Contraintes sur Contraintes

En ce milieu de stage, je me sens particulièrement bien au sein de l’agence. Le monde professionnel me plait pour diverses raisons. J’ai le sentiment que l’on me fait davantage confiance, et même si cela dépend du projet et des clients, le fait que je suis plus ou moins encadrée sur un projet me permet plus de liberté.  

Sur le projet scénographique avec le Bristol par exemple, j’ai été pas mal encadrée. Il était difficile car il y avait beaucoup de contraintes. Pour rappel, Le Bristol (hôtel 5 étoiles situé dans l’avenue Matignon) accueille dans sa boutique le temps d’une semaine la nouvelle collaboration entre la marque Adidas & Sport & Rich. 

Il s’agit donc de réaliser une scénographie attractive qui mettra en valeur la collection de vêtements, avec évidement des contraintes. Pleins de contraintes.

C’est peut être contradictoire, mais malgré toutes ces contraintes jai trouve une certaine liberté que ce soit dans le choix des meubles, le fait de pouvoir en inventer puis par la suite faire appel à un artisan pour pouvoir les réaliser. En tout cas j’ai compris qu’il y avait beaucoup de possibilités.

Au final je suis tout de meme aller vers quelque chose de simple, de part la contrainte de temps. 

Même si ces proposition ne créent pas une sensation de jamais-vu, jai essaye de faire au mieux pour combiner les styles différents de l’hôtel et des marques de vêtements.

En ayant un regard critique sur mon travail, je pense qu’avec un peu plus de budget on aurait pu réaliser ces objets avec des matériaux « nobles » comme du beau bois ou de la pierre.

Quoiqu’il en soit soit je suis contente de mon travail et on équipe est fière de moi, je pense que c’est le plus important!

Tout est faux (ou presque)

Avant d’arriver à St Louis, j’avais une vision très très limitée de la post-production, que j’avais décidé d’enfermer malgré moi dans des compétences restreintes telles que la réalisation de sous-titres, l’étalonnage ou encore l’insert de quelques formes 3D. C’est avec beaucoup de naïveté que j’en suis même arrivée à penser que ce domaine était plus ou moins facile, en me demandant pourquoi des milliers étaient dépensés dans ce genre de service.

Ma vision (très limitée) de la post-production
Le questionnement qui m’a menée à tout le reste

Afin de percer ce mystère, j’ai décidé d’aller mener mon enquête et d’aller au-delà de ce que je voyais pour mieux comprendre les enjeux de la post-prod. Adieu le pôle des IT, et bienvenue au pôle 3D!

Ma première rencontre avec Yves (le chef du pôle 3D)


Jusqu’ici toute ma vision du pôle 3D s’était restreinte à des objets modélisés et ajoutés à des séquences vidéo, comme des modèles de crème, de parfums ou de shampoing, rien de bien compliqué. Mais j’avais TOUT FAUX. Ce genre de modélisation n’est qu’une infime partie de leur travail, ils sont en réalité un pôle moteur et déterminant dans l’entreprise, de vrais magiciens. Avec plusieurs outils à leurs dispositions, ils arrivent à créer des univers, modifier l’espace, en somme ils arrivent à berner le spectateur de la manière la plus fluide et spectaculaire possible.
Chaque nouvel exemple que me montrait Yves (le chef du pôle 3D) faisait naître en moi un sentiment de trahison : comment ai-je pu être trompée aussi facilement ? TOUT EST FAUX (ou presque).  Mais d’un autre côté, j’étais si impressionnée et perturbée par leur travail que je n’avais qu’une seule envie : apprendre.

Exemples de l’utilisation de la 3D en post-production
Ma réaction face aux réalisations de Yves
Discussion avec Yves

C’est ainsi que je me lançais dans une route sans demi-tour, prête à découvrir un tout nouveau logiciel : Nuke, un logiciel spécialisé dans les VFX, un mélange entre after effects et blender à l’interface très peu intuitive. Cependant je n’allais pas me laisser démonter par un logiciel aussi rapidement, c’est avec plus ou moins de mal que j’ai appris à gérer tout ce qui est lumières, colorimétries, mais également la rotoscopie au service du tracking. Je suis actuellement en train de travailler sur l’environnement 3D propre à Nuke, toujours aux côtés de Yves sans qui j’aurai déjà tout abandonné. Bien que sa présence m’est indispensable, j’ai tout de même été vaincue par Nuke plusieurs fois…avec l’envie d’alterner cette formation avec une autre activité, ou plutôt une autre formation. 🤓

Après quelques heures intensives de Nuke

En effet, l’apprentissage d’un logiciel totalement inconnu est assez dur, j’avais besoin de me former dans un logiciel que je connais et utilise assez souvent : After Effects. Et ça tombe bien car j’ai rencontré une stagiaire qui s’y connaît pas mal, et qui pourrait m’accompagner dans cet apprentissage destiné à tromper les autres.

