Apprendre de ses erreurs et de ses déceptions

Bon, c’est bientôt la fin… C’est clair que ça va faire bizarre, j’ai l’impression que c’est juste au moment où je commence à me sentir à l’aise que je dois repartir. Presque comme si j’avais passé trois mois à m’installer, et que c’était déjà la fin, avant même que le vrai stage commence. Je maîtrise enfin mon rôle de game master, j’arrive enfin à m’adapter aux groupes qui raisonnent de manière incompréhensible…

C’est souvent les groupes qui réussissent le mieux au début qui finissent bloqués sur les énigmes les plus simples

Enfin, je parle de maîtriser mes tâches, mais j’avoue, je fais encore parfois des erreurs. Même des grosses erreurs.

Non, je n’avais pas activé l’aimant en début de partie…

Mais finalement, c’est des erreurs dans ce genre qui sont les plus formatrices. Je peux affirmer que, maintenant, je suis bien plus rigoureuse dans mon travail. Et c’est une difficulté en plus, trouver comment rassurer et guider les clients en direct malgré les erreurs qu’on a fait. Car finalement, le plus important, ce n’est pas l’intégrité du jeu, mis bien l’intégrité de l’expérience joueur. Ce qui compte, c’est que le joueur passe un bon moment en restant dans l’immersion du jeu, sans soupçonner les rouages et mécanismes qui fonctionnent de l’autre côté. Je pense que c’est la seule situation où on me demande de cacher mes erreurs en espérant que personne ne les remarque, plutôt que d’avouer m’être trompée…

Pour ce qui est de la médiation sur les réseaux sociaux, j’ai eu une expérience assez décevante. Des propositions qui n’ont pas été retenues aux commandes fades, je me rends compte maintenant que j’ai pas mal de regrets. J’aurais dû défendre mes idées avec plus de conviction, plutôt que me taire et exécuter bêtement.

Ce que j’ai publié durant mon stage

J’ai eu l’occasion de discuter avec un autre stagiaire pour préparer une campagne Instagram interactive, où les abonnés pourraient voter pour orienter les aventures d’une victime coincée dans un escape game et essayer de s’en sortir. Les décors de la salle étaient parfaits pour filmer, et en quelques heures on a pu se baser dessus et scénariser la trame globale et les différentes branches de l’histoire. Tout ça, pour finalement ne pas réussir à convaincre Olivier (le manager), qui a préféré garder des choses plus classiques, donc des posts normaux à base de slogans sur des images de stock.

C’était une expérience assez désagréable, non seulement parce qu’on a été frustrés qu’Olivier refuse de laisser sa chance à notre idée, mais aussi parce qu’on avait passé beaucoup de temps à la développer. Sur le moment, on s’est senti un peu cons d’avoir élaboré toute une campagne à publier sur plusieurs semaines, avant même d’avoir proposé l’idée à Olivier.

Je savais que travailler pour un client était une tâche difficile, et que trouver le compromis entre intégrité artistique et demande précise du client est toujours complexe. Mais l’ambiance était très amicale, et Olivier avait l’air de nous laisser carte blanche, alors on est instinctivement parti du principe que tout serait validé. On s’est emballés, et finalement ça n’allait pas, il a fallu laisser tomber. Je saurais au moins être plus préparée pour ce genre de situations, à l’avenir.

Une expérience riche

Mon stage est séparé en deux parties. Le télétravail, qui consiste surtout à écrire des textes et produire des visuels pour les réseaux sociaux, et le présentiel, qui est bien plus riche. Il consiste à encadrer des sessions de jeu, donc préparer la salle, suivre un groupe qui joue en gérant les effets et les indices, puis retrouver le groupe à la sortie pour les accompagner dans le débriefing, et enfin remettre la salle en ordre après leur départ.

Il m’est arrivé de parler avec des gens qui m’ont expliqué qu’exercer un travail désagréable se répercute sur la vie personnelle, et rend la vie globalement plus désagréable. Mais je commence à me demander dans quelle mesure un travail intéressant peut avoir une influence bénéfique sur la vie personnelle

J’ai d’abord cru que la répétition de mes tâches allait me faire tomber dans une routine que j’allais devoir subir, et je peux maintenant dire que ce n’est pas le cas. Je suis passionnée de game design. Chaque groupe est différent, et chaque expérience est donc unique. Et comprendre le fonctionnement mécanique derrière ce jeu m’apporte beaucoup, et me motive à être plus créative dans mes projets personnels. Même si ça n’a pas été évident de comprendre comment replacer chaque mécanisme…

Le mécanisme des engrenages est particulièrement complexe à remettre en place,
surtout qu’il se trouve dans une salle sans lumière…

Voir l’envers du décors de cette manière est vraiment une chance énorme pour moi. Je ne sais pas vraiment comment prendre du recul, vu que je n’ai pas pu inspecter d’autre salle d’escape, mais je trouve les énigmes pleines d’ingéniosité.

