Une équipe aux contours flous

En étant un peu plus curieux ces dernières semaines, j’ai été quelque peu surpris par la composition même de l’équipe. En posant des questions, j’ai pu avoir plus de précisions sur les rôles de chacun et j’ai compris que sur place, il n’y avait que quelques véritables employés fixes. Tout le reste de l’activité repose sur une organisation plus dispersée : des stagiaires, présents comme moi pour une durée limitée, et des freelances, souvent à distance, qui interviennent ponctuellement selon les besoins.

Au quotidien, le studio travaille presque exclusivement pour Platform21, une autre structure fondée par les mêmes personnes que HWT. C’est ce lien étroit qui rend la situation un peu particulière : on travaille pour un « client », mais ce client est aussi une sorte d’extension du studio. On est à la fois HWT et à la fois Platform21, selon le contexte, les supports ou les interlocuteurs. Cela brouille encore un peu plus les rôles et les frontières.

Je me suis rendu compte que je ne faisais pas partie d’un pôle bien défini avec des collègues aux responsabilités stables. Ici, c’est presque l’inverse. Mon tuteur est à la fois chef de projet, parfois designer, communicant et coordinateur. Il centralise le lien entre tous les intervenants et assure à lui seul la continuité de l’ensemble. Les autres collaborateurs gravitent autour selon les projets, les périodes ou les urgences.

datavisualisation de l’organisation de l’entreprise

Cette configuration atypique m’a obligé à m’adapter. J’ai dû être autonome, proactif, parfois même anticiper les attentes sans cadre strict, ce qui fait que la plupart du temps mes productions ne correspondaient pas aux attentes. Mais paradoxalement, cela m’a aussi permis de prendre plus de place, d’être réellement impliqué dans la production de contenus visuels, vidéos, photographiques ou animés. Ce modèle d’équipe allégée m’a donné l’occasion de mobiliser l’ensemble de mes compétences et de mieux comprendre le fonctionnement global de l’entreprise.

processus de travail…

Mais cette organisation pose aussi des questions. Peut-on réellement construire une dynamique d’équipe durable quand celle-ci est en grande partie virtuelle ou temporaire ? Que devient la notion de collectif quand chacun travaille de manière isolée ? L’absence de structure hiérarchique claire peut parfois être une force, elle permet de gagner en souplesse, mais elle rend aussi certaines choses plus floues : responsabilités, limites, demandes, cahier des charges. Et ces dernières semaines, je l’ai vraiment ressenti. Parfois, les demandes sont différentes d’une personne à une autre, les instructions peuvent changer sans que tout le monde soit au courant, et j’ai dû m’adapter à tout ce système.

Ce stage m’a fait découvrir un modèle hybride, à mi-chemin entre studio de création, startup éducative et réseau de collaborateurs. Un modèle qui fonctionne ici grâce à la légèreté des projets, la cohérence de la vision et un bon équilibre entre autonomie et confiance. Ce n’est peut-être pas un modèle généralisable, mais il m’a appris qu’il est possible de concevoir une entreprise autrement, moins figée, plus fluide, mais pas sans exigences.

Compétences en mouvement

Depuis quelques semaines en stage chez HWT d.o.o, une agence de communication, j’ai été surpris par l’aspect fluide et polyvalent de mon rôle. Sur le papier, je suis là pour du design graphique. Mais très vite, en proposant de nouvelles idées et directions, il est devenu évident que mon travail allait s’étendre à bien d’autres domaines. Ce glissement s’est fait assez naturellement, en fonction des besoins du moment et de ce que je pouvais proposer.

dessin de moi qui travaille et montre mon ajout du motion à ma tutrice

L’entreprise développe une plateforme nommée Platform21, qui propose des formations européennes destinées aux enseignants. J’ai d’abord commencé à créer des visuels pour promouvoir ces formations, en m’appuyant sur mes compétences de graphiste. Mais j’ai aussi pris l’initiative d’y ajouter du motion design, en animant certains contenus. Cela a enrichi les supports produits tout en ouvrant de nouvelles portes à mon rôle de stagiaire au sein de l’entreprise.

