Le « mode survie »

Comme le titre l’annonce, mon troisième mois de stage fut un peu plus compliqué que les deux précédents. La fin de saison de notre centre événementiel approche, et le travail afflue à cause des personnes partant en vacances. Je me retrouve donc avec beaucoup de travaux peu intéressants, alors j’essaie de demander à ma responsable des projets graphique et elle m’assure que j’en aurais.

Finalement, j’ai dû réaliser toute la partie exécutive et répétitive de mon équipe. J’ai rapidement compris que pour ma cheffe de projet, déléguer était d’une difficulté encore plus grande quand il s’agissait de travaux graphiques.  Après de longues journées, j’ai pu recommencer mon travail de création d’identité pour un cinéma lié à notre société. J’avais déjà fait une proposition qui avait été validée, je l’ai donc déclinée et améliorée.

Problème;  lorsque je suis allé voir ma responsable pour lui montrer mes avancées, son avis avait énormément changé, et elle m’a clairement demandé de tout recommencer.

Après cette déception, à chaque fois que j’avançais une nouvelle proposition, j’étais contredis. Le fait que je sois un étudiant en design graphique n’était pas du tout pris en compte, et ma responsable, se pensant directrice artistique, cherchait à tout prix à me contredire lorsque je proposais un changement visuel, car il ne correspondait jamais à ces goûts très personnels. Il n’y a donc toujours pas d’identité visuelle clairement définie pour l’entreprise, ni de charte graphique (que je m’étais proposé de faire). En bref, tout manque de sens. 

Après avoir compris que j’allais faire un travail ennuyant le reste du mois, ma motivation a fortement baissé. Le fait d’être vu comme un stagiaire qui exécute les tâches pénibles, la rivalité très spéciale et enfantine que ma responsable a créé avec moi et les propositions graphiques n’ayant aucun sens ont rendu mes journées de plus en plus longues.

C’est à partir de ce moment que  je suis passé en mode survie. La bonne ambiance qui régnait avant a totalement disparue, et je peux physiquement sentir la tension ambiante lorsque je parle de travail graphique.

Je m’isole donc, je fais ce qu’on me demande de faire et j’écoute le plus de podcast Arte disponible.

Alexia, ma collègue, m’explique qu’au travail  il faut s’adapter aux gens même s’ils sont très peu compétents/professionnels. Encore plus si cette personne est votre cheffe de projet.

Il reste néanmoins quelques points positifs, j’ai pu travailler sur certains projets avec Alexia qui me donnait de bons retours et conseils. Étant chargée de la communication via les réseaux sociaux j’ai pu instaurer avec elle une vague identité visuelle pour le compte instagram. Je pense également  avoir trouvé une rigueur et avoir forgé mon mental durant ce dernier mois, tant se lever chaque matin était compliqué. Ce qui ne te tue pas te rends plus fort aha.

Durant ces trois mois, je n’ai pas appris grand chose graphiquement parlant, j’ai peut être même régressé vu tout ce travail visuellement peu agréable, mais j’ai beaucoup appris socialement et mentalement. 

Globalement, je suis content d’avoir fait ce stage, et fier d’avoir réussi à le finir. En tant que première expérience professionnelle, elle ne peut qu’être enrichissante.

L’envers du décor, du décor

Mon agence n’étant pas une où les clients viennent demander des services d’un graphiste, mais bien d’un scénographe, mon rôle peut être parfois remis en cause en tant que créatif. Ayant déjà mentionné dans mes précédentes notes d’étonnement : c’est un domaine assez loin du design graphique. Mon rôle dans l’agence étant très polyvalent, voir qui ne touche plus réellement World+ avec des missions parfois dédiées à l’autre entreprise affiliée.

Pendant ces deux dernières semaines de stage, j’ai été sur un projet de shooting de produits mis en location par l’entreprise Global Supply, je suis en charge de traiter les images prise par une freelance (qui était encore stagiaire avec moi trois semaines avant). La mise en scène d’objets paraît anodine, mais c’est un exercice plutôt minutieux, qu’on pourrait apparenter à de la nature morte qu’on voit souvent dans les shooting de mode. Chaque pli est important, pour montrer le meilleur du produit, pour donner envie de le louer. 

planches-contact de prises de vues non retouchées

Dans cette mission, j’ai pu à la fois travailler des images, mais également pu aider à mettre en place les lumières, l’installation et les objets pour les packshots.

