journées ne se ressemblent pas, et c’est très agréable, enfin, pour l’instant. J’apprécie cette diversité, ce mouvement constant d’une activité à une autre. Cela me donne l’impression de rester actif, sans tomber dans une forme de répétition.
Mais cette mobilité soulève aussi des questions. Est-ce que cette absence de routine est durable à long terme ? Est-ce que l’on peut s’installer professionnellement dans un poste aussi ouvert ? Pour le moment, cette polyvalence me stimule, mais elle me pousse aussi à réfléchir à l’équilibre entre stabilité et variété dans un futur environnement professionnel.
cela fait déjà un mois que mon stage a commencé, mais étrangement j’ai l’impression que cela fait beaucoup plus longtemps que je fais partie de l’équipe.
pendant ce mois, j’ai découvert de nombreux aspects du métier de designer graphique auxquels je n’avais pas pensé avant. j’ai la chance d’être vraiment poussée au cœur du processus créatif : je suis traitée comme une designer graphique à part entière et non comme une simple stagiaire. lorsque nous répondons à un brief client, ma proposition fait partie de celle que l’on envoie, ce qui renforce ma confiance et m’oblige à donner le meilleur de moi-même. c’est valorisant, mais aussi un peu stressant par moments.
cette confiance qu’on a en moi me permet de vraiment me rendre compte des conditions et problématiques liées au métier. aujourd’hui, j’ai décidé de me pencher sur une question à laquelle je suis confrontée depuis mes débuts dans le dnmade et à laquelle je pense ne jamais trouver de réponse définitive : où s’arrête, où commence la créativité dans le design graphique face aux contraintes commerciales du domaine ? est-ce qu’on peut être vraiment libre tout en répondant à une commande ? est-ce que l’un empêche l’autre ?
avant, j’avais un avis beaucoup plus tranché sur le commercial, la publicité dans le design graphique. je pensais que faire de la pub, c’était simplement ne pas être créatif. je pense que j’étais très naïve et je n’avais pas vraiment compris la réalité du terrain. en fait, ce que je comprends maintenant, c’est qu’il y a différents degrés de liberté selon les projets, les clients, les contextes. tout n’est pas tout blanc ou tout noir.
bien sûr, en tant que designer graphique, on a envie de participer à des projets excitants et créatifs. mais il y a aussi la réalité qui est l’industrie dans laquelle nous évoluons. parfois, il faut juste être efficace, clair, et ne pas chercher à réinventer la roue à chaque fois. et c’est ok aussi.
au final, je trouve que le studio dans lequel je travaille a trouvé un très bon juste milieu :
il y a d’une part les clients classiques, qui viennent du domaine culturel, les clients souhaitant des identités visuelles, etc., et d’autre part un gros client régulier, ce fameux géant de l’électronique chinois.
les travaux pour ce client sont réguliers, et consistent en différentes tâches principalement tournées vers la gamme « IA » et « gaming » de la marque. ça peut aller de visuels générés par IA pour des campagnes, à la création de fonds d’écran, de newsletters, ou de simples éléments à intégrer dans l’UI des sites. mon maître de stage a des appels réguliers avec eux pour fixer les deadlines, les demandes, les feedbacks… j’étais plutôt surprise d’apprendre qu’ils travaillaient pour cette marque, car la dualité entre leur projet de studio et les projets pour cette marque est flagrante. mais au final, cela fait sens. avoir ces travaux réguliers avec cette marque, c’est pouvoir se permettre de réaliser des projets pour des structures plus petites, mais aussi pouvoir réaliser des projets perso du studio lui-même! ( actuellement, nous travaillons sur un projet créatif sans commanditaires, c’est un simple projet perso venant du studio afin de promouvoir la culture taiwanaise. je trouve ça tellement cool de faire ce genre de projets spontanés!!!!!!!)
schéma de répartition des projets au sein du studio
j’ai eu l’occasion de réaliser des icônes pour alimenter le design system de la marque. l’idée était simple : créer des icônes pour la gamme IA, qui pourraient ensuite être utilisées sur différents supports de com. j’ai donc eu accès à la charte graphique et aux règles du design system. je me suis rendue compte du nombre de contraintes énormes imposées pour de simples icônes. au final, ces contraintes m’ont beaucoup facilité la tâche, et je n’ai pas eu de mal à les produire. c’est un peu paradoxal, mais plus c’est cadré, plus c’est simple parfois. au final, on me donne peu de tâches lié à cette marque.
