Vidéo à la chaine ⛓️

I- la pression

Un stage est en partie fait pour apprendre, et même si l’occasion s’offre à moi, le temps lui ne me le permet pas. En effet, durant ce stage, je ne suis pas simplement graphiste, je suis également monteuse, j’ai donc deux métiers. Cela signifie que lorsque je fini une tache, il m’en reste encore 100 autres à faire. En bref, pas de temps de répit. Car le temps est précieux, et mon savoir-faire aussi.  

En effet, mon maitre de stage est créateur de mode, et n’as aucune notion en graphisme. Je ne suis accompagné par aucun graphiste, monteur, ou autre métier créatif. On ne peut donc compter que sur moi. Et cela met une certaine pression. 

La pression ressenti

S’il m’arrive quelque chose ou que je tombe malade, ça devient tout de suite la fin du monde. Car sans moi, pas de vidéo, sans vidéo, pas de com, et sans com, pas de projet. Et des vidéos, il en faut beaucoup. C’est pourquoi on utilise une méthodologie précise.

schéma d’un cycle de création de vidéo

II- le rythme

Ce rythme, en boucle. 1 vidéo en 2 semaine, dans un premier temps. Puis 1 vidéo par semaine, puis 2 par semaine, puis on me demande 1 vidéo par jour. Le rythme s’intensifie. Un montage terminé, et directement une nouvelle vidéo à monter. Malgré les quelques animations qui me permettent de varier un petit peu mon travail, j’ai l’impression de faire : du travail à la chaine. 

Toujours les mêmes sous-titres, toujours les mêmes musiques, toujours les mêmes plans (et cela ne rend pas la tache plus facile).

Autant dire que, bien que satisfaisant, le montage devient très vite une tache redondante. 

ce que j’aimerai être mis en parallèle avec ce que je suis

En effet, je devient une machine à créer des animations. Et même en faisant comprendre qu’une animation ne fait pas en un claquement de doigts, on n’hésite pas à me mettre la pression pour aller toujours plus vite. Et oui car « si on veut la Lune, il faut savoir demander Mars ».

III- le doute

Mais suis-je vraiment légitime à me plaindre de cette manière de travailler lorsque je me plait à faire ce que je fais ? Et d’autant plus lorsque je suis stagiaire. En effet, il est logique qu’un patron demande le maximum de ses employés.

Mais à quel point doit-on mettre toute notre énergie dans un stage ? 

Cette question se pose d’autant plus lorsqu’il s’agit de métiers créatif. Où s’arrête la passion et où commence le travail ?

balance entre passion et travail

En effet si certaine tâches sont redondantes, d’autres ne le sont pas du tout. Et quand on rentre dans la phase « passion », il est difficile de voir qu’il est déjà 22h, et que cela fait déjà 5h qu’il aurait fallu partir.  Le plaisir de travailler compense-t-il l’effort fourni de trop ?  Y a-t-il même un effort de trop dans le monde professionnel ?

Dans un sens, la vie personnelle, le salaire, la fatigue, etc. Me font dire qu’il faut savoir s’arrêter, surtout lorsque l’on travaille pour quelqu’un d’autre. Savoir se laisser du temps est primordiale, à la fois pour soi, mais également pour l’entreprise, en ne laissant pas saturer, soit moins bien travailler. 

Mais la frustration de s’arrêter lors d’une tâche si passionnante, ou encore de ne pas aller bout d’une idée par manque de temps, est très traitre, et renforce cette envie de travailler toujours plus, quitte à mettre de côté son temps personnel. 

Alors il faut savoir trouver un équilibre, et s’accorder le « travailler un peu plus longtemps », mais sans excès. Et la règle des 10% de travail en plus aide beaucoup. C’est faire plus que demandé, soit 10% de satisfaction en plus, sans pour autant passer des nuit blanches au bureaux comme d’autre.

graphique de l’effort utiliser en plus de celui demandé

Bien que dramatique dans mon propos, cela n’en reste pas moins un très bon stage, dans lequel j’ai pu m’épanouir, tester des choses, découvrir de nouveaux métiers, le monde professionnel, etc. Et j’en suis très reconnaissante ! 🙂

L’audiovisuel : un autre monde

Le fait d’être plongé dans le domaine de l’audiovisuel me permet de découvrir de nombreuses choses.

Ensemble de mots que j’entends régulièrement sur mon lieu de stage.

Dans un premier temps les termes techniques : Chaque domaine a son vocabulaire mais en tant que stagiaire en motion j’ai un pied dans le design et un autre dans l’audiovisuel.

