Community manager & graphiste.

Wokr17 est un concept de “creative boutique office”. En français, cela signifie que c’est un mélange entre un café, une boutique, un espace de coworking et un hôtel.

C’est dans ce lieu que se trouve les bureaux de Brainjuice Studio pour qui je travaillais de Juin à Août. Wokr17 ouvrait ses portes au public le 13 Juillet 2020. C’est à l’occasion de cette ouverture qu’un problème de taille à été révélé, l’étonnante absence de communication à propos de l’ouverture du lieu. Certes, un site était en ligne depuis déjà un an, détaillant les espaces et les services proposés, mais rien n’était prévus sur les réseaux sociaux, pas de newsletters par mail, pas de campagne d’affiche dans la rues et encore moins de d’interventions auprès de médias plus classique (journaux, radio locale,…).

C’est donc à quelques jours de l’ouverture, en urgence, qu’une réunion a été organisée pour déterminer la stratégie de communications à adopter. Au cours de cette réunion, un point important à été soulevé; aujourd’hui, la communication de ce genre d’événement, et de lieu, se fait principalement sur les réseaux sociaux. C’est alors que nous avons pu constater que personne n’occupait le poste de Community Manager *. Rien n’était prévus à cet égard, et l’ouverture allait se faire dans l’indifférence absolue. Cette option n’étant pas envisagable, et l’ensemble de l’équipe graphique étant présente, c’est donc “logiquement” à nous qu’est revenue cette tâche. 

Le fait de nous assigner à cette tâche à démontré une profonde incompréhension du métier de graphiste et d’illustrateur. Même si la communication sur les réseaux sociaux nécessite un habillage graphique afin de se démarquer, ce n’est pas du graphisme. Community Manager est un métier qui demande une réel connaissance du fonctionnement des réseaux sociaux, des algorithms, et donc, comment sponsorisé un publication sur Facebook, sur Instagram, comment optimiser les hashtags, définir un calendrier précis et efficace de publications, analyser les résultats et en tirer des conclusion pour être toujours le plus visible possible. Ce nouveau métier et son importance primordiale dans la communication moderne est encore trop peu connus et incompris pour justifier le salaire d’une ou plusieurs personnes. 

C’est donc aux graphistes qu’est revenu la besogne des réseaux sociaux. Et, je peux alors apporter une remarque, la journée de Community Manager & Graphiste est deux fois plus chargée. D’un côté il faut répondre au messages et réservations sur Instagram, sponsorisé l’événement facebook, imaginer le catalogue de publication du mois, organiser un shooting photo et contacter les co organisateur de l’événements. De l’autre il faut apporter des modifications sur les dossiers du bureau, créer une gamme de pictogrammes Covid friendly, Mettre à jour les menus et les Qr Codes. La charge de travail n’est pas un problème en soit, elle est même très formatrice, cependant la différence entre les deux mission est elle assez déroutante.

Force est de constater que, la communication de Wokr17 se basant exclusivement sur les réseaux sociaux (alors inexistant) et le bouche à oreille, les revenus du premier mois furent maigre.

* »Le community manager est chargé de créer et de fédérer une communauté d’internautes autour d’un intérêt commun. Sa mission consiste à développer et à gérer la présence d’une organisation (marque, association, produit, jeu…) sur Internet. »  Josée Lesparre CIDJ.com – 09/2020

Atteindre son objectif

Pour atteindre quelque chose il faut se fixer un objectif. Trouver la chose qui nous motive et nous pousse à réaliser ses projets. C’est une grande question qui se pose surtout quand on pense au travail. On apprend un métier pour gagner de l’argent et pouvoir vivre. Mais cela va plus loin. Je pense qu’il faut savoir trouver un but à notre vie alors pourquoi pas dans le travail. Le métier de graphiste est avant tout un métier de passionné. La majorité fait cela par passion et cette passion s’est éveillée pour moi au lycée ce qui m’a donné ensuite pour but de rejoindre une formation dans ce domaine. Une fois dans la formation, les projets réalisés et l’apprentissage reçu est de moins en moins perçu comme du travail car l’on prend de plus en plus de plaisir à imaginer, créer, réaliser des choses concrètes. 

C’est cette question que je me suis posé lors de mon stage : Quel est mon objectif ? Hormis la mission donné par mon tuteur j’ai décidé de me fixé des objectifs personnels qui m’ont permis de me booster dans mon travail et qui m’ont permis de surmonter parfois l’ennui et l’échec. 

Premièrement il était difficile pour moi de réaliser tout ce que j’avais en tête sur After Effects car j’ai vite trouvé mes limites. En me fixant un objectif et en me s’imposant des contraintes, cela me permet d’apprendre par moi même en me renseignant sur internet, en cherchant de l’inspiration dans des tutoriels et de prendre le temps de tester des nouvelles choses que je n’avais pas l’occasion de faire auparavant. L’objectif était de ne pas se contenter de mes compétences mais de les dépasser et de les améliorer. C’était le moment parfait pour essayer de trouver des solutions par sois-même et dans le cas où je n’en trouvais pas il fallait que je trouve un autre moyen de procéder. 