icônes que j’ai réalisé pour la marqueextrait des règles du design système de la marque
l’avantage avec les marques gigantesques comme celle-ci, c’est que contrairement aux petits clients, leur brief est très clair, très précis, je trouve. mais c’est là que vient le hic. avec ces briefs hyper cadrés, ne devenons-nous pas de simples exécutants ? en fait, je pense que dans ce cas précis, oui. on ne fait pas vraiment partie de leur équipe créative. on applique, on exécute. j’ai un peu l’impression qu’ils font appel au studio juste pour produire des choses dans les cases, selon un système déjà bien verrouillé. après, je dis ça, mais je ne vois qu’une toute petite partie du projet. comme c’est une très grosse marque, il y a pas mal de confidentialité, donc difficile de savoir tout ce qui se joue derrière.
j’en ai discuté avec mon collègue dan, qui m’a dit qu’au début, il ne savait même pas qu’il aurait ces tâches à faire en parallèle des projets du studio. j’ai trouvé ça un peu étonnant. il m’a dit qu’il passait beaucoup de temps dessus, et qu’il était plus lent dans ce rôle d’exécutant que quand il bossait sur un projet créatif. il m’a aussi montré le groupchat réservé à cette marque, où toute la com passe, et on voit bien que c’est un système à part dans le studio, presque une mini-entreprise dans l’entreprise.
discussion avec mon collègue
en fait, je pense qu’il a raison. ces travaux ne sont pas inintéressants. il est important de rester ouvert et curieux face à chaque type de projet, car il y a toujours des choses à apprendre. parfois, il est bon de ne pas trop réfléchir et simplement faire. c’est en se posant trop de questions qu’au final, on n’avance pas.
mais je pense aussi qu’il faut faire attention à ne pas s’installer dans une routine d’exécution pure. c’est important de rester attentif, de se poser des questions, de réfléchir à ce qu’on fait, pourquoi on le fait, et comment on pourrait le faire autrement. même quand ça vient d’un très gros client.
la place du designer graphique, aujourd’hui et encore plus demain, ce ne sont pas juste de suivre des consignes, c’est aussi de penser, d’interpréter, de proposer, de défendre sa vision. et ça, je pense que c’est une posture à garder, peu importe le projet.
c’est pourquoi je trouve que le studio dans lequel je travaille on trouvé le juste milieu: avoir une base safe avec ce gros client afin de pouvoir se permettre des libertés ailleurs!
C’est autour de cette question que je me suis concentrée, car les dynamiques de genre sont profondément ancrées dans le contexte professionnel coréen — et elles sont presque indissociables de la position de ma tutrice et de son métier.
mes graphiques sont très binaire homme / femme, mais ils sont le reflet de la société coréenne qui demeure très divisée dans ces questions de genre
En effet, il faut savoir qu’en Corée du Sud, dans le domaine du design graphique :
étudiant·es professeur·esdirecteur·ices
Ce climat rend difficile, voire décourageant, le fait de se lancer seule et d’ouvrir son propre studio.
Majoritairement implicites, ces rapports de force peuvent se manifester lors de business meetings, (ma tutrice en a eu plusieurs avec un studio de design d’intérieur avec qui elle collabore sur un projet de branding), où les dynamiques de pouvoir s’installent dès le premier rendez-vous.
C’est comme une sorte de match silencieux, reposant sur:
Ces micro-signaux construisent des rapports intéressants à observer mais moins agréables quand les rôles sont « déséquilibrés » :
Dans ces cas-là, le défi est réel.
L’âge étant un marqueur de domination important en Corée du Sud, il faut déployer une véritable énergie pour ne pas se faire invisibiliser et rester crédible. À cela s’ajoute une forme de hiérarchie implicite entre métiers créatifs, où le design graphique est souvent vu comme “moins sérieux” ou “moins technique” que d’autres domaines :
hiérarchie supposéehiérarchie réelle
Je me suis donc rendue compte que même dans des contextes collaboratifs, ces rapports implicites restent présents et influencent profondément la manière dont la collaboration se déroule.
Face à tout ça, plusieurs questions se posent, de façon très concrète:
Comment préserver son intégrité professionnelle dans un système où l’écoute est conditionnée par le statut, l’âge ou le genre ?
Quelles stratégies adopter pour se faire respecter tout en poursuivant la collaboration ?
et le fameux dilemme:
Si l’on choisit le premier choix, il s’agit alors de faire des concessions, de réevaluer notre rapport au projet. Il s’agit finalement de la jouer stratégique à notre tour :
À quel point s’investir?
