Lundi c’est pain au choc’

Arriver dans une société où tout le monde travaille ensemble depuis des années, ce n’est pas simple. 

Surtout quand ils se font des private jokes, tu ne sais pas si tu dois rire ou ne rien dire. Donc tu rigoles pour faire genre que que t’as compris et que toi aussi ça fait des années que t’es là.

Finalement au bout de 2 semaines je peux dire que je me sens super bien dans cette équipe, j’ai eu le droit, moi aussi, de faire part aux private jokes. Mais surtout, ils sont très patients et m’épaulent toujours quand j’ai besoin d’aide. 

Petit plus pour les viennoiseries tous les lundis matins avant la réu de la semaine. Team pain au choc’ !

Passons aux peurs (parce que sinon c’est pas drôle)

Ma première peur était de ne pas oser

Pas oser dire mon avis. Ne pas oser dire que non, je ne veux pas manger ça ce midi.

Mais ça c’était l’affaire de 3-4 jours. Franchement, prendre des risques ça fait parti des épreuves à surmonter et finalement c’est cool, c’est vraiment une ambiance bienveillante. Et puis je mange ce que je veux le midi maintenant 😉

Ma deuxième peur je vais vous la présenter, elle s’appelle slack.
Bienvenue dans le bordel (organisé) des rooms slack

Les 1000 canaux avec des dizaines personnes dont tu ne connais même pas le nom. J’aime pas beaucoup ça, mais ai-je le choix ? et bien non.

« on te voit pas trop sur les rooms »

Espérons que ma hantise de ces canaux se calme.

Maintenant ma troisième peur : ne pas me sentir à la hauteur

Sortir de l’école et appliquer ce qu’on a appris, et bah ça fait un peu flipper… Je me suis dit qu’il devait y avoir un sérieux fossé entre cours et boulot. 

À la grande surprise générale, il y en a bien un, mais pas celui auquel je m’attendais et il a un nom.

… Canva. Les graphistes en sueur.

« on le fait sur canva, c’est plus simple quand on a pas le temps

– ah bon ? ah d’accord.. » 

Me voyant réticente, j’ai eu le droit à cette réponse, que maintenant je trouve drôle :

« non mais on a un compte pro. »

C’est à partir de ce moment que mon cerveau a mis le mode « ok pourquoi tu te mets la pression déjà ?? »

J’y ai d’ailleurs été « initié » (oui oui, on m’a appris à me servir de canva). Je m’y suis intéressée 5 minutes, et puis j’ai fini sur photoshop.

Je les critiques sur canva mais ils ont plein de qualités aussi, promis ! Et puis pour leur défense, ils n’ont vraiment pas le temps, ça c’est vrai.

C’était donc l’occasion pour moi de proposer de nouvelles directives concernant les réseaux sociaux, et je m’éclate.

Finalement, malgré mes peurs je prends vraiment mon poste de petite stagiaire à coeur en proposant de nouvelles idées. 

En revanche, ne pas avoir de badge et devoir sonner tous les jours c’est un peu relou. Les gamelles le midi aussi, finalement la cantine c’est cool.

Mise en situation de mes matins sans badge

L’eau et l’encre

Après 4 heures de train, 20 minutes de voiture, 30 minutes de bus et 4 minutes à pied, me voilà dans les rues hautes, colorées et délavées du vieux Toulon. La sinueuse rue des arts, vide hormis les patrons fatigués de bar qui sortent leurs chaises et leurs tables, s’étend loin, s’étend haut, se resserre sur moi, m’étouffe dans le stress de l’attente du début du stage. Arrivée 30 minutes en avance –au cas où un extraterrestre décidait de m’enlever entretemps sûrement– j’attends en bouquinant. C’est tout de même sympa de tourner la tête, et de voir la mer ! Les nuages sont même venu m’accueillir, et étaient tellement émus qu’ils en ont pleuré.

Bon sur celle-là il fait beau parce que c’est quand même plus joli

Enfin, 10h arrive, je prends mon courage à deux mains, et je rentre dans la boutique. « -Bonjour Marion ! » me lance une dame que je ne connais pas.