Amel (stagiaire) et moi

J’ai d’abord commencé par certaines bases que je ne maitrise pas beaucoup dans After Effects comme la 3D, et j’ai très vite bifurqué sur tout ce qui est plus de l’ordre de la post-prod. Ainsi j’apprends le tracking sur Nuke mais aussi sur After Effects ET ÉGALEMENT sur Mocha, et me rends compte de son importance monumentale dans ce domaine. Cependant les processus sont longs et il faut être patient, alors peut-être que je ne pourrais pas encore tromper mon public comme une pro, mais au moins je deviendrais moins susceptible de me faire avoir.  Enfin toutes ces découvertes me mènent à me poser la question : jusqu’à quel point peut-on créer de fausses réalités, et quel danger peuvent elles représenter ? Je dois avouer qu’être au courant des mécaniques derrières ces tromperies visuelles, et d’en être désormais une apprentie, me fait soulever plusieurs inquiétudes tout en participant activement à ma créativité.

Une belle expérience… mais bon.

Cette dernière période de stage a été, à certains moments, une déception pour moi. L’organisation n’est pas toujours au rendez-vous et je me suis retrouvé à proposer une série d’affiches pour le programme de l’été en moins d’une semaine. Les informations étaient décousues, au début il s’agissait d’une seule affiche pour un événement précis, puis après cette affiche terminée on m’informe qu’il faut la décliner. Le résultat tient la route mais j’aurais aimé pouvoir mieux me pencher dessus et proposer quelque chose de plus intéressant, surtout que j’ai connu une période relativement creuse en charge de travail juste avant.

Série d’affiches en question
( malgré tout ça reste tout de même cool de voir ses affiches sur une façade )

J’ai également pu finir l’affiche de la Résidence d’artistes qui a nécessité un mois entier de travail pour un résultat qui ne me satisfait pas du tout. 

Affiche finale pour la résidence d’artistes
( mon coeur est noué )

J’avais fait une première version qui était validée, prête à être utilisée mais au dernier moment le titre du projet à changer et j’ai dû revoir la partie supérieure de l’affiche. De plus, la responsable était très indécise au sujet de ce qu’elle souhaitais et s’est permise de retoucher l’affiche, détruisant complètement la typographie du titre. Ce travail a finalement été pour moi une déception, car après un mois je me retrouve avec un résultat gâché par quelqu’un qui n’était pas formé par ce genre de tâches.

Version précédente qui avait été validée.

En dernière déception, ça a été la réflexion autour du public. Au début de mon stage, je trouvais cela intéressant de s’adapter au public visé et de proposer des créations qui leur parleraient mais j’ai finalement découvert l’aspect négatif de cette idée, tournée dans le mauvais sens et m’empêchant de proposer des visuels plus travaillés, plus réfléchis. 

“Les gens ne sont pas sensibles au graphisme donc pas besoin de trop faire d’efforts ou de leur proposer quelque chose de nouveau”, voilà qui résume bien ce qu’on a pu me faire comprendre. Malheureusement si le public n’y est jamais confronté, alors nécessairement il n’y sera jamais sensible. Cette idée est rabaissante et triste d’une certaine façon, enfermant les gens dans une culture artistique et visuelle pauvre.

Malgré tout, je tire principalement du bon de ce stage et des réflexions quant au métier de graphiste et de designer. Quel impact avons-nous ? Sommes-nous contraints par le public ou pouvons-nous initier ce même public à travers de la nouveauté ? Ce premier pas dans le domaine professionnel reste toute fois une expérience très riche dont je tire énormément de positif, je sens mon regard et mes exigences plus clairs et plus affirmés.

Culture à tous

Ça y est, le festival sur les cinémas du Maghreb a débuté. J’ai pu réaliser un dépliant avec toutes les informations pratiques et m’inspirer de celui-ci pour proposer des affiches alternatives pour chaque film.

Dépliant ( ici seulement les couvertures )
Affiches alternatives pour le festival

Le rendu est assez convaincant, d’autant plus qu’il y a une certaine fierté en voyant ses affiches accrochées sur la façade d’un bâtiment.

Mais ce qui est le plus impactant c’est la réaction qu’ont les gens face à cet événement. Pas mal de résidents du quartier sont venus nous avoir pour avoir davantage d’informations, ayant entendu seulement le nom du festival. C’était alors l’occasion pour l’équipe et moi de dégainer les dépliants. J’ai l’impression que l’identité assez prononcée du festival a marqué d’une certaine façon le public, les poussant à se questionner sur ce qu’était cet événement.

Je pense que c’est en ça où le designer intervient, marquer à travers une approche graphique le spectateur, la cible pour susciter son intérêt. Retenir l’attention, diriger le regard et provoquer en lui une certaine curiosité.

