L’après-festival pour repartir de plus belle

La nuit du 8-9juin : WeLoveGreen est fini. La dernière ligne droite fût mouvementée, chargée mais très satisfaisante dans le sens où j’ai pu réellement profiter de la concrétisation de tout le travail fourni avec mes tutrices graphistes ainsi que notre pôle communication. Mais je vais davantage parler de l’après.

On m’avait dit qu’après WeLoveGreen, nous allions travailler sur le prochain festival à venir : Peacock Society. Cette année, il s’agissait de la 14è édition de ce festival électro. Pour moi, le plus gros dans la préparation graphique de ce festival, c’était l’appréhension d’une nouvelle direction artistique. Après avoir eu la tête plongée pendant 2 mois dans la charte graphique de WLG, c’était plus compliqué de s’en extraire, repartir à zéro pour comprendre les codes du second festival.

Passage entre l’identité de WeLoveGreen à PeacockSociety

Et c’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai un peu ramé au début. Vers la fin de WLG, mes tutrices n’avaient plus vraiment de retour à faire puisque j’avais bien compris les principes graphiques, les associations de couleurs, de typos. En revanche pour Peacock, ce fut un retour à la case départ comme si je venais de commencer tout juste mon stage. J’avais l’impression d’avoir perdu tout ce que j’avais compris et mis en pratique pendant la période de WLG… C’est justement ce passage d’une identité à une autre qui m’a permis d’avoir davantage de réflexion sur ma manière de composer un visuel. En effet, avant de commencer ce stage, une de mes tutrices devait souvent me reprendre pour la composition, la hiérarchie d’informations que ce soit sur du print ou pour les réseaux. Puis à force d’avoir enchaîné les productions, je pense réellement que ma manière de représenter l’info, la composition et la structure d’un visuel s’est améliorée.

Moi qui compose (et galère) pour un bandeau de Libération

Cependant, même si j’en retiens un perfectionnement sur le côté technique, j’en retiens moins sur l’aspect créatif. En fait, grâce à l’ampleur moins conséquente du festival Peacock Society, nous travaillions beaucoup moins dans l’urgence. Ainsi, j’ai pu prendre pas mal de recul en ce qui concerne la partie « créative » du graphiste. En réalité, que ce soit Ariane, Laura ou moi, aucune de nous ne faisait réellement de la création à part entière. J’ai eu une prise de conscience un peu désolante qui s’est aussi affirmée après en avoir parlé avec mes tutrices : les graphistes ne produisent quasiment que de l’exécution qui répondent à une charte déjà établie par un graphite extérieur.

L’identité graphique de WLG a été réfléchie et conçue par Lysiane Bollenbach et Clément Vuillier. Pour celle de Peacock Society, il s’agit de Rémi Volclair. Les graphistes en interne ne répondent qu’à une liste de tâches où ils doivent suivre à la lettre les règles établies par les créateurs de l’identité des festivals. Ce manque de création se ressent de mon point de vue de stagiaire mais aussi de celui de mes tutrices. 

« Ce qui est dommage quand on est graphiste en interne, c’est qu’on nous donne pas assez les commandes sur la création… On se rend compte qu’on ne fait que de l’exécution d’affiches pour impression, remplir des templates pour les réseaux, etc. » – Laura, graphiste chez WLG depuis 2 ans.

Mais on peut se dire qu’il y a bien de la création pour de la vidéo (spots tv, réels instagram, pubs YouTube…) où le mouvement est créé/pensé par le graphiste : c’est enfin le moment où on peut jouer avec les codes graphiques !? Au final pas tant que ça… lorsqu’il y a un visuel très cool à faire, où il y a plus de création, du motion travaillé à produire, ce sont souvent des graphistes en free-lance que l’on appelle pour une plus courte durée, donc moins payé, pour une créa davantage conséquente, créative et surtout plus intéressante à réaliser. Beaucoup de choses passent entre les doigts des graphistes en interne, ce qui est, je trouve, pas mal frustrant. Ce qui explique maintenant pourquoi on me parlait de choses très cool à produire, dont je n’avais plus de nouvelles quelques jours plus tard.

Mais je dois bien conclure cette note d’intention par une note positive ! Je dirais sans aucun doute la relation qui s’est nouée et la solidarité au sein de mon équipe. C’est la chose qui m’a aussi étonné par rapport à mes anciens stages où l’atmosphère reste très professionnelle et pudique entre les employés… ici, c’était plus léger, amical et cela du probablement à cet univers de la musique jeune et convivial. Je pense que c’est notamment cette énergie professionnelle qui a fait vivre cette période de stage ainsi que mon expérience dans le monde de l’événementiel.

L’équipe entière !