Je rencontre donc Fabien, calligraphe et directeur de la petite boutique Callifabe, et Béatriz, sa femme qui s’occupe de l’administration. Après avoir appris comment se fait le ménage (parce que je reste une stagiaire), ils m’expliquent quelles seront mes missions ici, à quoi je dois servir, ce qu’ils espèrent m’apprendre. Toute l’organisation se fait sur Trello, un site qui permet de faire des listes (en gros), on partage tous le même Drive. J’apprends aussi que je rencontrerai bientôt Camille et Cyril, deux alternants en communication. Cool, des alliés pour cette grande mission qu’est l’image de la boutique !

Fabien m’explique qu’ici, tout le monde est cash, et qu’il faut accepter l’échec pour avancer. Heureusement, faire face à des critiques franches, on sait faire maintenant…

Je dois aussi être claire et communiquer sur tous mes problèmes, mais surtout toujours arriver avec une solution. Ici, chacun gère ses problèmes, sinon on ne s’en sort pas. J’ai la liberté de dire ce que je voudrais faire, ce que j’apprécie ou pas, car de toute façon il y a du travail à faire sur tous les plans ! Autant sur l’identité visuelle, que sur le site, les supports imprimés, la vidéo… Chouette ! Tout un terrain de jeu pour une graphiste en herbe. Ils sont d’ailleurs assez étonnés que je n’en fume pas… Les clichés du milieu, j’imagine.

Alors je suis lancée sur mes missions principales. Je dois d’abord créer un template PowerPoint de style médiéval. Intérieurement, je soupire… J’ai toujours beaucoup de mal avec la mise en page de dossier. Mais ne pas baisser les bras, c’est un prétexte pour s’améliorer après tout ! Et au final, même si je ne suis pas complètement satisfaite du résultat, lui l’est. Donc tant mieux !

Deuxième mission, créer des bannières pour promouvoir une incroyable réduction de 57 % sur toute la gamme de Posca de la boutique !! Il faut respecter les habitudes de l’équipe communication, qui sont assez strictes… Le résultat est donc assez classique et peu créatif, mais ça fait aussi partie du métier.

Enfin, troisième mission, et la plus importante: créer l’introduction de ses vidéos YouTube, dans lesquelles il explique comment faire de la calligraphie. Je dois m’emparer des quelques éléments qui composent son identité visuelle, et créer une animation forte, que les gens retiennent… Pas si facile que ça !

Après deux semaines, je me rends compte que je me suis un peu perdue dans ce projet. Etre à l’école, avec la classe et les profs, cela nous oblige à travailler, avancer, et nous aide à structurer notre progression et à trouver de la motivation. Mais ayant retrouvé une vieille ennemie, la timidité, je me retrouve incapable de sortir de ma petite bulle, et je passe des journées en silence, à créer sans trop savoir où aller. Ce n’est vraiment pas évident de créer ses propres consignes, de s’organiser et de se motiver !

Je dois à présent me reprendre en main, me forcer à m’organiser pour le projet, car dès que le concept de l’animation sera validé, je sais que je m’éclaterai à le réaliser ! C’est toujours la première partie la plus difficile.

En parallèle, Fabien m’octroie le droit d’assister à certains cours de calligraphie, qui sont de vrais moments de plaisir. J’ai appris et j’apprends plein de choses, et cela m’offre un nouvel outil de création, même pour mes futurs projets ! Nous avons également fait une journée de création de marque-pages, égayée par la présence de la fille de 5 ans (et demi !) de Fabien. Pour une fois dans cette boutique, il y avait des rires, de la musique et de la convivialité !