Pour mon deuxième projet, j’ai été lancé sur la conception d’une affiche pour une résidence d’artistes. Cette résidence prends place dans le quartier et sur une longue période. Je devais donc proposer une affiche qu’il serait facile de décliner. De plus, les résidents n’étant pas tous en capacité de lire le français, il me fallait un élément visuel fort qui parlerait à tout le monde. J’ai donc opté pour une photo des bâtiments où se déroulerait la résidence.

Ce projet a été long, et les propositions d’affiches nombreuses. J’ai d’abord voulu expérimenter avec un jeu typographique mais rapidement cela devenait abstrait et ne permettait pas à tous de comprendre mon affiche.

Finalement c’est la proposition présentée ci-dessus qui a été retenue. Ce n’est pas ma préférée dans son approche esthétique mais il est vrai que d’un point de vue pratique elle est plus facilement abordable pour des gens qui ont des difficultés à lire. Elle se décline sur plusieurs dégradés. Un travail d’organisation des fichiers a également été nécessaire car ceux-ci seront réutilisés pour les années à venir.

Ce projet m’a aussi rappelé une nouvelle fois l’un des rôles majeurs du graphiste : la communication. Même si je suis relativement libre dans mes propositions, je ne dois pas oublier le fait que mes projets doivent parler à un large public ou bien à une cible précise et ne pas me perdre dans des créations plus ou moins abstraites. Et même si l’affiche n’est pas ma préférée, le résultat est le plus important et le fait que les gens aient compris le message derrière.

Cinéma et Indesign à gogo

Lundi 24 Avril. 10h, je pars. Muni de mon vélo, je décolle vers mon lieu de stage. En 10 minutes, le trajet est fait ( ça change de d’habitude… ).

On commence la matinée avec une visite complète du lieu. Je traverse alors une salle de cinéma, les coulisses, puis une salle d’exposition pour finir par une salle de spectacle. Le tout est parsemé de pièces annexes plus ou moins grandes avec chacune des ateliers différents. Après quoi, on fait une petite réunion pour me présenter tous les projets et événements qui sont sur le point d’arriver. Je vois enfin l’équipe au complet : Kévin le spécialiste cinéma, Leïla la responsable des arts créatifs et Nawel la directrice. On évoque alors le festival de cinéma, la résidence d’artistes, le collectif d’architectes ou encore le concours d’éloquence. Le stage va être riche et très varié, je sens que je vais pouvoir m’amuser ! On me lance dans un premier temps sur ce festival de cinéma avec comme thème le Cinéma du Maghreb.

Je dois réaliser un visuel pour un livret et la mise en page de celui-ci présentant les 6 films qui seront projetés. On me briefe sur ce qu’ils imaginent, sur les informations à y intégrer, la cible, l’univers visuel, la typographie. Le brief est précis et je suis content de voir qu’ils savent en faire un. Ils ont déjà un semblant de charte graphique sur laquelle je peux me reposer ce qui facilite grandement mon travail.

Je trouve alors MON bureau et je m’y met. Je fais quelques recherches pour avoir une idée de ce qui peut se faire et hop, je fonce. Je suis relativement efficace et je fais une grande quantité de propositions. Photoshop et Indesign sont mes alliés.

Propositions de couverture
(Beaucoup de ) propositions de mise en page

Je me fais relativement plaisir sur les propositions, notamment sur la couverture où j’utilise la colorimétrie des images des films avec un traitement Photoshop.

Une des propositions faite pour la couverture

Image de couverture sélectionnée, plus qu’à revoir les positions des éléments.

Sur une semaine, je dois sûrement produire une vingtaine de couvertures et de mises en page différentes avec chacune leur qualité et leur défaut. Parfois la contrainte de l’image amène de nouveaux placements des éléments textuels et c’était souvent un réel casse-tête pour trouver LA combinaison.

En parallèle je concerte l’équipe, je leur suggère des idées, je leur propose des variantes de mise en page ou de couverture et leurs retours sont toujours intéressants. Ils sont ouverts à la nouveauté mais savent me donner un cadre où évoluer.

Au bout d’une semaine, ma première mission est presque achevée. L’équipe aime le résultat final et commence déjà à me parler du futur projet : un visuel pour la résidence d’artiste. J’ai un peu l’impression qu’on me tease le prochain Avengers. Des plasticiens et des danseurs vont venir exploiter l’architecture du quartier pour proposer des performances artistiques. Mon travail sera de communiquer pour cet événement tout nouveau pour le Chaplin.

Le fait que mes projets touchent des gens proches de chez moi apporte une autre dimension à mon travail, je constate l’impact que cela peut avoir et je suis content de prendre part à la sensibilisation de personnes non-initiées au milieu de l’art et, à travers mes propositions, au milieu du graphisme.