La Pizza de Bienvenue…

Il est 9h15, je suis hyper en avance… (*Trop ? – C’est sûr.. – Ça commence mal – Comment on rentre déjà ?*)

(*Aller on répète sa phrase.. « Bonjour, je suis Amandine Courbot, la nouvelle stagiaire en graphisme… »*)

J’arrive devant la porte, elle est bloquée..

Je réussis à l’ouvrir tant bien que mal au bout de 10 minutes.

(*Heureusement que j’ai pris de l’avance finalement…*)

À peine arrivée, on m’annonce que je travaille au 3e étages. ET je n’ai jamais vu des escaliers aussi longs de ma vie. 

(*Au moins je vais faire du sport*) 

Après la montée de l’extrême, je rencontre à nouveau Armelle que j’avais seulement vue lors de mon entretien.

(*LA PRESSION redescend*) 

Armelle me présente à l’équipe des autres associations et me dit : 

« Eh bien tu vois la salle derrière toi ? C’est ton bureau.. 

( *WOW*)

– Tu fais ce que tu veux dedans.. Mais ATTENTION, il va falloir t’occuper de la plante, c’est ta PLUS GRANDE RESPONSABILITÉ ! »

(*Ok, elle est hyper sérieuse quand elle dit ça, je n’ai pas la main verte par contre…*)

Mon super bureau 🙂

Après m’être installée, Armelle m’annonce que je vais rencontrer tout le personnel des différentes associations. 

*PRESSION MAXIMUM* 

En réalité tout le monde est très accueillant et j’ai eu une super pizza d’accueil pour le déjeuner, soi-disant un rituel quand quelqu’un arrive dans la maison ! 

Maintenant si on se penche davantage sur le travail, il y a beaucoup à faire. Je travaille pour l’association La Nuit du handicap, et l’événement qui en découle. C’est le 11 juin, dans 29 villes en France donc il y a pas mal de boulot.

Mes missions principales sont : 

  • Préparer et gérer les impressions des 29 affiches, des 29 programme, des 29 flyers de l’événement
  • Aider à la préparation des fichiers pour intégration web 

Les 3 premières sont assez frustrantes, je n’ai pas beaucoup la main sur les visuels car ils ont été établis avant mon arrivée, mais je peux essayer de bidouiller comme je peux certaines choses.

  • Créer une charte graphique et d’aide à la communication pour l’association
  • Faire évoluer les visuels pour le futur
Chercher de l’inspi 🙂 pour plus tard

Première étape : les supports de comm, la préparation des visuels pour intégration dans le site web et prendre contact avec toutes les villes. Pour les affiches c’est simple, je les construit en revoyant la grille et en harmonisant un peu le tout. Le point le plus important étant de rentrer les infos concernant, lieux, dates, programmes et horaires…

C’est un peu rébarbatif…

Je n’ai jamais été autant au téléphone de toute ma vie, les villes sont très pressées et à la fois pas du tout pour me faire des retours.

*Mon angoisse concernant les coups de fil s’est envolée*

Être en contact avec les responsables des différentes villes, c’est un atout mais aussi la voie de la discorde pour créer une unité qui plaît à tout le monde. (Autrement dit c’est le BORDEL TOTAL) 

Je commence à 9h30…

Je représente l’équipe de coordination Nationale dans les réunions et les Mairies, autant dire qu’il faut savoir ce qu’on veut. Je dois être confiante. 

*C’est un peu compliqué*

L’événement arrive assez rapidement et il y a beaucoup à gérer, mais j’ai hâte de pouvoir créer des visuels par la suite. L’organisation est primordiale pour réussir à être à jour sur tout. Je réalise que la création graphique se place souvent à la toute fin d’un projet, quitte à réduire considérablement les deadlines, il faut être au taquet TOUT LE TEMPS.

Coup de <3

J’ai rencontré Agnès 1 semaine après mon arrivée. 

