La mode c’est aussi du graphisme

J’ai réalisé ma première semaine de stage au côté d’Andréa Albrizio, un jeune entrepreneur et créateur de mode. Et quand je dis jeune, c’est très jeune (21ans à peine). L’avantage, c’est qu’on a le même âge donc on se comprend très bien, et on avance très efficacement. L’inconvénient, c’est que le sérieux n’est pas toujours au rendez-vous. C’est pourquoi j’ai commencé mon stage en attendant le maitre de stage avec déjà 20 minutes de retard 🙂 Heureusement son projet et son ambition immense me fait garder mon optimisme face à ce stage.

Alors une fois qu’il m’as raconté toutes ses ambitions pour son futur projet, plus de temps à perdre, là il faut travailler. Arrivée dans son atelier je me suis tout de suite mise au travail.

Croquis de l’atelier

Même si je savais en arrivant dans le milieu de la mode que le graphisme comptait beaucoup, j’ai été étonnée dès mon premier jour de stage de voir à quel point ce dernier avait une place importante dans du design de vêtement.

En effet, dès mon arrivée j’ai directement sur le vêtement en réalisant une étiquette. Pas une simple étiquette intérieure qui indique les composant du tissu, mais une étiquette qui avait bien sa place dans le design du vêtement. 

Fiche technique de l’étiquette

J’ai ensuite passé ma semaine à imaginer l’univers graphique de la prochaine collection. Un univers spatial ? Futuriste ? Métallisé ? Pas de souci, créer un univers, c’est mon truc ! Alors j’ai pensé étiquettes, packaging d’envoie, sticker, sac pour la boutique, carte, boîte, etc. J’ai du créer toute une cohérence entre tous ces éléments, et avec un créateur qui n’as pas de notion en graphisme, ça n’as pas été une mince affaire. Heureusement, il m’as vite fait confiance, et a rapidement compris que devenir un « plus gros le logo » n’était pas une bonne chose.

Ensemble des éléments créer la première semaine

Un deuxième problème s’est posé à moi lorsque j’ai voulu créer des éléments cohérent entre mais aussi avec l’univers de la marque. IL N’Y A PAS DE CHARTE GRAPHIQUE.

Compliqué de ne pas créer d’incohérence quand le graphisme de la marque de pas de fil conducteur. J’ai donc du en créer afin de ne pas perdre la tête. En commençant par analyser le logo déjà existant de la marque. CATASTROPHE. Rien ne va. Il faut que je repasse derrière. « Mais qui a fait ce travail affreux ? »

Comparaison de l’ancien logo et du nouveau

Je ne suis pas encore satisfaite de ce logo mais bon, je ne peux pas prendre toutes les décisions donc on le garde. Mais alors dans ce cas, je décide quand même de réaliser une version alternative du logo, pour en avoir une version sans typo. Et ça tombe bien car très vite, il me demande de réaliser une version qui tiendrait dans une photo de profile ou une icône d’application. On est vraiment sur la même longueur d’onde.

Test de logos fait sur procreate

Je le trouve bien meilleur que le logo typographique (et pas parce que c’est moi l’ai fait 👀). 

Ahhh maintenant qu’une charte graphique est mise en place, bien plus simple pour travailler.

Mais problème, plusieurs des éléments que j’ai créé sont déjà partis en production avant que je n’ai changé le logo. Il va falloir en ré-envoyer. Oh oh, je commence déjà à lui faire perdre de l’argent. Mais finalement ça en vaut le coup. Car les premiers samples arrivent déjà !

Premiers prototypes

Finalement j’ai beaucoup aborder le graphisme autour de la marque de vêtement, mais les vêtement en eux même aussi ont besoin de graphisme ! Et j’ai finalement du réaliser les designs graphiques des vêtements. En bref, ce que les gens vont porter. (Cela ne me met pas du tout la pression.) Et après des heures de recherches, inspirations, expérimentations, et quelques vingtaines de tests à proposer (par vêtement), les premiers prototypes commencent à être validés.

Tests de design sur les sweats

Comme quoi le graphisme a un rôle important dans la création de vêtement.