Le travail de l’urgence

Maintenant que je me suis habitée à cette zone de travail de « l’urgence », j’ai pu davantage me questionner sur les différents facteurs qui provoquaient cette urgence constante pour les graphistes.

1/Tout passe par le graphisme

Bon, c’est vrai que ce titre paraît bête à dire comme ça. Mais We Love Green, ça représente les pôles Développement durable, Food, Communication, Partenaire… et quasiment tout ce que représente le travail de chacun des pôles, doit être communiqué, posté, imprimé, diffusé. Maintenant que je le dis, c’est vraiment évident. En fait, je m’en suis rendue compte à partir du moment où l’on [les personnes des différents pôles] venait nous voir pour nous annoncer l’arrivée d’un nouveau post, d’une signalétique, d’une affiche, ou alors de modifications etc. Ces derniers jours, j’ai reconnu le rôle du graphiste comme étant un des plus gros piliers d’un festival ou d’un événement quelconque. D’ailleurs, je me demande justement, si le graphiste ne serait pas assez reconnu par rapport à ce qu’il devrait l’être ?

Dans une agence de graphisme, où les employés graphistes est quasiment au même niveau les uns des autres, il y a en quelque sorte un point d’égalité entre tous. Mais pour une organisation aussi phénoménale qu’un festival… je me demande si le graphiste ne devient même pas un peu maître du bon déroulement du festival. Sans lui, pas de posts, pas d’affiches, pas de promotions. Il ne faut, bien sûr, pas mettre de côté les autres pôles gérant l’organisation et le développement du festival, cependant j’ai réellement ce ressenti qu’un festival ne tient qu’à un fil dont le graphiste à la (très grosse) responsabilité.

Trello des tâches à faire pour le pôle communication

Mais les choses que l’ont produit, ne sont que des tâches rangées dans un tableau. Tâches décidées et planifiées par les supérieurs, les divers pôles… jusque’à parfois vouloir aller un peu trop dans la quantité (mais avec toujours autant de qualité).

2/(Trop) viser la quantité

Êtes-vous pour un festival qui poste sur les réseaux sociaux des contenus intéressants, informatifs et diversifiés, mais 4-5 fois dans la semaine ? Ou alors plus pour un festival qui poste 6 fois par jour, mais qui se répète, qui vise des statistiques de likes, de vues et la régularité intense pour attirer encore et encore de potentiels intéressés ?

Question assez récente que je me suis posée lorsque j’ai remarqué la répétition de certains posts qui n’apportaient que peu d’intérêt pour le festival. Au début de mon stage, je voyais la quantité des contenus postés censée et réfléchie. Mais, plus on avance vers le festival, plus on enchaîne la création de posts pour viser toujours plus de likes… sans grand succès. Pourquoi ? Parce que d’un côté, il y a ceux qui veulent produire beaucoup en pensant faire monter les statistiques. Et de l’autre, ceux qui sont d’avis que cela rajoute du travail pour un contenu final qui n’apportera en réalité pas grand chose, et parfois même juste de la répétition inutile. De ce fait, je n’arrivais plus vraiment à me faire mon propre avis sur la raison du travail de l’urgence du graphiste…..Est-ce à cause de l’ampleur du festival ? Ou alors à cause des quantités de contenus qu’on nous demande de produire sans cesse pour le soir même ? Aucune de ces pistes ne répond à cette problématique de l’urgence. En réalité, je suis d’avis qu’il s’agit plutôt d’un principe d’effectif et surtout de l’appréhension de chacun des pôles.

3/Comprendre les besoins du graphiste

Je trouve que c’est davantage un point social que je souligne ici, mais il m’a frappé lors de ces derniers jours. D’une part, nous ne sommes que 3 graphistes (des fois 4 si Clément, un autre motion designer, est appelé en renfort pour une courte durée). Je me suis rendue compte bien assez tard que cela était trop peu. Mais pourquoi est-ce que je m’en suis rendue compte aussi tard ? Parce que le rythme ne cesse de s’accélérer et la présence de 3 graphistes est bien trop faible par rapport à l’ampleur de productions que demande un tel festival (et surtout en voyant l’échéance se rapprocher de plus en plus). Je peux désormais dire que ce n’est pas la quantité des tâches à faire le réel problème… c’est l’effectif de l’équipe graphisme. Et pourquoi ne pas avoir, ne serait-ce, qu’un graphiste fixe en plus ? L’argent. Payer moins pour produire en même quantité. Problématique qui se comprend d’un côté pour un festival qui gère une multitude de personnes derrière, d’équipements, et qui cherche un chiffre d’affaire conséquent… Mais faut-il uniquement se restreindre à la question d’un salaire en plus ou en moins, plutôt que de privilégier un travail peut-être très conséquent, mais mieux réparti ?