À quel point pousser ses limites ?
Comment rester fidèle à soi-même tout en répondant aux attentes du métier de designer graphique ?
On peut, bien sûr, adopter une posture plus passive, flatter les ego, adapter son niveau d’investissement. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’exister pleinement dans le projet.
Il s’agit de malgré tout affirmer sa position. Rester ferme sur ses propositions créatives. Ne pas avoir peur de déjouer ces rapports de domination, même si le système coréen fait tout pour les installer.
Maintenant que je me suis habitée à cette zone de travail de « l’urgence », j’ai pu davantage me questionner sur les différents facteurs qui provoquaient cette urgence constante pour les graphistes.
1/Tout passe par le graphisme
Bon, c’est vrai que ce titre paraît bête à dire comme ça. Mais We Love Green, ça représente les pôles Développement durable, Food, Communication, Partenaire… et quasiment tout ce que représente le travail de chacun des pôles, doit être communiqué, posté, imprimé, diffusé. Maintenant que je le dis, c’est vraiment évident. En fait, je m’en suis rendue compte à partir du moment où l’on [les personnes des différents pôles] venait nous voir pour nous annoncer l’arrivée d’un nouveau post, d’une signalétique, d’une affiche, ou alors de modifications etc. Ces derniers jours, j’ai reconnu le rôle du graphiste comme étant un des plus gros piliers d’un festival ou d’un événement quelconque. D’ailleurs, je me demande justement, si le graphiste ne serait pas assez reconnu par rapport à ce qu’il devrait l’être ?
Dans une agence de graphisme, où les employés graphistes est quasiment au même niveau les uns des autres, il y a en quelque sorte un point d’égalité entre tous. Mais pour une organisation aussi phénoménale qu’un festival… je me demande si le graphiste ne devient même pas un peu maître du bon déroulement du festival. Sans lui, pas de posts, pas d’affiches, pas de promotions. Il ne faut, bien sûr, pas mettre de côté les autres pôles gérant l’organisation et le développement du festival, cependant j’ai réellement ce ressenti qu’un festival ne tient qu’à un fil dont le graphiste à la (très grosse) responsabilité.
Trello des tâches à faire pour le pôle communication
Mais les choses que l’ont produit, ne sont que des tâches rangées dans un tableau. Tâches décidées et planifiées par les supérieurs, les divers pôles… jusque’à parfois vouloir aller un peu trop dans la quantité (mais avec toujours autant de qualité).
2/(Trop) viser la quantité
Êtes-vous pour un festival qui poste sur les réseaux sociaux des contenus intéressants, informatifs et diversifiés, mais 4-5 fois dans la semaine ? Ou alors plus pour un festival qui poste 6 fois par jour, mais qui se répète, qui vise des statistiques de likes, de vues et la régularité intense pour attirer encore et encore de potentiels intéressés ?
Question assez récente que je me suis posée lorsque j’ai remarqué la répétition de certains posts qui n’apportaient que peu d’intérêt pour le festival. Au début de mon stage, je voyais la quantité des contenus postés censée et réfléchie. Mais, plus on avance vers le festival, plus on enchaîne la création de posts pour viser toujours plus de likes… sans grand succès. Pourquoi ? Parce que d’un côté, il y a ceux qui veulent produire beaucoup en pensant faire monter les statistiques. Et de l’autre, ceux qui sont d’avis que cela rajoute du travail pour un contenu final qui n’apportera en réalité pas grand chose, et parfois même juste de la répétition inutile. De ce fait, je n’arrivais plus vraiment à me faire mon propre avis sur la raison du travail de l’urgence du graphiste…..Est-ce à cause de l’ampleur du festival ? Ou alors à cause des quantités de contenus qu’on nous demande de produire sans cesse pour le soir même ? Aucune de ces pistes ne répond à cette problématique de l’urgence. En réalité, je suis d’avis qu’il s’agit plutôt d’un principe d’effectif et surtout de l’appréhension de chacun des pôles.
