Mon patron, ce client

En participant à la communication interne de World+, je n’ai pas de clients externes. Pourtant, j’ai découvert un client très exigeant au sein même de mon entreprise.

La hiérarchie de World+

Au fil des semaines au pôle graphisme, j’ai assisté Maël le lundi et le mardi, et pris en charge certains projets tous les autres jours. J’ai réalisé que le poste de stagiaire que j’occupe est en réalité intitulé « Assistante Image ».
Cela signifie que je ne suis pas simplement en apprentissage, mais que j’assiste le Directeur Image en début de semaine et le remplace le reste du temps.

Datavisualisation de mes différents lieux de travail

J’ai éprouvé des sentiments mitigés concernant les différentes activités depuis mon arrivée. Pendant longtemps, j’avais l’impression que rien ne décollait.

Les projets reprennaient progressivement pour les set designers, mais les graphistes ne travaillaient pas directement pour eux. Il n’y a d’ailleurs ni expositions ni catalogues à produire pour 2023-2024, ce qui fait que je ne suis rattaché à aucun projet particulier et que j’arrive le matin sans savoir les tâches à faire et les objectifs.

J’ai donc compris progressivement mon rôle pour ce stage : nous travaillons pour Vincent Olivieri, construisant et diffusant l’image de son entreprise pour attirer clients et partenaires.

Il est très pointilleux sur cette image, mais sans avoir d’idées précises sur ce qu’il souhaite transmettre. Cela rend la création et l’approbation de projets compliquées : il sait ce qu’il ne veut pas, mais n’est jamais sûr de ce qu’il veut. Il est exigeant parce qu’il est directeur artistique, mais il n’est pas graphiste donc il se repose sur l’équipe Image, ce qui est normal. Malheureusement, aucun visuel ne peut être validé sans son accord, car c’est sa société. Cela conduit à un interminable jeu de ping-pong entre création et prise de décision. Mais sans avoir plus d’indices sur la direction à prendre.

La roue des réponses de Vincent

Jusqu’à présent, mes productions étaient peu importantes et stimulantes car je travaillais principalement sur la communication interne administrative. J’ai envoyé des mails, fait des exports de productions que je n’avais pas réalisé, fait du benchmarking, redimensionné des vidéos montées par d’autres personnes. Peu de tâches créatives. J’ai trié et uploadé des contenus pour le site internet, remplacé des photos dans d’anciennes brochures, et mis des logos sur des poubelles de tri. Des tâches nécessaires, mais peu gratifiantes.

A cette époque, j’apprenais principalement sur les relations professionnelles, les chiffres d’affaires et le fonctionnement des différents pôles de l’entreprise, plutôt que sur le rôle d’un graphiste en entreprise.

Je passe la plupart de mon temps en autonomie, les bureaux étant souvent vides de graphistes. Je manquais de directives claires et je devais souvent demander des fichiers ou des instructions pour commencer une tâche. Malgré mes efforts pour proposer des idées et demander des directives claires, la communication chez World+ reste compliquée, surtout avec Vincent, notre principal « client ».

Nous travaillons actuellement sur la refonte du site web, publié la semaine prochaine si tout va bien. Bien que la structure soit finalisée, la forme reste difficile à concrétiser. Le nouveau site doit refléter le concept de l’entreprise, qui ne se positionne plus comme agent de set designers, mais comme partenaire. Cette transformation nécessite une communication renouvelée à travers son image et le site web.

Il est crucial d’analyser les messages envoyés aux clients via notre site. Une idée brillante sur la hiérarchisation des projets peut parfois négliger les set designers partenaires. Il faut toujours trouver un équilibre entre ce que Vincent imagine, puis ce que Maël propose graphiquement en accord avec ses idées. Souvent, Vincent n’aime pas nos propositions, et parfois même ses propres propositions. Cela crée de nombreux échanges et ajustements pour satisfaire ses attentes évolutives, ce qui est son droit en tant que directeur. 

Mais être chef d’entreprise n’est pas sa seule activité, et il doit aussi travailler en tant que set designer, alors parfois nous n’avons pas de nouvelles pendant plusieurs jours.

J’ai noté une phrase de Maël : « Lors de nos appels, je demande des retours sur la structure générale, mais il se focalise sur des détails. Cela freine notre progression car il a le sentiment que rien n’avance et qu’il faut tout recommencer. »

Sans directives claires, nous tâtonnons. Sans plan de communication précis, nous nous basons sur des références de nos homologues. L’équipe Image tente d’imposer une organisation plus structurée. Elle teste des créations qui ne sont pas validées, et doit souvent recommencer. Cela affecte mon travail car je dois aussi sans cesse refaire des productions pour répondre aux exigences.