Mise-en-scène d’un harnais par un système de fils

J’ai également pu avoir des opportunités hors graphismes qui m’ont permis d’identifier les rôles présents sur un lieu de tournage. Malgré quelques fonctions qui restent floues pour moi, s’expliquant par la grandeur des équipes qui laissent une certaine distance entre chacun, surtout pour moi qui reste une simple assistante. 

J’ai été intégrée à l’équipe de set design pour un tournage pour la promotion d’un parfum Jean-Paul Gaultier. Où j’ai pu composer ce petit set de mes propres mains dans le terreau. 

Composition dans un cadre + Tournage de séquences du parfum

Mes compétences en graphisme étant loin d’être essentielles lors de mes missions d’assistante, j’en viens rapidement à faire d’autres choses, comme mettre en place cette construction.

Construction d’une assise en fleur, chaque pétale est détachable

J’ai pu réaliser la liberté autour de la dénomination de graphiste et de cette possibilité de ne pas se limiter à avoir seulement une seule fonction. J’ai pu discuter avec d’autres personnes pendant la pause du midi, dont un graphiste qui me disait qu’il faisait également d’autres missions hors graphisme, à la fois pour mieux gagner sa vie, mais surtout par plaisir de toucher à d’autres supports de communication.

En assistant à d’autres projets de set design, j’ai pu voir l’envers du décor, du décor. En étant présente sur des lieux de tournage, ma vision sur les décors dans des publicités ou au cinéma deviennent à mes yeux à la fois plus banals, mais aussi plus impressionnant par l’identification plus spontanée de tout le travail mit sur les constructions. Leur rôle étant de créer, de façon à plonger dans le concept de l’image ou vidéo finale. Généralement dans le but d’en mettre plein la vue. Cependant, tout est beaucoup plus accessible que ce que je ne pensais au départ.

Durant ces trois mois de stage, j’ai pu expérimenter de nombreuses choses, de près ou de loin au graphisme. J’ai eu de nombreuses opportunités en participant à des projets de grande ampleur auquel je n’aurais jamais imaginé avoir à 18 ans. Cela m’a également confronté au monde effréné de la mode.

Temporalité et enseignements

Ça y est, mon stage chez Plastac touche à sa fin et il est temps pour moi de faire le bilan de ces enseignements et de continuer ma réflexion sur le monde professionnel et ses spécificités. En écrivant cela, je me dis que c’est aussi le moment pour résumer tout ce que j’ai fait au studio pendant trois mois et surtout en réalité tout ce que je n’ai pas fait, je m’explique. En effet, une notion complètement différente du travail plus scolaire est rentrée en jeu, LE TEMPS, et oui cela peut paraitre anecdotique, mais 3 mois, c’est long et la fois tellement court, notamment dans les domaines de la signalétique et les nombreux acteurs de ces projets (clients, architectes, scénographe, éclairagiste…) J’en suis rapidement arrivé à une conclusion plutôt frustrante “aucun projet sur lequel j’ai travaillé n’a vu le jour.

Alors oui, c’est vrai, la période n’est pas idéale et pourtant, c’est à ce moment-là que les projets avance le plus pour se lancer, en septembre, octobre et novembre, mais avant d’arriver, je pensais prendre en cours de route des projets et voir leur lancement avant l’été, mais non.

Pour rendre un peu plus concret ce que je raconte, une petite frise chronologique pourrait aider parce que oui, la temporalité est particulière en studio, d’autant plus lorsque que l’on travaille avec beaucoup de collaborateurs. Voici plus ou moins les projets sur lesquelles j’ai travaillé pendant 3 mois avec des lancements en septembre au plus tôt sinon jusqu’au 1 semestre 2025 pour le plus tard (très décourageant) :/

Jalons de projets jusqu’en 2025…

D’autre part, je l’ai déjà évoqué dans ma précédente note, mais le métier de designer graphique, plus particulièrement en signalétique, est vraiment trop souvent relégué au second plan et devient presque minoritaire dans le projet de manière général.

