Temporalité de projet

Les projets réalisés en cours aboutissent généralement au bout de plusieurs semaines de travail. En effet, la coordination de ces projets avec notre emploi du temps de cours nous oblige à étaler nos heures de travail sur un certain temps.

Ce stage est l’occasion de travailler sur des projets concrets et ceux en permanence. Au cours de ces deux premières semaines de stage, j’ai déjà eu l’occasion de travailler sur sept projets différents et d’en finaliser deux d’entre eux.

Ce qui m’interpelle ainsi c’est le temps passé sur un projet. Celui-ci varie selon la demande du client et selon le délai qu’il nous indique. En effet, un flyer va prendre moins de temps à réaliser qu’une identité visuelle. Une commande urgente va quant à elle limiter le temps de projet. Un projet qui devrait prendre plusieurs semaines doit alors être parfois effectué en quelques jours. 

La question que je me pose donc est la suivante : le temps consacré à un projet influence-t-il la qualité du résultat final ?

Le premier projet que j’ai finalisé était un projet d’appel d’offre. La ville de Laval met en place des Budgets Participatifs et a ainsi besoin d’une charte graphique pour communiquer ce projet. Pour cet appel d’offre nous devions réaliser une image générique, une affiche lancement de l’appel à projets et une image pour les réseaux sociaux. J’ai commencé à travailler sur ce projet mercredi 21 avril et celui-ci devait être envoyé le vendredi suivant. Je bénéficiais donc de très peu de temps pour réaliser ce projet. En seulement deux jours de travail, j’ai dû finaliser ce projet qui m’aurait pris en temps normal plusieurs semaines. En bénéficiant de davantage de temps le résultat final aurait sans doute été meilleur. Cependant ce court délai m’a amenée à me dépasser et à produire tout de même quelque chose de qualité qui répondait bien évidement à la demande du client mais surtout à mes attentes vis-à-vis de ce projet.

Le deuxième projet que j’ai finalisé était un flyer pour une boulangerie qui prévoit de vendre trois formules différentes pour le midi. Ma maître de stage m’a donné cette mission en début de journée. Ce flyer devait indiquer les formules et leurs contenus, et également inclure un bon de réduction à découper. Je devais par ailleurs respecter la charte graphique déjà mis en place par ma maître de stage. Dans la journée, j’ai pu effectuer différentes propositions de flyers que j’ai présentées à ma maître de stage. Celle-ci m’a guidé sur la piste à développer et les éventuelles modifications à faire. J’ai pu finaliser ce flyer en fin de journée. Ici, le temps passé sur ce projet m’a paru convenable et adapté à la demande. Je ne pense pas que du temps en plus aurait amélioré réellement la qualité du flyer.

Flyer pour la boulangerie Du pain sur la Planche

Par ces deux expériences, j’ai pu découvrir que le temps passé sur un projet influence quelque peu le résultat final. A force de travailler sur un même projet, je me suis rendu compte que cela empêchait le renouvellement des idées. Ainsi, je pense qu’il est important en cas de blocage sur un projet, de se concentrer sur un autre, de faire de la veille, ou tout simplement de faire une pause afin de revenir sur ce projet avec un regard neuf.

L’arrivée dans une jungle

« Découverte de la jungle … »

Le mot jungle, qui peut sembler péjoratif aux premiers abords, définit en fait parfaitement mes deux premières semaines d’expérience dans ce stage.

En effet, en arrivant dans cette jungle, à savoir l’agence “Gorille”, je savais que j’allais dans un studio de motion design « corporate » qui travaillait sur divers projets, avec des directions artistiques pas toujours très intéressantes. J’avais donc une certaine appréhension, mais c’est aussi ce que je recherchais : une agence avec de l’expérience, qui me ferait découvrir la création de visuels pour les entreprises, même s’il n’y a que peu de place pour la création.

Ainsi, avant d’entrer dans la jungle, je m’étais fait de nombreuses idées, et une fois à l’intérieur, je me suis d’abord senti perdu devant son immensité.

En effet, dès mon arrivée dans l’agence, Davy, le directeur artistique, m’a fait un récapitulatif du fonctionnement global de l’entreprise, puis m’a rapidement plongé dans la réalisation d’un motion. J’ai pu découvrir à petits pas les différentes étapes fondamentales de sa création, mais je ne m’attendais pas à découvrir autant de choses en si peu de temps. Et cette découverte repose avant tout sur une chose extrêmement importante : l’organisation à tous les niveaux. Tout est parfaitement calibré. Ainsi, à la manière de la découverte d’une jungle, si aux premiers abords tout me semblait être un grand amas incompréhensible, peut-être même un peu repoussant, je me suis vite rendu compte que chaque petite chose avait son importance et faisait partie d’un tout en réalité parfaitement organisé pour que chaque détail fonctionne en symbiose avec le reste.

Cette grande jungle repose sur deux piliers fondamentaux : l’élaboration d’un projet, ainsi que l’organisation.

