DA et IA, ensemble en agence ?

Quel est le rôle des créatifs face à l’essor de l’intelligence artificielle ? Seront-ils remplacés, l’IA est-elle à bannir radicalement, est-il possible de trouver une collaboration harmonieuse entre les deux ?

Je me suis rendue progressivement compte que Castor & Pollux s’inscrit dans cette troisième option. D’abord surprise, puis intriguée, je me suis intéressée aux différents cas où l’agence a pu solliciter l’aide de l’IA.

Il existe divers types d’IA pour des tâches spécifiques. À plusieurs reprises C&P a souhaité sensibiliser son public à ce sujet, comme par la conférence Tôpic pour ses clients proches, ou via ce site, développé par l’agence, recensant cinq intelligences artificielles et invitant l’utilisateur à déterminer si le contenu présenté a été fait par un humain, par une IA, ou par une collaboration des deux. 


Certaines IA permettent de doubler dans une autre langue, de recréer complètement une voix, de générer des avatars humains parlants, de produire de la musique et des paroles, de décortiquer un site web existant, et les plus courantes que nous connaissons aujourd’hui, capables de générer du texte et des images.

Chez Castor & Pollux, seules les trois dernières ont été utilisées dans le cadre d’appels d’offres ou de productions pour un client. Surpris, inquiet ? Moi aussi je l’étais au premier abord. Lors de la présentation des travaux, si une partie du contenu est générée par IA, les éléments concernés seront indiqués comme “assistés par IA”. Le client a son mot à dire s’il ne souhaite pas de contenu par intelligence artificielle dans les propositions, mais généralement un accord préalable est trouvé entre lui et l’agence.

Du point de vue du client, faire appel à une agence nécessite souvent un investissement financier conséquent, parfois insuffisant pour couvrir des productions coûteuses comme des photographies in situ ou du contenu 3D. C’est ici que l’IA intervient. D’un point de vue économique, le contenu généré par IA est bien moins coûteux, nécessite moins de préparatifs et est produit plus rapidement. Cependant, cela soulève la question cruciale : quel est le rôle des créatifs dans ce processus ?

Prenons un exemple concret d’un appel d’offres récemment remporté par l’agence. Un client, disposant d’une entreprise spécialisée dans les cours particuliers, souhaitait un nouveau logotype, une nouvelle DA, un site web, ainsi que différents avatars.

Pour ce projet, Emeline et Noé ont d’abord travaillé sur le logo et l’UX/UI du site web. Le problème est survenu lors de la conception des avatars. Le budget que le client pouvait fournir était insuffisant pour engager un illustrateur ou un artiste 3D (dont l’agence ne dispose pas en interne). D’un commun accord, il fut alors décidé d’utiliser l’IA Midjourney pour produire une base d’avatar.

Cependant, Emeline ne se contente pas d’écrire un simple prompt (des instructions ou une série de données fournies à l’IA) et récupérer la première image générée… Sans rentrer dans trop de détails, Midjourney propose quatre images. La personne derrière son écran sélectionne l’image qui l’intéresse le plus, et ajoute ensuite de nouvelles instructions pour ajouter ou ôter certains éléments. Certaines choses pouvant jouer grandement sur le résultat sont le style (photographie, peinture, style 3D…), la lumière (tamisée, froide, dirigée…), l’angle et le cadrage (plan rapproché, portrait, fisheye…) et plus encore.

Dans ce cas précis, l’utilisation de l’IA dans le projet résulte d’un manque d’argent. Argent qui certes aurait pu payer un artiste, mais qui du point de vue du client, ne pouvait être remis. Selon la perspective choisie, l’IA empêche à un artiste de réaliser son travail, mais elle permet au client d’obtenir ses avatars à un moindre coût. L’intelligence artificielle se retrouve alors au sein d’un étrange paradoxe, à la fois “cruelle” et utile.


Récemment j’ai appris à me servir de Midjouney avec Quentin et Noé. La mission était de générer des visuels de plats pour un lot de recettes proposées par l’un de leurs clients (ce dernier n’étant à l’origine pas spécialisé dans la restauration). 

Processus de création de visuels par Midjourney

Les visuels générés peuvent également servir pour des mockups, ou des inspirations de cadrages photos à ensuite prendre insitu. Ce fût notamment le cas pour les clients cuisinistes de la dernière fois, où C&P souhaitait leur proposer de prendre leurs futures photos de manière très géométrique, en accord avec leur proposition de DA.