Fanny dit “les architectes sont des designers graphiques frustrés” et elle n’a pas tort pour reprendre un des projet sur lequel j’ai le plus travaillé, la réhabilitation de la friche Mellinet à Nantes, j’ai passé environ deux semaines à m’occuper de la signalétique, directionnelle et récapitulatifs étages pour que les architectes remettent en cause toute la partie graphique du lieu (tache qui ne leur est pas attribué). L’idée était de faire du réemploi dans cette friche à partir de carreau coloré extrait sur place puis sérigraphié et d’imaginé aussi un lieu vivant, coloré à l’image de ses utilisateurs, des associations de danse, musique, arts visuels…

Ses retours en arrière et “conflits” avec les architectes sont compliqué à gérer lorsque que l’on fait de la cocréation et interroge la vision qu’ont les gens du design graphique et de la signalétique, du point de vue des architectes la signalétique se résume à du Spassky et une flèche en bout de ligne. De manière plus générale, ce projet a bien montré la difficulté de cocréer en signalétique et l’enjeu de défendre son graphisme face à des personnes qui ne viennent pas du milieu.

Bon, je vais tout de même finir par des bonnes notes. En effet, c’est ce qu’il y a prédominé tout le stage, j’ai énormément appris auprès d’Adrien, Fanny et Romain dans des domaines dans lesquels, j’avais des aprioris (signalétique, exposition, motion…). J’ai bien rempli mon lexique de mots complexes et petites expressions Plastac et j’ai surtout pris en confiance au fil de stage jusqu’à me retrouver à travailler tout seul sur l’exposition Formula Bula (programme, signalétique, panneaux d’exposition, mockups, chiffrage…) tout ce que je souhaitais du stage, apprendre, découvrir et montrer qu’on peut me faire confiance peu importe la tache !

Apprendre de ses erreurs et de ses déceptions

Bon, c’est bientôt la fin… C’est clair que ça va faire bizarre, j’ai l’impression que c’est juste au moment où je commence à me sentir à l’aise que je dois repartir. Presque comme si j’avais passé trois mois à m’installer, et que c’était déjà la fin, avant même que le vrai stage commence. Je maîtrise enfin mon rôle de game master, j’arrive enfin à m’adapter aux groupes qui raisonnent de manière incompréhensible…

C’est souvent les groupes qui réussissent le mieux au début qui finissent bloqués sur les énigmes les plus simples

Enfin, je parle de maîtriser mes tâches, mais j’avoue, je fais encore parfois des erreurs. Même des grosses erreurs.

Non, je n’avais pas activé l’aimant en début de partie…

Mais finalement, c’est des erreurs dans ce genre qui sont les plus formatrices. Je peux affirmer que, maintenant, je suis bien plus rigoureuse dans mon travail. Et c’est une difficulté en plus, trouver comment rassurer et guider les clients en direct malgré les erreurs qu’on a fait. Car finalement, le plus important, ce n’est pas l’intégrité du jeu, mis bien l’intégrité de l’expérience joueur. Ce qui compte, c’est que le joueur passe un bon moment en restant dans l’immersion du jeu, sans soupçonner les rouages et mécanismes qui fonctionnent de l’autre côté. Je pense que c’est la seule situation où on me demande de cacher mes erreurs en espérant que personne ne les remarque, plutôt que d’avouer m’être trompée…

Pour ce qui est de la médiation sur les réseaux sociaux, j’ai eu une expérience assez décevante. Des propositions qui n’ont pas été retenues aux commandes fades, je me rends compte maintenant que j’ai pas mal de regrets. J’aurais dû défendre mes idées avec plus de conviction, plutôt que me taire et exécuter bêtement.