++ Elle m’offre tous les jours des chocolats, 3 fois par jour minimum, selon elle ça permet de mieux travailler et il faut faire des découvertes

– – Le chocolat noir au piment d’Espelette et au café *oui les deux en même temps* n’est clairement pas ma meilleure expérience gustative

*Ne goûtez jamais ça*

L’eau et l’encre

Après 4 heures de train, 20 minutes de voiture, 30 minutes de bus et 4 minutes à pied, me voilà dans les rues hautes, colorées et délavées du vieux Toulon. La sinueuse rue des arts, vide hormis les patrons fatigués de bar qui sortent leurs chaises et leurs tables, s’étend loin, s’étend haut, se resserre sur moi, m’étouffe dans le stress de l’attente du début du stage. Arrivée 30 minutes en avance –au cas où un extraterrestre décidait de m’enlever entretemps sûrement– j’attends en bouquinant. C’est tout de même sympa de tourner la tête, et de voir la mer ! Les nuages sont même venu m’accueillir, et étaient tellement émus qu’ils en ont pleuré.

Bon sur celle-là il fait beau parce que c’est quand même plus joli

Enfin, 10h arrive, je prends mon courage à deux mains, et je rentre dans la boutique. « -Bonjour Marion ! » me lance une dame que je ne connais pas.

Je rencontre donc Fabien, calligraphe et directeur de la petite boutique Callifabe, et Béatriz, sa femme qui s’occupe de l’administration. Après avoir appris comment se fait le ménage (parce que je reste une stagiaire), ils m’expliquent quelles seront mes missions ici, à quoi je dois servir, ce qu’ils espèrent m’apprendre. Toute l’organisation se fait sur Trello, un site qui permet de faire des listes (en gros), on partage tous le même Drive. J’apprends aussi que je rencontrerai bientôt Camille et Cyril, deux alternants en communication. Cool, des alliés pour cette grande mission qu’est l’image de la boutique !

Fabien m’explique qu’ici, tout le monde est cash, et qu’il faut accepter l’échec pour avancer. Heureusement, faire face à des critiques franches, on sait faire maintenant…

Je dois aussi être claire et communiquer sur tous mes problèmes, mais surtout toujours arriver avec une solution. Ici, chacun gère ses problèmes, sinon on ne s’en sort pas. J’ai la liberté de dire ce que je voudrais faire, ce que j’apprécie ou pas, car de toute façon il y a du travail à faire sur tous les plans ! Autant sur l’identité visuelle, que sur le site, les supports imprimés, la vidéo… Chouette ! Tout un terrain de jeu pour une graphiste en herbe. Ils sont d’ailleurs assez étonnés que je n’en fume pas… Les clichés du milieu, j’imagine.

Alors je suis lancée sur mes missions principales. Je dois d’abord créer un template PowerPoint de style médiéval. Intérieurement, je soupire… J’ai toujours beaucoup de mal avec la mise en page de dossier. Mais ne pas baisser les bras, c’est un prétexte pour s’améliorer après tout ! Et au final, même si je ne suis pas complètement satisfaite du résultat, lui l’est. Donc tant mieux !

Deuxième mission, créer des bannières pour promouvoir une incroyable réduction de 57 % sur toute la gamme de Posca de la boutique !! Il faut respecter les habitudes de l’équipe communication, qui sont assez strictes… Le résultat est donc assez classique et peu créatif, mais ça fait aussi partie du métier.

Enfin, troisième mission, et la plus importante: créer l’introduction de ses vidéos YouTube, dans lesquelles il explique comment faire de la calligraphie. Je dois m’emparer des quelques éléments qui composent son identité visuelle, et créer une animation forte, que les gens retiennent… Pas si facile que ça !

Après deux semaines, je me rends compte que je me suis un peu perdue dans ce projet. Etre à l’école, avec la classe et les profs, cela nous oblige à travailler, avancer, et nous aide à structurer notre progression et à trouver de la motivation. Mais ayant retrouvé une vieille ennemie, la timidité, je me retrouve incapable de sortir de ma petite bulle, et je passe des journées en silence, à créer sans trop savoir où aller. Ce n’est vraiment pas évident de créer ses propres consignes, de s’organiser et de se motiver !

Je dois à présent me reprendre en main, me forcer à m’organiser pour le projet, car dès que le concept de l’animation sera validé, je sais que je m’éclaterai à le réaliser ! C’est toujours la première partie la plus difficile.

