Conserver une identité cohérente

En vue de cette dernière semaine de stage qui commence, mes questionnements se portent maintenant plus précisément sur les projets en tant que tels.

Ce dernier mois, j’ai surtout pu travailler sur le projet concernant l’Abbaye des Vaux-de-Cernay, un hôtel spa dont l’agence a dû réaliser toute l’identité visuelle et la charte graphique. Cette dernière avait déjà été réalisée avant mon stage et aujourd’hui le projet se porte essentiellement autour de la création des supports de communication.

Un petit aperçu de ce que j’ai pu faire sur l’Abbaye du 14 juin à maintenant

Pour revenir sur mon questionnement, j’ai notamment pu me demander comment on pouvait gérer des projets aussi complexes que ceux-ci, qui peuvent durer depuis déjà plus d’un an.

Plus de 70 supports à décliner en suivant la charte graphique

C’est tout d’abord en travaillant sur 12 menus que j’ai pu prendre conscience des dates fixées qui sont très souvent décalées, tout d’abord à cause des retours client qui demandent des modifications ou bien qui n’envoient pas les contenus pour la réalisation des éléments, ce qui nous bloque complètement. Le client nous demande régulièrement des présentations de l’avancée pour suivre son projet, certaines modifications sont faites à la dernière minute. Cependant, c’est plutôt agréable d’avoir un client aussi réactif, ce qui n’est pas toujours le cas, car cela nous permet de nous adapter plus facilement à sa demande.

Toutes les infos sont placées dans des tableurs qui évoluent à chaque retour

On doit être assez organisé pour n’oublier aucune modification demandée. Il faut très fréquemment qu’on revoie nos plannings qui dépendent des retours du client et très généralement se plier à leurs exigences, notamment lorsqu’ils préfèrent choisir un papier plutôt que celui qu’on propose.

Pour être organisé, on doit aussi collaborer pour optimiser au plus notre temps. C’est sur ce projet où j’ai pu le plus travailler avec les autres graphistes de l’agence, actuellement, nous sommes quatre sur les déclinaisons.

Pour avancer assez rapidement, on se fait beaucoup de retours entre nous, même sur des petits détails, on réalise aussi beaucoup de maquettes pour se rendre compte de l’objet fini, particulièrement pour régler les tailles des différents éléments ou même se rendre compte de la cohérence des supports.

Pour optimiser le temps et créer une cohérence avec l’identité mise en place, j’ai notamment pu créer deux principes de mises en page différents, un pour les boissons et un pour la nourriture, qui se déclinent selon les identités de chacun des restaurants.

C’est aussi en gérant le projet dans son intégralité qui en fait quelque chose de complexe. De la mise en page au choix de papier, d’embossage et de tissus.

De plus, lors de la conception des menus, après les retours du client, la plupart des menus sont finalement passés en attente, la moitié de l’hôtel ouvrira finalement au printemps, et pour l’autre partie le contenu n’a toujours pas été défini et on doit donc attendre les éléments.

En plus d’être organisés entre nous, on doit donc aussi prévoir en amont les menus, mettre en page des éléments pour donner une idée de la réalisation finale au client et ensuite gagner du temps sur l’ajout des vrais contenus. C’est un travail qui prend aussi du temps, mais qui n’est pas urgent et nous permet de travailler dessus lorsque le travail vient à manquer dans d’autres projets, on peut donc passer plus de temps à élaborer des choses plus intéressantes sur ces supports.

Finalement, ce qui m’a le plus marqué, c’est que les clients demandaient des choses beaucoup plus simples que ce que l’on faisait comme propositions, retirant dans la plupart des cas tout l’aspect graphique qu’on avait pu ajouter, pour finalement uniformiser tous les supports et on finit par perdre l’identité qu’on voulait mettre en place pour chaque restaurant, en ne gardant par exemple que deux types de papiers et une seule couleur d’embossage pour tous les menus. C’est toujours un peu frustrant de retirer la moitié de ce qu’on avait pu passer des heures à faire, le projet appartient en premier au client et on n’a pas vraiment notre mot à dire.

C’est un projet qui est donc assez long et complexe par son nombre de supports de communication, et finalement beaucoup moins par sa créativité en tant que telle qui est plutôt limitée par les choix du client.

Identité de Studio et Culture du commanditaire

La première question qui me trottait dans la tête bien avant d’arriver au studio était, mais finalement Qu-est-ce qui fait l’ADN d’un studio ?

  • Quels éléments font “studio” (typographie, graphistes, commanditaires…)
  • Qu’est-ce qui fait la sauce Plastac ?

Comment reconnait-on Plastac et comment fait-on en tant que studio pour garder cette direction artistique Est-elle définie ? fine ? Existe-t-elle vraiment ?

Un des premiers éléments de réponse chez Plastac c’est la Circular ! OUI une fonte, celle de leur logo distribué par Lineto, elle est présente partout et très régulièrement glissé dans leur proposition de logo pour les clients en 4ᵉ ou 5ᵉ propal ou en baseline pour accompagner un logo, bref, ils la kiff et ça se voit et à vrai dire, c’est souvent ce que viennent chercher les clients du moins cette fonte marche et accompagne régulièrement leur projet (APS, APD, PORTFOLIO…) et évoque leur univers coloré géométrique et ludique de leur approche du design graphique et de la signalétique.