I) Élaboration d’un projet

1. Lancement : par mail ou en visioconférence, avec les directeurs de l’agence et le client. Cette partie va définir la demande générale, avec la particularité que Gorille propose des aller-retours pour les clients tout au long de la création, sans augmenter le budget initial ! 

2. Script : différents rédacteurs vont rédiger un script pour le motion (s’il n’est pas déjà fourni) en fonction de la demande du client, en respectant une durée prédéfinie ou définie à cette étape.

3. Style : différents illustrateurs débutent la création de styles, afin de déterminer la direction artistique qui pourrait convenir au client. C’est avant tout sur cette partie que j’avais pu avoir des appréhensions, mais j’ai pu me rendre compte que des styles très différents étaient en réalité essayés, parfois assez expérimentaux et plutôt intéressants. Mais c’est le client qui fait le choix final.

4. Story-board : il consiste la majorité du temps en une accumulation de style-frames qui suivent le script phrase par phrase, ce seront donc les illustrations finales utilisées pour l’animation.

5. Voix-off : une fois le storyboard terminé, la voix off est enregistrée par des comédiens.

6. Animation : l’animation ne débute qu’ici ! Grâce à toutes les étapes précédentes, la création du motion se fait facilement, car tous les éléments nécessaires sont déjà présents et validés par le client.

7. Montage : enfin vient l’étape finale, le montage de tous les éléments. En effet, le motion ne reste souvent pas tel quel, avec seulement une animation et la voix-off. Il y a une partie importante de sound design, bruitages et fond musical, et parfois aussi de sous-titres.

II) L’organisation

1. Serveur Privé : toutes les productions de Gorille sont stockées dans un serveur NAS sur place, ce qui permet à n’importe quel ordinateur d’accéder aux fichiers, tous mis en commun. Chaque projet est rangé exactement avec la même arborescence de fichiers, en suivant les étapes de création vues précédemment, ce qui permet de gagner un temps énorme dans la recherche de fichiers.

2. Communication : peu d’outils de communication sont utilisés afin de tout regrouper et de ne pas perdre de temps. Il y a Skype pour la communication vidéo avec le client ou en interne, et Slack pour des messages rapides et envoi d’informations. Chacun a par ailleurs sa propre adresse mail afin de pouvoir communiquer à tout moment avec les clients.

3. Conceptboard : le pilier de la communication tout au long d’un projet, c’est une sorte de planche interactive à la manière de Google Drive, où toutes les étapes du processus de création sont présentées pour communiquer visuellement et avoir des retours du client.

4. Monday : une application en ligne qui permet d’avoir une vue globale de toutes les tâches à faire, de les attribuer à chaque personne, une sorte d’agenda géant pour une entreprise.

5. Début d’une journée : simple mais efficace, à chaque début de journée un appel collectif se fait sur Skype, Davy fait alors un rappel en 15 minutes de toutes les tâches de la journée pour chaque personne (à retrouver sur Monday) pour voir s’il y a des points à éclaircir.

Finalement, même si j’organisais toujours moi-même chacun de mes projets, je n’avais pas encore trouvé de bonne manière de l’appliquer à toutes mes réalisations, et découvrir toute l’organisation de Gorille m’a donné de nombreuses idées.

Par ailleurs, cette optimisation dans l’organisation, m’a permis de travailler sur de nombreux projets en très peu de temps ! Et de découvrir chacune des étapes de création d’un motion : j’ai pu réaliser une animation, des sous-titres, des montages et du sound design, de nombreuses planches de style, un storyboard complet. J’ai travaillé chaque jour sur 2 à 5 projets différents, ce qui m’a permis jusqu’alors de toujours être en mouvement et de réfléchir à de nouvelles choses, de ne jamais m’ennuyer.

D’autre part, j’ai pu me rendre compte, même si je m’en doutais déjà un peu, que c’est la satisfaction et les envies du client qui priment sur les choix du designer, ce qui m’a conduit à parfois travailler avec une direction artistique assez étrange, et à devoir ajouter des éléments qui ne s’intègrent pas forcément au style et au message choisis.

Coopération graphique et bienveillance

Le stage est l’opportunité idéale pour mettre en application nos compétences et savoirs-faire dans un contexte différent du système scolaire. Il permet également d’échanger avec des professionnels sur nos productions. Chez Habile, ma collègue c’est Laure. On se connait donc, aussi bien personnellement que professionnellement. Nous travaillons en binôme entre autres sur la création de supports de communication pour le lieu qui va ouvrir ses portes début juin. (Habile, c’est une boutique multifonctions : vêtements, restaurant, cave et épicerie).