Deuxièmement j’ai eu énormément de temps accordé pour réaliser ma mission pour l’entreprise. Je ne voulais pas me presser donc je respectais simplement les dates de rendu que l’on me donnait. J’essayais de ne pas foncer tête baissé dans le projet ce qui je pense m’aurait vite bloqué et je n’aurai pas pu rendre quelque chose de bien terminé. Je travaillais donc un peu tout les jours sur la vidéo que j’avais à produire et dès que je commençais à trop réfléchir pour rien j’arrêtais. J’avais besoin de retrouver de l’inspiration et ce n’étais pas en restant devant After Effects que j’allais trouvé une solution. Je décidais donc de passer sur des projets personnels. J’ai recoder entièrement mon site, retravailler mon identité visuelle (logo, cv, carte de visite). Je me suis donné des objectifs annexes. Même si je n’avançait  pas sur le projet principal de mon stage, j’avais quand même de la motivation et l’impression d’avancer et de réussir quelque chose. Ces petits projets que j’accomplissais à côté m’ont aidé à trouver des solutions dans mon projet de stage. Je me suis placé dans une dynamique de travail où je n’étais pas lassé de mon travail car j’avais un but et un objectif à atteindre.. J’avais toujours quelque chose à accomplir pendant ces deux mois. Et travaillant seul, cela m’a permis de me focus sur moi et de me forcer à prendre des initiatives pour faire. 

J’ai finalement rendu le travail que j’avais à faire avec deux semaines d’avance sans m’être presser pour autant. On m’a donc attribué une autre tâche qui était encore plus simple et qui m’a permis de continuer sur mes projets personnels.

Habileté à s’adapter

La mission qui m’a été attribuée lors de mon stage était très claire et précise. Je devais concevoir une vidéo présentant une plateforme de cours en ligne sur les nouvelles technologies. J’ai donc consacré pratiquement les deux mois de stage à cette tâche. Je me suis alors vite rendu compte que je ne réalisais pas un stage mais plutôt une commande à un client. Je suis le graphiste et mon employeur est le client. C’est un peu le relation que j’ai eu avec mon tuteur durant mon stage. Je n’ai pas eu beaucoup d’interaction avec les autres employés, à part pour les pauses déjeuner. Je n’étais pas très bien intégrer dans l’entreprise ce qui me donnait cette impression de travailler en freelance. Le client m’avance son projet, ici c’était mon employeur qui souhaitait une vidéo en motion design. Il ne connaissait pas très bien le métier de graphiste et de motion designer. Je savais donc qu’il n’avait rien à m’apprendre au niveau technique et que sur ce point j’allais me débrouiller seul. Ayant réussi l’entretien en montrant mon portfolio et mes travaux je savais que mes compétences leur suffisait pour ce que je devais faire. C’était donc à moi de faire des efforts sur ma méthode de travail pour produire quelque chose qui allait leur plaire. Cette fois ci mon travail n’allait pas être juger par mes professeurs ou mes camarades de classes qui connaissent le métier mais par quelqu’un qui n’en a aucune notions. C’était le moment parfait de se confronter à un vrai client en quelque sorte. On m’a laissé très libre au début je devais proposer une première version au bout de 1 semaine. J’ai travaillé par la suite sous forme d’entonnoir. J’ai réalisé plusieurs versions, fait plusieurs rendus et reçu plusieurs retours pour pouvoir améliorer la vidéo pour qu’elle soit parfaite. 

Mais pendant toute cette phase de projet j’ai eu besoin de prendre des initiatives et faire preuve d’une grande autonomie. Comme je l’ai dit précédemment, mon tuteur ne connait pas trop le métier de motion designer et ne sait pas avec quel logiciel opérer. Il a payé un abonnement à un logiciel d’animation 2D vulgarisé et m’a demandé de l’utiliser pour réaliser la vidéo. Le logiciel s’appelle Toonly et possède des scènes et des personnages avec des animations prédéfinies. Ne connaissant pas ce logiciel, j’ai essayé de faire quelques animations dessus et je me suis vite rendu compte qu’il était très limité comparé à la suite Adobe. Il ne me permettait pas de faire tout ce que je voulais faire. Mon tuteur pensait que ce logiciel suffisait et m’a demandé de réaliser la vidéo dessus. Je lui ai donc fait comprendre que j’étais plus à l’aise sur After Effects et que je pourrai réaliser de meilleures animations dessus. Il n’était pas de cet avis au départ et pensait que les animations prédéfinies avaient un rendu plus professionnel et qu’elles  lui feraient gagner du temps. C’est là que j’ai dû lui prouver le contraire en continuant de travailler sur After Effects et pour comparer avec les précédentes vidéos que j’avais faite sur Toonly. Il a bien vu que cela était beaucoup mieux et était très content du résultat.

La vidéo allait être destinée aux réseaux sociaux. Etant seul sur ce projet je devais faire attention à tous les aspects de la vidéo : l’étude de l’entreprise, l’analyse de la cible, l’écriture du script, le storyboard, l’aspect commercial, l’enregistrement de la voix off et enfin les animations. Il a fallu que je m’adapte. Je n’ai peut être pas appris grand chose au niveau technique mais j’ai dû être force de propositions, faire preuve d’initiatives et d’autonomie dans la réalisation de ce projet.