Ce que j’ai publié durant mon stage

J’ai eu l’occasion de discuter avec un autre stagiaire pour préparer une campagne Instagram interactive, où les abonnés pourraient voter pour orienter les aventures d’une victime coincée dans un escape game et essayer de s’en sortir. Les décors de la salle étaient parfaits pour filmer, et en quelques heures on a pu se baser dessus et scénariser la trame globale et les différentes branches de l’histoire. Tout ça, pour finalement ne pas réussir à convaincre Olivier (le manager), qui a préféré garder des choses plus classiques, donc des posts normaux à base de slogans sur des images de stock.

C’était une expérience assez désagréable, non seulement parce qu’on a été frustrés qu’Olivier refuse de laisser sa chance à notre idée, mais aussi parce qu’on avait passé beaucoup de temps à la développer. Sur le moment, on s’est senti un peu cons d’avoir élaboré toute une campagne à publier sur plusieurs semaines, avant même d’avoir proposé l’idée à Olivier.

Je savais que travailler pour un client était une tâche difficile, et que trouver le compromis entre intégrité artistique et demande précise du client est toujours complexe. Mais l’ambiance était très amicale, et Olivier avait l’air de nous laisser carte blanche, alors on est instinctivement parti du principe que tout serait validé. On s’est emballés, et finalement ça n’allait pas, il a fallu laisser tomber. Je saurais au moins être plus préparée pour ce genre de situations, à l’avenir.

Conserver une identité cohérente

En vue de cette dernière semaine de stage qui commence, mes questionnements se portent maintenant plus précisément sur les projets en tant que tels.

Ce dernier mois, j’ai surtout pu travailler sur le projet concernant l’Abbaye des Vaux-de-Cernay, un hôtel spa dont l’agence a dû réaliser toute l’identité visuelle et la charte graphique. Cette dernière avait déjà été réalisée avant mon stage et aujourd’hui le projet se porte essentiellement autour de la création des supports de communication.

Un petit aperçu de ce que j’ai pu faire sur l’Abbaye du 14 juin à maintenant

Pour revenir sur mon questionnement, j’ai notamment pu me demander comment on pouvait gérer des projets aussi complexes que ceux-ci, qui peuvent durer depuis déjà plus d’un an.

Plus de 70 supports à décliner en suivant la charte graphique

C’est tout d’abord en travaillant sur 12 menus que j’ai pu prendre conscience des dates fixées qui sont très souvent décalées, tout d’abord à cause des retours client qui demandent des modifications ou bien qui n’envoient pas les contenus pour la réalisation des éléments, ce qui nous bloque complètement. Le client nous demande régulièrement des présentations de l’avancée pour suivre son projet, certaines modifications sont faites à la dernière minute. Cependant, c’est plutôt agréable d’avoir un client aussi réactif, ce qui n’est pas toujours le cas, car cela nous permet de nous adapter plus facilement à sa demande.

Toutes les infos sont placées dans des tableurs qui évoluent à chaque retour

On doit être assez organisé pour n’oublier aucune modification demandée. Il faut très fréquemment qu’on revoie nos plannings qui dépendent des retours du client et très généralement se plier à leurs exigences, notamment lorsqu’ils préfèrent choisir un papier plutôt que celui qu’on propose.

Pour être organisé, on doit aussi collaborer pour optimiser au plus notre temps. C’est sur ce projet où j’ai pu le plus travailler avec les autres graphistes de l’agence, actuellement, nous sommes quatre sur les déclinaisons.

Pour avancer assez rapidement, on se fait beaucoup de retours entre nous, même sur des petits détails, on réalise aussi beaucoup de maquettes pour se rendre compte de l’objet fini, particulièrement pour régler les tailles des différents éléments ou même se rendre compte de la cohérence des supports.

Pour optimiser le temps et créer une cohérence avec l’identité mise en place, j’ai notamment pu créer deux principes de mises en page différents, un pour les boissons et un pour la nourriture, qui se déclinent selon les identités de chacun des restaurants.

C’est aussi en gérant le projet dans son intégralité qui en fait quelque chose de complexe. De la mise en page au choix de papier, d’embossage et de tissus.

