Alors vous êtes en charrette ?

Cela fait maintenant plus d’un mois que je suis chez We We. J’ai débuté mon stage avec de petites missions de mise en page pour tester mon niveau, puis j’ai eu l’opportunité de participer à de nombreux projets de plus grande envergure. J’ai découvert la diversité des missions de l’agence et l’importance d’une organisation méthodique pour passer d’un projet à l’autre. Presque tous les matins, j’ai un nouveau sujet, alternant entre les anciens et les nouveaux. Le rythme peut être très aléatoire selon les retours des clients : parfois, il y a peu de choses à faire, et d’autres fois, c’est l’inverse.

J’ai observé que toute l’équipe fonctionne ainsi. Marine nous attribue les différents projets sur lesquels on va travailler plus ou moins longtemps, et nous lui faisons des retours en réalisant les différentes demandes des clients. J’ai eu l’occasion de travailler sur un livre de cuisine familiale, des réalisations pour Fabienne Verdier, comme des cartons d’invitation de luxe pour Van Cleef & Arpels, ou encore des palissades pour le musée des Arts décoratifs. 

Petite BD qui retrace le quotidien des échanges avec Marine

La clé est d’être organisé, de prendre des notes (vraiment, les notes sauvent des vies), car les techniques d’impression varient souvent. Donc, je me munis d’un carnet, d’un stylo et des notes de mon téléphone pour réaliser des to-do lists. Il faut se rappeler quel type de reliure utiliser, entre la wire’o et le dos carré collé, car on peut vite se perdre. Il est aussi essentiel d’être efficace et précis.

Une partie de mes notes et ma to-do list sur mon téléphone

Ce qui est passionnant dans le fait de jongler entre différents projets, c’est la diversité qui empêche de s’ennuyer. J’aime cette dynamique, même si parfois, il peut être perturbant de devoir retoucher un document que l’on pensait terminé, à cause d’un retour client qui nous replonge dans un ancien projet. Il m’est arrivé de devoir modifier des gabarits de mise en page tout en respectant la charte graphique imposée, ce n’est pas évident. Il faut être a jour, et ne rien oublier car un détail ou un fichier mal sauvegarder peut nous faire perdre énormément de temps, sur l’avancer du projet.

Data visualisation des projets sur lesquels j’ai dû retravailler.

Mais grâce à tous ces projets et à ce jonglage constant, j’ai appris à mieux comprendre le déroulement d’un projet et à être plus efficace sur InDesign ( j’ai appris plein de nouveaux terme et manière de mettre en page je suis ravie :)).

La diversité des sujets me permet également de travailler avec une grande variété de clients, ce qui me donne un aperçu des différentes demandes et niveaux d’exigence. Cela me pousse à être plus minutieuse (chose pour laquelle je ne suis pas la plus attentive). Comme je suis parfois jetée dans le grand bain avec des sujets très variés, j’apprends à tout mesurer au millimètre près, à mieux utiliser les repères et à faire confiance à mon regard. Parfois, c’est un peu la course, mais j’ai toujours hâte de revenir le lendemain pour découvrir sur quel sujet je vais travailler cette fois-ci.

La fenêtre du malaise …

Je vais vous présenter mon stage chez Mobilisation Générale.

Mais qu’est-ce que c’est Mobilisation Générale ? 

C’est une boutique en ligne proposant des vêtements, des décorations autour de Playmobil. C’est Charlotte qui a monté cette entreprise en 2014, rejointe par Johana cette année. 

Au début, Charlotte créait ses propres scènes de Playmobil dans des cadres et cloches mais au fur et à mesure des années elle a développé le textile surtout pour les restaurants et hôtels de luxe. 

Les locaux

Je travaille dans leur bureau qui sert aussi de showroom, c’est très grand. Il y a d’abord à l’entrée le bureau de Charlotte et Johana, ensuite une salle de réunion (c’est là où je travaille), une pièce pour la fabrication des cadres, des cloches, un autre bureau qui est loué à une architecte d’intérieure (Elle s’appelle Juliette et est super cool même si je la vois pas souvent) et un espace de stockage.

Le lieu a une particularité, il a des fenêtres entre deux locaux, celui où je travaille et celui d’une entreprise de peinture.

C’est assez perturbant car j’ai l’impression d’être épié à certains moments.   

Mes missions 

J’ai des tâches très variées, par exemple je fais des colis. J’emballe des sweats et je fais les bons d’envoi pour la poste. Ça a l’air bizarre mais c’est fun, ça prend 15 minutes et il y en a pas tout le temps. J’ai découvert Wix lors de ma première journée pour modifier leur site et le mettre à jour, j’ai commencé une charte graphique qui est pour l’instant au placard car je travaille sur un plus gros projet (sorry c’est secret >.<). Je fais aussi des visuels pour leur boutique dont notamment une planche de surf pour un client. 