3/Comprendre les besoins du graphiste
Je trouve que c’est davantage un point social que je souligne ici, mais il m’a frappé lors de ces derniers jours. D’une part, nous ne sommes que 3 graphistes (des fois 4 si Clément, un autre motion designer, est appelé en renfort pour une courte durée). Je me suis rendue compte bien assez tard que cela était trop peu. Mais pourquoi est-ce que je m’en suis rendue compte aussi tard ? Parce que le rythme ne cesse de s’accélérer et la présence de 3 graphistes est bien trop faible par rapport à l’ampleur de productions que demande un tel festival (et surtout en voyant l’échéance se rapprocher de plus en plus). Je peux désormais dire que ce n’est pas la quantité des tâches à faire le réel problème… c’est l’effectif de l’équipe graphisme. Et pourquoi ne pas avoir, ne serait-ce, qu’un graphiste fixe en plus ? L’argent. Payer moins pour produire en même quantité. Problématique qui se comprend d’un côté pour un festival qui gère une multitude de personnes derrière, d’équipements, et qui cherche un chiffre d’affaire conséquent… Mais faut-il uniquement se restreindre à la question d’un salaire en plus ou en moins, plutôt que de privilégier un travail peut-être très conséquent, mais mieux réparti ?
Diagramme représentant le ratio/la répartition entre les pôles
En plus de cela, j’irai même jusque’à dire « mieux comprendre le graphiste ». Le fait de travailler avec divers pôles complètement écartés du graphisme, il devient plus compliqué de faire comprendre nos besoins, le temps de travail nécessaire, et d’autres principe graphiques techniques … Vocabulaire que les non initiés du festival ont du mal à assimiler. Cette mauvaise appréhension du graphiste est entièrement normale car c’est l’organisation d’un festival qui nécessite pleins de postes, de rôles divergents. Cependant, certains peuvent croire que « ça se fait en 5min » ou encore que « l’on n’est pas assez rapide ». Mais est-ce qu’il s’agit juste d’un manque de communication ? D’un manque de compréhension ? D’une ignorance involontaire du travail du graphiste ? Je dirai que c’est un peu de tout.
Les graphistes, nous travaillons dans l’urgence constante pour satisfaire des objectifs de statistiques, des demandes imprévues, pour gérer les « priorités » de tout le monde. Travailler dans l’urgence à cause d’un manque d’effectif, du manque de communication et/ou de compréhension… pour mener à un festival ambitieux et exigeant.
Cela fait un mois que je suis en stage, et je n’ai pas vu le temps passer. J’ai réussi à mieux m’intégrer, et je travaille désormais sur plus de projets, de types différents. Certains m’ont offert une plus grande marge de manœuvre que d’autres. C’est comme ça que j’ai commencé à me poser des questions.
C’est une interrogation qu’on retrouve souvent dans le monde du graphisme. Je me la suis posée en réalisant une affiche pour un événement récurrent, comme la Fête de la musique. Ça m’a amenée à réfléchir à la place du graphiste dans un cadre déjà bien défini : celui de la charte graphique. Et à me demander jusqu’où elle limite la créativité.
C’est normal, évidemment, de devoir respecter la charte graphique d’une entreprise ou d’une association. Mais alors, comment innover ? Jusqu’où va la liberté du graphiste ? On pourrait faire le parallèle avec les marques de luxe, qui ont des identités visuelles très codifiées – presque figées – et où l’on pourrait croire que ça freine la créativité.
Lors de la création de l’affiche pour la Fête de la musique, j’ai dû composer avec deux chartes graphiques en même temps : celle de La CLEF, et celle spécialement développée pour les 40 ans de l’association. Il y avait déjà beaucoup d’éléments imposés : une typographie précise, une gamme de couleurs, des logos. Tous ces éléments font partie de l’identité de l’association, de sa reconnaissance. Mais dans ce contexte, comment faire preuve d’innovation tout en restant identifiable ? Et surtout : est-ce que le graphiste arrive encore à s’amuser dans ce cadre-là ?
Parce que pour moi, la créativité est liée à une forme de plaisir et d’épanouissement. Et quand tout est déjà fixé, je me demande si ça ne devient pas un peu répétitif, voire lassant à la longue. D’autant plus que le graphiste n’est pas toujours décisionnaire. Il y a souvent plusieurs interlocuteurs, parfois non graphistes, qui ne comprennent pas toujours pourquoi on fait tel choix. Il y a aussi une certaine peur de sortir du cadre, une volonté de rester dans la continuité, de ne pas trop s’éloigner de ce qui a déjà été fait.
Du coup, on ne se retrouve pas vraiment dans un processus de création libre, mais plutôt dans une logique d’adaptation : comment reprendre les éléments déjà existants et les transformer un peu pour faire quelque chose de nouveau… sans trop en faire. Ça devient une sorte de « remaniement graphique » plus qu’une création à part entière.
Et puis dans le cas de La CLEF, où un seul graphiste doit répondre à beaucoup de demandes provenant de plusieurs services, il y a aussi un enjeu d’efficacité.
