Créer sous contrainte : la charte graphique limite-t-elle la liberté du graphiste ?

Cela fait un mois que je suis en stage, et je n’ai pas vu le temps passer. J’ai réussi à mieux m’intégrer, et je travaille désormais sur plus de projets, de types différents. Certains m’ont offert une plus grande marge de manœuvre que d’autres. C’est comme ça que j’ai commencé à me poser des questions.


C’est une interrogation qu’on retrouve souvent dans le monde du graphisme. Je me la suis posée en réalisant une affiche pour un événement récurrent, comme la Fête de la musique. Ça m’a amenée à réfléchir à la place du graphiste dans un cadre déjà bien défini : celui de la charte graphique. Et à me demander jusqu’où elle limite la créativité.


C’est normal, évidemment, de devoir respecter la charte graphique d’une entreprise ou d’une association. Mais alors, comment innover ? Jusqu’où va la liberté du graphiste ? On pourrait faire le parallèle avec les marques de luxe, qui ont des identités visuelles très codifiées – presque figées – et où l’on pourrait croire que ça freine la créativité.


Lors de la création de l’affiche pour la Fête de la musique, j’ai dû composer avec deux chartes graphiques en même temps : celle de La CLEF, et celle spécialement développée pour les 40 ans de l’association. Il y avait déjà beaucoup d’éléments imposés : une typographie précise, une gamme de couleurs, des logos. Tous ces éléments font partie de l’identité de l’association, de sa reconnaissance. Mais dans ce contexte, comment faire preuve d’innovation tout en restant identifiable ? Et surtout : est-ce que le graphiste arrive encore à s’amuser dans ce cadre-là ?


Parce que pour moi, la créativité est liée à une forme de plaisir et d’épanouissement. Et quand tout est déjà fixé, je me demande si ça ne devient pas un peu répétitif, voire lassant à la longue. D’autant plus que le graphiste n’est pas toujours décisionnaire. Il y a souvent plusieurs interlocuteurs, parfois non graphistes, qui ne comprennent pas toujours pourquoi on fait tel choix. Il y a aussi une certaine peur de sortir du cadre, une volonté de rester dans la continuité, de ne pas trop s’éloigner de ce qui a déjà été fait.


Du coup, on ne se retrouve pas vraiment dans un processus de création libre, mais plutôt dans une logique d’adaptation : comment reprendre les éléments déjà existants et les transformer un peu pour faire quelque chose de nouveau… sans trop en faire. Ça devient une sorte de « remaniement graphique » plus qu’une création à part entière.


Et puis dans le cas de La CLEF, où un seul graphiste doit répondre à beaucoup de demandes provenant de plusieurs services, il y a aussi un enjeu d’efficacité.

Réutiliser ou adapter des visuels pour des événements qui reviennent chaque année, c’est un vrai gain de temps. Et ça permet aussi de se concentrer sur les projets qui demandent plus de création, plus de réflexion ou d’attention. C’est un équilibre à trouver entre création, contraintes visuelles et organisation du temps.

Chaleureux et conviviale

9 h 06 – Sortie du métro, j’ai comme la sensation d’avoir une boule au ventre.

9 h 08 – J’allume ma cigarette.

9 h 14 – Je prends un grand souffle et met « Heroes » de David Bowie sur Spotify.

Pour l’anecdote, je mets cette musique à chaque grand moment de ma vie étant superstitieuse afin que cela me porte bonheur.

9 h 16 – C’est la détresse, le stress, la peur de la maladresse !

9 h 17 – Je tire la porte et zut, je devais la pousser. Vais-je paraître un peu bête ? 

« Bonjour ! » et c’est à ce moment précis que je réalise une nouvelle expérience de ma vie.

Pour commencer mon histoire, je vais vous présenter rapidement où je l’effectue. Mon stage se passe à Habile. Habile, c’est une rencontre entre Éric (le chef cuisinier) et Camille (styliste et directrice artistique). C’est donc un concept store entre la cuisine et la mode. Cela révèle d’un même était d’esprit en ayant la conviction de bien s‘habiller et bien manger.

Très vite je suis accueillie par Camille, ma tutrice. On m’offre un café et Éric, le chef du restaurant, m’offre un cookie, mais pas n’importe lequel, un cookie au chocolat macadamia. On me représente les lieux et on m’explique les missions du moment avec Clara, une stagiaire en communication qui est le binôme de Camille. Elles me disent clairement qu’elles s’occupent des idées et moi de la création. Et c’est parti !

L’environnement est chaleureux et très conviviale et c’est aussi l’image qu’il faut renvoyer aux clients. La discussion est très importante et on fait souvent des points pour avancer. Dès le premier jour, Camille me donne la charte graphique d’Habile réalisé par Eulalie et Laure l’année dernière. Puis je demande à Eulalie de m’envoyer la typographie. Je suis très vite dans le feu de l’action et je commence directement à créer du contenu pour Instagram avec After Effects. Camille ne rigole pas, car au bout de trois jours, elle me demande de refaire la plupart des vitrines. Qui dit vitrines, dit stickers ! Je suis très vite emballée. Ce qui est intéressant, c’est que l’on ne s’ennuie jamais et toutes les missions sont différentes. 

Story Instagram réalisé avec After Effects
Recherches de stickers pour les vitrines

Ce qui est frustrant, c’est lorsque j’ai de bonnes idées, celles-ci ne plaisent pas toujours (je dois faire beaucoup de versions). Et lorsque je crée des visuels qui me plaisent moins, c’est souvent ceux-là qui sont choisis.

Pour conclure ce petit chapitre, je me sens bien, épanouie et ce début de stage me permet de me rassurer sur le métier que je veux faire. Je me suis rapidement adapté et j’ai vraiment l’impression de faire partie d’une équipe !

À bientôt pour de nouvelles aventures…