Au fil du temps mes missions se sont diversifiées au fur et à mesure que je mobilise mes connaissances et capacités. J’ai notamment eu l’occasion de réaliser des montages vidéo ou encore plus récemment de photographier les participants lors des sessions de formation, Ces tâches m’ont permis de participer à la fois à la communication visuelle et à la documentation des projets. Elles m’ont aussi permis de voir de plus près les personnes concernées par ces formations et de mieux comprendre ce que fait l’entreprise au quotidien.

moi qui porte pleins de casquettes parce que (par rapport à l'expression "avoir plusieurs casquettes")

Ce qui rend cette expérience particulière, c’est que je n’ai pas de tâches répétitives ce qui me convient. Mes journées ne se ressemblent pas, et c’est très agréable, enfin, pour l’instant. J’apprécie cette diversité, ce mouvement constant d’une activité à une autre. Cela me donne l’impression de rester actif, sans tomber dans une forme de répétition.

Mais cette mobilité soulève aussi des questions. Est-ce que cette absence de routine est durable à long terme ? Est-ce que l’on peut s’installer professionnellement dans un poste aussi ouvert ? Pour le moment, cette polyvalence me stimule, mais elle me pousse aussi à réfléchir à l’équilibre entre stabilité et variété dans un futur environnement professionnel.

Un tempo plus lent

Arriver dans un studio de design croate, c’est déjà une aventure. Mais ce qui m’a le plus surpris au cours de ces premières semaine chez HWT d.o.o, c’est à quel point le temps est pensé, vécu et utilisé autrement. Ici, on travaille de 9h à 15h, avec des pauses régulières, des moments pour s’aérer, marcher, discuter. Une cadence qui comparée à celle que je connaissais en France, semble presque déconcertante. Moins de pression, mais pas moins d’engagement.

Je travaille principalement sur les supports de communication d’une startup lancée par le studio : Platform21. Leur site présente des programmes de perfectionnement pour enseignants européens. Ces « formations » sont des expériences d’apprentissage immersives, qui allient pédagogie innovante, échange inter-culturel et montée en compétences numériques. Pour les promouvoir, j’ai réalisé des visuels destinés à leurs réseaux sociaux, en mobilisant des outils comme Photoshop et Illustrator. J’ai aussi proposé d’ajouter une touche de motion design, une initiative bien accueillie qui m’a permis d’exprimer davantage ma créativité.

Ce qui m’a réellement étonné, c’est la place centrale de la stratégie marketing dans ce processus. Je n’avais encore jamais perçu cet aspect là dans la communication, derrière chaque visuel, il y a une réflexion sur le positionnement, la cible mais surtout la concurrence, ce qui amène une ambiance assez compétitive. Les membres de l’équipe parlent souvent de « marché », « stratégie de contenu », « trends »… Des notions qu’on n’associe pas toujours spontanément à un studio graphique, et qui pourtant orientent clairement la façon dont elle communique.

Je suis également le seul stagiaire en design graphique au sein d’une équipe constitué de 6 personnes (dont 3 françaises 🇫🇷 , 1 ukrainienne 🇺🇦 et 1 croate 🇭🇷), ce qui me place dans une position particulière, je suis à la fois dans cette échange entre nos différents domaines (qui ne sont finalement pas si éloignés que ça) mais aussi dans cette échange culturelle, on échange beaucoup sur nos perceptions de la politique, l’économie et nos cultures respectives, au delà de la dimension professionnelle c’est très enrichissant.

représentation de l'équipe hwt d.o.o en mii nintendo

Cette situation m’amène à réfléchir à la temporalité des projets créatifs, thème qui me semble central ici. Comment concilier délais marketing et processus de création ? Comment s’adapter à un rythme de travail plus lent, tout en gardant une exigence professionnelle ? Ce décalage m’a forcé à repenser mon rapport au temps : j’ai appris à faire preuve de patience créative, à travailler dans un tempo plus fluide, sans pour autant baisser mon niveau d’exigence.

Ce stage m’enseigne déjà que le design graphique ne se limite pas aux contraintes d’un cahier des charges et des retours clients. Il s’inscrit dans une logique plus globale, stratégique, rythmée par des objectifs précis, mais aussi par une qualité de vie au travail qui favorise la réflexion. C’est peut-être cela, le vrai luxe professionnel : avoir du temps pour bien faire.