Je commence à m’habituer au fonctionnement de Hoh, on me donne des tâches en début de journée / semaine, et je m’organise en autonomie, je priorise un peu comme je le sens. Je prépare et met en page des plannings, des newsletters, principalement pour Amo, c’est le client qui nous prend le plus d’effort. De temps en temps, un mail ou un appel change complètement les priorités, ou me donne une nouvelle tâche plus urgente.
chaque appel peut tout bouleverser
Une journée, deux appels s’enchaine et on apprend avec beaucoup de déceptions deux annulations : Un voyage dans la commune de Saint-Dizier et un magasin Kickers sur Angoulême. On avait travaillé depuis des semaines pour préparer ces dossiers, et on a dû ensuite prévenir tout le monde de l’annulation, et on s’est retrouvé avec beaucoup moins de travail pendant un moment.
J’ai quand même eu la chance de faire ma première visite pour Amo dans la tour Orion, c’est un projet de transformation d’une tour de Montreuil et qui sert de lieu d’exposition pour des associations d’artistes durant le chantier. C’était très intéressant et gratifiant après avoir bien planifié la sortie.
on a partagé un verre sur les quais de pantins avant son départ
J’ai tout de même retrouvé un rythme de travail plus intense quand Catherine est partie, Viviane et Mathieu nous ont invitées à un restaurant pour son départ (elle aurait dû finir avec le voyage à Saint-Dizier). On est toujours en contact est devenu ami au cours du mois où l’on a travaillé ensemble. Je dois avoir plus de répondant et une présence importante pour remplir ça place, et récupérer certaine tache qu’elle n’a pas complètement finie.
Et la semaine qui arrive est celle de l’installation du magasin Kickers de Paris, c’est un client avec qui j’ai moins travaillé, ça sera intéressant de changer un peu des architectes. Je ne sais pas exactement quelle sera mes responsabilités, mais j’espère que ça va bien se passer.
J’ai aussi commencé à retravailler sur le site de Hoh et de faire un peu de code. Je me remets doucement à toucher au html et au css, c’est une tache que je fais quand je n’ai pas d’autre chose à faire, un peu en retrait.
Lundi 24 Avril. 10h, je pars. Muni de mon vélo, je décolle vers mon lieu de stage. En 10 minutes, le trajet est fait ( ça change de d’habitude… ).
On commence la matinée avec une visite complète du lieu. Je traverse alors une salle de cinéma, les coulisses, puis une salle d’exposition pour finir par une salle de spectacle. Le tout est parsemé de pièces annexes plus ou moins grandes avec chacune des ateliers différents. Après quoi, on fait une petite réunion pour me présenter tous les projets et événements qui sont sur le point d’arriver. Je vois enfin l’équipe au complet : Kévin le spécialiste cinéma, Leïla la responsable des arts créatifs et Nawel la directrice. On évoque alors le festival de cinéma, la résidence d’artistes, le collectif d’architectes ou encore le concours d’éloquence. Le stage va être riche et très varié, je sens que je vais pouvoir m’amuser ! On me lance dans un premier temps sur ce festival de cinéma avec comme thème le Cinéma du Maghreb.
Je dois réaliser un visuel pour un livret et la mise en page de celui-ci présentant les 6 films qui seront projetés. On me briefe sur ce qu’ils imaginent, sur les informations à y intégrer, la cible, l’univers visuel, la typographie. Le brief est précis et je suis content de voir qu’ils savent en faire un. Ils ont déjà un semblant de charte graphique sur laquelle je peux me reposer ce qui facilite grandement mon travail.
Je trouve alors MON bureau et je m’y met. Je fais quelques recherches pour avoir une idée de ce qui peut se faire et hop, je fonce. Je suis relativement efficace et je fais une grande quantité de propositions. Photoshop et Indesign sont mes alliés.
Propositions de couverture
(Beaucoup de ) propositions de mise en page
Je me fais relativement plaisir sur les propositions, notamment sur la couverture où j’utilise la colorimétrie des images des films avec un traitement Photoshop.
Une des propositions faite pour la couverture
Image de couverture sélectionnée, plus qu’à revoir les positions des éléments.
Sur une semaine, je dois sûrement produire une vingtaine de couvertures et de mises en page différentes avec chacune leur qualité et leur défaut. Parfois la contrainte de l’image amène de nouveaux placements des éléments textuels et c’était souvent un réel casse-tête pour trouver LA combinaison.