Stage déguisé

La recherche de stage a été très compliquée et plus difficile que prévue. Contraint par une durée de 3 mois maximum à partir de laquelle les employeurs sont obligés de nous payés, cela restreint les offres de stages car les entreprises privilégient des stages plus longs (6 mois en général). La recherche a été d’autant plus secouée par les récents événements dû à la crise sanitaire et au confinement. L’obtention d’un stage était devenue presque impossible et beaucoup d’étudiants se sont malheureusement retrouvés sans rien. Pour trouver mon stage j’ai donc fait une concession sur sa durée ce qui ne m’a pas permis d’être payé. 

J’ai remarqué durant mes recherches (hormis les candidatures spontanées) que certaines offres étaient en quelque sorte du salariat déguisé. Cela provient souvent de « start-up » qui n’ont pas les moyens de financer les services d’un vrai designer graphique. Ces entreprises ne connaissent pas le milieu du graphisme et ne sont pas informés sur les logiciels utilisés par exemple. 

J’ai fait un entretien après une candidature spontanée pour un stage en graphisme ou motion design et ils m’ont accepté. Mais les tâches que je devais effectuer n’étaient pas du tout celles d’un designer graphique et ne répondaient en aucun cas à mes attentes et à mes compétences. Je pense, en prenant l’exemple de cette entreprise, qu’elle avait pour but de profiter de moi car dans la détresse de ne pas avoir de stage j’ai failli accepter leur offre. Je n’avais pas encore signé ma convention avec eux qu’ils se permettaient de m’appeler le soir pour que j’effectue un travail pour eux alors que mon stage était censé commencer 1 mois plus tard. Je me suis donc rendu compte que les règles et les lois notamment concernant les stages ne sont parfois pas respectées par les entreprises. Et cela n’est pas étonnant. Les entreprises se servent donc de stagiaires pour effectuer un travail qui aurait pu être attribué à un employé. 

Dans mon cas, j’ai finalement trouvé mon stage après le confinement dans une start-up. Il se trouve que leur effectif est très réduit car il n’y avait seulement que deux salariés en CDD. Les autres personnes étaient soit en alternance, en stage ou en contrat d’auto-entrepreneur. Leur situation est donc simple, ils ne recrutent que des personnes qui ne vont pas beaucoup leur coûtés. Ils embauchent des stagiaires pour environ 2 mois pour ne pas avoir à les payer. Mais le problème est que les stagiaires et les alternants occupent des postes clés dans l’entreprise ce qui est mauvais pour elle. Leur effectif change souvent et cela crée de la désorganisation dans l’entreprise. Leurs projets avancent au ralenti et c’est bien dommage. J’ai remarqué cela au bout de quelques jours de travail. J’avais un regard extérieur et je n’étais pas vraiment impliqué dans leur projets. J’avais assez de recul pour m’en rendre compte. J’ai discuté avec les alternants et les stagiaires sur ce point et certains avaient le même ressenti. 

Dans l’entreprise aucune personne n’avaient de lien avec le design graphique à part une qui était également en stage pour refaire leur identité graphique. De mon côté, j’avais pour tâche de créer des vidéos en motion pour promouvoir leurs produits. Je voulais en venir au fait que je n’ai pas effectué un stage mais plutôt un travail en freelance non payé. Je n’essaie pas de dénoncer quoi que ce soit, je raconte juste mon expérience et ce qui en est ressorti. Je trouve que beaucoup d’entreprises essaient de profiter des jeunes étudiants recherchant un stage dans le cadre de leurs études. Car si nous ne trouvons pas de stage cela met en péril l’obtention de notre diplôme et donc beaucoup d’étudiants en difficulté pour trouver leur stage sont prêt à accepter n’importe quel poste à défaut d’être de réels stages.


La spécialisation des tâches au sein d’une agence

La spécialisation, du latin spécialis, signifie spécial, particulier, propre à… En effet, cela désigne le fait d’attribuer un rôle, une tâche ou une fonction à une personne qui s’est consacrée à l’apprentissage d’un domaine particulier lui permettant de réaliser de la meilleure des façons ce rôle, cette tâche ou cette fonction. La spécialisation existe depuis des millénaires et à même participé à l’évolution de notre espèce : à l’ère préhistorique, lorsqu’ils chassaient, les premiers hommes devaient se partager les tâches pour survivre (par exemple, l’un posait un piège pendant que l’autre faisait le guet). Cette division du travail aurait même fortement participé à la naissance du langage qui devenait primordial pour chasser en toute sécurité. Elle fut donc un vecteur de socialisation chez l’homme, amplifiant la cohésion de groupe. C’est également par cette spécialisation que l’homme a pu devenir plus libre dans le travail, pouvant former ses congénères ou encore s’auto-former.

Aujourd’hui, notre société est bien différente et a d’ailleurs connu des bouleversements dans le monde du travail (l’arrivée des machines à vapeur, de l’électricité, le fordisme ou encore internet). Peut-on encore dire aujourd’hui que la spécialisation est source de cohésion sociale ? Permet-elle d’être plus créatif/productif ? N’entrave t’elle pas la liberté des individus en les cantonnant qu’à un domaine spécifique ? 

