L’envers du décor, du décor

Mon agence n’étant pas une où les clients viennent demander des services d’un graphiste, mais bien d’un scénographe, mon rôle peut être parfois remis en cause en tant que créatif. Ayant déjà mentionné dans mes précédentes notes d’étonnement : c’est un domaine assez loin du design graphique. Mon rôle dans l’agence étant très polyvalent, voir qui ne touche plus réellement World+ avec des missions parfois dédiées à l’autre entreprise affiliée.

Pendant ces deux dernières semaines de stage, j’ai été sur un projet de shooting de produits mis en location par l’entreprise Global Supply, je suis en charge de traiter les images prise par une freelance (qui était encore stagiaire avec moi trois semaines avant). La mise en scène d’objets paraît anodine, mais c’est un exercice plutôt minutieux, qu’on pourrait apparenter à de la nature morte qu’on voit souvent dans les shooting de mode. Chaque pli est important, pour montrer le meilleur du produit, pour donner envie de le louer. 

planches-contact de prises de vues non retouchées

Dans cette mission, j’ai pu à la fois travailler des images, mais également pu aider à mettre en place les lumières, l’installation et les objets pour les packshots.

Mise-en-scène d’un harnais par un système de fils

J’ai également pu avoir des opportunités hors graphismes qui m’ont permis d’identifier les rôles présents sur un lieu de tournage. Malgré quelques fonctions qui restent floues pour moi, s’expliquant par la grandeur des équipes qui laissent une certaine distance entre chacun, surtout pour moi qui reste une simple assistante. 

J’ai été intégrée à l’équipe de set design pour un tournage pour la promotion d’un parfum Jean-Paul Gaultier. Où j’ai pu composer ce petit set de mes propres mains dans le terreau. 

Composition dans un cadre + Tournage de séquences du parfum

Mes compétences en graphisme étant loin d’être essentielles lors de mes missions d’assistante, j’en viens rapidement à faire d’autres choses, comme mettre en place cette construction.

Construction d’une assise en fleur, chaque pétale est détachable

J’ai pu réaliser la liberté autour de la dénomination de graphiste et de cette possibilité de ne pas se limiter à avoir seulement une seule fonction. J’ai pu discuter avec d’autres personnes pendant la pause du midi, dont un graphiste qui me disait qu’il faisait également d’autres missions hors graphisme, à la fois pour mieux gagner sa vie, mais surtout par plaisir de toucher à d’autres supports de communication.

En assistant à d’autres projets de set design, j’ai pu voir l’envers du décor, du décor. En étant présente sur des lieux de tournage, ma vision sur les décors dans des publicités ou au cinéma deviennent à mes yeux à la fois plus banals, mais aussi plus impressionnant par l’identification plus spontanée de tout le travail mit sur les constructions. Leur rôle étant de créer, de façon à plonger dans le concept de l’image ou vidéo finale. Généralement dans le but d’en mettre plein la vue. Cependant, tout est beaucoup plus accessible que ce que je ne pensais au départ.

Durant ces trois mois de stage, j’ai pu expérimenter de nombreuses choses, de près ou de loin au graphisme. J’ai eu de nombreuses opportunités en participant à des projets de grande ampleur auquel je n’aurais jamais imaginé avoir à 18 ans. Cela m’a également confronté au monde effréné de la mode.

Le graphiste met en scène

Le début de mon stage qui se résumait à un nombre incalculable d’assemblages Indesign, de gigas qui partent comme des petits pains de mon stockage (conseil: travaillez sur des disques dur) et retoucher des images sur psd, a enfin prit un terme le 8 Juin. C’était le jour du vernissage de l’exposition que l’on a organisé. On a pu témoigner le fruit de notre travail intense pendant 1 mois. Ceci pour ma part en tant que stagiaire graphiste comprenait la communication autour avec les newsletters par mail et les stories Instagram. Ainsi que d’autres éléments graphiques comme la signalétique, plan de la salle et œuvres, livret d’informations, impression A0 et le magazine. Surtout pour ce dernier, qui était le plus conséquent en charge de travail pour moi, a été très gratifiant d’avoir pu assister à la création, l’impression jusqu’à la distribution.

Quelques pages du magazine
Les exemplaires du magazine

Après avoir bouclé ce vernissage qui prenant 90% de mon attention, car je travaillais déjà en parallèle avec une grande marque de luxe que je citerais pas. Cela m’a permis de me concentrer sur cette question de la place du graphiste dans ce monde de la scénographie dans la mode.

J’ai alors été cette fois confrontée aux DA et au photographe en charge du projet de cette campagne. Au départ indirectement, par l’intermédiaire du set designer que j’ai assisté sur le lieu de tournage. Car j’assiste rarement entièrement le projet, qui durent entre 3 à 10 jours. Pour le cas de cette campagne infernale, il a été découpé en 2 parties avec 2 photographes différents. Le premier a duré 5 jours pour les sets designers qui ont dû construire un décor de train en taille réelle. Et le second, 3 jours pour les natures mortes, sur lequel on m’a beaucoup sollicitée.

La construction du train + mon endroit de travail sur set

Ces courts délais sont aussi impressionnant que le résultat. Mais par conséquent, ces courts délais s’appliquent également à moi qui doit produire des visuels, la plupart du temps en moins d’une heure. 

Pour ces natures mortes, j’ai dû concevoir des cartes postales, des timbres, des visuels plus abstraits utilisés en fonds et un pochoir pour peindre sur la façade du train. Toutes ces créations serviront pour décoration sur les images de leur campagne. Le plus compliqué pour moi c’était de bien viser la « demande » qu’ils ont avec des instructions très approximatives que j’ai à distance.