En parallèle je concerte l’équipe, je leur suggère des idées, je leur propose des variantes de mise en page ou de couverture et leurs retours sont toujours intéressants. Ils sont ouverts à la nouveauté mais savent me donner un cadre où évoluer.
Au bout d’une semaine, ma première mission est presque achevée. L’équipe aime le résultat final et commence déjà à me parler du futur projet : un visuel pour la résidence d’artiste. J’ai un peu l’impression qu’on me tease le prochain Avengers. Des plasticiens et des danseurs vont venir exploiter l’architecture du quartier pour proposer des performances artistiques. Mon travail sera de communiquer pour cet événement tout nouveau pour le Chaplin.
Le fait que mes projets touchent des gens proches de chez moi apporte une autre dimension à mon travail, je constate l’impact que cela peut avoir et je suis content de prendre part à la sensibilisation de personnes non-initiées au milieu de l’art et, à travers mes propositions, au milieu du graphisme.
Durant ce mois et demi de stage, j’ai appris beaucoup et fait de nombreuses découvertes, dans la maîtrise de nouveaux logiciels libres, dans la manière de travailler et dans les relations avec le client.
Le fait d’effectuer un stage dans un collectif m’a obligé à travailler différemment. En effet, aucun projet ne se fait seul : deux personnes au minimum travaillent sur un même projet, afin de proposer des axes très différents, auxquels l’autre n’aurait pas pensé, les mettre en discussion, avoir des retours sur nos choix graphiques, etc… je peux aussi demander à l’une des personnes qui ne travaille pas sur le projet d’y apporter un regard neuf. J’ai donc eu une nouvelle approche du métier et notamment du freelance : auparavant, je l’imaginais isolé, et je n’avais qu’une vague idée du travail en collectif. Cette manière de travailler est plus stimulante notamment par le fait qu’elle permet à Maud et Sandrine, les deux DA qui ont 20 ans de métier, de partager leur expérience.
Au sein du collectif, chaque membre est au même niveau, il y a très peu de hiérarchie contrairement à une agence et l’on avance à son rythme dans les délais du client. La répartition des tâches sur un projet se fait en fonction de la charge de travail, des contacts et des compétences de chacun : par exemple, s’il s’agit d’un projet de création de site web, c’est Ouidad et Bachir, les développeurs, qui s’en occupent ; pour une identité visuelle, une affiche, tout ce qui touche à l’édition, c’est Maud, Sandrine et Chloé ; pour réaliser l’identité d’un évènement organisé par la ville, c’est Sandrine qui y travaillera.
De plus, utiliser de nouveaux logiciels m’oblige à penser autrement ce que je prévois de faire. En effet, ces derniers n’ont pas le même fonctionnement que ceux d’Adobe, ils sont beaucoup moins puissants, j’atteins plus rapidement leur limite, et je dois donc rester simple dans mes réalisations. Face à ces outils, il faut même parfois être malin pour contourner les difficultés qu’engendrent certaines manipulations.
Ah le client… !
J’ai eu aussi l’occasion d’être en contact direct avec le client. En effet, c’est un aspect du métier auquel on n’est jamais confronté en cours et qui peut avoir un impact majeur dans les choix graphiques.
Un des projets dont je me suis occupé était pour la Maison Bakhita, une association d’aide aux migrants ; nous devions réaliser son rapport d’activité. Avant même de commencer à travailler sur la mise en page, Maud et moi sommes allés sur place rencontrer le client. Nous avons aussi fait la connaissance des membres de l’association, compris son fonctionnement pour mieux cerner sa demande.
Grâce à ce rendez-vous, nous avons compris qu’il ne s’agissait pas simplement de réaliser un rapport d’activité, mais également de construire la charte graphique de l’association pour faire vivre le logo fraîchement réalisé. Nous avons donc pensé nos choix graphiques dans cette optique, ce qui ne nous avait pas été clairement demandé. J’ai compris qu’aller à la rencontre du client est une étape primordiale, essentielle, pour bien comprendre sa demande. J’ai aussi constaté que ce n’était pas facile de proposer au client de modifier ses décisions habituelles pour des choix graphiques plus affirmés. En effet, au fur et à mesure de l’avancée du projet, j’ai remarqué que les choix graphiques mis en place sur la piste retenue avaient complètement changé : on était revenu aux couleurs passe-partout du logo comme si le client avait renoncé à nos propositions graphiques, plus affirmées, pour imposer les siennes, plus classique. J’ai trouvé cela un peu décevant, car nous avions passé du temps à élaborer de nouveaux visuels inutilement. Le graphiste peut-il imposer ses choix au client ?