À l’école, on nous apprend à réaliser un projet graphique de A à Z, c’est à dire à tout faire : trouver un concept, le développer (impression, programmation web…), communiquer dessus (à l’oral mais aussi à l’écrit) et enfin, gérer l’organisation du projet. Or, durant mon stage, toutes ses tâches étaient totalement distinctes. Chaque personne effectuait la mission pour laquelle elle avait été formée et été compétente. Parfois même, une mission pouvait encore être divisée en plusieurs personnes afin de générer plus d’idées, de créativité et de productivité. De plus cela entraîne une certaine complémentarité entre les différents acteurs et donne à chaque personne un caractère irremplaçable. C’est ce que théorisait le sociologue Emile Durkheim dans les années 1890. Néanmoins, j’ai moi-même pu observer que cette spécialisation augmente la solidarité, chacun devant se reposer et croire aux compétences de l’autre. J’ai souvent été étonné de voir à quel point les cheffes de projets (Pauline, Églantine et Emmanuelle) me faisaient confiance alors même que je n’étais “que” stagiaire. De ce fait, la qualité des productions en est, elle aussi augmentée, chacun ayant confiance en l’autre, cela augmente également la confiance en soi et permet d’être plus sûr de ses choix tout en n’ayant aucun problème à demander les conseils de personnes plus expérimentées. Cette valorisation de l’individu assure elle aussi la cohésion sociale, chacun se sentant reconnu aux yeux des autres. 

Dans le domaine créatif, la spécialisation permet également de ne pas participer à l’organisation du projet, ni aux discussions avec les clients (pouvant être longues et fastidieuses) car gérés par les chef(fe)s de projet. Cela permet donc de se consacrer pleinement à la création. Enfin, pour que cette division du travail fonctionne correctement, il faut bien évidemment que tous aient les mêmes valeurs et respectent les normes qui ont été établies. Ces normes ne sont pas forcément institutionnalisées mais peuvent prendre la forme de convictions, d’état d’esprit ou encore de discipline individuelle. Durant mon stage, chacun savait ce qu’il avait à faire et se disciplinait seul sans avoir besoin d’une instance supérieure. Chez Gédéon, cette spécialisation et division du travail étaient donc très bénéfiques, car elles favorisaient l’échange, la discussion et ainsi l’intégration, mais est-ce une généralité ? Dans la plupart des cas, la cohésion est-elle toujours présente et souhaitée ? 

Même si la division du travail possède de nombreuses qualités, elle peut, dans certains cas connaître des conséquences négatives. En effet, cette division du travail peut amener les individus à effectuer des actions répétitives et donc conduire à l’ennui ou la lassitude. Bien qu’elle existe, cette conséquence ne s’applique pas forcément dans tous les domaines. Lors de mon stage, je n’ai jamais ressenti de lassitude étant donné que chaque projet était différent. Je ne faisais jamais deux fois les mêmes animations/visuels/chartes/logos… Je pense que cela est dû au fait que les domaines créatifs sortent un peu de la norme. Ils ont beau être centrés sur les mêmes missions, dans le cas de mon stage : penser une identité pour une chaîne et l’animer, chaque client et chaque chaîne seront différents. Mais encore une fois, je pense que cela est un cas particulier. De plus, la spécialisation du travail peut être perçue pour certains individus comme une privation de liberté. En effet, n’ayant qu’un seul rôle ou n’effectuant qu’une seule mission, certains pourraient se sentir frustrés, surtout lors des missions d’exécutant. C’est peut-être l’une des raisons pour laquelle, le travail en free-lance se développe de plus en plus. Lors de mon stage j’ai pu observer que Gédéon employait beaucoup de free-lance en plus des CDI. Sur 14 personnes travaillant au total chez/avec Gédéon, la moitié sont des free-lances. Selon une étude menée par la start-up Malt, les travailleurs indépendants auraient augmentés de 145% entre 2008 et 2018 en France, passant de 700 000 en 2013 à 930 000 en 2019. De ce fait, la spécialisation, bien qu’ayant participé à l’amélioration de la qualité de vie au travail, ne semble pas convenir à tous.

La spécialisation du travail est une méthodologie très intéressante lorsqu’elle est bien menée. C’est le cas il me semble chez Gédéon, et c’est ce qui participe à la bonne entente du groupe ainsi qu’à l’entraide. Néanmoins, il semblerait que cette approche ne soit pas adaptée à toutes les entreprises ainsi qu’à tous les individus. Notre société étant en constante évolution et adaptation, est-on à l’aube d’une nouvelle forme de travail, plus centrée sur l’individu que sur le groupe ?

Schéma de la spécialisation chez Gédeon.
Graphique montrant la proximité avec le client et la part de création dans les différents domaines présents chez Gédéon.