Je me pose beaucoup de questions qui trouveront sûrement leurs réponses au fur et à mesure du stage. Pour l’instant, je n’arrive pas vraiment à la création d’objets graphiques… Est-ce à cause de l’environnement, de la solitude et de la timidité, de la non-présence de graphistes autour de moi, de la fatigue, du stress ? Comment m’améliorer ? Pour l’instant, ces questions restent sans réponse claire…

Il faut faire rêver les gens

J’ai commencé mon stage il y a 3 semaines chez Jimmy Bitton Production (JBprod), c’est une agence d’événementiel spécialisée dans le luxe. Je suis arrivée, plutôt sereine lors de mon premier jour de stage. Mon entretien s’était très bien passé 3 semaines auparavant, j’ai eu un très bon feeling et le soir même, on m’a appelé pour m’annoncer que j’étais prise. La veille de mon arrivée, ma tutrice m’a envoyé un petit message pour me rassurer, me rappeler l’adresse et les horaires. Donc pas de stress !

J’ai tout de suite été bien intégrée, j’avais quelques à priori vis à vis du domaine du luxe et je m’attendais à une ambiance plus austère. Mais tout le monde m’a très bien accueille et je me suis vite sentie à l’aise.

L’équipe JB prod se divise en 2, d’un côté la team Chef de projets avec Marine, Coline, Clémence et Diane pour l’organisation des événements, et de l’autre la team créa avec François le directeur artistique, Emma et Anna des alternantes en graphisme et scénographie, puis moi. Sans oublier Jimmy le patron, qui gère également son autre agence en parallèle (Inspiration Live Music).

On travaille tous dans le même bureau, chacun avec son ordinateur perso. J’ai trouvé ça étrange au départ qu’il n’y ait aucun ordinateur fourni pour l’agence, mais on m’a expliqué que c’était plus simple ainsi pour pouvoir travailler à distance ou en dehors des heures de travail. Car dans l’événementiel, il est fréquent de devoir travailler dans l’urgence le soir ou le week-end, surtout avec certains clients à l’étranger.

Un des bureaux dans l’agence.

Dès le premier jour, on m’a directement donné des missions et présenté les projets actuels… J’ai un peu pris peur face à l’ampleur des événements prévus et des budgets mis en jeu.

On parle de centaines de milliers d’euros, voir des millions pour certains voyages ou séminaires. Les clients sont très exigeants et ce sont des clients récurrents avec qui il ne faut pas faire d’erreurs (L’oréal, Valentino, Lancôme, Prada…). Je ne suis pas encore très habitué à entendre les chefs de projet parler de budgets aussi conséquents, c’est toujours surprenant.

Mais le rôle du graphiste dans tout ça ?

Le job du graphiste dans une agence événementiel n’est pas le plus important à première vue et passe souvent au seconde plan dans l’élaboration d’un projet, ce qui nous pousse à travailler dans le rush pour finaliser des présentations ou des supports visuels. Les clients n’ont pas toujours conscience qu’il y a un graphiste qui travaille avec les chefs de projet. L’événementiel ce n’est pas seulement élaborer un planning, trouver des lieux de soirée ou des hôtels.

Dans le processus de création d’un projet, la première tâche du graphiste est l’élaboration d’une présentation pour le client. On obtient souvent un événement grâce à un appel d’offres, bien que ce soit pour des clients réguliers.

Il faut « faire rêver les gens » dans nos présentations (j’entends cette phrase environ 5 fois par jour). De grands visuels d’hôtels, de réception, de lieux paradisiaques pour les voyages… Le tout au sein d’une présentation épurée qui respecte les codes du luxe et dans laquelle le client retrouve l’identité de sa marque.

Slides de présentation d’un événement pour Lancôme.

C’est une tâche que je trouve plutôt agréable. Le chef de projet qui est en charge de l’événement s’occupe de créer un Google slide en guise de « chemin de fer » sur lequel elle place les textes, informations, adresses, lieux… Et les graphistes se servent de cette trame pour réaliser la présentation. Je me retrouve assez libre dans la création, je m’inspire de l’identité de la marque, mais je peux m’amuser dans la mise en page. Et tout cela permet ensuite de vendre le projet au client.

Les invitations sont la prochaine étape dans le processus de création. Il faut annoncer l’événement autour d’un support en lien avec le thème de la soirée ou du séminaire. Cette invitation et son identité seront déclinées par la suite sur divers supports (photocall, kakémono, boîtes, totebag, filtre photo, animations…) puis dans la scénographie.

