L’IA est-elle en train de changer notre métier ?

Pendant mon stage, on a travaillé sur un projet un peu particulier : un deep fake réalisé par IA pour une vidéo interne, à destination d’un séminaire d’entreprise. C’était volontairement fun et décalé, mais ce qui m’a frappée, c’est la facilité avec laquelle on a pu le faire. Quelques images, quelques réglages… et l’IA faisait presque tout toute seule. Je me suis demandé : si c’est aussi simple, à quoi on servira encore, nous, les graphistes ou motion designers ?

J’ai parlé avec mon tuteur. Il me disait souvent qu’avec l’arrivée de l’IA, dans dix ans, les jeunes qui sortiront d’école auront des compétences bien plus poussées que nous, justement grâce à ces outils. Ils pourront produire vite et bien, et si nous, on ne sait pas s’adapter, on risque de se faire dépasser. Selon lui, il faudra réussir à devenir plus polyvalent, à ne pas rester cantonné à un seul logiciel ou à un seul type de production.

Mais il ajoutait aussi quelque chose d’important : peut-être que dans dix ans, After Effects n’aura plus le monopole, remplacé par des IA capables de générer des animations complètes. Et paradoxalement, c’est justement parce qu’on sait le maîtriser aujourd’hui que ça peut nous donner un avantage. Savoir composer, animer et structurer une vidéo avec un vrai regard, ça ne s’improvise pas, même avec une IA.

Il insistait beaucoup sur un point : il faut affûter son œil de graphiste. Être capable de reconnaître ce qui est dans l’air du temps, ce qui fonctionne visuellement, et ce qui est déjà dépassé. Une IA pourra générer des images parfaites techniquement, mais si on n’a pas ce regard, on risque de produire des choses plates, sans personnalité.

Est-ce qu’il faut déjà plonger à fond dans l’IA pour ne pas rester en arrière ? Ou au contraire, continuer à renforcer nos bases « classiques » pour garder une longueur d’avance ? Peut-être que la réponse est entre les deux.

Ce que cette expérience m’a appris, c’est que l’IA n’enlève rien à notre métier… si on sait pourquoi on l’utilise. Le deep fake qu’on a fait fonctionnait bien non pas parce que l’IA était « magique », mais parce qu’on avait pensé en amont la mise en scène, le ton, le rythme. L’outil ne fait pas tout, il ne remplace pas les choix visuels, ni la capacité à raconter quelque chose.

Parce que c’est peut-être ça, la vraie différence entre un « utilisateur d’IA » et un graphiste : l’un laisse l’outil décider, l’autre choisit ce qu’il veut dire avec.