Ensuite l’identité du studio se résume aussi par les clients et ça Romain le dit clairement “C’est sûr par rapport à “Choque le Goff ” On fait pas la même chose, eux font des rapports d’inactivités et nous, on fait plutôt des rapports d’activités pour Hermès donc clairement… ”

En effet, Plastac travaille essentiellement pour le milieu culturel et institutionnel, le luxe et l’industrie, leur typologie de clients influent évidement sur le graphisme qu’ils proposent au fur et à mesure des années.

Et enfin pour moi ce qui fait l’ADN de Plastac ce sont simplement Adrien, Fanny et Romain, c’est bête, mais leur personnalité, leur manière de travailler et le fait que ça fait 15 ans qui font ça, bah forcement y’a des automatismes qui se créent et une DA qui se met en place.

La façon dont-ils mettent en place leur graphisme me permet d’enchainer sur un autre point le client et cette culture du commanditaire, en occurrence ici Thomas Boivin un photographe qui a besoin d’une couverture pour son prochain roman-photo.

TOUT LE MONDE À UN AVIS SUR TOUT ET TOUT LE TEMPS

(et ça marche pour beaucoup de choses), tout le monde s’improvise graphiste et encore plus le client qui n’hésite pas à remettre en question nos choix.

TB: “non mais j’ai rapidement modifié votre proposition sur photoshop en remontant votre typo pour vous montrer ce que je veux” HEIN ????

TB: “Et puis n’hésitez pas à m’envoyer des choses pour que je vous fasse des retours” HEIN HEIN HEIN M. ISLER C’EST VOUS ??? 

Je n’avais jamais vu ça avant, du moins je ne pensais pas qu’on pouvait faire le taff du graphiste. Il croit mieux que tout le monde quelle est la bonne solution, se permet de “conseiller” le studio sur les bons ajustements typo, met la pression sur le temps de réponse et de prod du studio. La source de tous ces problèmes dans ce projet a été le brief le client avait un papier précis en tête (sirio blu) une envie de modernité tout en gardant les codes du roman, mais son papier bleu foncé était à l’opposé de ses références. Un manque de clarté et de communication qui ont bloqué le projet dans ses débuts, en témoigne toutes annotations dans tous les sens.;(

Ménilmontant x4

Bon au final, c’est ma proposition qui a convaincu parmi la sélection qu’on avait faite donc ça va.;)

Remise en question stylistique au sein d’une entreprise

Pour mon stage de deux mois en illustration, les projets allaient de la création de visuels, à la vidéo, en passant par la création de logos. La diversité des missions m’a tout de suite interpellé, dans le sens où je me rendais compte de l’étendue des activités que pouvaient attendre un illustrateur. De manière général, mon esprit s’était refermé simplement aux illustrations « corporatives », sans prendre en compte à quel point le graphiste et l’illustrateur étaient liés sur le terrain. La frontière étant de plus en plus mince, je me suis mise à faire des recherches de typographies plus poussées pour les accorder aux visuels demandés, et à rechercher des références qui questionnaient plus en profondeur mes choix de compositions. Cependant, c’est après cela que j’ai heurté un mur : comment se renouveler au sein d’une entreprise ?

En effet, la question du flux créatif dans l’entreprenariat m’est tout de suite venu à l’esprit, puisque, malgré la diversité des médias, et des formats, je tournais toujours un peu en rond dans ce que je produisais. Il y avait une variété dans le contenu, mais plus dans le style, et petit à petit une sorte de culpabilité s’est installée : peut-on réellement produire du contenu différent du style qui a déjà été validé par l’entreprise ?

Même si je n’étais pas directement employée, le simple fait de vouloir se réinventer au sein de l’entreprenariat peut nous mettre face à des murs : c’est la question de l’identité de marque. En effet, le fait de devoir adopter les couleurs/ les formes d’une entreprise déjà sur le marché impose une restriction dans tout ce que nous produisons en temps que “créatifs”. Et c’est sûrement pour ça que sortir de sa zone de confort est si difficile dans ce genre de structure : lorsque nous trouvons un point d’accord, pourquoi vouloir chercher ailleurs et prendre le risque que cela ne passe tout simplement pas ? Nous nous retrouvons vite dans une situation où nous ne produisons rien de nouveau, ni pour l’entreprise, ni pour nous. 

Cependant, s’ajoute à cela la question de la collaboration : chaque retour était accompagné de précisions sur la demande initiale, ou dans certains cas, ce que recherchait la direction. Il n’était souvent question que d’une typographie qui n’était pas assez lisible ou assez douce à l’oeil du consommateur, mais cet esprit de collaboration aide à faire émerger de nouvelles idées, de nouvelles pistes de réflexion. Les retours permettent d’avoir un point de vue plus externe : que penserait un personne qui n’est pas forcément réceptive au graphisme de manière général ? Nous sommes donc présenté à un avis plus réaliste. Les typographies se font plus visibles pour les stories Instagram qui ne sont lisibles que pendant un lapse de temps réduit et le blanc tournant entre les informations se fait plus grand. Pendant ce temps là, les fins de journées étaient animées par des projets plus personnels. Les petites découvertes que nous pouvons faire par le biais de ces moments-là peuvent être réintégrés à notre travail, petit à petit.