Propositions d’invitations pour un événement Prada.

Pour cette partie, nous sommes beaucoup en contact avec le client, l’équipe essaye de faire des retours le plus fréquemment possible, les clients sont de bonnes connaissances, il est donc facile de communiquer avec eux en cas de doutes sur leurs indications.

On m’a directement permis d’être en contact avec les clients, cela me permet de rencontrer des gens dans le milieu du luxe et de l’événementiel. Mais ce n’est pas toujours facile… J’ai été plus ou moins prise au sérieux par certains clients étant donné que l’on m’a présentée comme nouvelle stagiaire dans l’agence. Mais bon, j’ai appris rapidement que dans ce milieu, il faut montrer qu’on est sûr de soi et de son travail, ne pas se laisser marcher dessus et le tout en restant professionnel… Pas évident tout ça.

Mais je rencontre aussi des gens très gentils et bienveillants, Jimmy à un réseau très développé et on a souvent des visites de ses amis à l’agence, comme une PDG du groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot) ou des directeurs de création chez Valentino et Dior. C’est assez impressionnant (et drôle) de voir toutes ces personnes qui travaillent dans l’univers de la mode et du luxe (je découvre des personnalités très extravagantes).

Voilà ! En résumé, je m’amuse, je rencontre du monde, je crée pour des marques que j’adore, et tout ça avec une équipe au top.

Deux semaines sans Adobe (et c’est pas si mal !)

Avant de commencer mon stage, j’avais beaucoup d’appréhension ; stressé par l’inconnu, je me posais beaucoup de questions : Comment cela va-t-il  se passer ? Que va-t-on penser de mon travail ? Serais-je à la hauteur ? Après un peu moins d’une heure de transport, — mon Transilien habituel, deux RER et quelques minutes de marche, — j’arrive devant la grille du collectif, j’appelle, on m’ouvre, et me voici arrivé pour 3 mois de stage dans le collectif Figures Libres ! Ambiance familiale, détendue, comme à la maison : « Tu veux du café, du thé ? » Après une présentation rapide des membres, — ils sont cinq, Maud et Sandrine, les deux DA/graphistes, Chloé, la DA junior et graphiste, Ouidad, la développeuse et graphiste, et Bachir, le développeur et graphiste exilé au Havre —, Maud m’installe mon espace de travail et m’explique qu’ils travaillent sous Linux et utilisent uniquement des logiciels libres : au revoir l’écosystème Adobe, Microsoft, Apple et tutti quanti !

Mes premiers véritables pas dans l’univers du libre…

Avant même d’allumer mon ordinateur sous Linux, je m’imagine une interface compliquée, ou pour faire la moindre action, il faut écrire des lignes de commandes dans une console à l’interface basique : du texte blanc sur fond noir. En démarrant l’ordinateur, je ne suis pas déçu, je retrouve effectivement cette interface que je redoutais le plus !

Mais ouf, me voilà rassuré ! Je retrouve ensuite mes repères, en ouvrant ma session, avec l’apparition de l’interface habituelle du bureau.

Maud me présente les nouveaux logiciels que je vais utiliser pendant ces 3 mois : Gimp à la place de Photoshop, Inkscape, une alternative à Illustrator, et Scribus, un logiciel rempli de bugs qui remplace Indesign.

Ensemble de mots auxquels je suis confronté quotidiennement tels que : bugs, mise à jour, Linux, Dolphin, Inkscape, DuckDuckGo, Gimp, Nexcloud, Rainloop...
Ensemble de mots auxquels je suis confronté quotidiennement

Je découvre aussi une organisation du collectif, notamment dans les dossiers, similaire à celle établie dans le cadre du DNMADE. En effet, ils utilisent aussi le principe du dossier partagé, avec la solution proposée par Nextcloud, où les fichiers sont hébergés sur le serveur OVH de leur site web, permettant ainsi de les mettre en commun avec l’ensemble des membres du collectif.