Le respect du métier de graphiste

Aujourd’hui, pratiquement toutes les agences créatives travaillent sur le système des appels d’offre. C’est une pratique qui permet à un commanditaire, via la mise en place d’un concours, de décider quelle entreprise réalisera sa commande. Les entreprises en concurrence fournissent donc un travail sans aucune rémunération. Gédéon participe régulièrement à des appels d’offre, si ce n’est systématiquement. Ce qui m’a le plus interloqué dans cette pratique, est la quantité de travail fourni par l’entreprise sans aucune certitude d’être choisi pour le développement du projet, et donc rémunéré. C’est une pratique qui, selon moi, ne valorise absolument pas le travail et m’apparaît comme insensé. Je me suis donc demandée pour quelles raisons les métiers dit “créatif” sont globalement moins pris au sérieux et moins respectés ?

Tout d’abord, ce sentiment de non-respect est présent de par une réelle incompréhension de nos métiers. Il suffit de voir à quoi est assimilé un graphiste pour s’en rendre compte : “ah t’es graphiste, tu dois bien savoir dessiner ?”. Cette incompréhension peut être dû au fait que les domaines créatifs sont des milieux assez subjectifs. Au sein même du monde du graphisme il existe des grands noms qui ne pensent pas le graphisme de la même manière et en ont des avis très divergent (prenons l’exemple de David Carson et Jean Widmer). Les milieux créatifs sont également des domaines en constante évolution où tout est variable, ce qui ne facilite pas la compréhension. Ce qui pouvait être la “norme” il y a quelques années (bien qu’il soit difficile de parler de norme) est sûrement radicalement différente aujourd’hui. L’incompréhension est assez normale finalement, beaucoup de métiers sont encore aujourd’hui incompris, ce qui l’est moins c’est la non-valorisation. Etienne Robial, lors d’une interview donné par graphéine disait “quand tu participes à un appel d’offre y’a un mec au-dessus qui sait ce que vaut ton travail, qui ne respecte pas ton professionnalisme”. De ce fait, la subjectivité qu’apportent les domaines créatifs laisse entendre que le client peut savoir mieux qu’un professionnel ce qui doit être fait: quelle couleur choisir, ou placer telle illustration etc. Un client a parfaitement le droit de ne pas aimer un projet car le style/le ton/le support ne lui correspond pas mais il ne devrait pas remettre en question le travail fourni.

De plus, il existe une autre raison qui pousse les individus à ne pas prendre au sérieux notre travail : la passion. Lorsque l’on est passionné par notre métier, cela suppose une forme de liberté et de créativité mais également le fait qu’il n’est pas forcément nécessaire de nous payer car notre activité est porteuse de sens, et se suffit à elle-même. Autrui pense que l’on peut, de ce fait, tout lui céder : “c’est bon t’es passionné, tu peux faire ça gratuitement” ou “c’est bon t’es passionné, tu peux travailler le week-end”. Lorsque j’étais chez Gédéon, certains clients n’avaient aucun problème à demander aux motions designer de refaire entièrement des animations qui avaient pourtant été validées en amont. Pour certains, nos métiers peuvent sembler “facile” car bien souvent nous devons faire preuve de simplicité (ce qui est largement plus dur que de faire compliquer). Mais si l’on compare notre métier avec un autre cela paraîtrait tout de suite moins facile: imaginez demander à un maçon de “refaire” une partie de votre maison qu’il a déjà fait. Cela paraît insensé.
Les appels d’offre résultent de ce manque de sérieux accordé à nos métiers. Dans un futur, il serait intéressant de réfléchir à de nouveaux systèmes permettant de valoriser chaque travail effectué. Peut-être est-ce aussi simple que de payer chaque participant aux appels d’offre, mais peut-être devons nous repenser le système entièrement. Nous pourrions par exemple imaginer, qu’un travail au sein des entreprises commanditaires pourrait être effectué en amont pour choisir le graphiste/l’agence qui conviendrait au projet sans en faire travailler d’autres sans aucune rémunération.

Malgré tout, les appels d’offres peuvent également rencontrer quelques avantages. Ils permettent par exemple de donner sa chance à n’importe qui car généralement tout le monde peut participer. Un jeune graphiste inconnu peut donc décrocher un emploi via ce système, ce qui n’aurait peut-être pas été possible autrement. De plus, la concurrence, lorsqu’elle est saine, peut pousser à se dépasser. Elle peut être vecteur d’innovation plus aboutie ou de diversité plus forte et ainsi faire évoluer le milieu de graphisme.

Les métiers créatifs souffrent ainsi de manque de respect (parfois/souvent inconscient) qui résulte de différents facteurs. Dans notre secteur, ces derniers sont amplifiés par le système d’appel d’offre qui ne valorise pas forcément le travail fourni, sous l’excuse que nous exerçons un “métier de passion”. Dans une société capitaliste comme la nôtre nous pourrions donc nous demander si cette appellation de “métier de passion” n’est pas une formule marketing pour pousser les travailleurs “passionnés” à accepter des conditions de travail à la limite de la légalité ?