En plus de ça, un aspect de mon travail qui m’empêche de tomber dans la routine, c’est devoir constamment s’adapter. Oui, il faut s’adapter à tous les types de joueurs, et c’est déjà pas mal, mais je pense à quelque chose de plus concret.

Ce jour là a été plutôt intense…

Je me rends compte que ce n’est pas le genre de tâches habituellement demandées dans un stage de graphisme, et je me suis demandée pendant un moment si je devrais même en parler ici. Mais j’ai accepté un stage de graphisme et game-mastering, je savais donc à l’avance que je devrais faire ce genre de choses. Et franchement, je me sens utile, stimulée, encadrée, et j’ai l’occasion de travailler sur des compétences personnelles comme le rapport direct aux clients, l’adaptation à l’imprévu, la mémoire…

Le travail que j’effectue en tant que game master est bien plus intéressant que celui que j’effectue en tant que créatrice de newsletters, et je trouve même qu’il s’agit d’un travail de design. Je design l’expérience, la modifie et l’adapte selon la manière de jouer et la personnalité des joueurs. Je design l’ambiance sonore en direct autour de leur expérience, je module la difficulté par le biais d’indices, je mets en scène la salle et je l’agence pour obtenir une atmosphère impactante.

Je trouve que cet aspect de mon stage est très formateur, et qu’il a toute sa place dans cette note d’étonnement.

Un début mouvementé

Je n’ai pas encore eu la chance de commencer mes missions. Ma première semaine de stage était une semaine de formation, alors je n’ai rien fait de graphique. Mais ce que j’ai trouvé le plus intéressant, finalement, j’ai plongé dedans avant même le début du stage. C’était simplement le contact humain avec les employeurs potentiels, et l’enfer que ça a été pour moi.

Entre espoir et déception, ma quête de stage s’est étendue jusqu’au vendredi 5 mai, soit deux semaines après le début prévu, et une semaine après le dernier délai. Nickel.

Ces deux dernières semaines ont été principalement occupées par un ping-pong entre deux plans de stage, chacun avec ses propres défauts. Je me demande si le monde du travail est toujours aussi chaotique, une course vers le « moins pire ». C’est quand même triste. Ça a été compliqué à gérer, entre le stress de commencer en retard et la peur de trouver un stage inintéressant. C’est finalement chez l’escape game Leavin Room que je ferai mon stage.

Au moins, ils m’ont laissé tester l’escape game

Avec tous ces bouleversements, et la nature de l’escape game, j’ai des horaires complètement instables. Surtout pour la première semaine, où je dois tout découvrir. Les rendez-vous sont sans cesse repoussés, car en plus de mes missions graphiques, une partie de mon stage est réservée au game mastering. Je vais donc encadrer certaines parties d’escape game, et il faut que j’apprenne le fonctionnement des caméras, micros, messageries, effets sonores… pour ça, il faut d’abord que je fasse l’expérience du jeu par moi-même, et ensuite que j’assiste à des vraies parties ! Cette semaine, c’est uniquement cet aspect-là du stage que j’ai découvert. Mes horaires sont donc décidés par les réservations, et je dois venir travailler samedi. Mais une fois que j’aurais commencé à travailler sur des éléments graphique, ça va se calmer. Ouf !

On commence déjà dans le flou…
On confirme les horaires la veille…
Et on décale quand il n’y a pas de créneaux.

Une partie d’escape game dure une heure. On compte également 20 minutes de briefing et débriefing des joueurs, avant et après l’expérience. 10 minutes de rangement de la salle, et de la marge pour gérer les retard et imprévus. On est sur des créneaux de 2h par session. Alors pour ma formation…

  • 1 session d’observation
  • 1 session d’explication
  • 1 session où j’assiste
  • 1 session en quasi-autonomie

Ça nous fait donc 8h de suite. C’est étonnant à vivre, parce que le temps passe à un rythme instable. Parfois, je regarde l’heure qu’il est, et je me demande comment je vais tenir jusqu’à la fin. Parfois, le temps passe vite parce que je ne m’ennuie pas. Finalement, quand je rentre chez moi, je n’ai pas l’impression d’avoir passé 8h derrière un même bureau. J’ai l’impression d’avoir cligné des yeux et que ma journée a disparu.

Dès le lendemain, j’avais oublié quels étaient les groupes que j’ai vu passer, qui avait fait quoi… En seulement 2 sessions, j’étais déjà dans une routine. J’ai entendu Chris, qui m’encadrait ce jour-là, parler de cette routine, mais je ne pensais pas pouvoir y goûter en seulement une journée. C’est un peu dommage, mais j’imagine que c’est inévitable. J’aimerais quand même faire un petit sondage auprès de l’équipe, voir comment les différentes personnes le vivent différemment.