Avancée du projet : de la piste retenue avant et après la phase de correction avec le client
Cette expérience m’a donc permis de voir que faire évoluer une identité visuelle nécessite du temps, notamment pour le client, afin qu’il soit prêt au grand changement tant rêvé par le graphiste !
Heureusement, à l’inverse, certains clients laissent une plus grande marge de manœuvre aux graphistes. En effet, j’ai pu travailler pour la ressourcerie La Mine à Arcueil, un client de longue date du collectif, sur la mise à jour du programme, un A4 recto-verso plié en deux, pour le mois de mai. Le client nous envoie les textes qu’il suffit d’intégrer à notre document de travail ; c’est la partie la plus rébarbative ! Mais le programme comporte tout de même une couverture, composée d’un visuel central, réalisé par l’association de deux formes complètement différentes. Le plus surprenant, alors, fut d’avoir eu une grande liberté : je peux agencer les éléments sur la page comme je le souhaite, réaliser le visuel de la couverture avec n’importe quelle forme, et non aller piocher parmi les quelques formes de la charte graphique… Je peux même raccourcir les textes fournis par le client si je les trouve trop long !
L’attitude opposée de ces deux types de clients, l’un qui laisse une grande liberté, et l’autre qui restreint la marge de manœuvre, est aussi liée au fait qu’il s’agit respectivement de clients habituels connaissant le collectif et leurs manières de travailler, et de nouveaux clients découvrant Figures Libres. En travaillant sur le dossier pour la Maison Bakhita, j’ai découvert qu’il fallait classer les pistes d’expérimentation du rapport d’activité de manière à amener le client vers des choix graphiques les plus affirmés, et non mettre ceux-ci en premier.
Et l’éthique dans tout ça ?
Depuis le début de ma formation de DNMADE, il y a un aspect du designer graphique qui me questionne, celui de l’éthique.
Toutes ces questions sont sûrement celles que se sont aussi posés les membres du collectif Figures Libres. Elles ont motivé leurs choix de quitter Adobe et d’autres multinationales pour rejoindre le merveilleux monde du libre, mais aussi pour se concentrer sur le milieu associatif et culturel. Ce collectif a même répondu à ces interrogations à travers leur démarche de travail : oui, il choisit ces clients, et oui, il travaille pour des clients partageant son éthique et sa philosophie.
Mais certains clients ont du mal à se détacher complètement du grand méchant Adobe. Par exemple, j’ai travaillé pour un appel d’offre de la mairie du 18e arrondissement de Paris qui demandait de réaliser les supports de communications (affiche, flyers, posts réseaux sociaux…) pour le Forum du Temps Libre et des Loisirs qui aura lieu le 7 septembre prochain. Dans les livrables, il était demandé de fournir un fichier indesign !
En travaillant sur différents projets au sein du collectif, j’ai donc pu découvrir plus en profondeur le métier de graphiste et de directeur artistique, notamment dans sa relation avec le client, le travail en groupe, j’ai réfléchi sur l’aspect éthique du métier. Je suis certes un peu déçu parfois en voyant les retours du client sur nos choix graphique, mais je suis surtout très content de pouvoir travailler sur des projets très variés et d’être considéré comme un membre du collectif et non comme un simple stagiaire à qui l’on lui attribue les tâches répétitives et uniquement exécutives. J’ai mon mot à dire sur chacun des projets qui m’est confié !
De ce questionnement m’en sont venus de nombreux autres. En effet, comme j’avais pu l’évoquer lors de ma dernière note, les choix des clients lors de la création d’une direction artistique pour leurs projets me semblaient souvent assez questionnables.
Et souvent, lorsque j’en parlais avec le Directeur Artistique (qui a fait des études de commerce et non de Design Graphique), je me rendais compte que lui aussi était malgré tout souvent d’accord avec mes arguments, mais que la dernière volonté du client primait sur ce qui nous semblait être le mieux, sur le bon design que l’on voulait produire. Comme si la volonté du client était de ressort divin, que l’on ne pouvait lui résister.