Un exemple de mes tâches personnelles

Aujourd’hui je m’en suis détachée, à la fois parce que je me suis habituée, puis parce que les choses commencent doucement à changer. J’ai enfin commencé à produire des visuels plus intéressants. Mes contributions sont désormais prises en compte. J’ai demandé à participer à des tâches diverses et à assister à des shootings pour comprendre le rôle de World+ en dehors de la communication interne. Entre photos, vidéos, newsletters éditoriales, mises en page de brochures et design de merchandising pour la marque, depuis 2 semaines j’ai mieux expérimenté la vie en entreprise en tant que créative.

Montage condensé de mes activités plus créatives

Nous sommes au milieu de cette expérience de 3 mois.
Mon stage chez World+ me permet d’apprendre à naviguer dans un environnement exigeant sous la direction de Vincent Olivieri et de Maël. Plutôt que de développer des compétences techniques, j’ai développer encore plus ma capacité à m’adapter, à prendre des initiatives et à travailler de manière autonome, tout en apprenant à gérer les attentes d’un client interne exigeant.

Appréhender de nouveaux supports de communication

Ce stage m’a permis de réaliser des projets bien différents de ceux effectués dans le cadre de mes études.
Je vais ainsi vous exposer différents projets sur lesquels je n’avais jamais eu l’occasion de travailler auparavant et vous parler des obstacles/contraintes auxquels j’ai dû faire face.


1er exemple : l’habillage d’un véhicule.


Demande : une société spécialisée dans le secteur d’activité du nettoyage des voies publiques souhaite habiller un nouveau véhicule.


Contraintes :
– Le support : une Clio 3. Le véhicule n’est pas plat comme c’est le cas pour les principaux supports de communications. J’ai donc dû m’adapter aux différents volumes du véhicule.
– La visibilité. En effet, un véhicule de société représente très souvent le seul moyen pour un professionnel de se présenter au grand public, et d’acquérir un carnet d’adresses plus enrichi. Le véhicule doit être visible partout où il circule. J’ai ainsi dû réfléchir aux placements des différentes informations (domaine professionnel, contact, site web, …).


2ème exemple : une pochette de devis


Demande : la société Marchand spécialisée dans le secteur de la décoration et de la rénovation souhaite proposer une nouvelle pochette de devis à ses clients.


Contraintes :
– Trouver une double utilité. La société Marchand souhaite si possible que cette pochette ait une double utilité. Celle-ci doit tout de même créer un lien avec l’univers de la société. J’ai tout d’abord pensé à une règle qui pourrait se détacher de la pochette, et qui évoquerait la rénovation/le bricolage. J’ai également pensé à un motif sur la pochette, en noir et blanc qui pourrait être colorié. Cette idée évoquerait la décoration/la peinture.

3ème exemple : une étiquette de bouteille

Demande : la société C&P spécialisée dans la sélection et la vente de cidres et poirés souhaite une étiquette pour son nouveau poiré en Magnum.

Contraintes :
– La taille de la bouteille : Magnum. Une bouteille standard contient 75cl. Une bouteille Magnum contient elle 1,5L. La bouteille Magnum est ainsi imposante et lourde. Il faut donc réaliser une étiquette qui casse cet effet « mastoc ». Pour cela, j’ai pensé à une étiquette en longueur ce qui affinerait davantage la silhouette de la bouteille.

4ème exemple : panneaux de Rayons

Demande : la société Au panier fermier spécialisée dans la vente de produits mayennais issus des producteurs, ouvre un nouveau magasin et souhaite des panneaux pour repérer les différents rayons.

Contraintes :
– S’adapter à la charte graphique existante tout en proposant quelque chose de nouveau. Ma maître de stage a réalisé la charte graphique de la société il y a quelques années. J’ai dû ainsi repartir des couleurs et formes déjà existantes. Cependant, il fallait également imaginer une proposition différente, toujours en accord avec la charte graphique, mais qui puisse la faire évoluer.
– la visibilité. La visibilité des panneaux était importante. Il fallait qu’ils interpellent le regard afin que les acheteurs puissent repérer facilement ce qu’ils cherchent. J’ai ainsi décidé de représenter chaque catégorie par des pictogrammes. Chaque panneau dispose également de sa propre couleur.

Piste plus proche de la charte graphique
Piste différente

Ces projets m’ont amené à expérimenter sur de nouveaux supports de communications et ainsi à faire face à certaines contraintes. Ces expériences ont été très enrichissantes puisque je n’avais jusqu’ici pas eu l’occasion de travailler sur ce type de projet.