Réutiliser ou adapter des visuels pour des événements qui reviennent chaque année, c’est un vrai gain de temps. Et ça permet aussi de se concentrer sur les projets qui demandent plus de création, plus de réflexion ou d’attention. C’est un équilibre à trouver entre création, contraintes visuelles et organisation du temps.
Au début de mon stage, je m’étais questionné sur le rapport entre le temps de production et la créativité. J’avais l’impression que je n’arrivais pas à réaliser des projets graphiques qui me plaisaient vraiment, ou qui ne se restreignaient pas graphiquement et créativement.
Aujourd'hui, ce point de vue a évolué, notamment suite à la réalisation d’un kakémono qui m’a permis de voir les choses autrement.
En effet, je devais réaliser un kakemono que m’avait demandé une cheffe produit qui allait se rendre à un congrès. Elle me fait pour cela un petit brief sur ce qu’elle veut ou non en me précisant bien que le dernier visuel (fait par mon tuteur en plus) n’était pas à son goût et que je devais produire quelque chose de “moderne” et que l’ancien n’allait pas du tout. J’avais “carte blanche” (selon ses mots) avec quand même une typographie imposée, des dispositions de texte bien précises, etc.
Kakémono précédent
Après ma v1, s’en sont suivi des va-et-vient de modifications de sa part et de celle de mon tuteur sur la typographie, les visuels, la disposition des éléments, je me sentais moins maître de mon fichier…
Kakémono v1
Kakémono final
Quand j’essayais d’exprimer mon avis défendu, il n’était pas pris en compte. Finalement le kakémono ressemblait à celui d’avant…
Il y a eu aussi de nombreux mails afin qu’il soit validé par le patron de l’entreprise, qui n’a, au final, pas voulu du kakemono car il ne correspondait pas à sa vision pour le congrès. En effet, la cheffe produit m’avait lancé dans la réalisation d’un projet qui n’avait pas été validé…
J’ai donc à ce moment-là compris que mon travail était passé d’un point à un autre et que ce que je produisais n’était simplement plus mon travail mais celui de ceux qui m'entouraient, me conseillant ce que je devais faire. Ce que je produis doit non seulement plaire à l’employé qui me le demande, mais aussi à ceux qui reçoivent le mail et au patron de l’entreprise.
Ainsi, le fait de communiquer étroitement avec “le client” qui est ici, le patron (même s’il ne prend connaissance du projet qu’à la fin pour la validation), déformait mon travail pour convenir au goût de chacun.
Mon expérience
Mon sentiment est que les employés ne comprennent pas vraiment le métier de designer graphique et que pour eux on a souvent un statut d’exécutant qui, même si l’on peut émettre notre point de vue grâce à nos connaissances et notre culture, ne sera que rarement pris en compte. D’un côté il est vrai que l’important est de plaire au client, qu’il soit satisfait, mais si à la fin du projet le designer graphique n’a pas réussi à être écouté et à être maître de son travail, c’est forcément frustrant.
Au final, je me rends compte que mes créations sont limitées, pas seulement à cause du temps qu’on me donne pour les faire, mais surtout à cause du contexte dans lequel je travaille. Le manque de communication, le fait que le métier de designer graphique est mal compris, et l’influence de ceux qui m’entourent finissent par freiner mon processus créatif.
J’ai aussi le sentiment que l’entreprise n’est pas vraiment familiarisée à des visuels nouveaux ou différents. Les équipes ont pris l’habitude de voir et de valider un seul type de graphisme, sûrement parce qu’il a toujours “fonctionné”. Et comme ça va plus vite à valider, personne ne prend vraiment le risque de valider autre chose.
Il y a une vraie peur du changement. Tout ce qui sort un peu du cadre habituel est vite perçu comme compliqué, parce qu’on sait que ça va prendre plus de temps à faire valider, qu’il faudra plus d’échanges, plus de retours. Et ce temps, on ne l’a pas toujours.
Mais justement, c’est sur ce point que j’ai envie de faire changer les choses ou au moins exposer plus mon point de vue: on m’a demandé d’apporter quelque chose de neuf, de plus moderne, de nouveau pour les visuels des promos imprimés et c’est ce que je vais essayer de proposer…
Début de proposition pour le dépliant de promotion de l’année 2026
Ma première période de stage a touché à sa fin le vendredi 30 juin. Un mois et demi s’est déjà écoulé… Cette belle ville, son équipe de foot (l’OM fidèle adversaire au PSG), ses côtes splendides et son soleil à foison vont grandement me manquer. Mais passer mes journées à apprendre avec Meloman Production encore plus !