En parallèle, Fabien m’octroie le droit d’assister à certains cours de calligraphie, qui sont de vrais moments de plaisir. J’ai appris et j’apprends plein de choses, et cela m’offre un nouvel outil de création, même pour mes futurs projets ! Nous avons également fait une journée de création de marque-pages, égayée par la présence de la fille de 5 ans (et demi !) de Fabien. Pour une fois dans cette boutique, il y avait des rires, de la musique et de la convivialité !

Je me pose beaucoup de questions qui trouveront sûrement leurs réponses au fur et à mesure du stage. Pour l’instant, je n’arrive pas vraiment à la création d’objets graphiques… Est-ce à cause de l’environnement, de la solitude et de la timidité, de la non-présence de graphistes autour de moi, de la fatigue, du stress ? Comment m’améliorer ? Pour l’instant, ces questions restent sans réponse claire…

Deux semaines sans Adobe (et c’est pas si mal !)

Avant de commencer mon stage, j’avais beaucoup d’appréhension ; stressé par l’inconnu, je me posais beaucoup de questions : Comment cela va-t-il  se passer ? Que va-t-on penser de mon travail ? Serais-je à la hauteur ? Après un peu moins d’une heure de transport, — mon Transilien habituel, deux RER et quelques minutes de marche, — j’arrive devant la grille du collectif, j’appelle, on m’ouvre, et me voici arrivé pour 3 mois de stage dans le collectif Figures Libres ! Ambiance familiale, détendue, comme à la maison : « Tu veux du café, du thé ? » Après une présentation rapide des membres, — ils sont cinq, Maud et Sandrine, les deux DA/graphistes, Chloé, la DA junior et graphiste, Ouidad, la développeuse et graphiste, et Bachir, le développeur et graphiste exilé au Havre —, Maud m’installe mon espace de travail et m’explique qu’ils travaillent sous Linux et utilisent uniquement des logiciels libres : au revoir l’écosystème Adobe, Microsoft, Apple et tutti quanti !

Mes premiers véritables pas dans l’univers du libre…

Avant même d’allumer mon ordinateur sous Linux, je m’imagine une interface compliquée, ou pour faire la moindre action, il faut écrire des lignes de commandes dans une console à l’interface basique : du texte blanc sur fond noir. En démarrant l’ordinateur, je ne suis pas déçu, je retrouve effectivement cette interface que je redoutais le plus !

Mais ouf, me voilà rassuré ! Je retrouve ensuite mes repères, en ouvrant ma session, avec l’apparition de l’interface habituelle du bureau.

Maud me présente les nouveaux logiciels que je vais utiliser pendant ces 3 mois : Gimp à la place de Photoshop, Inkscape, une alternative à Illustrator, et Scribus, un logiciel rempli de bugs qui remplace Indesign.

Ensemble de mots auxquels je suis confronté quotidiennement tels que : bugs, mise à jour, Linux, Dolphin, Inkscape, DuckDuckGo, Gimp, Nexcloud, Rainloop...
Ensemble de mots auxquels je suis confronté quotidiennement

Je découvre aussi une organisation du collectif, notamment dans les dossiers, similaire à celle établie dans le cadre du DNMADE. En effet, ils utilisent aussi le principe du dossier partagé, avec la solution proposée par Nextcloud, où les fichiers sont hébergés sur le serveur OVH de leur site web, permettant ainsi de les mettre en commun avec l’ensemble des membres du collectif.

Mes premières tâches, mes premiers constats…

Durant ces premières semaines, j’ai pu travailler sur trois projets différents : la conception d’une affiche, la maquette de mailing et l’application d’une charte graphique, la création d’une identité visuelle. Les temps passés sur chacun d’eux étaient très différents de ceux passés sur mes projets de DNMADE. En effet, cela varie selon les délais fixés par le client ainsi que ses attentes et son budget. La participation de tous les membres du collectif sur les projets permet aussi d’avancer plus vite : en à peine une journée, on arrive à proposer au client plusieurs pistes, souvent cinq, au-delà de la demande. J’ai, par exemple, pu travailler sur la phase des premières expérimentations pour l’affiche de la Journée Internationale contre la peine de mort. J’ai remarqué que les temps passés sur les différentes étapes du processus de réflexion étaient très courts, tandis que les étapes d’expérimentations étaient beaucoup plus longues, en comparaison à mes projets de DNMADE. En effet, en à peine une journée et demie j’avais réalisé l’expérimentation de ma piste !