De plus, lors de la conception des menus, après les retours du client, la plupart des menus sont finalement passés en attente, la moitié de l’hôtel ouvrira finalement au printemps, et pour l’autre partie le contenu n’a toujours pas été défini et on doit donc attendre les éléments.

En plus d’être organisés entre nous, on doit donc aussi prévoir en amont les menus, mettre en page des éléments pour donner une idée de la réalisation finale au client et ensuite gagner du temps sur l’ajout des vrais contenus. C’est un travail qui prend aussi du temps, mais qui n’est pas urgent et nous permet de travailler dessus lorsque le travail vient à manquer dans d’autres projets, on peut donc passer plus de temps à élaborer des choses plus intéressantes sur ces supports.

Finalement, ce qui m’a le plus marqué, c’est que les clients demandaient des choses beaucoup plus simples que ce que l’on faisait comme propositions, retirant dans la plupart des cas tout l’aspect graphique qu’on avait pu ajouter, pour finalement uniformiser tous les supports et on finit par perdre l’identité qu’on voulait mettre en place pour chaque restaurant, en ne gardant par exemple que deux types de papiers et une seule couleur d’embossage pour tous les menus. C’est toujours un peu frustrant de retirer la moitié de ce qu’on avait pu passer des heures à faire, le projet appartient en premier au client et on n’a pas vraiment notre mot à dire.

C’est un projet qui est donc assez long et complexe par son nombre de supports de communication, et finalement beaucoup moins par sa créativité en tant que telle qui est plutôt limitée par les choix du client.

On arrive déjà à la fin

Il ne me reste plus que deux dernières semaines de mon stage, tout me semble avoir passé très vite. HOH est un bureau assez petit, on n’a que deux clients, les tâches étaient assez répétitives (faire des newsletters, des dossiers très clairs et administratifs…) mais par la bonne ambiance, les sujets des newsletters qui changent en permanence, les rencontre de beaucoup de personnes (clients, associés, membre de l’association…) c’était une expérience très agréable et diverse.

J’ai beaucoup plus travaillé pour AMO, l’association d’architectes et de maîtres d’ouvrages, que pour Kickers. Ainsi, c’est le client que je connais le mieux, et dont les exemples dont je parle ici proviennent. 

Le sujet le plus créatif que l’on m’a donné était une newsletter de la soirée d’été de l’association AMO, qui d’habitude sont très contraints et laissent peu de libertés, celle-ci ce devait d’être un peu plus fun et décontracté, j’ai décliné le logo de l’association en gif.

Le visuel a dû être modifié au dernier moment à cause d’une annulation du lieu

Même si le reste de mon travail de stage n’était pas très créatif, j’avais assez de temps libre pour pratiquer à mon propre chef. Je pense qu’un travail plus créatif m’aurais aussi convenu, voir plus, j’en suis très content et surpris que ce rythme me plaise autant.

Avant/après d’un des dossiers, même si cela reste sobre, je vois une grande différence

J’ai aussi pris en confiance sur la communication, j’ai dû rester en contact, non seulement avec mes maitres de stages, avec des jours de déplacement et de distanciels, et beaucoup d’autres personnes. Je devais constamment faire valider mes travaux, envoyer des informations et répondre à des questions par mails. C’est la première fois que j’étais si actif sur ce medium et je pense que ça reflète une grande partie du monde du travail que je ne connaissais pas.

J’ai au final pas beaucoup appris de technique, qui était une de l’attente, mes maîtres de stage étant designer d’espace principalement, et pas graphique. Ils me donnaient plus de retour sur le résultat que sur les aspects techniques. Surtout dans leurs pratiques d’aujourd’hui, ils n’utilise même plus la suite adobe puisque qu’ils ont besoins de partager des fichiers à des personnes dans l’administratif et préconise donc les formats Office. Je n’ai pas retravaillé sur Office et prenais la responsabilité de les modifier au besoin, étant le seul avec les logiciels Adobe à jours.