Ainsi je comprends bien lorsque l’on parle d’utiliser des fichiers illustrators pour mes animations ou bien lorsqu’on me parle de keyframes et de tracé vectoriel. Mais quand on m’a dit “Est-ce que tu peux réfléchir aux synthés pendant que Manon (ma superbe collègue monteuse) fait l’ours ?” j’ai mis du temps avant de comprendre.

“Est-ce que tu peux réfléchir aux synthés pendant que Manon fait l’ours ?”

Les synthés font partie des habillages télés, souvent c’est ce qui apparaît en bas de l’écran pour annoncer le nom d’une personne et sa fonction. L’ours (allez savoir pourquoi) est un pré-montage, dans l’ordre on fait un dérushage puis un ours et enfin le montage.

Aussi j’ai pu découvrir le terme “patate” qui pour moi au début était seulement un mot que ma collègue utilisait comme ça mais qui est enfaite un terme compris de tous les monteurs et que nous graphistes appelons masque. Il y aussi évidemment tous les noms du matériel qui me sont encore très flous : xlr, zoom, z cam, rhodes, multicam …

Aussi ce qui m’a beaucoup impressionnée c’est l’importance des sauvegardes, ou plutôt “backups” qui sont stockées sur des gros disques durs. Pour chaque projet on sauvegarde sur 2 voir 3 espaces de stockage différents et on doit les garder pendant 5 ans et dans des espaces différents en cas d’incendie. On m’a expliqué que pour les films dans les grandes boîtes de cinéma les sauvegardes étaient faites à vie et en double, il faut voir l’espace que ça doit prendre …

Un aspect très intéressant aussi mais assez agaçant à mettre en œuvre : les normes TV Selon les chaînes elles sont différentes, elles fonctionnent comme une charte mais avec beaucoup plus d’informations techniques. Ça va de l’emplacement des textes qui ne doivent pas dépasser une certaine zone de sécurité jusqu’à l’exportation du son et de l’image qui doit respecter des normes très précises (les décibels, images entrelacées, la colorimétrie …)

Un autre point sur les projets pour la diffusion à la télévision c’est les deadlines, il m’est arrivé de travailler sur un projet le matin qui devait être livré à 14h pour être diffusé à 21h le soir à la télé. Autant dire que c’est assez stressant, que l’on a pas le droit à l’erreur et surtout qu’il faut avoir un bon débit pour faire les export et  les transférer au client.

Nous avons aussi beaucoup de projets en même temps, certes nous sommes nombreux à nous partager le travail mais je me demande vraiment comment les employés et, plus particulièrement les gérants de la boite, font pour gérer les réunions, les tournages, les enfants, le montage, la cuisine (oui car notre boss nous fait à manger), la post-prod, la banque etc.

Nous avons un tableau rempli de projets qui n’ont même pas été tourné et qui demande organisation que je n’avais pas rencontré avant , et il faut noter que beaucoup de projets fonctionnent par séries de vidéos : 45 vidéos signées pour des spots publicitaires de 20 secondes pour la télé, 40 CV vidéos, 20 épisodes d’une série télé sur le handisport, des capsules vidéos pour un opéra etc et il faut rajouter en plus des prestations, les productions : un 52 min documentaire pour France TV, 2 10 min également pour la télé. Tous les lundis matins nous faisons une réunion pour mettre au clair ce qui a été fait, ce qui doit être tourné, monté, et enfin animé.

En tout cas on ne s’ennuie pas !

Coopération graphique et bienveillance

Le stage est l’opportunité idéale pour mettre en application nos compétences et savoirs-faire dans un contexte différent du système scolaire. Il permet également d’échanger avec des professionnels sur nos productions. Chez Habile, ma collègue c’est Laure. On se connait donc, aussi bien personnellement que professionnellement. Nous travaillons en binôme entre autres sur la création de supports de communication pour le lieu qui va ouvrir ses portes début juin. (Habile, c’est une boutique multifonctions : vêtements, restaurant, cave et épicerie).

Cela fait donc maintenant deux semaines que nous allons travailler dans un endroit autre que la salle de classe ou la maison. Dès le début, nous avons été mises à l’aise, ce qui a été pour nous un soulagement et un poids en moins. Camille, notre tutrice, est directrice artistique et a co-créé Habile, avec son mari chef-cuisinier, Éric. L’environnement dans lequel nous sommes est chaleureux, familial et propice au dialogue. Les choses sont d’autant plus faciles et agréables puisque ce qui nous est demandé de réaliser est dans la lignée de nos références artistiques. 