L’envers du décor, du décor

Mon agence n’étant pas une où les clients viennent demander des services d’un graphiste, mais bien d’un scénographe, mon rôle peut être parfois remis en cause en tant que créatif. Ayant déjà mentionné dans mes précédentes notes d’étonnement : c’est un domaine assez loin du design graphique. Mon rôle dans l’agence étant très polyvalent, voir qui ne touche plus réellement World+ avec des missions parfois dédiées à l’autre entreprise affiliée.

Pendant ces deux dernières semaines de stage, j’ai été sur un projet de shooting de produits mis en location par l’entreprise Global Supply, je suis en charge de traiter les images prise par une freelance (qui était encore stagiaire avec moi trois semaines avant). La mise en scène d’objets paraît anodine, mais c’est un exercice plutôt minutieux, qu’on pourrait apparenter à de la nature morte qu’on voit souvent dans les shooting de mode. Chaque pli est important, pour montrer le meilleur du produit, pour donner envie de le louer. 

planches-contact de prises de vues non retouchées

Dans cette mission, j’ai pu à la fois travailler des images, mais également pu aider à mettre en place les lumières, l’installation et les objets pour les packshots.

Mise-en-scène d’un harnais par un système de fils

J’ai également pu avoir des opportunités hors graphismes qui m’ont permis d’identifier les rôles présents sur un lieu de tournage. Malgré quelques fonctions qui restent floues pour moi, s’expliquant par la grandeur des équipes qui laissent une certaine distance entre chacun, surtout pour moi qui reste une simple assistante. 

J’ai été intégrée à l’équipe de set design pour un tournage pour la promotion d’un parfum Jean-Paul Gaultier. Où j’ai pu composer ce petit set de mes propres mains dans le terreau. 

Composition dans un cadre + Tournage de séquences du parfum

Mes compétences en graphisme étant loin d’être essentielles lors de mes missions d’assistante, j’en viens rapidement à faire d’autres choses, comme mettre en place cette construction.

Construction d’une assise en fleur, chaque pétale est détachable

J’ai pu réaliser la liberté autour de la dénomination de graphiste et de cette possibilité de ne pas se limiter à avoir seulement une seule fonction. J’ai pu discuter avec d’autres personnes pendant la pause du midi, dont un graphiste qui me disait qu’il faisait également d’autres missions hors graphisme, à la fois pour mieux gagner sa vie, mais surtout par plaisir de toucher à d’autres supports de communication.

En assistant à d’autres projets de set design, j’ai pu voir l’envers du décor, du décor. En étant présente sur des lieux de tournage, ma vision sur les décors dans des publicités ou au cinéma deviennent à mes yeux à la fois plus banals, mais aussi plus impressionnant par l’identification plus spontanée de tout le travail mit sur les constructions. Leur rôle étant de créer, de façon à plonger dans le concept de l’image ou vidéo finale. Généralement dans le but d’en mettre plein la vue. Cependant, tout est beaucoup plus accessible que ce que je ne pensais au départ.

Durant ces trois mois de stage, j’ai pu expérimenter de nombreuses choses, de près ou de loin au graphisme. J’ai eu de nombreuses opportunités en participant à des projets de grande ampleur auquel je n’aurais jamais imaginé avoir à 18 ans. Cela m’a également confronté au monde effréné de la mode.

Le graphiste met en scène

Le début de mon stage qui se résumait à un nombre incalculable d’assemblages Indesign, de gigas qui partent comme des petits pains de mon stockage (conseil: travaillez sur des disques dur) et retoucher des images sur psd, a enfin prit un terme le 8 Juin. C’était le jour du vernissage de l’exposition que l’on a organisé. On a pu témoigner le fruit de notre travail intense pendant 1 mois. Ceci pour ma part en tant que stagiaire graphiste comprenait la communication autour avec les newsletters par mail et les stories Instagram. Ainsi que d’autres éléments graphiques comme la signalétique, plan de la salle et œuvres, livret d’informations, impression A0 et le magazine. Surtout pour ce dernier, qui était le plus conséquent en charge de travail pour moi, a été très gratifiant d’avoir pu assister à la création, l’impression jusqu’à la distribution.

Quelques pages du magazine
Les exemplaires du magazine

Après avoir bouclé ce vernissage qui prenant 90% de mon attention, car je travaillais déjà en parallèle avec une grande marque de luxe que je citerais pas. Cela m’a permis de me concentrer sur cette question de la place du graphiste dans ce monde de la scénographie dans la mode.