Ma petite place dans le bureau étroit va me manquer

Pour conclure, même si je n’ai pas énormément évolué techniquement, ce stage m’a permis de m’ouvrir énormément aux réalités du monde du travail, dans un environnement agréable et intéressant, j’ai appris beaucoup de chose sur l’architecture, le design d’intérieur et bien d’autres mondes dont je n’imaginais pas l’existence.

Roue libre

Pour la fin de ce stage, je dirais qu’elle a été compliquée. Pour chacune de mes propositions, j’essayais de trouver des références, du sens dans mes expérimentations. Mais, suite à de nombreuses propositions de ma part qui n’aboutissait jamais à une validation, mon maitre de stage et moi avons fait un point. Durant celui-ci, il a pu me présenter ses « références » et « m’expliquer » se qu’on allait faire…

Références de mon maitre de stage « Affiches du Festival de vélo vintage d’Anjou, éditions 2023 »

Je lui parlais de graphisme, en utilisant mon vocabulaire « concept, principe graphique, système, identité visuelle, etc. » mais j’ai vite compris qu’on ne parlait pas le même langage. Le projet allait tomber dans un cliché et mes espoirs d’une identité visuelle efficace et attractive avec. Des gros bandeaux pas beaux, Une bonne grosse script OBLIGATOIRE pour le logo de l’événement, etc. Malgré toute mes bonnes intention pour expliquer ma démarche, en m’appuyant sur des livres, des projets de graphisme contemporains, impossible de me faire entendre. Il avait un truc en tête, une composition précise, une image précise, et moi, je deviens un exécutant.

Brouillon de l’affiche souhaité par mon maitre de stage
Ma version (Affiche_V6)

Ce stage m’a bien fait comprendre l’importance du « Sens » dans notre métier, l’importance du concept et de la réflexion. J’ai aussi pu me rendre compte que tout le monde se pense graphiste, « tu devrais changer si », « c’est pas assez gros » . Au final, le meilleur client, c’est celui qui fait confiance au prestataire qu’il emploie, mais comment travailler avec un client qui ne nous impose une vision stricte de son projet ?

Pour ce dernier article, voici mes différentes recherches et propositions dans l’ordre de conception.

Affiche_V1
Affiche_V2
Affiche_V3
Affiche_V4
Affiche_V4
Affiche_V5
Affiche_V6

Une belle expérience… mais bon.

Cette dernière période de stage a été, à certains moments, une déception pour moi. L’organisation n’est pas toujours au rendez-vous et je me suis retrouvé à proposer une série d’affiches pour le programme de l’été en moins d’une semaine. Les informations étaient décousues, au début il s’agissait d’une seule affiche pour un événement précis, puis après cette affiche terminée on m’informe qu’il faut la décliner. Le résultat tient la route mais j’aurais aimé pouvoir mieux me pencher dessus et proposer quelque chose de plus intéressant, surtout que j’ai connu une période relativement creuse en charge de travail juste avant.

Série d’affiches en question
( malgré tout ça reste tout de même cool de voir ses affiches sur une façade )

J’ai également pu finir l’affiche de la Résidence d’artistes qui a nécessité un mois entier de travail pour un résultat qui ne me satisfait pas du tout. 

Affiche finale pour la résidence d’artistes
( mon coeur est noué )

J’avais fait une première version qui était validée, prête à être utilisée mais au dernier moment le titre du projet à changer et j’ai dû revoir la partie supérieure de l’affiche. De plus, la responsable était très indécise au sujet de ce qu’elle souhaitais et s’est permise de retoucher l’affiche, détruisant complètement la typographie du titre. Ce travail a finalement été pour moi une déception, car après un mois je me retrouve avec un résultat gâché par quelqu’un qui n’était pas formé par ce genre de tâches.

Version précédente qui avait été validée.

En dernière déception, ça a été la réflexion autour du public. Au début de mon stage, je trouvais cela intéressant de s’adapter au public visé et de proposer des créations qui leur parleraient mais j’ai finalement découvert l’aspect négatif de cette idée, tournée dans le mauvais sens et m’empêchant de proposer des visuels plus travaillés, plus réfléchis. 