Tumblr cocasse illustrant cet articlehttps://monmacon.tumblr.com/

La bienveillance au travail

Depuis des siècles, la bienveillance est un terme discuté par les philosophes: Aristote qualifiait de bienveillant “celui qui voulait faire le bien de l’autre” quand Confucius en faisait un impératif en écrivant “la bienveillance est sur le chemin du devoir”. Plus près de nous, ce mot est défini sur Wikipédia comme “ la disposition affective d’une volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui”. Ce terme paraît simple et pourtant, lorsqu’il s’agit du monde du travail, il n’est pas toujours au cœur des préoccupations. Durant mon stage, j’ai eu la chance d’évoluer au sein d’une équipe extrêmement bienveillante et pédagogue. J’ai également la possibilité de pouvoir comparer cette expérience professionnelle avec mes précédentes, ayant déjà effectué 3 stages durant ma scolarité (celui-ci compris). À partir de mes expériences, ce thème de la bienveillance m’est apparu comme primordial lorsque l’on évolue dans le monde du travail. De ce fait, on peut se demander si la bienveillance au travail améliore réellement les résultats d’une entreprise ainsi que l’état d’esprit de ses employés ?

Mes 2 premiers stages, (s’étant respectivement déroulés dans une librairie puis dans une maison d’édition) ne s’étaient pas passés de la meilleure des façons. Je sentais continuellement du jugement, parfois même du mépris. Évidemment cela engendrait du stress, la peur de faire des erreurs ou encore une perte de confiance en moi lorsque je me trompais. Malgré l’application dont je faisais preuve, je commettais constamment des erreurs et par conséquent me faisais réprimander. Le monde du travail m’apparaissait alors comme ingrat et injuste et je n’avais en aucun cas envie d’en faire partie. L’expérience que j’ai vécue chez Gédéon était toute autre : il m’arrivait de faire des erreurs bien évidemment, mais bien moins fréquemment que lors de mes expériences passées et de plus, je ne les percevais jamais comme des erreurs à proprement parlé étant donné que personne ne me faisait ressentir que c’en était. C’était à chaque fois, un moyen d’apprendre et non pas un moment désagréable et négatif. La bienveillance qui émane de l’équipe ainsi que le climat très convivial m’a réellement étonné au départ. Au sein de l’entreprise, tout le monde est généreux les uns envers les autres, on retrouve beaucoup d’entraide et de rigolade. Dans cette agence, j’ai eu l’impression d’intégrer une bande d’amis plutôt qu’une entreprise. Je n’ai jamais ressenti aucune pression, on ne m’a jamais fait aucun reproche.

Dans mon cas, il est donc certain que la bienveillance m’a permis d’être plus productive. En effet, un tel climat permet d’accorder une place importante à la discussion, ce qui par extension accélère les processus de travail et améliore les résultats des salariés. De plus, je n’ai jamais ressenti de réelle hiérarchie au sein de l’équipe : Emmanuelle, la directrice de Gédéon était tout aussi accessible que les cheffes de projets ou les directeurs artistiques. Cela renforce la cohésion de groupe et facilite toujours plus l’échange et le partage. Une étude du MIT affirmait que « les salariés heureux sont 2 fois moins malades, 6 fois moins absents, 9 fois plus loyaux, 31 % plus productifs, et 55 % plus créatifs ». Les entreprises auraient donc tout à gagner en adoptant une attitude bienveillante, réduisant ainsi, l’anxiété, l’absentéisme et surtout les burn out. 

Avec de tels chiffres, il est donc naturel de se demander pourquoi toutes les entreprises n’adoptent-elles pas cet état d’esprit ? En effet, il existe encore de nombreuses entreprises qui ne cultivent pas la bienveillance au quotidien. Certaines pensent qu’il est plus productif de mettre en compétition les salariés, misant plus sur la peur, le mépris et l’angoisse pour pousser au travail bien fait. En discutant avec mes collègues pendant un repas, j’ai entendu une histoire qui m’a réellement choquée: l’un de mes collègues avait vécu une expérience tout à fait malsaine dans son précédent emploi. Il était en stage avec un autre stagiaire lorsque son patron les convoqua tous les deux dans son bureau pour leur poser la question suivante: lequel de vous deux devrais-je garder ? Ils se sont donc retrouvés dans une situation ou chacun devait “vanter” ses mérites tout en essayant de rabaisser l’autre afin de se mettre en valeur au maximum. Cette joute verbale visait à mettre en avant leur esprit compétitif et favorisait (selon moi) la personne ayant le moins d’empathie et de bienveillance. Pourquoi alors, employer de telles méthodes ? Même s’il a été prouvé que la bienveillance engendre des effets positifs sur les résultats d’une entreprise, elle demande de faire quelques adaptations pouvant être vue comme des inconvénients. En effet, elle nécessite notamment d’impliquer les émotions des individus dans la sphère professionnelle, ce qui peut ne pas plaire à tout le monde. De ce fait, il est intéressant de se demander jusqu’à quel point peut-on inclure les émotions dans le monde du travail ? Certaines personnes s’appliquent justement à séparer de manière drastique leur vie professionnelle et leur vie personnelle, il serait donc assez compliqué pour eux de devoir considérer leurs collègues comme des “amis”. De plus, de par l’éducation et les expériences vécues par chacun, cela peut être une motivation que de travailler dans la compétition.