Mes premières tâches, mes premiers constats…

Durant ces premières semaines, j’ai pu travailler sur trois projets différents : la conception d’une affiche, la maquette de mailing et l’application d’une charte graphique, la création d’une identité visuelle. Les temps passés sur chacun d’eux étaient très différents de ceux passés sur mes projets de DNMADE. En effet, cela varie selon les délais fixés par le client ainsi que ses attentes et son budget. La participation de tous les membres du collectif sur les projets permet aussi d’avancer plus vite : en à peine une journée, on arrive à proposer au client plusieurs pistes, souvent cinq, au-delà de la demande. J’ai, par exemple, pu travailler sur la phase des premières expérimentations pour l’affiche de la Journée Internationale contre la peine de mort. J’ai remarqué que les temps passés sur les différentes étapes du processus de réflexion étaient très courts, tandis que les étapes d’expérimentations étaient beaucoup plus longues, en comparaison à mes projets de DNMADE. En effet, en à peine une journée et demie j’avais réalisé l’expérimentation de ma piste !

Première expérimentation d'affiche
Première expérimentation d’affiche envoyée au client, avec une composition très brute, sans calage du texte

Cette première tâche, réalisée en très peu de temps, contraste avec une seconde mission plus longue, qui était de réaliser une piste d’expérimentation pour la refonte de l’identité visuelle de l’association 100 Chances 100 Emplois. Ce travail s’étale sur environ une semaine et il n’est pas fini. J’ai également pu constater que la phase de tests dans Inkscape était l’étape où j’ai passé le plus de temps sur celui-ci, me permettant de questionner mes expérimentations. Le fait d’être sur plusieurs projets en parallèle, permet de mettre de côté mon travail pendant une demi-journée voire un jour complet, et ainsi faire émerger de nouvelles idées avec un regard neuf.

Différentes version colorées du logo
Premiers tests de choix de couleurs du logo
Déclinaison du logo sur une couverture où le logotype est utilisé pour délimiter une photo.
Test de déclinaison du logo sur
une couverture

Ces premiers temps de stage m’ont donc permis de découvrir une nouvelle façon de travailler, un nouveau rythme. En effet, dès le début des projets, les membres du collectif passent beaucoup moins de temps sur la recherche de références, de concepts ou sur la réalisation d’une carte-mentale, mais adoptent d’emblée une approche expérimentale ; puis vient très vite la phase de tests de nos premières idées. Je trouve cette approche assez intéressante, car elle accorde plus de temps à l’expérimentation et permet de faire émerger d’autres idées plus facilement.

« Yassmine, t’as quelque chose à me montrer ? »

Laissez-moi vous parler des horreurs de Slack ! Mon cœur se serre chaque fois que j’entends le son de la notification de Slack, ses 4 bips consécutifs qui sont plus adaptés pour indiquer un message en cours de rédaction qu’un message envoyé. J’aimerais pouvoir éviter de l’ouvrir (et j’ai parfois oublié de le faire), mais les jours de télétravail, c’est mon principal moyen de communication avec l’équipe, ce qui tend à être malheureusement nécessaire. 

Alors, revenons à la façon dont tout cela a commencé ! Il y a deux semaines, mardi matin, j’arrive tôt au LAB’O d’Orléans et j’attends ma tutrice. Immédiatement, elle me donne les clés du bureau. C’est rafraîchissant d’être traité comme un.e adulte pour une fois !

Alors, pourquoi suis-je au LAB’O ? Qu’est-ce que c’est en premier lieu ? 