“Les gens ne sont pas sensibles au graphisme donc pas besoin de trop faire d’efforts ou de leur proposer quelque chose de nouveau”, voilà qui résume bien ce qu’on a pu me faire comprendre. Malheureusement si le public n’y est jamais confronté, alors nécessairement il n’y sera jamais sensible. Cette idée est rabaissante et triste d’une certaine façon, enfermant les gens dans une culture artistique et visuelle pauvre.

Malgré tout, je tire principalement du bon de ce stage et des réflexions quant au métier de graphiste et de designer. Quel impact avons-nous ? Sommes-nous contraints par le public ou pouvons-nous initier ce même public à travers de la nouveauté ? Ce premier pas dans le domaine professionnel reste toute fois une expérience très riche dont je tire énormément de positif, je sens mon regard et mes exigences plus clairs et plus affirmés.

Déléguer, c’est bien

Tout comme au début de mon stage, cette deuxième partie a des points positifs et des points négatifs. Globalement, je suis toujours satisfait, mais mes espoirs passés s’avèrent peut-être trop grands. En effet, en écrivant mon premier article, je pensais pouvoir affirmer par la suite mes compétences de graphiste, et être un peu moins perçu comme étant « le stagiaire ».

Malheureusement, j’ai rencontré un très gros obstacle. Ma supérieure Anne-Noëlle a vraiment du mal à déléguer, et garde pour elle une grande partie des travaux graphiques.

Suite à mon travail d’animation précédent, on m’a demandé de produire un tas d’autres vidéos dans le même style, pour présenter les différentes catégories de spectacles de la saison.

Déclinaisons de ma première animation

Après cette longue tâche extrêmement répétitive et dans laquelle j’ai été limité créativement parlant, il s’est écoulé de longues journées sans travail graphique. Je recevais des tâches administratives ou je préparais des programmes cinéma, sans pouvoir toucher aux visuels plutôt datés.

Le deuxième point négatif touche à l’organisation globale de l’entreprise. On m’a expliqué et j’ai pu remarquer que tout se préparait en retard, notamment la communication des différents événements. Le retard entraînant d’autres retards, la plupart des missions qu’on me donne doit être rapidement effectuée. Par exemple, on m’a demandé de produire une série d’affiches pour une exposition dans un de nos lieux culturels en 30 minutes. La rapidité prime souvent sur la qualité et j’ai du mal à ne pas prendre le temps nécessaire pour avoir un résultat plus satisfaisant. Dans ce cas-là, je suis rarement fier de mon travail.

Cependant, je n’utilise plus du tout Canva et je peux maintenant me concentrer sur Indesign et Photoshop. L’ambiance générale est toujours très bonne, et en connaissant de plus en plus mes collègues, je me concentre depuis quelques semaines sur des projets graphiques, comme repenser l’identité d’un cinéma de la ville. Malheureusement les retours de ma cheffe sont parfois illogiques et pas vraiment précis, le problème étant qu’elle souhaite avoir une identité s’appuyant sur plusieurs autres identités.

Premier visuel proposé
Variantes
Identité choisie, en cours de création

Avec les projets que je rends, je découvre ce que c’est que d’avoir de nombreux retours, qui se contredisent parfois, non pas venant d’un client mais de ma supérieure. J’imagine que c’est une étape nécessaire, même si je pense avoir trop de contraintes et des instructions pas assez claires. 

Ceci-dit, j’ai beaucoup plus de temps à ma disposition, et j’ai toujours la satisfaction de savoir que ce travail est utile, car le programme du cinéma est distribué et affiché aux arrêts de bus de la ville.

J’apprécie toujours mon stage, je découvre les aspects attrayant du secteur et ceux qui le sont moins. Dans tous les cas, c’est une riche expérience et je m’habitue à « aller travailler », je crois pouvoir me fondre dans le moule de la société capitaliste. Je me rends compte que les valeurs de l’entreprise et ses priorités jouent énormément sur la façon dont je vais travailler, et je vois à quel point être entouré de collègues sympathiques pousse à être productif.