Diagramme représentant le ratio/la répartition entre les pôles

En plus de cela, j’irai même jusque’à dire « mieux comprendre le graphiste ». Le fait de travailler avec divers pôles complètement écartés du graphisme, il devient plus compliqué de faire comprendre nos besoins, le temps de travail nécessaire, et d’autres principe graphiques techniques … Vocabulaire que les non initiés du festival ont du mal à assimiler. Cette mauvaise appréhension du graphiste est entièrement normale car c’est l’organisation d’un festival qui nécessite pleins de postes, de rôles divergents. Cependant, certains peuvent croire que « ça se fait en 5min » ou encore que « l’on n’est pas assez rapide ». Mais est-ce qu’il s’agit juste d’un manque de communication ? D’un manque de compréhension ? D’une ignorance involontaire du travail du graphiste ? Je dirai que c’est un peu de tout.

Les graphistes, nous travaillons dans l’urgence constante pour satisfaire des objectifs de statistiques, des demandes imprévues, pour gérer les « priorités » de tout le monde. Travailler dans l’urgence à cause d’un manque d’effectif, du manque de communication et/ou de compréhension… pour mener à un festival ambitieux et exigeant.

WeLoveJungle

J’entame ma 4ème semaine chez WeLoveGreen… et ma rencontre avec l’événementiel fût soudaine (pour ne pas dire brutale). Alors, ça peut paraître négatif quand je dis ça, mais en réalité ça me change entièrement de l’environnement que j’aurai pu expérimenter dans un studio graphique quelconque.

Dès le premier jour, on me présente l’équipe, le lieu etc…. Et PUIS, D’UN COUP D’UN SEUL, je vois la quantité de fichiers, d’échanges, de deadlines qui se trament derrière un aussi gros festival qu’est WeLoveGreen. Et c’est à ce moment précis que je me suis vue perdue au beau milieu d’une jungle professionnelle où tout semble s’enchaîner.

Je suis contente d’avoir un stage dans l’événementiel mais aussi d’en avoir déjà vécu un dans un studio graphique : cela peut me permettre de voir vraiment les différences entre les deux. Avant de rentrer chez WeLoveGreen, j’avais une image très floue de ce qu’était réellement l’événementiel et toute l’organisation et les échanges nécessaires. Un open space, 6 pièces de travail, beaucoup d’ordinateurs pour une bonne trentaine de personnes (sans compter la soixantaine d’autres personnes que je n’ai jamais rencontré). Et ceci pour 5 pôles principaux : Communication / Développement durable / Partenariat / Administration / Direction. Je fais partie du pôle communication où l’on est 4 graphistes, 2 responsables communication, 3 gérants des réseaux sociaux/newsletters. 

Donc autant dire que 3h après être arrivée pour la première fois, tout ça m’arrive en pleine tête… Je me suis directement dit que le temps d’adaptation allait être long. 

Illustration : comment j’ai vécu la première semaine

Les premières phrases que l’on m’a dit n’ont pas arrangé l’appréhension que j’avais : « Va falloir s’accrocher ! » « Ça va enchaîner ! »… En effet, pour ce qui est de notre pôle communication, on doit produire en quantité : une multitude d’affiches sous divers formats, newsletters, spot tv, réseaux sociaux, appli, et j’en passe. Je me dis que la quantité de supports à produire est censée pour l’ampleur du festival ainsi que pour sa promotion. Mais c’est surtout les deadlines qui m’ont interpellée :

BD : Un des premiers briefs du pôle communication…

En fait, j’ai vraiment cette impression que moi et les autres graphistes avons des missions très souvent dans l’urgence. La première fois que je m’en suis directement rendue compte, c’est le jour où je devais produire une vidéo J-50 pour Instagram. Laura me donne le brief à environ 14h :

Laura : « – Du coup c’est tout bon pour toi ? Hésite pas à me poser des questions si besoin.

Moi : – Oui ça marche, merci !

Laura – Par contre, c’est à rendre pour ce soir.

Moi : – ….. ah d’accord je savais pas. »

Puisque je m’occupe quasiment que de la partie réseaux sociaux (divers types de posts, réels Instagram, tiktok), il faut toujours être à jour sur ce que l’on va poster le jour même ou dans les jours à venir. Mais je me demande si cette notion « d’urgence » est récurrente dans le monde de l’événementiel ou si parfois ça n’atteint pas les limites d’une mauvaise communication ou d’anticipation. 

selection de quelques posts, réels sur lesquels j’ai été missionnée

Je pense que je pourrais répondre à cette question et avoir un meilleur recul d’ici les prochaines semaines à venir : quand le rythme s’accélérera vraiment.