Le LAB’O est un espace dédié aux startups en pleine croissance aménagé avec des tables de ping-pong au niveau de la RDC. Dessia y a un bureau pour l’équipe de communication (et Xavier, un développeur front-end qui cherche un stagiaire pour l’été). Il n’y a que moi (stagiaire graphiste), Stéphanie (Responsable UI/UX et DA non-officiel), Arianna (chargée de com en alternance) et Xavier. Nous sommes en télétravail les mardis et vendredis, mais j’ai toujours accès au bureau, donc je chéris les jours où je l’ai pour moi tout.e seul.e, surtout que je peux alors emprunter le bureau d’Arianna. Sinon, je dois m’asseoir à un bureau vide qui n’a ni écran, ni support pour ordinateur portable, ni casque, alors d’une certaine manière, je redoute les jours où tout le monde est là, car j’ai moins d’outils à ma disposition. Mais Stéphanie vient de commander un écran et un clavier pour moi.

Croquis numérique de son bureau. Il est indiqué avec des flèches que Xavier est à sa gauche tandis que Stéphanie et Arianna sont en face, derrière les séparation de la cubicule. Sur son bureau il y a un écran (en attente), un mug de thé, un clavier, une souris, et un pc portable.

Tous les jeudi, nous nous rendons au bureau principal à Antony où travaillent les PDGs, les développeurs et le reste (environ 18 personnes). (Ah oui, il fallait mentionner que Dessia est une startup qui développe une plateforme de robot basée sur une IA pour automatiser les tâches des ingénieurs.)

L’ambiance au bureau d’Antony semble un peu moins sérieuse, et la pause déjeuner est certainement plus amusante et au moins prise en même temps ; la dernière fois, c’était avec Arianna et deux développeurs, dont un étudiant espagnol qui fait son stage de PFE chez Dessia. Au LAB’O, tout le monde semble prendre sa pause déjeuner à des heures différentes (déjà on n’est que trois si Xavier est là) ce qui fait qu’on ne passe pas du temps ensemble en dehors de nos cubicules.

Stéphanie et Arianna sont toutes les deux très sérieuses dans leur travail, alors je suis toujours surprise quand Stéphanie critique ouvertement les PDGs et révèle ouvertement que le logiciel est très en retard en ce qui concerne le développement et que, bien qu’elle soit censée être la conceptrice de l’interface utilisateur, elle a été accaparée par la refonte du logo, la gestion des réseaux sociaux et du marketing, et pratiquement toutes les tâches de communication et de conception graphique qui ne concernent pas l’interface utilisateur du produit lui-même. Elle m’a clairement fait comprendre que je suis là pour reprendre tous ces rôles, même si elle ne lâche que très lentement les rênes. 

Le premier jour, elle m’a demandé de noter une liste des tâches que je devais accomplir pendant le stage (et elles sont également notées dans AirTable): 

  • Habillage des vidéos pour les interviews
  • Signature vidéos : logo animé, visuels de fin
  • Habillage des locaux d’Antony
  • Le livret d’accueil 
  • Contenu visuel pour LinkedIn

Pour l’instant, la tâche de l’habillage reste incroyablement vague. Cependant, j’ai suggéré une agence de design spécialisée dans l’habillage des bureaux (une agence à laquelle j’avais postulé pour un stage mais qui ne m’a pas répondu, héhé) et Stéphanie a pris contact avec eux ; ils devraient donc visiter le bureau ce jeudi, ce qui sera intéressant.

Au moins deux fois par jour, elle me demandera si j’ai quelque chose à lui montrer. Le premier jour, je travaillais sur plusieurs propositions de story-board pour l’animation de leur logo, et alors que j’étais encore en train de les élaborer, elle a validé l’un d’entre eux et s’attendait à ce que je me mette au travail sur l’animation. En trois jours, le PDG avait validé l’animation de l’outro du logo, et elle m’a suggéré d’utiliser l’autre story-board pour une deuxième version plus longue (qui semble devenir la base de tout une vidéo explainer qu’elle aimerait faire). J’ai développé deux itérations alternatives pour celle-ci, mais comme je travaillais sur les deux en même temps, Stéphanie a fini par valider la première alors que la seconde était encore en développement, ce qui fait que l’animation la plus faible a été approuvée. Cet environnement très axé sur les résultats rend difficile la créativité, et je serai souvent en pleine exploration des possibilités de création lorsque ma première proposition sera validée. 