Enfin, la frontière peut-être mince entre la bienveillance (vouloir faire le bien de l’autre) et la complaisance (s’accommoder aux goûts, aux sentiments d’autrui pour lui plaire) et il serait contre productif que ces deux termes se confondent. En effet, en voulant plaire à autrui, un individu perd sa personnalité pour se calquer sur les goûts de l’autre. En faisant cela, il perd également sa force créatrice, levier principal du bon fonctionnement d’une entreprise. 

Il est clair que la bienveillance est un puissant outil mis à disposition des entreprises et permettant d’améliorer la vie de ses salariés. Même si elle ne paraît pas s’adapter à tous les cas de figure, elle semble s’imposer dans les entreprises et devient même un “phénomène de mode”. Devant tant d’engouement pour ce concept, allant pourtant à l’encontre des valeurs capitalistes prônées aujourd’hui dans le monde du travail, peut-on vraiment croire que cette bienveillance est sincère ? Doit-on se méfier de la “fausse bienveillance” ?

Adaptabilité des visuels

Travailler dans le pôle communication pendant ce stage m’a inculqué plusieurs choses : la plus importante pour moi à été celle de l’adaptabilité de ce que nous produisons au quotidien. En effet, derrière un poste uniquement consacré à l’illustration se cachait en réalité une demande d’une certaine flexibilité. 

Lorsqu’un projet était annoncé sur un certain format (vidéo par exemple), tout une étude était lancée sur les dimensions et sur le rendu final de ce dit-visuel. Pour prendre un exemple un peu plus spécifique, lors de la création d’une vidéo faite à partir d’un assemblage de courtes animations réalisées sur Photoshop, tout était conçu sur un format par défaut de 1920 x 1080px ; que ce soit aussi bien pour les visuels en animation que pour la vidéo finale. Cependant ce projet de publicité ne s’est pas arrêté là : s’en est suivi une demande pour une transformation tout d’abord dédiée à un post Instagram (1080 x 1080px), ce qui impliquait le déplacement de certaines informations, ainsi qu’un second montage de la vidéo (plus courte pour convenir à la limite temporelle ainsi que la limite de poids imposée par la plateforme). Puis, le projet c’est encore une fois transformé pour convenir, cette fois-ci, à un format 1080 x 1920 px, dans le cadre d’une story.

Un projet doit donc pouvoir s’adapter à tous les types de format, et il s’agit là d’un principe que nous devons anticiper dès le début de la création dudit visuel, puisque parfois la nécessité d’adapter une vidéo à un format en longueur ne vient que plus tard. Dans certain cas, ce changement de format peut même s’avérer compliqué, si l’organisation au préalable n’a pas été assez efficace (dans le cas où on pourrait être amené à perdre des documents par exemple). Mais de manière générale cette transition entre des formats diamétralement opposés n’est jamais impossible, et peut même nous pousser à être plus inventif, voir à utiliser d’autres techniques pour compenser. Finalement, ne serait-ce pas tout simplement une nécessité que de devenir plus “inventif” dans le monde de l’entreprise ? Il s’agirait donc, pour moi, de devenir plus “réactive” ainsi que “flexible”, puisqu’il ne s’agit pas de produire sans rien questionner au préalable, de façon mécanique. En effet, ce stage m’a beaucoup appris en terme de projection : quelle nouvelle vie pouvons nous donner à ce visuel ? comment le transformer en vidéo ? comment le transformer en post pour Instagram ? Chaque image peut et doit être envisagée sous plusieurs formes, pas seulement dans une démarche de “recyclage”, mais plutôt pour apporter un fil conducteur, une cohérence entre les plateformes de communication. Ainsi, un grand soin devait être accordé aux documents originaux, aux liens entre les dossiers, pour qu’une modification du format en cours de route ne soit pas totalement inenvisageable. 

Cette démarche de toujours questionner les visuels que nous produisons m’a également conforté dans l’idée que chacun de nos projets réalisé chez nous, ou en cours pouvaient être modifiés, transformés, et que le rendu n’était pas toujours sa forme finale, une chose que je n’avais jusqu’à lors pas l’habitude d’exercer pour moi-même.

Organisation et responsabilisation

La question de mon temps de travail a été évoquée tout au long de mon stage. Dès qu’un nouveau projet était annoncé, ma tutrice me demandait de communiquer le temps que j’estimais pour produire certains visuels. L’estimation devait donc se réaliser avec pour seul élément de comparaison les différents projets faits en classe. Cependant, un décalage existe toujours entre la théorie et la pratique : les horaires étant bien différentes, il était complexe de vraiment donner une fourchette de temps dans laquelle tout aurait été réalisable. Les missions s’accumulent et c’est en fonction de l’urgence de ces dernières que le planning s’établit ; mais c’est surtout ma tutrice qui me laissait la responsabilité de leur présenter une date de rendu pour les projets plus importants. Je m’imposais donc mes propres deadlines, que je devais respecter, et devait leur annoncer lorsque les missions s’enchaînaient trop rapidement. J’étais donc majoritairement responsable de mon rythme de travail (surtout si l’on prend en considération qu’il s’agissait là de télétravail uniquement).