Prompt en anglais destiné à Midjouney

D’autres exemples, qui paraîtront moins controversés quant à l’usage de l’IA au sein de l’agence, sont l’utilisation de Magnific et de Perplexity

La première aide à agrandir une image floue et ajouter certains détails si besoin, ce qui est idéal pour améliorer des visuels de mauvaise qualité. La seconde, similaire à ChatGPT, permet de répondre à des questions actuelles (contrairement à l’autre IA dont les connaissances sont limitées à 2022), de fournir ses sources internet en appui à ses réponses, et de décortiquer un site web, quelle que soit la langue, lorsqu’on lui fournit une URL.

La capacité de Perplexity à analyser un site web a notamment permis à Noé de comprendre ce que réalisait un client dont le site web original comportait de nombreuses pages aux sujets complexes et spécifiques.

Pour conclure, la relation entre DA et IA au sein de Castor & Pollux démontre qu’une collaboration harmonieuse est possible. L’intelligence artificielle, lorsqu’elle est utilisée judicieusement, peut être bénéfique, permettant ainsi la réalisation de certains projets. Cela soulève néanmoins des questions sur le rôle des créatifs et l’impact potentiel sur les emplois artistiques.

Découvertes, apprentissage et autonomie !

Ma première semaine de stage s’était bien passé, et ce dernier mois au sein de l’agence fut tout aussi réjouissant !

Depuis mon arrivée, j’ai pu collaborer sur divers projets avec des membres de l’agence spécialisés dans différents pôles (DA, rédaction, social media, motion design…). J’ai également pu me familiariser avec le vocabulaire professionnel, notamment le terme AO utilisé régulièrement, signifiant appel d’offre, et bien d’autres encore (une recette graphique > vérifier que le produit développé est conforme aux attentes ; un funnel > parcours d’achat d’un client cible ; être en charrette > finir une tâche dans un temps imparti, voire faire des heures sup).

En un mois, l’agence Castor & Pollux a pu répondre à différents AO pour des clients plus ou moins connus. Chaque client fournit un brief et une charte graphique (avec parfois certains détails éloigné de ce qui est attendu théoriquement), et éventuellement des membres de l’agence se rendent sur place pour mieux comprendre l’univers du client.
Ce qui fût intéressant d’observer sur les briefs, c’est que ces derniers, contrairement à ceux vus en cours, ne sont pas réalisés par des graphistes et il arrive donc que les clients n’identifient pas précisément avec les mots appropriés ce qu’ils souhaitent. Cependant, en ce qui concerne les chartes graphiques, elles sont mieux réalisées, bien qu’elles pourraient gagner en efficacité par moments.
Une dernière chose concernant les clients. En règle générale, tout se passe correctement, mais il arrive que certains d’entre eux exigent quelque chose dans le temps imparti d’une simple semaine, ignorant le fait qu’ils ne sont pas les seuls à solliciter l’agence. C’est alors à C&P de choisir de prendre ou non l’AO.

Pour revenir à ma participation au sein de l’agence ce dernier mois, j’ai pu assister à différents planning stratégiques et brainstormings, à l’issue de différents appels d’offres, récemment majoritairement pour des clients cuisinistes (je ne mentionnerai pas leur nom, par confidentialité).

photo d'un brainstorming
Brainstorming pour l’AO des cuisinistes

Lors de ces meetings, précédés d’un benchmark (pour se positionner par rapport à ce que fait la concurrence), les membres de l’agence identifient en détail le client et sa demande, s’exposent ensembles des exemples de supports de communication existant et débattent sur ce qui est à faire ou non (dans les très grandes grandes lignes).

Noé et Cédric discutent du positionnement du client cuisiniste pour l'AO
Noé et Cédric discutent des clients cuisinistes par rapport à la concurrence
Références de ce qui est à faire ou non trouvées dans des journaux
Références trouvées dans des journaux (product centric, user centric, domaine du luxe…)

En dehors de ça, j’ai également pu proposer des idées d’animation bouclées (GIF) qui iraient en aperçu sur la page Projets du site de C&P. Après en avoir discuté avec l’une des DA et un alternant en motion design, j’ai réalisé quelques storyboards. Deux idées pour deux projets différents, ont été retenues.

Voici le storyboard de l’une d’entre elles :


L’une des réalisations que j’ai pu suivre « du début à la fin » est interne à l’agence. Il s’agit de la création de conférences dirigées par 3 membres de l’agence, nommées Tôpic, et dont la première, sur l’IA, sera lancée début juin. Lors de ce projet, auquel j’ai beaucoup aimé participer, j’ai mené les débuts de réalisation pour le logo, la mascote, ainsi que la bannière de réservation. J’ai aussi pu décliner et faire différentes modifications sur les newsletter/mails qui seraient envoyés aux clients pour les informer de l’événement. Travailler sur Tôpic m’a fait très plaisir et je suis fière de ce que j’ai pu réaliser !

mini bd sur mes tâches concernant Tôpic

Bonus : j’ai été amenée à faire une petite animation, qui apparaitra pendant la conférence Tôpic, sur le logiciel de présentation Keynote !