Après deux semaines je peux dire que je n’ai pas l’impression de travailler, pas dans le sens que je ne fais rien. Mais les tâches me plaisent, je suis totalement concentré dessus et je ne vois pas le temps passer. Pourtant je n’ai pas l’impression de faire des trucs incroyables, mais les deux adorent, et même elle m’aide à améliorer mes visuels. Elles me complimentent souvent sur mon travail (c’est assez perturbant 0_0). Charlotte m’a dit que j’étais super efficace et que j’arrivais à bien la comprendre dans ses idées et que j’arrivais à rebondir pour sortir un visuel plaisant. J’apprécie énormément ce cadre, loin du stress où je me sens utile et mon travail apprécié. 

Qu’est-ce j’utilise pour travailler

ILLUSTRATOR, vraiment, c’est devenu mon meilleur ami. 

(Photoshop, tu restes dans mon cœur <3) En deux jours j’ai appris plein de nouveaux trucs, par des tutos et en full impro. Beaucoup de fonctions que j’utilisais sur Photoshop, je les utilise sur Illustrator. 

Wix … pas le même délire …

C’est comment dire, censé être simple pour faire son site web. C’est sûre que c’est beaucoup plus simple que d’apprendre du code HTML et CSS. Mais j’ai déjà eu du mal à trouver le lien pour modifier les pages web. On peut bouger les blocs facilement (qu’on se demanderait presque à quoi servent les mockups et wireframes), mais faire communiquer les informations ensemble c’est un autre délire. Il y a la page principale de wix avec pour nous tous les articles (bonjour l’organisation des produits, tu es nulle) et la page pour modifier le site. 

Par exemple, je devais enlever la petite banderole de promotion, pour la trouver c’était une horreur. Je pensais que je pouvais l’enlever directement dans la page de modification des pages web, que nenni. Il faut aller sur chaque produit de la page principale enlever le chiffre dans l’encadré qui se nomme ruban. Enfin un nom très logique quoi. Pour comprendre ça j’ai dû faire appel à l’assistance de wix, vous savez sur certain site il y a une fenêtre qui s’ouvre pour te demander si tu cherches un truc alors que tu as à peine ouvert le site. Il y a cette fonctionnalité mais un peu plus cachée et on peut parler avec un vrai humain (enfin une personne mal payée pour aider d’autres). Il a été super utile mais il m’a beaucoup fait rire, à la fin de notre échange, il a regardé le site pour voir les problèmes. Il a trouvé que les mentions légales n’étaient pas mises lors de la validation du panier et il a écrit “ce serait dommage qu’il vous arrive un truc …” cette fausse gentillesse et condescendance m’a fait beaucoup rire. 

Choses que j’ai moins aimé

Numéro 1: Wix 

Numéro 2: Être seule …

J’ai passé 4 jours lors de la deuxième semaine complètement seule, je n’ai vu personne et je n’ai parlé à personne car elles étaient parties en vacances. C’était si long, vraiment très long. 

Je m’ennuyais, je n’arrivais pas à être productive. Mon cerveau réfléchissait trop et était off en même temps. Comme je ne travaillais pas, mon anxiété prenait le dessus pour me faire culpabiliser de ne pas avancer sauf quand je travaillais je m’ennuyais donc ça m’arrêtait. La boucle a continué comme ça pendant ces quatre jours. Pour me détendre, j’ai dessiné, je suis allée dans le parc juste à côté mais j’avais toujours cette pression autour de moi. 

Au moins ça m’a permis de savoir que je ne pourrais pas être graphiste indépendante qui travaille seule chez soi et que j’ai besoin d’une structure (surtout des gens).

Il faut faire rêver les gens

J’ai commencé mon stage il y a 3 semaines chez Jimmy Bitton Production (JBprod), c’est une agence d’événementiel spécialisée dans le luxe. Je suis arrivée, plutôt sereine lors de mon premier jour de stage. Mon entretien s’était très bien passé 3 semaines auparavant, j’ai eu un très bon feeling et le soir même, on m’a appelé pour m’annoncer que j’étais prise. La veille de mon arrivée, ma tutrice m’a envoyé un petit message pour me rassurer, me rappeler l’adresse et les horaires. Donc pas de stress !

J’ai tout de suite été bien intégrée, j’avais quelques à priori vis à vis du domaine du luxe et je m’attendais à une ambiance plus austère. Mais tout le monde m’a très bien accueille et je me suis vite sentie à l’aise.

L’équipe JB prod se divise en 2, d’un côté la team Chef de projets avec Marine, Coline, Clémence et Diane pour l’organisation des événements, et de l’autre la team créa avec François le directeur artistique, Emma et Anna des alternantes en graphisme et scénographie, puis moi. Sans oublier Jimmy le patron, qui gère également son autre agence en parallèle (Inspiration Live Music).