Par ailleurs, cette impression est fortifiée par le fait que l’agence propose des aller et retours illimités pour le client … ce qui rend ses volontés encore plus fortes, et les demandes de modifications toujours plus nombreuses.
Aussi, j’ai pu me heurter au problème de devoir respecter des chartes graphiques qui parfois n’avaient aucun sens, ou alors qui suivaient la mode d’une époque qui ne colle plus du tout au design actuel. Mais le plus souvent, puisque celle-ci est aimée par le client, aucune modification ne peut être proposée.
De ces premières pensées m’est donc venu ce premier questionnement : quelle place doit avoir le client dans la conception d’un motion, ou de tout visuel qui vise à faire la publicité d’un produit, d’une démarche, d’un concept ? Le client doit-il vraiment avoir le dernier mot ? Le client est-il vraiment roi ?
Cette idée a trotté dans ma tête durant un bon bout de temps, et j’en suis d’abord arrivé à une réponse : non.
En effet, le travail du designer graphique est de créer un visuel qui porte un message, qui a un réel impact, qui est utile dans la démarche du client. C’est un métier à part entière qui demande des connaissances et une vraie rigueur. Nous viendrait-il à l’esprit de demander à notre médecin un autre médicament (qui n’aura sans doute aucune utilité) simplement parce que celui proposé ne nous plaît pas ? Ou à un architecte d’enlever les fondations ?
Non, tout simplement parce que le résultat voulu ne pourrait pas fonctionner autrement qu’en utilisant des principes réfléchis, connus et étudiés par le designer, qui vont aider à créer un visuel avec une vraie force de communication.
Par ailleurs, même si dans mon cas le motion design est commandé par un client, ce dernier est voué à transmettre une message, et pour ce faire, il doit toucher un maximum de personnes, et pas seulement plaire à lui-même. En effet, le but n’est pas en théorie de faire un design qui soit au goût du client, mais une création qui ait un vrai impact pour le public, qui soit bon pour les personnes visées par le client.
Pourtant … un design est tout de même créé pour un client …
« Je n’ai jamais eu de mauvais clients. Il n’y a pas de mauvais clients ! Produire des designs de qualité et faire comprendre cela à nos clients fait intégralement partie de notre travail. »
Bob Gill
Cette citation de Bob Gill sur laquelle je suis tombé par hasard m’a guidé vers une autre réponse possible. S’il semble que le designer doit avoir le dernier mot, lorsque le client est directement la personne impactée par le design, il devrait décider directement du choix final. En effet, le développement d’une identité visuelle sert certes à communiquer des idées sur la personne ou l’entité qui commande l’identité, mais elle a quelque chose de beaucoup plus personnel qu’un support de communication tel qu’un motion design, qui ne vise pas directement le client, mais plutôt un public visé. Dans cette situation, il semble préférable de laisser le dernier mot au client, même si le résultat final n’est pas optimal.
Par ailleurs, lors d’une réunion en direct avec un client et le directeur artistique, il me semblait que ce dernier, même s’il essayait de proposer des solutions plus adéquates, disait facilement oui aux demandes du client. Ainsi lors de certaines de mes interventions pour faire changer une partie du design, le dernier mot revenait quasiment systématiquement au client, qui était aussi assez réfractaire à ce qu’on lui donne des idées autres que les siennes.
Il me semble alors que si ce dernier avait fait des études de design graphique, il aurait eu plus de connaissances pour savoir quand devoir inciter un peu plus le client à basculer vers un autre choix. Mais le client n’aurait peut-être pas été aussi satisfait qu’il le sera en acceptant plus facilement ses idées …
Il me semble ainsi que notre travail en tant que graphiste repose sur un équilibre complexe entre ce que veut le client, et ce qui devrait être bon pour lui et son public, et que cet équilibre dépend grandement du type de projet de design graphique créé. Malgré tout, il me semble également que dans une grande majorité des cas, le client ne devrait pas être roi.
Les projets réalisés en cours aboutissent généralement au bout de plusieurs
semaines de travail. En effet, la coordination de ces projets avec notre emploi
du temps de cours nous oblige à étaler nos heures de travail sur un certain
temps.
Ce stage est l’occasion de travailler sur des projets concrets et ceux
en permanence. Au cours de ces deux premières semaines de stage, j’ai déjà eu
l’occasion de travailler sur sept projets différents et d’en finaliser deux
d’entre eux.