Première expérimentation d'affiche
Première expérimentation d’affiche envoyée au client, avec une composition très brute, sans calage du texte

Cette première tâche, réalisée en très peu de temps, contraste avec une seconde mission plus longue, qui était de réaliser une piste d’expérimentation pour la refonte de l’identité visuelle de l’association 100 Chances 100 Emplois. Ce travail s’étale sur environ une semaine et il n’est pas fini. J’ai également pu constater que la phase de tests dans Inkscape était l’étape où j’ai passé le plus de temps sur celui-ci, me permettant de questionner mes expérimentations. Le fait d’être sur plusieurs projets en parallèle, permet de mettre de côté mon travail pendant une demi-journée voire un jour complet, et ainsi faire émerger de nouvelles idées avec un regard neuf.

Différentes version colorées du logo
Premiers tests de choix de couleurs du logo
Déclinaison du logo sur une couverture où le logotype est utilisé pour délimiter une photo.
Test de déclinaison du logo sur
une couverture

Ces premiers temps de stage m’ont donc permis de découvrir une nouvelle façon de travailler, un nouveau rythme. En effet, dès le début des projets, les membres du collectif passent beaucoup moins de temps sur la recherche de références, de concepts ou sur la réalisation d’une carte-mentale, mais adoptent d’emblée une approche expérimentale ; puis vient très vite la phase de tests de nos premières idées. Je trouve cette approche assez intéressante, car elle accorde plus de temps à l’expérimentation et permet de faire émerger d’autres idées plus facilement.

Coopération graphique et bienveillance

Le stage est l’opportunité idéale pour mettre en application nos compétences et savoirs-faire dans un contexte différent du système scolaire. Il permet également d’échanger avec des professionnels sur nos productions. Chez Habile, ma collègue c’est Laure. On se connait donc, aussi bien personnellement que professionnellement. Nous travaillons en binôme entre autres sur la création de supports de communication pour le lieu qui va ouvrir ses portes début juin. (Habile, c’est une boutique multifonctions : vêtements, restaurant, cave et épicerie).

Cela fait donc maintenant deux semaines que nous allons travailler dans un endroit autre que la salle de classe ou la maison. Dès le début, nous avons été mises à l’aise, ce qui a été pour nous un soulagement et un poids en moins. Camille, notre tutrice, est directrice artistique et a co-créé Habile, avec son mari chef-cuisinier, Éric. L’environnement dans lequel nous sommes est chaleureux, familial et propice au dialogue. Les choses sont d’autant plus faciles et agréables puisque ce qui nous est demandé de réaliser est dans la lignée de nos références artistiques. 

Le plus important dans notre travail c’est la communication : aussi bien visuelle que verbale. Avec Laure, nous avons l’habitude de travailler ensemble, se conseiller et rebondir sur les expérimentations de chacune. On s’apporte mutuellement en nous nous nourrissant de nos échanges. Par ailleurs, Camille est à l’écoute sur les idées qu’on lui propose. Elle est ouverte au dialogue et bienveillante dans ces propos. Ce contexte favorable au partage nous permet donc de prendre confiance en nous et aussi d’être force de proposition. Le stage nous incite aussi à présenter nos idées à des personnes extérieurs au design graphique, qui n’y connaissent rien. C’est un bon exercice puisque ce que l’on crée derrière nos ordinateurs, ce n’est pas pour nous mais destiné aux autres. Aussi, il faut réussir à prendre de la distance sur notre travail.

Puis, pendant une semaine, Laure a été en télétravail. J’étais donc seule à travailler en présentiel sur les taches qui nous ont été confiées. La différence c’est de suite ressentie : manque de productivité, ralentissement et procrastination. Les discussions par écran interposé rendent l’avancée du travail beaucoup plus difficile, voir même la ralentisse. Il n’y a plus cette instantanéité de l’échange. L’ordinateur devient une barrière alors qu’en temps normal il est un allié dans notre travail. De plus, j’avais du mal à rester concentrée sur une seule tache, il fallait échanger continuellement avec Laure sur nos avancées. Malgré tout, cette expérience nous a permis d’acquérir davantage d’autonomie.