On travaille tous dans le même bureau, chacun avec son ordinateur perso. J’ai trouvé ça étrange au départ qu’il n’y ait aucun ordinateur fourni pour l’agence, mais on m’a expliqué que c’était plus simple ainsi pour pouvoir travailler à distance ou en dehors des heures de travail. Car dans l’événementiel, il est fréquent de devoir travailler dans l’urgence le soir ou le week-end, surtout avec certains clients à l’étranger.

Un des bureaux dans l’agence.

Dès le premier jour, on m’a directement donné des missions et présenté les projets actuels… J’ai un peu pris peur face à l’ampleur des événements prévus et des budgets mis en jeu.

On parle de centaines de milliers d’euros, voir des millions pour certains voyages ou séminaires. Les clients sont très exigeants et ce sont des clients récurrents avec qui il ne faut pas faire d’erreurs (L’oréal, Valentino, Lancôme, Prada…). Je ne suis pas encore très habitué à entendre les chefs de projet parler de budgets aussi conséquents, c’est toujours surprenant.

Mais le rôle du graphiste dans tout ça ?

Le job du graphiste dans une agence événementiel n’est pas le plus important à première vue et passe souvent au seconde plan dans l’élaboration d’un projet, ce qui nous pousse à travailler dans le rush pour finaliser des présentations ou des supports visuels. Les clients n’ont pas toujours conscience qu’il y a un graphiste qui travaille avec les chefs de projet. L’événementiel ce n’est pas seulement élaborer un planning, trouver des lieux de soirée ou des hôtels.

Dans le processus de création d’un projet, la première tâche du graphiste est l’élaboration d’une présentation pour le client. On obtient souvent un événement grâce à un appel d’offres, bien que ce soit pour des clients réguliers.

Il faut « faire rêver les gens » dans nos présentations (j’entends cette phrase environ 5 fois par jour). De grands visuels d’hôtels, de réception, de lieux paradisiaques pour les voyages… Le tout au sein d’une présentation épurée qui respecte les codes du luxe et dans laquelle le client retrouve l’identité de sa marque.

Slides de présentation d’un événement pour Lancôme.

C’est une tâche que je trouve plutôt agréable. Le chef de projet qui est en charge de l’événement s’occupe de créer un Google slide en guise de « chemin de fer » sur lequel elle place les textes, informations, adresses, lieux… Et les graphistes se servent de cette trame pour réaliser la présentation. Je me retrouve assez libre dans la création, je m’inspire de l’identité de la marque, mais je peux m’amuser dans la mise en page. Et tout cela permet ensuite de vendre le projet au client.

Les invitations sont la prochaine étape dans le processus de création. Il faut annoncer l’événement autour d’un support en lien avec le thème de la soirée ou du séminaire. Cette invitation et son identité seront déclinées par la suite sur divers supports (photocall, kakémono, boîtes, totebag, filtre photo, animations…) puis dans la scénographie.

Propositions d’invitations pour un événement Prada.

Pour cette partie, nous sommes beaucoup en contact avec le client, l’équipe essaye de faire des retours le plus fréquemment possible, les clients sont de bonnes connaissances, il est donc facile de communiquer avec eux en cas de doutes sur leurs indications.

On m’a directement permis d’être en contact avec les clients, cela me permet de rencontrer des gens dans le milieu du luxe et de l’événementiel. Mais ce n’est pas toujours facile… J’ai été plus ou moins prise au sérieux par certains clients étant donné que l’on m’a présentée comme nouvelle stagiaire dans l’agence. Mais bon, j’ai appris rapidement que dans ce milieu, il faut montrer qu’on est sûr de soi et de son travail, ne pas se laisser marcher dessus et le tout en restant professionnel… Pas évident tout ça.

Mais je rencontre aussi des gens très gentils et bienveillants, Jimmy à un réseau très développé et on a souvent des visites de ses amis à l’agence, comme une PDG du groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot) ou des directeurs de création chez Valentino et Dior. C’est assez impressionnant (et drôle) de voir toutes ces personnes qui travaillent dans l’univers de la mode et du luxe (je découvre des personnalités très extravagantes).

Voilà ! En résumé, je m’amuse, je rencontre du monde, je crée pour des marques que j’adore, et tout ça avec une équipe au top.

Deux semaines sans Adobe (et c’est pas si mal !)