Au cours de ce premier mois, j’ai énormément appris sur l’agence, ses procédés, ses travaux et j’en suis très reconnaissante à l’agence et ses membres pédagogues ! Je pense également avoir progressé en autonomie, ce qui est une bonne chose, et j’ai très hâte de poursuivre ce stage !

C&P, cools et productifs.

Déjà une semaine au sein de l’agence Castor & Pollux !

Si je devais décrire spontanément les employés qui y travaillent, ce serait très sympathiques, cordiales, drôles, mais également professionnels, organisés et méticuleux. Au sein de cette agence, qui, à ma surprise, ne comporte pas une vingtaine de personnes, mais une cinquantaine réparties sur deux étages et certaines villes de France (quelques employés, comme les développeurs web, en distanciel depuis Tours), tout le monde collabore avec une simplicité et sincérité déconcertante ! Ça sonne peut-être très utopique, et ça ne fait qu’une semaine que j’y ai mit les pieds, cependant j’ai vraiment l’impression que cette bonne cohésion est véritable.

Au delà des merveilleux employés, les locaux le sont tout autant 🙂 ! Tous les lundi, un meeting a lieu, traitant des nouveautés au sein de l’agence, ainsi que des travaux à réaliser au cours de la semaine. Et attention, pas n’importe où, mais dans un superbe coin à l’aspect cocooning ! Le personnel des deux étages descend sur place, et un écran rediffuse un appel Google Meet pour les employés en distanciel.

Locaux : coin pour les meetings le lundi / vue sympathique du 2e étage de l’agence.

Après un tour rapide des locaux, Noé Melon, mon tuteur, directeur de création, m’a présenté les différents logiciels utilisés pour communiquer et collaborer sur des fichiers communs avec les autres employés de C&P. Au cours de cette semaine, j’ai également été en contact avec Emeline, directrice artistique, et Cédric, concepteur rédacteur (ainsi que les chiens de deux autres employés qui venaient nous voir de temps à autre !).

Je découvre de nouveaux logiciels utilisés à l’agence.

Ils m’ont d’ailleurs gentiment prêté un Mac ! Au cours de cette semaine, j’ai appris à me servir des logiciels mentionnés plus haut, à retenir de nouveaux raccourcis claviers, le vocabulaire professionnel, les prénoms d’un maximum d’employés, ainsi que les codes nécessaires de l’ascenseur pour accéder aux autres étages (oui, par sécurité il faut rentrer un code à chaque utilisation). Plus sérieusement, j’ai pu également me re-familiariser avec Notion ainsi que Figma, que j’ai principalement utilisé (et que j’apprécie toujours autant).

Mon espace de travail et le Mac qu’ils m’ont prêté.

Parmi les travaux confiés, j’ai pu réaliser des key-visuals pour un appel d’offre de Evaneos, une agence de voyage. En plus de ça, j’ai mis en page sur Figma, en collaboration avec Noé, une page reprenant la charte graphique de leur site web. Concernant ce projet, j’ai assisté à quelques réunions entre Noé, Cédric ainsi que deux autres créatifs, pour discuter de la façon d’amener plus de clients sur le site de Evaneos, et qu’ils y renseignent leur adresse mail, via des posts et réels Instagram (réflexion sur un funel).

Quelque chose qui m’a surprise, c’est lorsqu’ils ont mentionné que le travail effectué, dans ce cas pour Evaneos, n’était pas rémunéré à moins que ces derniers sélectionnent le projet de C&P, et non pas celui d’une des deux autres agences concurrentes, répondant également au même appel d’offre.

Key-visuals pour l’appel d’offre de Evaneos.

Plus tard dans la semaine, j’ai pu aider Emeline à faire des recettes graphiques sur un site web en cours de développement, c’est à dire vérifier que le produit réalisé correspond visuellement à ce qui était prévu, et donc vérifier et relever les différentes erreurs apparentes. Cela vise à aider les développeurs web.

Recettes graphiques pour le site web d’une artiste en préparation.

En fin de semaine, je me suis penchée sur la réalisation d’un GIF cliquable qui sera présent sur la newsletter de C&P, mettant en avant Version, une sorte d’extension de leurs services à l’agence.

V1 d’un .gif pour la newsletter de C&P.

Malgré les fatigantes 2 heures de transports quotidien, je peux dire que c’est tout de même avec hâte que je retrouve Castor & Pollux et ses équipes chaque matin !