Cette organisation était plus ou moins mise à mal par le fait que toute l’entreprise fonctionnait et produisait dans l’urgence : dès qu’une mission plus importante tombait, le reste était mis en pause pendant un temps indéterminé, ce qui était assez perturbant au début du stage : plusieurs visuels pouvaient donc être en cours, sans qu’aucun ne soit fini, et dans de rare cas, certains étaient abandonnés, jugés moins importants que les autres.  Le planning pouvait également être modifié par la communication mise en place en télétravail : tout se faisait par mail. Les visuels passaient de ma tutrice à la direction (pour les projets majeurs) et pouvaient donc prendre un certain temps avant d’être validés. Enfin, sans contact “direct”, des quiproquos pouvaient arriver entre temps entre les différents interlocuteurs. 

Même si j’étais plus ou moins responsable de mon planning, ce que je n’aurais jamais cru possible, en temps que simple stagiaire, j’étais également tenue responsable de mes productions : la question de la signature a émergée. Ma tutrice m’avait demandé de signer certains de mes visuels, surtout ceux qui avait comme destination les réseaux sociaux. Si bien évidemment l’ajout du logo de la marque sur les projets était une évidence pour moi, le fait de pouvoir y apposer une signature était un concept qui m’était assez étranger, car pour moi, il n’existait tout simplement pas de “droit d’auteur” en entreprise. C’est donc ajouté à tout cela une certaine responsabilité, car certains visuels étaient maintenant liés à mon nom.

Le fait de pouvoir non seulement “mettre en place” son planning (ou plutôt de s’organiser comme on le sens en fonction de ses capacités) mais également de pouvoir se réapproprier son travail, même au sein d’une entreprise, a eu clairement pour conséquence de me responsabiliser, de donner une valeur concrète et de pouvoir estimer mon temps de travail sur certains projets plus efficacement.

Remise en question stylistique au sein d’une entreprise

Pour mon stage de deux mois en illustration, les projets allaient de la création de visuels, à la vidéo, en passant par la création de logos. La diversité des missions m’a tout de suite interpellé, dans le sens où je me rendais compte de l’étendue des activités que pouvaient attendre un illustrateur. De manière général, mon esprit s’était refermé simplement aux illustrations « corporatives », sans prendre en compte à quel point le graphiste et l’illustrateur étaient liés sur le terrain. La frontière étant de plus en plus mince, je me suis mise à faire des recherches de typographies plus poussées pour les accorder aux visuels demandés, et à rechercher des références qui questionnaient plus en profondeur mes choix de compositions. Cependant, c’est après cela que j’ai heurté un mur : comment se renouveler au sein d’une entreprise ?

En effet, la question du flux créatif dans l’entreprenariat m’est tout de suite venu à l’esprit, puisque, malgré la diversité des médias, et des formats, je tournais toujours un peu en rond dans ce que je produisais. Il y avait une variété dans le contenu, mais plus dans le style, et petit à petit une sorte de culpabilité s’est installée : peut-on réellement produire du contenu différent du style qui a déjà été validé par l’entreprise ?

Même si je n’étais pas directement employée, le simple fait de vouloir se réinventer au sein de l’entreprenariat peut nous mettre face à des murs : c’est la question de l’identité de marque. En effet, le fait de devoir adopter les couleurs/ les formes d’une entreprise déjà sur le marché impose une restriction dans tout ce que nous produisons en temps que “créatifs”. Et c’est sûrement pour ça que sortir de sa zone de confort est si difficile dans ce genre de structure : lorsque nous trouvons un point d’accord, pourquoi vouloir chercher ailleurs et prendre le risque que cela ne passe tout simplement pas ? Nous nous retrouvons vite dans une situation où nous ne produisons rien de nouveau, ni pour l’entreprise, ni pour nous. 

Cependant, s’ajoute à cela la question de la collaboration : chaque retour était accompagné de précisions sur la demande initiale, ou dans certains cas, ce que recherchait la direction. Il n’était souvent question que d’une typographie qui n’était pas assez lisible ou assez douce à l’oeil du consommateur, mais cet esprit de collaboration aide à faire émerger de nouvelles idées, de nouvelles pistes de réflexion. Les retours permettent d’avoir un point de vue plus externe : que penserait un personne qui n’est pas forcément réceptive au graphisme de manière général ? Nous sommes donc présenté à un avis plus réaliste. Les typographies se font plus visibles pour les stories Instagram qui ne sont lisibles que pendant un lapse de temps réduit et le blanc tournant entre les informations se fait plus grand. Pendant ce temps là, les fins de journées étaient animées par des projets plus personnels. Les petites découvertes que nous pouvons faire par le biais de ces moments-là peuvent être réintégrés à notre travail, petit à petit.

Le stage nous met dans des conditions réelles et nous confronte à une clientèle qui s’est déjà habituée à une certaine image de marque. Nous pouvons toujours nous réinventer en questionnant cette base réfléchie au préalable par l’entreprise et c’est le fait de devoir conserver cette balance entre notre identité (enrichie par nos projets personnels)  et la leur (identité visuelle et la collaboration) qui fait que l’exercice devient vraiment enrichissant.