Identité visuelle et contraintes d’adaptation

( en binôme de stage avec Eulalie ma collègue )

La création d’une identité visuelle, pour un lieu ou une marque, ce n’est pas si simple. Il y a plusieurs choses à prendre en compte : – une identité visuelle doit se penser dans sa globalité, – être fidèle aux principes et idéologies de la marque, – il faut qu’elle plaise à tous ; il faut bien être au clair sur ces points avant de commencer.

Pour ce stage, il nous est demandé de créer l’identité visuelle d’un nouveau lieu dans Paris, c’est une petite boutique « HABILE » fait du prêt à porter mais aussi dans la restauration et la vente de produits alimentaires. J’ai trouvé le stage 3-4 jours avant son début alors je n’ai pas vraiment eu le temps de me projeter, et dès le premier jour j’ai bien compris qu’il y allait avoir du travail. Notre tutrice Camille n’est pas graphiste, elle est directrice artistique dans la mode mais elle avait déjà commencé à travailler sur une identité, c’est la seule à se rapprocher du domaine de la création graphique. C’est donc avec elle qu’on réfléchit à ce qu’il faut faire et comment.

Au début j’avais un peu peur de devoir imposer mon avis et mes choix graphiques.

Au final on à réussi à bien s’intégrer à l’équipe, il y a une ambiance très conviviale qui nous aide à nous motiver et à produire (même si certains jours sont plus difficiles que d’autres).

Eulalie et moi avions alors 1 mois pour penser tout les éléments graphiques, dans la globalité et que chacun soit validé par tous les participants (Camille notre tutrice, Eric son mari, chef cuisinier et co-fondateur du projet, leurs amis, leurs conseillés et même les gens qui sont sur le chantier et qui suivent l’avancé de notre travail). 

Le but de cette identité est donc de plaire au plus grand nombre tout en étant le reflet du projet HABILE : un concept store qui propose une gamme de prêt à porter, un restaurant, une épicerie et une cave à vin, quatre activités pour une seule initiative. C’est donc un projet hybride qui doit se décliner sur des vêtements comme sur des produits alimentaires, de communication, web… Il nous faut donc que nous pensions à des menus, des étiquettes produits, des cartes de visites, des autocollants, des sacs en carton, des animations pour le site web, pour Instagram, des stories… Et tout cela doit s’inscrire dans une même identité cohérente qui change et évolue selon les goûts de chacun.  Pour l’instant on opte pour des couleurs qui en jettent (4 couleurs associées aux 4 activités) et des visuels impactants. Toute la difficulté est là, trouver comment rendre le lieu attrayant et taper dans l’oeil des gens, tout en respectant des contraintes (financières, d’organisation, de choix visuels pré-établis.)… 

Depuis ces quelques semaines, Eulalie et moi nous nous coordonnons pour réaliser des visuels finaux cohérents avec la charte graphique que nous établissons en parallèle (et qui n’arrête pas d’évoluer) en physique mais aussi en télétravail (bien plus compliqué à distance).

Ce que j’en ai retenu pour l’instant :

Il ne faut pas oublier que cette identité n’est pas la notre, et que même si ce projet à une esthétique qui nous correspond assez bien, il faut se rappeler que ce n’est pas nos gouts qui comptent et qui sont mis en jeu. Il faut réussir à distinguer notre travail de nous même en tant que graphiste, en effet si une réalisation ne leur plait pas il ne faut pas le prendre personnellement. 

C’est encore assez difficile de créer des choses, et d’y passer beaucoup de temps pour qu’au final elles ne plaise pas.  D’ailleurs il peut nous arriver de réaliser des choses que l’on trouve « moches » mais qui vont plaire et être validées. En bref il faut que l’on se fasse confiance dans nos choix et en même temps qu’on arrive à comprendre la demande. Heureusement je peux compter sur Eulalie ma super collège avec qui je peux partager et échanger sur les choix graphiques à faire.