Ce qui m’interpelle ainsi c’est le temps passé sur un projet. Celui-ci
varie selon la demande du client et selon le délai qu’il nous indique. En
effet, un flyer va prendre moins de temps à réaliser qu’une identité visuelle.
Une commande urgente va quant à elle limiter le temps de projet. Un projet qui
devrait prendre plusieurs semaines doit alors être parfois effectué en quelques
jours.
La question que je me pose donc est la suivante : le temps consacré
à un projet influence-t-il la qualité du résultat final ?
Le premier projet que j’ai finalisé était un projet d’appel d’offre.
La ville de Laval met en place des Budgets Participatifs et a ainsi besoin
d’une charte graphique pour communiquer ce projet. Pour cet appel d’offre nous
devions réaliser une image générique, une affiche lancement de
l’appel à projets et une image pour les réseaux sociaux. J’ai commencé à
travailler sur ce projet mercredi 21 avril et celui-ci devait être envoyé le
vendredi suivant. Je bénéficiais donc de très peu de temps pour réaliser ce
projet. En seulement deux jours de travail, j’ai dû finaliser ce projet qui
m’aurait pris en temps normal plusieurs semaines. En bénéficiant de davantage
de temps le résultat final aurait sans doute été meilleur. Cependant ce court
délai m’a amenée à me dépasser et à produire tout de même quelque chose de
qualité qui répondait bien évidement à la demande du client mais surtout à mes
attentes vis-à-vis de ce projet.
Affiche lancement de l’appel à projets pour les budgets participatifs de Laval
Image générique pour les budgets participatifs de Laval
Le deuxième projet que j’ai finalisé était un flyer pour une
boulangerie qui prévoit de vendre trois formules différentes pour le midi. Ma
maître de stage m’a donné cette mission en début de journée. Ce flyer
devait indiquer les formules et leurs contenus, et également inclure un bon de
réduction à découper. Je devais par ailleurs respecter la charte graphique déjà
mis en place par ma maître de stage. Dans la journée, j’ai pu effectuer
différentes propositions de flyers que j’ai présentées à ma maître de stage.
Celle-ci m’a guidé sur la piste à développer et les éventuelles modifications à
faire. J’ai pu finaliser ce flyer en fin de journée. Ici, le temps passé sur ce
projet m’a paru convenable et adapté à la demande. Je ne pense pas que du temps
en plus aurait amélioré réellement la qualité du flyer.
Flyer pour la boulangerie Du pain sur la Planche
Par ces deux expériences, j’ai pu découvrir que le temps passé sur un projet influence quelque peu le résultat final. A force de travailler sur un même projet, je me suis rendu compte que cela empêchait le renouvellement des idées. Ainsi, je pense qu’il est important en cas de blocage sur un projet, de se concentrer sur un autre, de faire de la veille, ou tout simplement de faire une pause afin de revenir sur ce projet avec un regard neuf.
Le mot jungle, qui peut sembler péjoratif aux premiers abords, définit en fait parfaitement mes deux premières semaines d’expérience dans ce stage.
En effet, en arrivant dans cette jungle, à savoir l’agence “Gorille”, je savais que j’allais dans un studio de motion design « corporate » qui travaillait sur divers projets, avec des directions artistiques pas toujours très intéressantes. J’avais donc une certaine appréhension, mais c’est aussi ce que je recherchais : une agence avec de l’expérience, qui me ferait découvrir la création de visuels pour les entreprises, même s’il n’y a que peu de place pour la création.
Ainsi, avant d’entrer dans la jungle, je m’étais fait de nombreuses idées, et une fois à l’intérieur, je me suis d’abord senti perdu devant son immensité.
En effet, dès mon arrivée dans l’agence, Davy, le directeur artistique, m’a fait un récapitulatif du fonctionnement global de l’entreprise, puis m’a rapidement plongé dans la réalisation d’un motion. J’ai pu découvrir à petits pas les différentes étapes fondamentales de sa création, mais je ne m’attendais pas à découvrir autant de choses en si peu de temps. Et cette découverte repose avant tout sur une chose extrêmement importante : l’organisation à tous les niveaux. Tout est parfaitement calibré. Ainsi, à la manière de la découverte d’une jungle, si aux premiers abords tout me semblait être un grand amas incompréhensible, peut-être même un peu repoussant, je me suis vite rendu compte que chaque petite chose avait son importance et faisait partie d’un tout en réalité parfaitement organisé pour que chaque détail fonctionne en symbiose avec le reste.