😿

Cependant, j’ai eu la chance de pouvoir être présente sur le lieu le jour où mes visuels allaient être utilisés. Mais les complications ne s’arrêtent pas ici, puisque le matin même, les clients se rendent compte que les fonds que nous avons construits n’étaient pas assez grands et préfèrent des cyclos pour le fond. En vitesse je crée de nouveaux visuels, appelle l’imprimeur pour savoir s’il est possible d’imprimer ce format dans l’heure qui suit, et de trouver quelqu’un pour nous l’apporter au studio.

Malgré la pression de savoir que ce shooting reposait entièrement sur moi, les retours flous des DA, j’ai su tout boucler en 30 minutes. Le reste ensuite dépendait de l’imprimeur et du coursier qui ont été très réactifs.

à gauche les fonds qu’ils n’ont pas voulu, au milieu et à droite les grands fonds fluides 1M X 1.7M
en espérant que ces photos verront le jour

Je dirais que le graphiste autour de set designer a plutôt un rôle de support pour mettre en valeur leurs idées. Par exemple, je crée pour un objet de décor qui fait parti du grand ensemble. Le travail peut être parfois plus conséquent et important sur l’image finale, comme les fonds ci-dessus. En notant que le set designer est lui-même au service du directeur artistique, du moins de ce que j’observe, j’ai tout de même réussi à trouver une certaine marge de liberté dans mes missions.

Dans le milieu du set design en tant que graphiste, il serait à mon avis plutôt adapté de travailler en tant que freelance, ponctuellement. Étant là en permanence, on me lance souvent sur d’autres missions moins créatives, malgré tout, très enrichissante pour comprendre ce milieu en étant directement confronté au lieu et l’adrénaline que l’on a en étant sollicitée sur les shootings.

Generating worlds

J’ai commencé mon stage il y a une semaine dans une agence de scénographes et d’artistes qui travaillent dans le domaine de la mode et du luxe. 

Ayant pu visiter les locaux avant, j’étais plutôt à l’aise pour mon premier jour. J’ai enfin pu rencontrer les personnes travaillant derrière les productions que je voyais sur leur site web et réseaux sociaux. Puisque derrière un scénographe, s’y trouve aussi une autre équipe dans laquelle j’ai pu avoir un aperçu cette semaine. Chargé de production, assistants, managers et puis entre autres, le graphiste.

L’espace de travail est dans un petit bureau à l’étage d’un entrepôt où sont disposés les articles du service de location. Car oui, en plus d’être une agence de production pour ces artistes, ils ont également une branche de location de matériel pour des shootings. 

Notre bureau est assez simple, et (presque) tout se passe dedans. On a à la fois notre zone de travail avec notre PC sur les simples tables, des coups de fils qui sont faits à cette même place et parfois des réunions en tout genre. Pour ce qui est des pauses, il faut seulement enjamber la fenêtre pour arriver sur la terrasse. Très pratique.

Dans cette salle pleine de vie, j’ai pu avoir peu de contact direct avec les autres qui sont très très occupés. Et étant moi-même plongée dans mon travail, j’écoute autour. Je dirais que je suis présente par mes oreilles. Comme si j’écoutais par la porte, mais sans la porte. 

Ce bureau multifonction m’a permis de rencontrer (indirectement) plusieurs set designer internationaux, en écoutant leurs histoires lors de ces réunions. Mais aussi à travers leurs appels passés ici, je peux garder le fil sur les projets de production sur lesquels ils travaillent en parallèle à nos missions de graphiste à nous. Car comme à ce que je m’attendais, les scénographes n’ont pas réellement besoin d’un graphiste pour leurs productions. Ils travaillent l’espace et ont besoin de visuels graphique seulement selon leurs idées et nécessités pour leurs sets.

Mon tuteur travaille essentiellement à distance, et de savoir que j’allais être accompagnée d’une autre stagiaire en graphisme m’a rassurée. Il nous a assignée des missions pour la semaine. Étant toutes assez différentes, une certaine flexibilité nous est demandée. Certaines étant moins créative, nous alternons au fil de la journée pour rendre ça moins redondant.

Une tâche que l’on m’a attribuée est la mise en page d’un magazine regroupant des productions de l’agence. Chaque artiste ayant son style personnel, et chaque client ayant une identité différente, mon rôle est de bien sélectionner les images à mettre en avant pour enfin faire paraître l’esprit global de World+ dans cette édition. En épluchant une partie des projets (puisqu’il y en a énormément), j’ai pu comprendre l’importance de cette étape.

Un aperçu du travail de sélection

C’est savoir bien choisir les images qui serviront à créer l’image qu’on veut montrer. En l’occurrence, une esthétique qui se rapprocherait de l’art contemporain, voir futuriste, et en donnant une grande importance à la créativité.

Comme ils le disent si bien leur slogan [We generate Worlds], ils conçoivent des univers par leurs décors. 

Pour terminer cette note, je dirais que j’ai pu découvrir plus en profondeur l’envers du décor des images de mode, et particulièrement sur les nécessités techniques pour la production d’une image qui paraît simple. Ce début d’expérience m’a également permis de me détacher de la création pure, et de donner plus d’intérêt à la façon dont selon ce que je vais mettre en avant va être perçue. En si peu de temps j’ai pu toucher à de nombreuses choses, me donnant un avant-goût de ce que me réservent ces prochains mois.