PUIS
R comme Roubaix ou comme Rapminute.
BONJOUR LE NORD
Voilà le début de ma seconde partie de stage, qui se passe à l’espace de Coworking « Plaine Images » au sein de l’équipe du média emblématique RAPMINUTE. La transition de Marseille à Roubaix fut très rude, mais en terme de travail, cela est en parfaite continuité.
Présentation de Rapminute par Plaine Images
Cela fait moins d’une semaine que j’ai rejoins l’équipe de Rapminute, mais j’ai déjà réalisé de nombreuses choses dont certaines déjà postées sur leurs réseaux sociaux.
« Un avis sur Beyah », pour Rapminute
Lorsque je suis venu à Roubaix et que j’ai intégré le média Rapminute, je pensais travailler essentiellement le graphisme et ne toucher à rien d’autre. Par ailleurs, dès mon premier jour, j’ai pu travailler le montage et la post-production car ils avaient déjà quatre stagiaires qui partent ce vendredi qui travaillé sur la part essentiellement graphique du média.
Une dynamique de groupe étant déjà en place, j’ai rejoint le train et je me suis mise au montage de la vidéo énoncée précédemment.
MAIS
Dès mon arrivée chez Rapminute, et durant tout mon stage chez Meloman production, j’ai remarqué que chacun était spécialisé dans un domaine mais qu’il devait savoir maitriser tous ceux qui s’y relient de prêt où de loin. Surtout lorsque l’on travaille dans le monde de la communication et de l’audiovisuel. Ainsi, la plus grande partie des personnes m’entourant étaient pluridisciplinaire.
MELOMAN PRODUCTION était producteur en audiovisuel, photographe, vidéaste, monteur et gérait également toute la partie post production.
RAPMINUTE, c’est essentiellement Élias qui gère toute la partie graphique que ce soit montage, graphisme, animation et 3D. Et Tristan, qui gère toute la part administrative et financière de l’entreprise mais qui a beaucoup de compétences sur les logiciels que nous utilisons, lui permettant ainsi de répondre par des termes spécifiques à nos questions sur divers domaines.
Lors de mon premier stage, j’avais pu découvrir en profondeur le monde de l’audiovisuel et voir mes compétences en montage. Ces dernières se sont approfondies au fil des jours et je me suis grandement améliorée surtout grâce à un Vlog sur la publicité pour D&P que Meloman m’a donné à monter. Une continuité de cet apprentissage au montage, c’est réalisé dès mon entrée chez Rapminute. En effet, on m’a directement demandé de monter des vidéos et de gérer toute la partie textuelle, graphique ainsi que les animations de plusieurs vidéos.
Aujourd’hui, je me considère chanceuse d’avoir pu accéder à ces deux stages qui sont d’une part nourrissant et qui ne reste jamais sur les mêmes champs de compétences. En effet, je change de logiciel au moins deux à trois fois par journée, ce qui me permet de ne pas me lasser, d’exploiter toute ma créativité et de pouvoir créer à foison. Pour le moment, je ne peux pas en dire davantage car la fin de mon premier stage s’est déroulée assez rapidement avec le Vlog qui était un travail très conséquent donc je n’ai fait quasiment que ça. Puis mon stage chez Rapminute venant de débuter, il me faut un peu de temps avant d’explorer d’autres notions du monde professionnel.
Rebonjour. On est à la moitié du stage… Alors si on papotait un peu de ce que j’ai fais ces dernières semaines ?
Le projet sur lequel j’ai le plus appris depuis le début de mon stage, il est pour un client un peu particulier : Sharing eux-mêmes ! Plus précisément, c’est pour le groupe PH7 auquel l’agence appartient. On m’a nommée leader de la communication pour un événement organisé par le groupe : Catch Me If You Can, un rendez-vous pour mieux comprendre la génération Z. L’événement aura lieu le 24 juin à Paris, avec des tables rondes, des ateliers et un cocktail. L’idée c’est de montrer que PH7 s’intéresse vraiment aux enjeux de cette génération qui redéfinit le rapport au travail, à la consommation et à la société.
Ce qui m’a frappée, c’est à quel point le positionnement de la marque est au cœur de tout. L’événement ne s’adresse pas directement à la Gen Z, mais il doit montrer que PH7 comprend ses codes, qu’il est capable de parler son langage et donc de s’y adapter. Toute la réflexion que j’ai menée sur la communication de l’événement tournait autour de ça : comment faire sentir que PH7 est polyvalent et moderne (sans tomber dans le cliché) ?