Cette grande jungle repose sur deux piliers fondamentaux : l’élaboration d’un projet, ainsi que l’organisation.
I) Élaboration d’un projet
1. Lancement : par mail ou en visioconférence, avec les directeurs de l’agence et le client. Cette partie va définir la demande générale, avec la particularité que Gorille propose des aller-retours pour les clients tout au long de la création, sans augmenter le budget initial !
2. Script : différents rédacteurs vont rédiger un script pour le motion (s’il n’est pas déjà fourni) en fonction de la demande du client, en respectant une durée prédéfinie ou définie à cette étape.
3. Style : différents illustrateurs débutent la création de styles, afin de déterminer la direction artistique qui pourrait convenir au client. C’est avant tout sur cette partie que j’avais pu avoir des appréhensions, mais j’ai pu me rendre compte que des styles très différents étaient en réalité essayés, parfois assez expérimentaux et plutôt intéressants. Mais c’est le client qui fait le choix final.
4. Story-board : il consiste la majorité du temps en une accumulation de style-frames qui suivent le script phrase par phrase, ce seront donc les illustrations finales utilisées pour l’animation.
5. Voix-off : une fois le storyboard terminé, la voix off est enregistrée par des comédiens.
6. Animation : l’animation ne débute qu’ici ! Grâce à toutes les étapes précédentes, la création du motion se fait facilement, car tous les éléments nécessaires sont déjà présents et validés par le client.
7. Montage : enfin vient l’étape finale, le montage de tous les éléments. En effet, le motion ne reste souvent pas tel quel, avec seulement une animation et la voix-off. Il y a une partie importante de sound design, bruitages et fond musical, et parfois aussi de sous-titres.
II) L’organisation
1. Serveur Privé : toutes les productions de Gorille sont stockées dans un serveur NAS sur place, ce qui permet à n’importe quel ordinateur d’accéder aux fichiers, tous mis en commun. Chaque projet est rangé exactement avec la même arborescence de fichiers, en suivant les étapes de création vues précédemment, ce qui permet de gagner un temps énorme dans la recherche de fichiers.
2. Communication : peu d’outils de communication sont utilisés afin de tout regrouper et de ne pas perdre de temps. Il y a Skype pour la communication vidéo avec le client ou en interne, et Slack pour des messages rapides et envoi d’informations. Chacun a par ailleurs sa propre adresse mail afin de pouvoir communiquer à tout moment avec les clients.
3. Conceptboard : le pilier de la communication tout au long d’un projet, c’est une sorte de planche interactive à la manière de Google Drive, où toutes les étapes du processus de création sont présentées pour communiquer visuellement et avoir des retours du client.
4. Monday : une application en ligne qui permet d’avoir une vue globale de toutes les tâches à faire, de les attribuer à chaque personne, une sorte d’agenda géant pour une entreprise.
5. Début d’une journée : simple mais efficace, à chaque début de journée un appel collectif se fait sur Skype, Davy fait alors un rappel en 15 minutes de toutes les tâches de la journée pour chaque personne (à retrouver sur Monday) pour voir s’il y a des points à éclaircir.
Finalement, même si j’organisais toujours moi-même chacun de mes projets, je n’avais pas encore trouvé de bonne manière de l’appliquer à toutes mes réalisations, et découvrir toute l’organisation de Gorille m’a donné de nombreuses idées.
Par ailleurs, cette optimisation dans l’organisation, m’a permis de travailler sur de nombreux projets en très peu de temps ! Et de découvrir chacune des étapes de création d’un motion : j’ai pu réaliser une animation, des sous-titres, des montages et du sound design, de nombreuses planches de style, un storyboard complet. J’ai travaillé chaque jour sur 2 à 5 projets différents, ce qui m’a permis jusqu’alors de toujours être en mouvement et de réfléchir à de nouvelles choses, de ne jamais m’ennuyer.
D’autre part, j’ai pu me rendre compte, même si je m’en doutais déjà un peu, que c’est la satisfaction et les envies du client qui priment sur les choix du designer, ce qui m’a conduit à parfois travailler avec une direction artistique assez étrange, et à devoir ajouter des éléments qui ne s’intègrent pas forcément au style et au message choisis.