La construction d’une charte graphique

Je vais vous parler de la construction de la charte graphique de l’école Edam. Lorsque l’on travaille pour une entreprise, une école ou tout autre commanditaire il est important de prendre en compte son image, respecter le message ou l’idée, l’atmosphère que souhaite véhiculer l’organisme en question à une cible bien précise. Cette identité se doit d’être forte et évocatrice. Elle sera ensuite déclinée sur plusieurs supports amenant ainsi à la création d’une charte graphique web et une charte graphique print. Cependant, ce n’est pas toujours dans ce sens que cela fonctionne.

Tout d’abord, travailler pour une école est une nouveauté pour moi, et j’ai dû me mettre dans le bain très rapidement. Edam est une école qui donne des cours de français à des étrangers qui viennent du monde entier. Elle propose également d’autres formations ( bachelors MBA, DBA), mais mon stage se concentre principalement sur la partie cours de français. Les élèves qui s’inscrivent à Edam ont des nationalités multiples, dès lors les notions de diversité et de mixité deviennent essentielles et doivent être prises en compte dans l’image de marque de l’école. Chaque projet doit pouvoir être compris par un maximum de langues, parfois il faut travailler un projet en plusieurs langues, avec des images différentes qui vont toucher plus ou moins la cible visée, pour le public japonais l’on s’adresse par exemple on va utiliser des codes qui leurs parlent, un ton plus léger et plus « kawaii », en référence à l’animation japonaise. La tranche d’âge de la cible est entre 20 à 35 ans le ton que nous avons décidé d’adopter est un ton joyeux, avec un code couleur et des images qui parlent à cette tranche d’âge (des couleurs vives, des photographies d’étudiants souriants).

Au départ, j’ai décidé qu’il serait préférable de faire des moodboards afin de mieux structurer les différentes idées qui me viennent, avant de se lancer directement dans la réalisation des projets. Cependant, je n’avais pas de données suffisantes pour construire un plan solide. J’ai donc essayé de m’imprégner de l’univers scolaire afin d’en tirer quelque chose de plus dynamique. Ma charte graphique était au départ pauvre en idées à cause d’un manque d’informations (et de communication entre moi et mes tuteurs). Je sentais aussi qu’il fallait que j’entame un projet afin de correspondre au mieux aux attentes de mon maître de stage. Comme ils n’ont pas de graphistes, leur charte initiale était très sage et pas vraiment dans l’air du temps. Il fallait donner envie aux étrangers d’intégrer Edam, en prenant en compte la concurrence. Cette dernière utilise souvent des tons froids, un bleu foncé, avec une dynamique très sage. Après la validation de mes premières idées nous avons commencé un projet.

Ma première commande était la refonte d’un de leur flyer, et dès lors j’ai suivi ma charte graphique, et je suis partie dans des tons froids, vert fluo et violet, dans un style minimaliste, parce que dans ma tête être graphiste aujourd’hui les tendances graphiques d’aujourd’hui riment avec l’épurement. Très vite en faisant ce style de mise en forme graphique nous nous sommes rendus compte que ces codes ne correspondent pas à l’image de l’école qui est accueillante et chaleureuse.  C’est en travaillant sur un autre projet en parallèle sur un nouveau medium (une vidéo) que j’ai par la suite rectifié le tir en adoptant des couleurs plus joyeuses et douces, moins tranchantes, un bleu pastel et un orange vif, en intégrant des petites illustrations et en remplissant les espaces vides (qui leur faisaient si peur). C’est à ce moment que je me suis rendue compte que dans le cas présent, réaliser une charte n’a pas été vraiment utile puisqu’elle se dessinait au fur et à mesure de l’expérimentation. Ces faits se sont confirmés par la suite étant donné que mes tuteurs ont décidé d’avoir une charte graphique qui varie selon les supports. Par exemple, pour les vidéos ils voudraient un certain code couleur et pour la partie print une autre code couleur. Au départ j’étais réticente car j’avais peur qu’on perde l’identité de l’école à force de changer les couleurs mais au final cela l’incarne bien, il y a autant de couleurs que d’origines, donc le message passe bien. Ce que je retiens de cette expérience c’est qu’une charte n’est pas obligée d’être fixée dès le départ mais c’est en expérimentant que l’on se rend compte si elle marche ou si au contraire elle ne correspond pas à l’objectif souhaité.