Avant de commencer mon stage, j’avais beaucoup d’appréhension ; stressé par l’inconnu, je me posais beaucoup de questions : Comment cela va-t-il  se passer ? Que va-t-on penser de mon travail ? Serais-je à la hauteur ? Après un peu moins d’une heure de transport, — mon Transilien habituel, deux RER et quelques minutes de marche, — j’arrive devant la grille du collectif, j’appelle, on m’ouvre, et me voici arrivé pour 3 mois de stage dans le collectif Figures Libres ! Ambiance familiale, détendue, comme à la maison : « Tu veux du café, du thé ? » Après une présentation rapide des membres, — ils sont cinq, Maud et Sandrine, les deux DA/graphistes, Chloé, la DA junior et graphiste, Ouidad, la développeuse et graphiste, et Bachir, le développeur et graphiste exilé au Havre —, Maud m’installe mon espace de travail et m’explique qu’ils travaillent sous Linux et utilisent uniquement des logiciels libres : au revoir l’écosystème Adobe, Microsoft, Apple et tutti quanti !

Mes premiers véritables pas dans l’univers du libre…

Avant même d’allumer mon ordinateur sous Linux, je m’imagine une interface compliquée, ou pour faire la moindre action, il faut écrire des lignes de commandes dans une console à l’interface basique : du texte blanc sur fond noir. En démarrant l’ordinateur, je ne suis pas déçu, je retrouve effectivement cette interface que je redoutais le plus !

Mais ouf, me voilà rassuré ! Je retrouve ensuite mes repères, en ouvrant ma session, avec l’apparition de l’interface habituelle du bureau.

Maud me présente les nouveaux logiciels que je vais utiliser pendant ces 3 mois : Gimp à la place de Photoshop, Inkscape, une alternative à Illustrator, et Scribus, un logiciel rempli de bugs qui remplace Indesign.

Ensemble de mots auxquels je suis confronté quotidiennement tels que : bugs, mise à jour, Linux, Dolphin, Inkscape, DuckDuckGo, Gimp, Nexcloud, Rainloop...
Ensemble de mots auxquels je suis confronté quotidiennement

Je découvre aussi une organisation du collectif, notamment dans les dossiers, similaire à celle établie dans le cadre du DNMADE. En effet, ils utilisent aussi le principe du dossier partagé, avec la solution proposée par Nextcloud, où les fichiers sont hébergés sur le serveur OVH de leur site web, permettant ainsi de les mettre en commun avec l’ensemble des membres du collectif.

Mes premières tâches, mes premiers constats…

Durant ces premières semaines, j’ai pu travailler sur trois projets différents : la conception d’une affiche, la maquette de mailing et l’application d’une charte graphique, la création d’une identité visuelle. Les temps passés sur chacun d’eux étaient très différents de ceux passés sur mes projets de DNMADE. En effet, cela varie selon les délais fixés par le client ainsi que ses attentes et son budget. La participation de tous les membres du collectif sur les projets permet aussi d’avancer plus vite : en à peine une journée, on arrive à proposer au client plusieurs pistes, souvent cinq, au-delà de la demande. J’ai, par exemple, pu travailler sur la phase des premières expérimentations pour l’affiche de la Journée Internationale contre la peine de mort. J’ai remarqué que les temps passés sur les différentes étapes du processus de réflexion étaient très courts, tandis que les étapes d’expérimentations étaient beaucoup plus longues, en comparaison à mes projets de DNMADE. En effet, en à peine une journée et demie j’avais réalisé l’expérimentation de ma piste !

Première expérimentation d'affiche
Première expérimentation d’affiche envoyée au client, avec une composition très brute, sans calage du texte

Cette première tâche, réalisée en très peu de temps, contraste avec une seconde mission plus longue, qui était de réaliser une piste d’expérimentation pour la refonte de l’identité visuelle de l’association 100 Chances 100 Emplois. Ce travail s’étale sur environ une semaine et il n’est pas fini. J’ai également pu constater que la phase de tests dans Inkscape était l’étape où j’ai passé le plus de temps sur celui-ci, me permettant de questionner mes expérimentations. Le fait d’être sur plusieurs projets en parallèle, permet de mettre de côté mon travail pendant une demi-journée voire un jour complet, et ainsi faire émerger de nouvelles idées avec un regard neuf.

Différentes version colorées du logo
Premiers tests de choix de couleurs du logo
Déclinaison du logo sur une couverture où le logotype est utilisé pour délimiter une photo.
Test de déclinaison du logo sur
une couverture

Ces premiers temps de stage m’ont donc permis de découvrir une nouvelle façon de travailler, un nouveau rythme. En effet, dès le début des projets, les membres du collectif passent beaucoup moins de temps sur la recherche de références, de concepts ou sur la réalisation d’une carte-mentale, mais adoptent d’emblée une approche expérimentale ; puis vient très vite la phase de tests de nos premières idées. Je trouve cette approche assez intéressante, car elle accorde plus de temps à l’expérimentation et permet de faire émerger d’autres idées plus facilement.