Cela fait donc maintenant deux semaines que nous allons travailler dans un endroit autre que la salle de classe ou la maison. Dès le début, nous avons été mises à l’aise, ce qui a été pour nous un soulagement et un poids en moins. Camille, notre tutrice, est directrice artistique et a co-créé Habile, avec son mari chef-cuisinier, Éric. L’environnement dans lequel nous sommes est chaleureux, familial et propice au dialogue. Les choses sont d’autant plus faciles et agréables puisque ce qui nous est demandé de réaliser est dans la lignée de nos références artistiques. 

Le plus important dans notre travail c’est la communication : aussi bien visuelle que verbale. Avec Laure, nous avons l’habitude de travailler ensemble, se conseiller et rebondir sur les expérimentations de chacune. On s’apporte mutuellement en nous nous nourrissant de nos échanges. Par ailleurs, Camille est à l’écoute sur les idées qu’on lui propose. Elle est ouverte au dialogue et bienveillante dans ces propos. Ce contexte favorable au partage nous permet donc de prendre confiance en nous et aussi d’être force de proposition. Le stage nous incite aussi à présenter nos idées à des personnes extérieurs au design graphique, qui n’y connaissent rien. C’est un bon exercice puisque ce que l’on crée derrière nos ordinateurs, ce n’est pas pour nous mais destiné aux autres. Aussi, il faut réussir à prendre de la distance sur notre travail.

Puis, pendant une semaine, Laure a été en télétravail. J’étais donc seule à travailler en présentiel sur les taches qui nous ont été confiées. La différence c’est de suite ressentie : manque de productivité, ralentissement et procrastination. Les discussions par écran interposé rendent l’avancée du travail beaucoup plus difficile, voir même la ralentisse. Il n’y a plus cette instantanéité de l’échange. L’ordinateur devient une barrière alors qu’en temps normal il est un allié dans notre travail. De plus, j’avais du mal à rester concentrée sur une seule tache, il fallait échanger continuellement avec Laure sur nos avancées. Malgré tout, cette expérience nous a permis d’acquérir davantage d’autonomie.

Travailler chez soi

 Le Covid-19 fut un des événements qui m’a beaucoup étonnée pendant ce stage car le confinement à beaucoup affecté mon expérience durant mon stage de 3 mois étant donné que je suis donc resté dans mon appartement devant mon ordinateur sans réel contact humain. De plus, l’arrivée assez soudaine de ce confinement a énormément affecté mon comportement pendant mon stage. En effet le télétravail à beaucoup ralentit le lancement du projet de la boite où j’effectuais mon stage et donc le travail que je devais recevoir à mi du temps à me parvenir. Durant ces périodes d’attentes je me retrouvais posté devant mon ordinateur à ne rien faire car je n’osais pas travailler sur un autre projet ou bien regarder un tuto ou bien me détendre sachant qu’a tout moment je pouvais recevoir une demande de travail qui pouvait me stopper dans mon travail personnel. De plus le sentiment de culpabilité de faire une activité n’ayant que très peu de rapport avec mon stage sur le temps de travail de ce dernier était assez pesant.

Le télé travail pose donc déjà un problème dans ma manière d’agir et de me comporter lors de mon stage mais il affecte également mon processus de travail suite à une demande de réalisation de mon maître de stage. En effet lorsque m’on maître de stage me demande de réaliser un visuel, un détourage ou bien une vignette, je dois donc à chaque fois lui envoyer un mail avec le premier visuel réaliser qu’il devra envoyer à d’autres personnes de l’agence pour savoir si il est validé ou si je dois faire des corrections et donc prendre le chemin inverse de cette chaine de mail dans le chemin inverse. Étant données que nous nous envoyons nos travaux par mail je me suis donc rendu comte que cette chaîne de mail prenait du temps et je devais donc anticiper les critiques possibles que j’allais recevoir pour éviter le maximum de retour négatif afin de réduire le temps de réalisation pour un visuel. Je devais donc créer plusieurs variantes pour faire donc plusieurs propositions ce qui pouvait parfois me faire obtenir au final un fichier psd très lourd et du coup qui prenait de la place sur mon ordinateur.

Le télétravail, pourtant, me semblait positive avant le début de mon stage, car je suis installé confortablement chez moi, je n’aurai pas ressenti de pression dû au cadre du lieu de travail, je n’avais pas de trajet de métro à prendre et donc je pouvais dormir beaucoup plus longtemps, on pouvait presque penser que j’étais beaucoup plus libre. Cependant le manque d’encadrement au début de mon stage m’a beaucoup surpris et déstabilisé et j’ai donc pris un peu de temps afin de m’habituer à cette nouvelle façon de travailler.

On peut donc dire que le télétravail peut au final paraître négatif si on l’agence où on travail ne c’est pas adapté pourtant le graphiste travaille généralement via un ordinateur et transmet son travail via ce support. Cependant il ne faut pas oublier que le graphiste n’est pas seul il à un employeur, une équipe qui travaille avec lui et il faut donc qu’il veille lorsqu’il travaille à répondre juste dès le départ à la demande qu’on lui soumet mais aussi rapidement pour ne pas ralentir le projet mis en place par l’agence.