Là j’ai expérimenter le “travailler l’image d’une marque”. Par exemple, pour présenter les intervenants en un post, on aurait pu faire quelque chose de classique, mais ça n’aurait pas collé à l’univers de l’event. Alors, l’idée est venue d’un format plus ludique : des cartes Pokémon personnalisées, adaptées à la charte graphique de PH7. C’était une façon de parler à un public aux références pop culture et tout en respectant l’univers du groupe ( à travers les couleurs et des motifs ). Et surtout, ça permettait de se démarquer clairement des autres communications d’agences.
Cartes Pokémon pour l’event « Catch me if you can » de ph7.Cartes Pokémon pour l’event « Catch me if you can » de ph7.
J’ai aussi réaliser des Reels. J’ai pris le lead : j’ai imaginé les concepts, ramené les personnes à interviewer, réalisé le tournage, monté les vidéos, et réaliser les animations. Ça m’a permis de progresser techniquement (surtout en montage), mais aussi de mieux comprendre comment un contenu peut servir un message. Par exemple, dans le premier Reel que j’ai réalisé, je comparait les réactions d’une personne de la Gen Z et d’une personne plus âgée à des mots liés au travail, comme “intelligence artificielle”. L’objectif était de montrer avec humour, les différences de perception entre générations et comment cet écarts peut influencer la manière de communiquer.
Extrait du réel « LA GEN Z VS LE MONDE » et visuel clef de l’event
Évidemment j’ai eu besoin de retours, et heureusement Olivia était là. Elle m’a aidée à mieux doser le rythme, à éviter les longueurs, à ne pas trop m’éparpiller. Grâce à ses remarques, j’ai appris à être plus claire dans mes intentions, à toujours garder en tête le fil conducteur. Ce projet m’a permis de vraiment réfléchir en termes de stratégie de com’, pas juste de création visuelle.
Il fallait à la fois séduire, informer et intriguer, tout en restant fidèle à l’univers PH7 => chaque mot et choix graphique est une prise de position.
Ce que je retiens de cette expérience, c’est aussi la confiance qu’on m’a donnée. On m’a laissé proposer, tester (beaucoup d’impovisation), rater, ajuster (je deviens minutieuse !!)… Et en même temps, j’étais toujours accompagnée. C’était un bon équilibre entre l’autonomie et le soutien.
Lorsque j’ai commencé mon stage chez Saïdath, j’étais prête à m’adapter à un univers que j’imaginais intense, voire stressant. Je m’étais préparée à affronter la pression des délais, la rigueur d’un univers créatif en lien avec des marques de luxe, et une certaine distance professionnelle. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est à trouver un cadre de travail profondément bienveillant et pourtant, aussi exigeant.
L’étonnement est venu de là : comment un tel équilibre est-il possible ? Comment concilier attention portée à l’humain et niveau d’exigence élevé ?
Dès les premiers jours, j’ai été frappée par la manière dont Saïdath encadre le travail : de façon précise, impliquée, mais toujours avec douceur. Elle prend le temps d’expliquer, reformule si nécessaire, valorise les idées, et surtout : ne dramatise pas l’erreur. Le mot « apprendre » revient souvent dans ses phrases, au même titre que « expérimenter ».
Mon cerveau qui tabasse un préjugé
Pourtant, derrière cette souplesse apparente, le rythme de travail est soutenu. Les projets s’enchaînent, les objectifs sont clairs, les délais respectés, les productions rigoureuses, il y a tellement de choses dont j’aimerai vous parler ici mais malheureusement ce n’est pas encore sorti donc il faudra attendre un peu. Ce que je peux dire en revanche c’est que je travaille sur la Paris Design Week et je m’occupe avec Saïdath de toute la partie recherche, DA et c’est à la fois dingue et en même temps je ressens une certaine exigence qui est attendu dans mon travail.
« J’ai envie de faire quelque chose de grand »
Saïdath
En temps normal je pars souvent dans tous les sens niveau projet j’ai beaucoup d’idée mais pas les moyens pour les réaliser. Sauf que là j’ai le problème inverse je peux proposer ce que je veux mais je me limite dans mes propositions par peur de manquer de moyen, alors que c’est possible ! C’est un peu marrant.