J’ai alors été cette fois confrontée aux DA et au photographe en charge du projet de cette campagne. Au départ indirectement, par l’intermédiaire du set designer que j’ai assisté sur le lieu de tournage. Car j’assiste rarement entièrement le projet, qui durent entre 3 à 10 jours. Pour le cas de cette campagne infernale, il a été découpé en 2 parties avec 2 photographes différents. Le premier a duré 5 jours pour les sets designers qui ont dû construire un décor de train en taille réelle. Et le second, 3 jours pour les natures mortes, sur lequel on m’a beaucoup sollicitée.

La construction du train + mon endroit de travail sur set

Ces courts délais sont aussi impressionnant que le résultat. Mais par conséquent, ces courts délais s’appliquent également à moi qui doit produire des visuels, la plupart du temps en moins d’une heure. 

Pour ces natures mortes, j’ai dû concevoir des cartes postales, des timbres, des visuels plus abstraits utilisés en fonds et un pochoir pour peindre sur la façade du train. Toutes ces créations serviront pour décoration sur les images de leur campagne. Le plus compliqué pour moi c’était de bien viser la « demande » qu’ils ont avec des instructions très approximatives que j’ai à distance.

😿

Cependant, j’ai eu la chance de pouvoir être présente sur le lieu le jour où mes visuels allaient être utilisés. Mais les complications ne s’arrêtent pas ici, puisque le matin même, les clients se rendent compte que les fonds que nous avons construits n’étaient pas assez grands et préfèrent des cyclos pour le fond. En vitesse je crée de nouveaux visuels, appelle l’imprimeur pour savoir s’il est possible d’imprimer ce format dans l’heure qui suit, et de trouver quelqu’un pour nous l’apporter au studio.

Malgré la pression de savoir que ce shooting reposait entièrement sur moi, les retours flous des DA, j’ai su tout boucler en 30 minutes. Le reste ensuite dépendait de l’imprimeur et du coursier qui ont été très réactifs.

à gauche les fonds qu’ils n’ont pas voulu, au milieu et à droite les grands fonds fluides 1M X 1.7M
en espérant que ces photos verront le jour

Je dirais que le graphiste autour de set designer a plutôt un rôle de support pour mettre en valeur leurs idées. Par exemple, je crée pour un objet de décor qui fait parti du grand ensemble. Le travail peut être parfois plus conséquent et important sur l’image finale, comme les fonds ci-dessus. En notant que le set designer est lui-même au service du directeur artistique, du moins de ce que j’observe, j’ai tout de même réussi à trouver une certaine marge de liberté dans mes missions.

Dans le milieu du set design en tant que graphiste, il serait à mon avis plutôt adapté de travailler en tant que freelance, ponctuellement. Étant là en permanence, on me lance souvent sur d’autres missions moins créatives, malgré tout, très enrichissante pour comprendre ce milieu en étant directement confronté au lieu et l’adrénaline que l’on a en étant sollicitée sur les shootings.

Il faut faire rêver les gens

J’ai commencé mon stage il y a 3 semaines chez Jimmy Bitton Production (JBprod), c’est une agence d’événementiel spécialisée dans le luxe. Je suis arrivée, plutôt sereine lors de mon premier jour de stage. Mon entretien s’était très bien passé 3 semaines auparavant, j’ai eu un très bon feeling et le soir même, on m’a appelé pour m’annoncer que j’étais prise. La veille de mon arrivée, ma tutrice m’a envoyé un petit message pour me rassurer, me rappeler l’adresse et les horaires. Donc pas de stress !

J’ai tout de suite été bien intégrée, j’avais quelques à priori vis à vis du domaine du luxe et je m’attendais à une ambiance plus austère. Mais tout le monde m’a très bien accueille et je me suis vite sentie à l’aise.

L’équipe JB prod se divise en 2, d’un côté la team Chef de projets avec Marine, Coline, Clémence et Diane pour l’organisation des événements, et de l’autre la team créa avec François le directeur artistique, Emma et Anna des alternantes en graphisme et scénographie, puis moi. Sans oublier Jimmy le patron, qui gère également son autre agence en parallèle (Inspiration Live Music).