L’un des plus gros problèmes est bien sûr l’absence d’une charte graphique pour Dessia. Un problème encore plus important est le fait que Stéphanie a une idée claire de la charte, mais seulement dans sa tête (elle a commencé à travailler sur les deux premières pages). Par conséquent, je me retrouve à travailler dans le cadre de directives invisibles.

Le problème sous-jacent est bien sûr que Dessia n’a pas d’identité claire et définie (Stéphanie a admis que c’était également un problème lors de son renouvellement du logo). Mes instructions sont tout simplement “ corporate ” et “ B2B ”.Tout ce que je peux faire est d’affiner et de perfectionner mes animations, ce que j’apprécie quand même. J’ai également créé quelques Motion Graphic Templates qui peuvent être importés dans Premiere, ce qui était une journée amusante d’essais et d’erreurs et de tutoriels YouTube (les objets nuls sont vos amis, croyez-moi).

Croquis qui utilise le format du meme " Learning to be Spiderman " dans lequel Stéphanie prend la place du Spiderman adulte tandis que Yassmine prend la place du jeune Spiderman. Entre les deux, il y a une bulle de pensée qui contient l'icône Dessia.
Parfois, nous sommes exactement sur la même longueur d’onde !

Mes intéractions avec Stéphanie m’ont définitivement fait remettre en question le rôle d’un directeur artistique et le considérer avec plus d’empathie, car il peut être difficile de céder le contrôle d’un projet et de confier son bébé à quelqu’un d’autre. Elle semble toutefois être très satisfaite des résultats, donc tout semble bien se passer, même si je dois admettre que je m’ennuie souvent.

Croquis de Yassmine sur le point de s'endormir à 14h. Iel a les cheveux rasés et porte une chemise. Le dessin est caricatural et est dessiné à partir de la taille.

À 14h, malgré une bonne nuit de repos, je suis frappé.e par une telle vague de fatigue qu’il est vraiment difficile de continuer à travailler. Cela m’a fait particulièrement apprécier l’aspect social de la formation, où même en travaillant je pouvais toujours avoir des échanges avec mes camarades de classe. Je donne probablement l’impression que l’environnement est beaucoup plus strict qu’il ne l’est en réalité, mais la pression exercée pour obtenir des résultats en permanence fausse mon point de vue.

Hop ! Dans le Grand Bain

Après cette deuxième semaine en entreprise, je peux assurer que je suis à l’aise dans mon environnement de travail (enfin presque).
Pour remettre dans le contexte je suis actuellement en stage chez Imcas, je travail alors pour différents congrès autour de la chirurgie esthétique et ophtalmique. En ce moment on à fond sur celui qui se déroulera à Paris du 3 au 5 juin au Palais des Congrès et ce sur TROIS NIVEAUX (c’est vraiment énorme comme surface).

Mon tuteur c’est Louis et… Louis est à Honk Kong.
On travaille le matin en appel ensemble et l’après midi c’est roulé jeunesse,
au boulot en mode pro pendant que Louis fait dodo.

J’aime bien la façon de fonctionner de Louis, il m’accompagne bien dans la création et me montre de nombreux outils sur InDesign que je ne connaissais pas. Il est aussi à fond dans l’idée de communiquer dans le travail et verbaliser quand quelque chose ne va pas. Je trouve ça vraiment judicieux et rassurant de savoir qu’on est écouté et que notre opinion compte.
J’avoue que ce point est assez important pour moi parce que Imcas c’est une vingtaine de personne sur site ayant tous des rôles différents et c’est vraiment déstabilisant d’arriver dans cet environnement.

Pour ce qui est de la répartition du travail on a un système de tâches où chaque personne peut ajouter une tâche à quelqu’un d’un autre département.
J’ai reçu une tâche du département commercial et franchement c’est trop chouette, j’ai l’impression d’appartenir à un tout.

Ma mission était de créer deux visuels A4 pour promouvoir le congrès et une autre activité de l’entreprise à l’occasion d’un autre congrès. Mes travaux sont assez variés, ça va de créer des publicités, adapter des templates à une charte à adapter la signalétique du congrès.