Le plus important dans notre travail c’est la communication : aussi bien visuelle que verbale. Avec Laure, nous avons l’habitude de travailler ensemble, se conseiller et rebondir sur les expérimentations de chacune. On s’apporte mutuellement en nous nous nourrissant de nos échanges. Par ailleurs, Camille est à l’écoute sur les idées qu’on lui propose. Elle est ouverte au dialogue et bienveillante dans ces propos. Ce contexte favorable au partage nous permet donc de prendre confiance en nous et aussi d’être force de proposition. Le stage nous incite aussi à présenter nos idées à des personnes extérieurs au design graphique, qui n’y connaissent rien. C’est un bon exercice puisque ce que l’on crée derrière nos ordinateurs, ce n’est pas pour nous mais destiné aux autres. Aussi, il faut réussir à prendre de la distance sur notre travail.

Puis, pendant une semaine, Laure a été en télétravail. J’étais donc seule à travailler en présentiel sur les taches qui nous ont été confiées. La différence c’est de suite ressentie : manque de productivité, ralentissement et procrastination. Les discussions par écran interposé rendent l’avancée du travail beaucoup plus difficile, voir même la ralentisse. Il n’y a plus cette instantanéité de l’échange. L’ordinateur devient une barrière alors qu’en temps normal il est un allié dans notre travail. De plus, j’avais du mal à rester concentrée sur une seule tache, il fallait échanger continuellement avec Laure sur nos avancées. Malgré tout, cette expérience nous a permis d’acquérir davantage d’autonomie.

Atteindre son objectif

Pour atteindre quelque chose il faut se fixer un objectif. Trouver la chose qui nous motive et nous pousse à réaliser ses projets. C’est une grande question qui se pose surtout quand on pense au travail. On apprend un métier pour gagner de l’argent et pouvoir vivre. Mais cela va plus loin. Je pense qu’il faut savoir trouver un but à notre vie alors pourquoi pas dans le travail. Le métier de graphiste est avant tout un métier de passionné. La majorité fait cela par passion et cette passion s’est éveillée pour moi au lycée ce qui m’a donné ensuite pour but de rejoindre une formation dans ce domaine. Une fois dans la formation, les projets réalisés et l’apprentissage reçu est de moins en moins perçu comme du travail car l’on prend de plus en plus de plaisir à imaginer, créer, réaliser des choses concrètes. 

C’est cette question que je me suis posé lors de mon stage : Quel est mon objectif ? Hormis la mission donné par mon tuteur j’ai décidé de me fixé des objectifs personnels qui m’ont permis de me booster dans mon travail et qui m’ont permis de surmonter parfois l’ennui et l’échec. 

Premièrement il était difficile pour moi de réaliser tout ce que j’avais en tête sur After Effects car j’ai vite trouvé mes limites. En me fixant un objectif et en me s’imposant des contraintes, cela me permet d’apprendre par moi même en me renseignant sur internet, en cherchant de l’inspiration dans des tutoriels et de prendre le temps de tester des nouvelles choses que je n’avais pas l’occasion de faire auparavant. L’objectif était de ne pas se contenter de mes compétences mais de les dépasser et de les améliorer. C’était le moment parfait pour essayer de trouver des solutions par sois-même et dans le cas où je n’en trouvais pas il fallait que je trouve un autre moyen de procéder. 

Deuxièmement j’ai eu énormément de temps accordé pour réaliser ma mission pour l’entreprise. Je ne voulais pas me presser donc je respectais simplement les dates de rendu que l’on me donnait. J’essayais de ne pas foncer tête baissé dans le projet ce qui je pense m’aurait vite bloqué et je n’aurai pas pu rendre quelque chose de bien terminé. Je travaillais donc un peu tout les jours sur la vidéo que j’avais à produire et dès que je commençais à trop réfléchir pour rien j’arrêtais. J’avais besoin de retrouver de l’inspiration et ce n’étais pas en restant devant After Effects que j’allais trouvé une solution. Je décidais donc de passer sur des projets personnels. J’ai recoder entièrement mon site, retravailler mon identité visuelle (logo, cv, carte de visite). Je me suis donné des objectifs annexes. Même si je n’avançait  pas sur le projet principal de mon stage, j’avais quand même de la motivation et l’impression d’avancer et de réussir quelque chose. Ces petits projets que j’accomplissais à côté m’ont aidé à trouver des solutions dans mon projet de stage. Je me suis placé dans une dynamique de travail où je n’étais pas lassé de mon travail car j’avais un but et un objectif à atteindre.. J’avais toujours quelque chose à accomplir pendant ces deux mois. Et travaillant seul, cela m’a permis de me focus sur moi et de me forcer à prendre des initiatives pour faire. 

J’ai finalement rendu le travail que j’avais à faire avec deux semaines d’avance sans m’être presser pour autant. On m’a donc attribué une autre tâche qui était encore plus simple et qui m’a permis de continuer sur mes projets personnels.