Bien que pendant notre cursus scolaire nous sommes mis en situation pour faire face à de vrais commanditaire et même parfois confronté à de vrais client, être en stage m’a permise de découvrir le lien entre le commanditaire et le graphiste. Étant stagiaire graphiste le client n’a aucun rapport direct avec moi, toute interaction se fait via mon employeur ou via un chef de projet qui va me donner des commandes précises. Je suis donc totalement anonyme auprès du client. Ce cheminement va permettre de mettre en forme plus clairement la demande du client. Le client va donner une idée, le problème auquel il est confronté, mes supérieurs vont trouver les outils et les moyens de communications permettant de répondre au problème et m’en donner les consigne, enfin, je vais proposer une solution graphique. Il est probable que plusieurs graphiste travaille sur un même projet et donc que mon travail ne soit pas utilisé mais ceci n’est pas une compétition, l’objectif premier et de répondre au mieux à la demande. Plus ou moins de liberté me sont attribués selon le projet, mais il faut que la proposition colle parfaitement avec l’image du commanditaire c’est pourquoi il est important d’analyser sa cible, ce qui à déjà été fait, ce qui n’est plus à faire et évidemment ce qui serait judicieux de faire. Au départ, je me lançais directement sur la réalisation mais j’ai vite compris que cette étape n’était pas négligeable sur des projets au deadline assez courte. Néanmoins, il ne faut pas avoir peur de recommencer car une proposition graphique nécessite toujours des ajustements. Tout d’abord pendant ma production, je vais ajuster mes illustrations, la mise en page ou autre selon le projet et proposer une à plusieurs déclinaison. Ces propositions sont envoyés à un chargé de projets ou à mon employeur selon la demande, qui va me donner un premier retour. On réajuste la proposition et si elle est validé par mes supérieurs, elle est transmise aux clients qui lui aussi va faire ses retours. On effectue beaucoup de versioning, qui est le fait de retravailler sur un projet tout en gardant les réalisations précédente. Il est possible à tout moment de repartir sur les prémices du projet. Il est important de bien organiser ces documents dans des fichiers distinct afin de s’y retrouver facilement.
Organisation de projets
Le client n’a pas connaissance des projets externes sur lesquels vous travailler et peut effectuer son retour sur l’une de vos proposition à n’importe quel moment. De ce fait, bien que parfois il est possible que vous ayez du temps libre entre deux projets il est aussi probable d’avoir une succession de rendu à effectuer si plusieurs client sont amenés a faire de nouvelles demandes ou des ajustements. Le client va parfois avoir une demande très précise avec une deadline assez courte ou bien à l’inverse le client peut donner l’abstraction d’une idée et laisser une marge assez grande pour la réalisation. En entreprise, on reçoit deux fois plus de retours et d’ajustement à effectuer que durant un apprentissage scolaire. Lorsqu’un projet se finalise en cours il est rare de revenir à nouveau dessus afin de rendre une dernière version de celui ci. A contrario, j’ai été étonné de devoir retourner sur des projets finalisé deux semaines auparavant. On ne sait jamais vraiment quand un projet est finalisé mais ça donne l’opportunité de développer toute les facettes de celui-ci. En cours, bien que les projets soient très diversifiés et comportent certaines contraintes, on travail le projet afin qu’il nous ressemble en clair, on met en forme ce que l’on sait déjà faire tout en développant notre pratique. En entreprise on à des clients très différents qui ont parfois des chartes graphiques précise à respecter, on y apporte parfois sont empreintes graphique mais ce de manière discrète. Cela peut être dur de s’approprier un style qui ne nous ai pas propres, mais j’ai trouvé ça vraiment intéressant, ça m’a permise de m’ouvrir à de nouveau style, d’expérimenter et vraiment de comprendre qu’il n’y a jamais une seule réponse à un problème. Je n’ai pas encore de style graphique vraiment défini c’est pourquoi avoir le temps d’expérimenter et de découvrir plusieurs moyens de communiquer une idée m’a vraiment plu. Travailler dans une entreprise qui offre autant de propositions de simplifications de communication ( infographie, logo, illustration, montage vidéo…) m’a permise de garder ma curiosité en éveil et de vouloir toujours au mieux répondre à la demande du client.