Le graphiste met en scène

Le début de mon stage qui se résumait à un nombre incalculable d’assemblages Indesign, de gigas qui partent comme des petits pains de mon stockage (conseil: travaillez sur des disques dur) et retoucher des images sur psd, a enfin prit un terme le 8 Juin. C’était le jour du vernissage de l’exposition que l’on a organisé. On a pu témoigner le fruit de notre travail intense pendant 1 mois. Ceci pour ma part en tant que stagiaire graphiste comprenait la communication autour avec les newsletters par mail et les stories Instagram. Ainsi que d’autres éléments graphiques comme la signalétique, plan de la salle et œuvres, livret d’informations, impression A0 et le magazine. Surtout pour ce dernier, qui était le plus conséquent en charge de travail pour moi, a été très gratifiant d’avoir pu assister à la création, l’impression jusqu’à la distribution.

Quelques pages du magazine
Les exemplaires du magazine

Après avoir bouclé ce vernissage qui prenant 90% de mon attention, car je travaillais déjà en parallèle avec une grande marque de luxe que je citerais pas. Cela m’a permis de me concentrer sur cette question de la place du graphiste dans ce monde de la scénographie dans la mode.

J’ai alors été cette fois confrontée aux DA et au photographe en charge du projet de cette campagne. Au départ indirectement, par l’intermédiaire du set designer que j’ai assisté sur le lieu de tournage. Car j’assiste rarement entièrement le projet, qui durent entre 3 à 10 jours. Pour le cas de cette campagne infernale, il a été découpé en 2 parties avec 2 photographes différents. Le premier a duré 5 jours pour les sets designers qui ont dû construire un décor de train en taille réelle. Et le second, 3 jours pour les natures mortes, sur lequel on m’a beaucoup sollicitée.

La construction du train + mon endroit de travail sur set

Ces courts délais sont aussi impressionnant que le résultat. Mais par conséquent, ces courts délais s’appliquent également à moi qui doit produire des visuels, la plupart du temps en moins d’une heure. 

Pour ces natures mortes, j’ai dû concevoir des cartes postales, des timbres, des visuels plus abstraits utilisés en fonds et un pochoir pour peindre sur la façade du train. Toutes ces créations serviront pour décoration sur les images de leur campagne. Le plus compliqué pour moi c’était de bien viser la « demande » qu’ils ont avec des instructions très approximatives que j’ai à distance.

😿

Cependant, j’ai eu la chance de pouvoir être présente sur le lieu le jour où mes visuels allaient être utilisés. Mais les complications ne s’arrêtent pas ici, puisque le matin même, les clients se rendent compte que les fonds que nous avons construits n’étaient pas assez grands et préfèrent des cyclos pour le fond. En vitesse je crée de nouveaux visuels, appelle l’imprimeur pour savoir s’il est possible d’imprimer ce format dans l’heure qui suit, et de trouver quelqu’un pour nous l’apporter au studio.

Malgré la pression de savoir que ce shooting reposait entièrement sur moi, les retours flous des DA, j’ai su tout boucler en 30 minutes. Le reste ensuite dépendait de l’imprimeur et du coursier qui ont été très réactifs.

à gauche les fonds qu’ils n’ont pas voulu, au milieu et à droite les grands fonds fluides 1M X 1.7M
en espérant que ces photos verront le jour

Je dirais que le graphiste autour de set designer a plutôt un rôle de support pour mettre en valeur leurs idées. Par exemple, je crée pour un objet de décor qui fait parti du grand ensemble. Le travail peut être parfois plus conséquent et important sur l’image finale, comme les fonds ci-dessus. En notant que le set designer est lui-même au service du directeur artistique, du moins de ce que j’observe, j’ai tout de même réussi à trouver une certaine marge de liberté dans mes missions.

Dans le milieu du set design en tant que graphiste, il serait à mon avis plutôt adapté de travailler en tant que freelance, ponctuellement. Étant là en permanence, on me lance souvent sur d’autres missions moins créatives, malgré tout, très enrichissante pour comprendre ce milieu en étant directement confronté au lieu et l’adrénaline que l’on a en étant sollicitée sur les shootings.