On travaille tous dans le même bureau, chacun avec son ordinateur perso. J’ai trouvé ça étrange au départ qu’il n’y ait aucun ordinateur fourni pour l’agence, mais on m’a expliqué que c’était plus simple ainsi pour pouvoir travailler à distance ou en dehors des heures de travail. Car dans l’événementiel, il est fréquent de devoir travailler dans l’urgence le soir ou le week-end, surtout avec certains clients à l’étranger.

Un des bureaux dans l’agence.

Dès le premier jour, on m’a directement donné des missions et présenté les projets actuels… J’ai un peu pris peur face à l’ampleur des événements prévus et des budgets mis en jeu.

On parle de centaines de milliers d’euros, voir des millions pour certains voyages ou séminaires. Les clients sont très exigeants et ce sont des clients récurrents avec qui il ne faut pas faire d’erreurs (L’oréal, Valentino, Lancôme, Prada…). Je ne suis pas encore très habitué à entendre les chefs de projet parler de budgets aussi conséquents, c’est toujours surprenant.

Mais le rôle du graphiste dans tout ça ?

Le job du graphiste dans une agence événementiel n’est pas le plus important à première vue et passe souvent au seconde plan dans l’élaboration d’un projet, ce qui nous pousse à travailler dans le rush pour finaliser des présentations ou des supports visuels. Les clients n’ont pas toujours conscience qu’il y a un graphiste qui travaille avec les chefs de projet. L’événementiel ce n’est pas seulement élaborer un planning, trouver des lieux de soirée ou des hôtels.

Dans le processus de création d’un projet, la première tâche du graphiste est l’élaboration d’une présentation pour le client. On obtient souvent un événement grâce à un appel d’offres, bien que ce soit pour des clients réguliers.

Il faut « faire rêver les gens » dans nos présentations (j’entends cette phrase environ 5 fois par jour). De grands visuels d’hôtels, de réception, de lieux paradisiaques pour les voyages… Le tout au sein d’une présentation épurée qui respecte les codes du luxe et dans laquelle le client retrouve l’identité de sa marque.

Slides de présentation d’un événement pour Lancôme.

C’est une tâche que je trouve plutôt agréable. Le chef de projet qui est en charge de l’événement s’occupe de créer un Google slide en guise de « chemin de fer » sur lequel elle place les textes, informations, adresses, lieux… Et les graphistes se servent de cette trame pour réaliser la présentation. Je me retrouve assez libre dans la création, je m’inspire de l’identité de la marque, mais je peux m’amuser dans la mise en page. Et tout cela permet ensuite de vendre le projet au client.

Les invitations sont la prochaine étape dans le processus de création. Il faut annoncer l’événement autour d’un support en lien avec le thème de la soirée ou du séminaire. Cette invitation et son identité seront déclinées par la suite sur divers supports (photocall, kakémono, boîtes, totebag, filtre photo, animations…) puis dans la scénographie.

Propositions d’invitations pour un événement Prada.

Pour cette partie, nous sommes beaucoup en contact avec le client, l’équipe essaye de faire des retours le plus fréquemment possible, les clients sont de bonnes connaissances, il est donc facile de communiquer avec eux en cas de doutes sur leurs indications.

On m’a directement permis d’être en contact avec les clients, cela me permet de rencontrer des gens dans le milieu du luxe et de l’événementiel. Mais ce n’est pas toujours facile… J’ai été plus ou moins prise au sérieux par certains clients étant donné que l’on m’a présentée comme nouvelle stagiaire dans l’agence. Mais bon, j’ai appris rapidement que dans ce milieu, il faut montrer qu’on est sûr de soi et de son travail, ne pas se laisser marcher dessus et le tout en restant professionnel… Pas évident tout ça.

Mais je rencontre aussi des gens très gentils et bienveillants, Jimmy à un réseau très développé et on a souvent des visites de ses amis à l’agence, comme une PDG du groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot) ou des directeurs de création chez Valentino et Dior. C’est assez impressionnant (et drôle) de voir toutes ces personnes qui travaillent dans l’univers de la mode et du luxe (je découvre des personnalités très extravagantes).

Voilà ! En résumé, je m’amuse, je rencontre du monde, je crée pour des marques que j’adore, et tout ça avec une équipe au top.