Le stage nous met dans des conditions réelles et nous confronte à une clientèle qui s’est déjà habituée à une certaine image de marque. Nous pouvons toujours nous réinventer en questionnant cette base réfléchie au préalable par l’entreprise et c’est le fait de devoir conserver cette balance entre notre identité (enrichie par nos projets personnels)  et la leur (identité visuelle et la collaboration) qui fait que l’exercice devient vraiment enrichissant.

La construction d’une charte graphique

Je vais vous parler de la construction de la charte graphique de l’école Edam. Lorsque l’on travaille pour une entreprise, une école ou tout autre commanditaire il est important de prendre en compte son image, respecter le message ou l’idée, l’atmosphère que souhaite véhiculer l’organisme en question à une cible bien précise. Cette identité se doit d’être forte et évocatrice. Elle sera ensuite déclinée sur plusieurs supports amenant ainsi à la création d’une charte graphique web et une charte graphique print. Cependant, ce n’est pas toujours dans ce sens que cela fonctionne.

Tout d’abord, travailler pour une école est une nouveauté pour moi, et j’ai dû me mettre dans le bain très rapidement. Edam est une école qui donne des cours de français à des étrangers qui viennent du monde entier. Elle propose également d’autres formations ( bachelors MBA, DBA), mais mon stage se concentre principalement sur la partie cours de français. Les élèves qui s’inscrivent à Edam ont des nationalités multiples, dès lors les notions de diversité et de mixité deviennent essentielles et doivent être prises en compte dans l’image de marque de l’école. Chaque projet doit pouvoir être compris par un maximum de langues, parfois il faut travailler un projet en plusieurs langues, avec des images différentes qui vont toucher plus ou moins la cible visée, pour le public japonais l’on s’adresse par exemple on va utiliser des codes qui leurs parlent, un ton plus léger et plus « kawaii », en référence à l’animation japonaise. La tranche d’âge de la cible est entre 20 à 35 ans le ton que nous avons décidé d’adopter est un ton joyeux, avec un code couleur et des images qui parlent à cette tranche d’âge (des couleurs vives, des photographies d’étudiants souriants).

Au départ, j’ai décidé qu’il serait préférable de faire des moodboards afin de mieux structurer les différentes idées qui me viennent, avant de se lancer directement dans la réalisation des projets. Cependant, je n’avais pas de données suffisantes pour construire un plan solide. J’ai donc essayé de m’imprégner de l’univers scolaire afin d’en tirer quelque chose de plus dynamique. Ma charte graphique était au départ pauvre en idées à cause d’un manque d’informations (et de communication entre moi et mes tuteurs). Je sentais aussi qu’il fallait que j’entame un projet afin de correspondre au mieux aux attentes de mon maître de stage. Comme ils n’ont pas de graphistes, leur charte initiale était très sage et pas vraiment dans l’air du temps. Il fallait donner envie aux étrangers d’intégrer Edam, en prenant en compte la concurrence. Cette dernière utilise souvent des tons froids, un bleu foncé, avec une dynamique très sage. Après la validation de mes premières idées nous avons commencé un projet.

Ma première commande était la refonte d’un de leur flyer, et dès lors j’ai suivi ma charte graphique, et je suis partie dans des tons froids, vert fluo et violet, dans un style minimaliste, parce que dans ma tête être graphiste aujourd’hui les tendances graphiques d’aujourd’hui riment avec l’épurement. Très vite en faisant ce style de mise en forme graphique nous nous sommes rendus compte que ces codes ne correspondent pas à l’image de l’école qui est accueillante et chaleureuse.  C’est en travaillant sur un autre projet en parallèle sur un nouveau medium (une vidéo) que j’ai par la suite rectifié le tir en adoptant des couleurs plus joyeuses et douces, moins tranchantes, un bleu pastel et un orange vif, en intégrant des petites illustrations et en remplissant les espaces vides (qui leur faisaient si peur). C’est à ce moment que je me suis rendue compte que dans le cas présent, réaliser une charte n’a pas été vraiment utile puisqu’elle se dessinait au fur et à mesure de l’expérimentation. Ces faits se sont confirmés par la suite étant donné que mes tuteurs ont décidé d’avoir une charte graphique qui varie selon les supports. Par exemple, pour les vidéos ils voudraient un certain code couleur et pour la partie print une autre code couleur. Au départ j’étais réticente car j’avais peur qu’on perde l’identité de l’école à force de changer les couleurs mais au final cela l’incarne bien, il y a autant de couleurs que d’origines, donc le message passe bien. Ce que je retiens de cette expérience c’est qu’une charte n’est pas obligée d’être fixée dès le départ mais c’est en expérimentant que l’on se rend compte si elle marche ou si au contraire elle ne correspond pas à l’objectif souhaité.