Moi totalement pas à ma place chez Maison & Objet
Cela m’a obligée à reconsidérer l’image que j’avais d’un environnement professionnel « sérieux ». Je croyais que l’exigence devait forcément se manifester par la dureté, la distance, voire une certaine forme de pression comme je peux le voir quand elle est en réunion chez l’Oréal. Sauf que ici, l’exigence est présente, mais elle est intégrée à une démarche pédagogique et collaborative. Elle n’écrase pas, elle élève.
Et cela change beaucoup de choses. Parce que je me sens en confiance, je m’autorise à proposer, à tester, à poser des questions. Je n’ai pas peur de ne pas savoir.
Schéma de ce qu’il se passe pendant un projet
Et paradoxalement, c’est peut-être dans ce cadre détendu que je me sens le plus investie. La bienveillance ne dilue pas la rigueur : elle crée les conditions pour que je sois plus autonome, plus concentrée, plus créative. Elle m’encourage à prendre des initiatives, mais m’offre aussi le droit à l’imperfection.
Cette approche m’interroge sur ma propre vision du travail : est-ce que j’ai intégré malgré moi l’idée que performance et souffrance doivent aller de pair ? Que pour être crédible, il faut forcément se surpasser au risque de se brûler ? Ce stage me montre qu’il existe d’autres modèles, plus équilibrés, plus respectueux. Et qu’ils ne sont pas moins efficaces.
En somme, mon étonnement ne vient pas tant de la bienveillance en elle-même, mais de sa coexistence avec une exigence réelle. Le monde du travail peut être un espace d’exigence sans être un lieu de tension. Et c’est peut-être cette nuance-là que je retiendrai le plus.
Quand j’ai commencé mon stage, je m’attendais à bosser sur des projets client, avec des briefs, des contraintes, des chartes. Et c’est bien ce que j’ai trouvé. Mais ce qui m’a un peu surprise, c’est de découvrir que mon tuteur, à côté de tout ça, mène aussi une pratique artistique personnelle très présente. Il crée énormément, certaines œuvres sont faites pour être exposées, voire vendues. Et surtout : dès qu’il a un moment où il n’a pas de commande en cours, il se remet sur ses projets perso, sans vraiment prendre de pause. Il passe sans arrêt de l’un à l’autre.
J’avais toujours eu l’impression que artiste et graphiste était deux rôles assez opposés. L’artiste, c’est celui qui s’exprime librement, qui n’a pas de compte à rendre. Le graphiste, c’est celui qui travaille pour un client, qui doit répondre à une demande, transmettre un message. Mais là, je voyais les deux coexister. Pas dans deux personnes différentes, mais dans une même pratique. Ce n’est pas qu’il changeait de casquette, c’est que son regard restait le même que ce soit pour un motion pour une agence ou pour une série de tableaux.
Ça m’a un peu bousculée. Est-ce que l’un nourrit l’autre ? Est-ce qu’il faut tracer une frontière nette, ou est-ce que ça peut se mélanger sans problème ? Est-ce que moi aussi, je peux développer une pratique artistique à côté, sans que ça brouille les choses ?
Petit à petit, en discutant avec lui, j’ai compris que ces deux aspects de son travail ne sont pas en opposition. Ils s’enrichissent mutuellement. Il m’a expliqué que certains projets perso influencent sa manière de composer ou d’animer pour des clients. Et inversement, certaines contraintes rencontrées en commande peuvent nourrir de nouvelles idées dans ses œuvres. Ce n’est pas une double vie, c’est un aller-retour constant entre deux façons de créer.
Ce que j’ai trouvé fort aussi, c’est ce besoin presque vital de continuer à faire. Même quand il pourrait souffler un peu, il se remet à dessiner, à expérimenter. Pas parce qu’il le faut, mais parce qu’il en a envie. Parce que c’est comme ça qu’il avance.
Du coup, ça m’a vraiment fait réfléchir. Moi aussi j’aime créer en dehors des projets « officiels ». J’aime tester des trucs, bidouiller des formes, faire des images juste parce que j’ai une idée. Et avant, je voyais ça comme un à-côté, presque inutile. Maintenant, je me dis que ça fait peut-être partie du métier. Que ce n’est pas forcément à cacher ou à mettre de côté. Au contraire.
Je crois que cette note d’étonnement m’a surtout permis de revoir ma définition du graphiste. Ce n’est pas juste quelqu’un qui exécute des commandes. Ça peut être quelqu’un qui garde un espace à lui, qui explore, qui cherche, même en dehors du cadre client. Et finalement, ça donne plus de richesse à ce qu’on propose.