Autre avantage ? La concrétisation du travail. Tout ce qu’on fait a un but et va aboutir à quelque chose, pas le temps pour la fiction ici !
C’est un point que je trouve important à mentionner puisqu’en cours on a tendance à créer dans un contexte fictif et ce sont pas du tout les mêmes attendus au final.

Ce début de stage m’a surtout permis de me rendre compte de la préciosité des cours. Ce sont des moments de qualité dans lesquels on peut réellement s’épanouir et j’ai l’impression que cette sensation peut s’évanouir dans le monde du travail. Ce manque d’épanouissement je le trouve assez angoissant mais après ça permet aussi de se demander :

« Comment tourner les choses de façon à ce qu’elles me plaisent à moi et aux autre ? »

ou encore

« J’ai déjà eux une tâche similaire, qu’est-ce que je pourrais faire différemment pour prendre plus de plaisir à la faire cette fois ? »

Enfin ! Là ça va être le rush, plus qu’un mois avant le grand congrès et toute la signalétique reste à faire, je vous laisse avec un petit aperçu de toute la charge à produire!

aperçu de la signalétique attendue pour le congrès


Chaleureux et conviviale

9 h 06 – Sortie du métro, j’ai comme la sensation d’avoir une boule au ventre.

9 h 08 – J’allume ma cigarette.

9 h 14 – Je prends un grand souffle et met « Heroes » de David Bowie sur Spotify.

Pour l’anecdote, je mets cette musique à chaque grand moment de ma vie étant superstitieuse afin que cela me porte bonheur.

9 h 16 – C’est la détresse, le stress, la peur de la maladresse !

9 h 17 – Je tire la porte et zut, je devais la pousser. Vais-je paraître un peu bête ? 

« Bonjour ! » et c’est à ce moment précis que je réalise une nouvelle expérience de ma vie.

Pour commencer mon histoire, je vais vous présenter rapidement où je l’effectue. Mon stage se passe à Habile. Habile, c’est une rencontre entre Éric (le chef cuisinier) et Camille (styliste et directrice artistique). C’est donc un concept store entre la cuisine et la mode. Cela révèle d’un même était d’esprit en ayant la conviction de bien s‘habiller et bien manger.

Très vite je suis accueillie par Camille, ma tutrice. On m’offre un café et Éric, le chef du restaurant, m’offre un cookie, mais pas n’importe lequel, un cookie au chocolat macadamia. On me représente les lieux et on m’explique les missions du moment avec Clara, une stagiaire en communication qui est le binôme de Camille. Elles me disent clairement qu’elles s’occupent des idées et moi de la création. Et c’est parti !

L’environnement est chaleureux et très conviviale et c’est aussi l’image qu’il faut renvoyer aux clients. La discussion est très importante et on fait souvent des points pour avancer. Dès le premier jour, Camille me donne la charte graphique d’Habile réalisé par Eulalie et Laure l’année dernière. Puis je demande à Eulalie de m’envoyer la typographie. Je suis très vite dans le feu de l’action et je commence directement à créer du contenu pour Instagram avec After Effects. Camille ne rigole pas, car au bout de trois jours, elle me demande de refaire la plupart des vitrines. Qui dit vitrines, dit stickers ! Je suis très vite emballée. Ce qui est intéressant, c’est que l’on ne s’ennuie jamais et toutes les missions sont différentes. 

Story Instagram réalisé avec After Effects
Recherches de stickers pour les vitrines

Ce qui est frustrant, c’est lorsque j’ai de bonnes idées, celles-ci ne plaisent pas toujours (je dois faire beaucoup de versions). Et lorsque je crée des visuels qui me plaisent moins, c’est souvent ceux-là qui sont choisis.

Pour conclure ce petit chapitre, je me sens bien, épanouie et ce début de stage me permet de me rassurer sur le métier que je veux faire. Je me suis rapidement adapté et j’ai vraiment l’impression de faire partie d’une équipe !

À bientôt pour de nouvelles aventures…